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Chênes, les ont confondus en prenant des variétés pour des espèces, et de véritables espèces pour des

variétes.

« Le Rouvre, ou Chêne à glands sessiles, est un des arbres les plus majestueux, et l'un des plus utiles de nos forêts. Son bois, qui est ferme, liant et élastique, est fort recherché pour les constructions. Il se conserve pendant des siècles, lorsqu'il est à l'abri de l'humidité de l'atmosphère, et il acquiert même avec les années, une dureté presque égale à celle du fer. On en fait des poutres, des chevrons, des solives, des carènes de vaisseaux, des fûts de pressoir, des portes d'écluse, des essieux, des rayons de roue, des instrumens aratoires, et mille autres ouvrages. Il croît avec vigueur dans les terrains un peu graveleux, et son bois y acquiert plus de solidité que dans tout autre sol. On connoît plusieurs variétés de cette espèce : les principales sont, 10. le Chêne noir à glands solitaires; 20. le Chêne à trochets, ainsi nommé à cause de la disposition de ses glands; 30. le Chêne des collines, remarquable par ses feuilles lanugineuses; 4°. celui à feuilles très-découpées. A ces quatre variétés, je crois qu'il faut encore ajouter un petit Chêne des Vosges et du Jura, dont M. Bosc a parlé dans son mémoire sur les Chêet qu'il nomme Chêne-osier ou des haies, parce que les jeunes pousses servent à faire des liens, à tisser des paniers, et qu'on le plante autour des champs pour y former des clôtures.

« Le Chêne pédonculé, connu vulgairement sous les noms de Merrain, de Gravelin, de Chêne femelle, est très commun dans les forêts de France. C'est un arbre d'une très-grande taille, dont le tronc est droit et bien proportionné. Ses feuilles, d'un vert luisant en-dessus, d'une couleur glauque en dessous,

sont sinuées sur les bords, et ses glands sont portés sur des pédoncules inclinés vers la terre. On l'a souvent confondu et on le confond encore tous les jours avec le Rouvre ou Chêne à glands sessiles, quoiqu'il en diffère essentiellement, non seulement par les caractères que je viens d'indiquer, mais encore par la légèreté de son bois, qui ne pèse que 24 à 25 kilogrammes le pied cube, tandis que celui du Rouvre pèse de 35 à 36 kilogrammes. Celui-ci se plaît dans les terrains un peu graveleux; le Chêne pédonculé, au contraire, veut un sol fertile et qui ait de la profondeur. Comme son bois est moins noueux que celui du Rouvre, et qu'il se fend plus aisément, on le préfère pour des lattes, des meubles, des parquets et divers autres ouvrages de menuiserie; on l'emploie comme le Rouvre, dans les constructions importantes dont on veut assurer la durée, et il ne sera pas inutile de rappeler ici en passant, que les charpentes de nos anciens édifices que l'on croyoit être de bois de châtaignier, sont toutes de bois de Chêne. Les deux espèces dont je viens de parler, et surtout la seconde, parviennent quelquefois à une grande hauteur, et acquièrent une grosseur énorme lorsqu'elles croissent dans un sol qui leur est favorable. RAI dit qu'il y avoit, en Westphalie, un Chêne de 42 mètres d'élévation, dont le tronc en avoit 10 de circonférence. On croit communé-. ment que la durée de leur vie est de 3 à 400 ans ; suivant d'autres, elle est de 5 à 600; mais la longévité des arbres dépend beaucoup, comme l'on sait, des terrains où ils végètent.

<< Le bois de ces deux Chênes est excellent pour le chauffage, et leur écorce est préférée à celle de tous les autres arbres de notre continent pour tanner les cuirs. Leurs glands qui sont amers et astringens,

ne peuvent servir d'aliment aux hommes, quoiqu'on ait été quelquefois obligé d'y avoir recours dans des temps de disette; mais plusieurs animaux, tels que les porcs, les chèvres, les moutons, les bêtes fauves, les mangent, et s'en nourrissent une partie de l'hiver.

« Le Cerris est un arbre de 8 à 10 mètres, dont le tronc est ordinairement noueux et contourné. Il croît dans les terrains secs et pierreux. On le trouve dans quelques cantons de France, en Piémont et en Autriche. Ses feuilles sont allongées, presque glabres, légèrement pubescentes au-dessous, découpées profondément sur les côtés en lobes un peu écartés, aigus, entiers ou anguleux au sommet. Les pétioles sont accompagnés de stipules lâches, grêles et en forme d'alène. Les glands sont petits, sessiles, renfermés à moitié dans une cupule hérissée de filamens velus. Ce Chêne peut servir à fertiliser des terrains pierreux et arides. Son feuillage a de l'élégance, et il seroit possible de tirer un parti avantageux de son bois qui est très-solide.

