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CHAPITRE III.

DANEMARCK. Convocation des états de Holstein. - Rejet du projet d'adresse au discours du roi dans l'assemblée des Roeskilde. - Arrivée de Thorwaldsen, par la frégate Rotha. - Sa brillante réception. SUEDE ET NORWÈGE. Demande par le conseil de Christiana au Sorlhing de Norwège d'un pavillon spécial pour le commerce norwégien. Sanction royale à ce sujet.-Émeute à Stockholm. - Rétablissement de l'ordre. Ordonnance concernant la libre fabrication du fer. - Traité de commerce entre la Grèce et la Suède. Réglement des droits et des devoirs des Israélites. - Visite de l'empereur de Russie et du grand duc Michel à Stockholm.

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Conspi-
Arres-

- Guerre en

RUSSIE ET POLOGNE. Voyage de l'empereur Nicolas à Varsovie. ration découverte dans la partie occidentale de la Pologne. tation de Simon Monarchi, l'un des chefs du complot Circassie. Échec des Russes. Mutation dans l'armée du Caucase. - Répression de la révolte des Tartares-avariens. la guerre en Circassie. - Nouvel avantage des hen. Débarquement de troupes russes; leur La flotte russe est assaillie par une tempête. de l'Inde. Mahommed-Mirza assiège Hérat. sie et de l'Angleterre à ce sujet. de l'empire.

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Continuation de Circassiens à Shusdéfaite complète. Désastre.

Affaires

-Démêlés de la Rus

Travaux publics dans l'intérieur Affranchissement de quelques esclaves russes.

DANEMARCK.

Les améliorations opérées dans les finances et la législation pénale en 1837 ne devaient pas laisser à la session des états provinciaux de cette année de grands travaux à accomplir. Aussi l'aspect du Danemarck n'offre-t-il presque aucun changement digne d'être signalé.

En vertu des lettres patentes royales du 4 août, l'assemblée des états du duché de Holstein fut convoquée pour le 24 septembre. Les délibérations, suivant la volonté du roi, devaient cesser trois mois après le jour de l'ouverture

officielle. Les états provinciaux de Seeland, Fuhnen et Polland-Falster étaient compris dans la même mesure et appelés à présenter au gouvernement les vœux et les besoins des diverses populations d'après la loi de 1831.

Il n'y eut rien qui, en dehors des questions administratives et financières, puisse attirer l'attention sur la courte session de ces états; mais dans l'assemblée de Roeskilde, il se manifesta une vive opposition contre l'esprit et les tendances du gouvernement.

En effet, le projet d'adresse en réponse au discours du trône, dans lequel perçait tant soit peu l'absolutisme, occasionna dans cette assemblée de sérieuses discussions, et fut en définitive rejeté à la majorité de 37 voix contre 31.

En outre, une proposition ayant été faite par M. Svans, de la part du gouvernement, dans le but d'étendre pour lui le droit et la facilité des visites domiciliaires, qui avaient déjà excité de nombreuses réclamations, cette proposition, funeste, mais véritable corollaire de la loi de 1837 sur la presse, ne put soutenir les attaques de l'opinion libérale, et force fut de la laisser aller se modifier dans le sein d'une commission spéciale.

Le 16 septembre, un événement d'une autre nature vint répandre l'allégresse dans les états d'Helsingor et d'Helsingbord; c'était l'arrivée de Thorwaldsen, que ramenait dans sa patrie la frégate Rotha après une longue disparition. Une foule immense s'était portée à la rencontre de ce grandmaître, nommé par le roi maître de conférence, et le respect des populations avait partout accueilli ce noble vieillard. Un poëme fut composé pour cette circonstance, et les deux nations s'unirent pour compléter les honneurs déjà rendus à Thorwaldsen par son roi. Cette réception si solennelle et tout à la fois si cordiale, avait ému le maître au plus haut degré, et il lui fut impossible d'exprimer toute sa satisfaction autrement qu'en serrant la main aux personnes qui l'entouraient. C'est ainsi que le retour inattendu

d'un grand homme devenait pour le Danemarck unè fête nationale et un noble exemple pour l'Europe.

SUÈDE ET NORWEGE.

On se rappelle que le Sorthing avait demandé, dans la session de 1836 (voir l'Annuaire de 1836, p. 323), qu'une adresse fût présentée au roi Charles-Jean pour obtenir la reconnaissance, sur toutes les mers et dans tous les ports, d'un pavillon spécial du commerce norwégien. Dès le 28 juillet 1837, un rapport avait été soumis au souverain par le conseil de Christiana, et le 11 avril suivant, la commission avait adopté cette mesure, tout en permettant aux armateurs de conserver le pavillon de l'union s'ils devaient y trouver plus de sécurité. La sanction royale sur cet objet fut accueillie avec une vive satisfaction par toute la Norwège.

