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contes ridicules, on leur intenta des accusations absurdes, on les traduisit devant les tribunaux, on les présenta comme de dangereux fanatiques qu'il falloit comprimer et punir. Dès les premières années de la révolution, et avant les cruautés horribles que nous vîmes depuis, des prêtres furent victimes de cette impulsion donnée au peuple par les agitateurs. Dans le midi surtout, où le mélange des protestans rendit les troubles plus graves, les catholiques, et surtout le clergé, éprouvèrent les effets de cette disposition, accrue encore par l'ancienne rivalité de religion. Un historien du temps assure que l'on envoyoit des émissaires dans les campagnes pour soulever les paysans contre leurs curés. Des violences furent commises à Nîmes, à Avignon, à Troyes, à Bordeaux et dans d'autres villes. Ce n'étoit partout que dénonciations contre les prêtres, injures, voies de fait. Plus la révolution marchoit en avant, plus cet état de choses devint fâcheux pour le clergé. La liste seule des décrets rendus contre les prêtres seroit énorme, et le refus que fit Louis XVI de sanctionner un de ces décrets, suffit pour amener l'insurrection du 20 juin 1792; tant le parti révolutionnaire attachoit d'impor tance à ce que ses proscriptions contre les prêtres ne fussent pas arrêtées. Le 10 août vint le mettre plus à l'aise, et l'un des premiers fruits de cette journée, fut un décret de déportation générale, qui ne pût même satisfaire la haine des factieux. Combien de prêtres furent immolés dans le temps même où ils obéissoient à la loi qui les chassoit! C'est à cette même époque que se rapportent les massacres des prisons de Paris, où une populace enivrée de vengeance suivit si fidè lement l'impulsion qu'on lui avoit donnée, et les en

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nemis de la religion, s'ils avoient encore quelque retenue, durent rougir des excès qui résultèrent de leurs exhortations et de leurs conseils. Depuis ce ne fut plus qu'une continuité de mesures atroces contre les prêtres. Un décret porta peine de mort contre ceux qui, n'ayant pas prêté le serment, seroient trouvés en France. Après la terreur, les lois contre les prêtre survécurent à celles portées contre les autres classes. La convention tint toujours le glaive suspendu sur eux. Si quelquefois on lui arracha un décret plus doux, elle ne manquoit guère de l'abroger peu après sous de vains prétextes. Elle n'auroit pas suivi ce plan par affection, qu'elle y auroit été amenée par l'esprit de ceux qu'elle avoit mis en place, par les dénonciations des jacobins, et par l'opinion des administrateurs locaux qui, étant presque tous d'ardens révolutionnaires, portoient aux prêtres par cela seul la haine la plus cordiale. Ces gens là avoient trop persécuté les prêtres pour ne pas les persécuter encore. Ils sentoient au fond de leur ame que le clergé ne pouvoit aimer leur régime; nouvelle raison pour le lui rendre plus rigoureux. Il suffisoit qu'un prêtre fut dénoncé pour être réputé coupable, et pour que son délit vrai ou faux retombât sur tous. C'étoit là le texte le plus ordinaire des discours qui se tenoient à la convention et dans les assemblées qui lui succédèrent. Toujours des plaintes et des déclamations contre les ministres du culte, comme on les appeloit. Il sembloit que la chose publique fût perdue, s'ils jouissoient d'une ombre de tranquillité. Dès qu'ils respiroient un peu, on crioit au fanatisme. Plus de formes de justice pour eux. Les prisons et les déportations, File de Rhé et la Guyane remplacèrent pour eux les

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échafauds, et le directoire eut constamment à cœur de désoler leur patience, et de les faire périr par des voies plus lentes, mais efficaces.

Le règne de Buonaparte sembla d'abord leur donner quelque répit; mais depuis que ses prétentions ambitieuses l'eurent brouillé avec le souverain Pontife, il traita les prêtres avec une rigueur croissante. Il ne convenoit pas que les membres fussent plus ménagés que le chef. Les cardinaux et les prélats romains furent emprisonnés ou bannis. Les prisons d'Etat furent remplies de prêtres, et une police active les comprimoit avec sévérité. Ainsi c'étoit toujours le même esprit qui les poursuivoit, et une haine irréconciliable voyoit toujours en eux des ennemis qu'il falloit måter et abattre. On a été fidèle à ce systême. Le peuple une fois trompé n'a point cessé d'honorer les prêtres de ses injures depuis qu'on l'a excité contr'eux. La jeunesse dans cette classe a été élevée dans les mêmes dispositions. A force d'entendre rebattre les mêmes déclamations, elle s'est imbue des` mêmes préjugés, et le mal se perpétue. Chaque fois que quelque faction triomphe, la haine contre les prétres éclate. On l'a vu au retour de Buonaparte, et la même populace qui l'accueilloit avec des cris de joie, y joignit des injures contre les prêtres. Nous avons donné dernièrement quelques détails à ce sujet.