« Il y a dans la forêt d'Eu, de Navarre, et autres du nord de la Francé, un Chêne à feuilles ovales et profondément découpées en lobes obtus, que quelques auteurs ont nommé crinite, parce que la cupule est hérissée de longues soies velues. C'est une variété du Cerris.

« Le Chêne Haliphæos, ou de Bourgogne, ne me paroît aussi qu'une variété de la même espèce; il en diffère seulement par le tronc, qui est plus droit, moins noueux et plus élevé; par les feuilles couvertes de soies blanches en dessous, pointillées en dessus; par ses fruits un peu pédonculés et rapprochés au nombre de deux ou trois. On l'a trouvé entre Salins et Besançon. Son bois est d'un bon emploi.

Ses glands, comme ceux du Cerris et du Tauzin, restent deux ans sur l'arbre.

« Le Tauzin, ou Chêne Angoumois, est un arbre de 20 à 24 mètres, qui croît dans les Basses-Pyrénées, dans les Landes de Bordeaux, et autres lieux. Il a du rapport avec le Cerris, mais il en diffère par des caractères assez tranchés pour être regardé comme une espèce distincte. Ses feuilles sont hérissées en dessus, très-cotonneuses en dessous, découpées latéralement en plusieurs lobes profonds, obtus et écartés. Ses glands sont portés sur des pédoncules axillaires, et leur cupule n'est point hérissée comme celle du Cerris. Son bois, qui est dur et noueux n'est pas propre à des ouvrages de fente, mais il excellent pour les constructions et pour le chauffage. Ses jeunes branches, qui sont souples et flexibles, servent à faire des cercles de cuve et de tonneaux. L'écorce est employée au tannage, et les glands sont recherchés pour la nourriture des porcs. M. de Secondat croit que c'est le vrai Robur des anciens. II le désigne sous le nom de Chêne noir, qu'il ne faut pas confondre avec la variété du Rouvre, que l'on appelle du même nom dans le nord de la France, ni avec le Chêne noir d'Amérique, qui diffère essentiellement de l'un et de l'autre.

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« Le Chêne Brosse, des environs d'Angers, ne differe pas du Tauzin, non plus qu'un petit Chêne rabougri, qui est très-commun dans les Landes du Temple, près Nantes, où il est connu sous le nom de Chêne doux, et que quelques Botanistes ont pris pour une espèce particulière.

«La taille du Tauzin varie beaucoup, et ses feuilles, ainsi que ses fruits, offrent des différences très-remarquables, suivant le sol où il végète. Cet arbre est d'autant plus utile, qu'il vient dans les

dunes, et qu'on peut l'employer à fertiliser des ter

rains arides et incultes.

« M. Desportes a observé, dans les environs du Mans, un Chêne qui a une très-grande ressemblance avec le Tauzin, mais dont les glands sont sessiles sur les branches. Je pense néanmoins que ce n'est qu'une variété du précédent.

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On trouve dans les Basses-Pyrénées, aux environs de Dax, un Chêne à glands pédonculés et trèsallongés en proportion de leur grosseur, auquel on a donné le nom de Chêne pyramidal, parce que ses rameaux sont ramassés comme ceux du Peuplier d'Italie ou du Cyprès. On l'élève de graines dans nos Pépinières, et il réussit de greffe sur le Rouvre, et sur le Chêne pédonculé de nos forêts. J'ignore si son bois est d'une bonne qualité; mais cet arbre a un port très-pittoresque, il est propre à la décoration des Parcs et des Jardins anglois. M. Correa m'a assuré qu'il étoit originaire du Portugal, et M. Decandole dit qu'il n'en a vu dans les BassesPyrénées que des individus isolés, et qu'il ne le croit pas indigène à ce pays. »

M. DESFONTAINES parle ensuite de l'Esculus, ou Chêne grec, arbre originaire d'Italie et de la Dalmatie, peu élevé, dont on mange les glands, mais qui n'est cultivé en France que dans quelques Jardins; du Chéne des Apennins, qui croît dans les terrains arides du Midi de la France, et dont le bois est très-dur; de l'Yeuse ou Chêne yert qui vient spontanément dans le Midi de la France, en Italie, en Espagne, en Syrie, et sur les Côtes septentrionales de l'Afrique, qui se plaît dans les terrains secs, sablonneux, aérés, et exposés au nord, croît isolément et dispersé çà et là au milieu des autres arbres, dont la taille est d'environ 10 mètres, le bois très-compacte

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