La tranquillité dont jouissait le pays fut cependant momentanément troublée, le 19 juillet, par une émeute qui éclata à Stockholm, au sujet de l'arrestation du conseiller Crusenstolpe, auteur d'un pamphlet contre le gouvernement; le tumulte avait été si loin, que la troupe ayant fait feu sur le peuple, avait tué deux hommes et en avait blessé plusieurs. Ces troubles, qui continuèrent dans les journées du 20 et 21, quoique sans caractère grave, ne laissaient pas que de révéler une certaine irritation dans les esprits, irritation à laquelle la presse de l'opposition n'était pas étrangère.

Les différents corps de l'État saisirent avec empressement l'occasion du rétablissement de l'ordre et de la guérison du roi, qui s'était blessé à la suite d'une chûte de cheval, pour assurer de leur dévouement et de leur fidélité le prince, qui les engagea de son côté à réunir leurs efforts pour le maintien et l'exécution des lois.

Le Gouvernement, préoccupé sans cesse de ce qui pouvait améliorer l'industrie, fit publier, au mois de novembre,

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une ordonnance pour la libre fabrication du fer, et le roi annonça en même temps que dans les états de 1840 divers projets seraient présentés à l'effet de donner plus d'extension à cette fabrication, qui était une des principales ressources du pays. Un traité de commerce conclu entre la Grèce et la Suède compléta celui qu'on avait contracté précédemment avec la Russie. Enfin cette année vit régler les droits et les devoirs des Israélites, qui jusque-là n'avaient eu aucune position fixe dans l'état. Ainsi le gouvernement suédois s'occupait sans exclusion et sans relâche de tous les intérêts des populations confiées à ses soins.

La présence inattendue de l'empereur de Russie et du grand duc Michel son héritier, qui étaient venus à Stockholm visiter le roi Charles-Jean, avait été pour la cour de Suède un motif de joie légitime, car les liens d'amitié qui unissaient déjà ces deux souverains se resserrèrent encore par le mariage de la grande duchesse, fille de Nicolas, avec le duc de Leuchtemberg, frère de l'épouse du prince Oscar, héritier du trône de Suède.

RUSSIE ET POLOGNE.

Le voyage de l'empereur à Varsovie, sur lequel les Polonais avaient fondé quelques espérances n'apporta malheureusement aucun changement à leur position; son séjour parmi eux n'avait été marqué que par des revues et des fêtes.

Accueilli avec enthousiasme par la population, le czar avait donné l'ordre de convoquer tous les bourgeois de la ville sur la place du Yosdoff, probablement pour leur adresser une allocution qui les rassurât sur l'avenir de leur pays. Le jour indiqué tous les habitants se réunirent au lieu convenu, mais par un malentendu dont on ne peut s'expliquer la cause, le prince n'y parut point.

Malgré l'assoupissement presque général des esprits, une conspiration avait éclaté au mois d'octobre, dans la partie occidentale de la Pologne; l'un des chefs du complot, Simon-Monarche fut mis en état d'arrestation à Wilna, et à cette occasion on lui infligea la peine de la confiscation de ses biens, ainsi qu'à tous ceux qui furent jugés être ses complices; après quoi tout rentra dans l'ordre et dans la soumission au gouvernement impérial.

Quant à la Russie, la guerre qu'elle soutenait depuis deux années avec la Circassie n'avait point perdu de son intensité elle continuait au contraire plus violente que jamais.

Protégés par la nature de leur pays et par une manière de vivre qui leur permet de combattre avec avantage en partisans, les Circassiens, au mois de février, attaquèrent les Russes, qui furent défaits. Ce premier échec parut assez grave pour provoquer de la part du Gouvernement de Saint-Pétersbourg la destitution du général en chef de l'armée du Caucase et de plusieurs officiers supérieurs ; le premier fut remplacé par le général Golovine, et l'on créa dans le grand et le petit Kabarda des colonies semblables à celles de Ligne; enfin, le contre-amiral Krouchoff, homme d'une grande activité, fut nommé chef d'état-major de la division navale de la mer Noire, avec ordre de surveiller vigoureusement le blocus de l'Abasie. Toutes ces dispositions prouvaient l'importance que l'empereur attachait à cette guerre.

Un événement sembla aussi, sur ces entrefaites, inspirer quelques inquiétudes à la Russie; un membre de la famille de Giraps, jadis souverain de la Crimée, parut parmi les Tartares-Avariens, nation belliqueuse et insurgée alors contre l'empire moscovite. Le czar s'efforça d'étouffer promptement cette révolte, qui aurait pu devenir un brandon d'insurrection pour les peuplades conquises.

Cependant les hostilités ne discontinuaient point à Shushen; les Circassiens avaient obtenu de nouveaux avan

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