Maintenant quel sera le terme d'une antipathie si injuste et si peu honorable pour ceux qui s'y livrent? Y a-t-il à espérer que les coupables se corrigent et reviennent à des sentimens plus modérés? Quels seroient les moyens d'opérer ce changement si désirable? ce pourroit être la matière de nouvelles réflexions. Nous nous contenterons de dire en ce moment qu'il

seroit de la dernière importance de guérir ces préjugés honteux, et qui ont été la source de tant de crimes que le caractère national en a été altéré; et nous formons des vœux pour qu'un gouvernement plus sage et mieux intentionné parvienne à redonner à la religion une influence, et au clergé une considération dont nous avons besoin pour appaiser les passions déchaînées, assurer le maintien de l'ordre, et amener la restauration de la morale.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. vient de donner une nouvelle preuve de l'esprit de paix et de modération qui la caractérise. Un édit, du 5 juillet, promet l'entier oubli du passé, annonce que les acquéreurs de biens nationaux ne seront pas troublés dans leurs nouvelles possessions, et garantit la dette publique et les pensions ecclésiastiques, civiles et militaires.

-Un journal publie une déclaration du roi d'Espagne, adressée à son conseil, par laquelle ce prince annonce le rétablissement des Jésuites. Il ordonne qu'ils soient réintégrés provisoirement dans toutes celles de leurs maisons qui sont libres, et se réserve de leur rendre les autres dès que cela sera possible. S. M. discute les accusations portées contre la société, et conclut que si quelques-uns de ses membres se sont rendus coupables, le corps entier a rendu les plus grands services à l'éducation, aux lettres et à la société entière, et s'est surtout illustré par son zèle pour la conversion et la civilisation des sauvages. Ce témoignage du roi détruit les vaines accusations des ennemis des Jésuites relativement à leur conduite dans le Paraguay, et le judicieux sou

verain fait observer, avec beaucoup de raison, que le bien manifeste qu'ont fait les Jésuites ne peut être atténué par les considérations secrètes qui déterminèrent le roi son aïeul à les renvoyer de ses Etats.

PARIS. MM. les grands- vicaires du diocèse avoient donné, le 11 août, un Mandement pour annoncer la procession de l'Assomption, et ordonner la lecture de l'édit de Louis XIII. Ils recommandoient d'implorer avec plus de ferveur le secours du ciel pour la France dans un moment où elle a tant de besoin de voir cesser. les divisions qui l'ont agitée, et où elle presse ses enfans d'oublier leurs querelles, et de se réunir autour des autels et du trône. Les prières d'usage ont eu lieu dans toutes les églises. Mais la procession ne s'est faite au dehors qu'à la Métropole, conformément à la lettre écrite par S. M. aux vicaires - généraux, laquelle est ainsi conçue:

<< MM. les vicaires-généraux du chapitre de Paris ayant résolu de faire faire en l'église métropolitaine de ma bonne ville de Paris, le 15 du présent mois, jour de l'Assomption de la très-sainte Vierge, la cérémonie de la procession pour le renouvellement du voeu fait par le roi Louis XIII, en l'année 1638, je vous fais cette lettre pour que vous ayez à faire publier l'édit du roi Louis XIII, tant dans l'église métropolitaine que dans toutes les églises paroissiales de Paris; mon intention est que la procession qui se fera à Notre-Dame soit la seule extérieure, et qu'elle ait lieu à l'heure que vous dira de ma part le grand-maître ou le maître des cérémonies de France. Cette lettre n'étant à autres fins, je prie Dieu, qu'il vous ait, Messieurs les vicaires-généraux, en sa sainte garde ». Ecrit à Paris le. 13 août 1815.

Et plus bas,

Signé, LOUIS.

PASQUIER.

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