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l'eau qu'on inspire en fe noyant. De la réunion des particules de l'eau, il réfulte un affaiflement très-favorable. On peut enfuite fufpendre pendant quelques minutes le Noyé par les pieds. La liqueur infpirée ayant plus de denfité qu'avant l'infufflation, fon poids pourra en entrainer une petite quantité hors du poumon. Il ne faut pas croire que la suspension plus long-tems continuée puiffe être utile: la trachée artére peut être regardée, dans un fujet fufpendu, comme le tronc d'un arbre dont les rameaux bronchiques font les branches. Les liqueurs, com me on fçait,ne péfent que fuivant leur hauteur; il ne peut fortir, dans la fufpenfion,que la colonne qui péfe fur la trachée artére, ce qui eft la moindre quantité; les autres colonnes d'eau diftribuées dans les différentes ramifications des bronches n'ayant

aucune action les unes fur les autres, la fufpenfion ne peut en procurer la fortie.

دو

L'avis de 1740. met au nombre des fecours les plus efficaces qu'on puiffe donner aux Noyés celui de leur faire entrer de l'air chaud par la trachée artére, il redonnera peut-être le jeu aux poumons, & » tous les mouvemens de la poitrine >> renaîtront». La conjecture eft trèsjudicieuse, mais l'on confeille de faire préalablement l'opération de la bronchotomie. Cette opération n'est point néceffaire pour faire entrer de l'air chaud dans le poumon des Noyés. L'air qu'on leur foufflera dans la bouche paffera dans les poumons fi l'on a la précaution de leur pincer le nez, afin que cet air ne revienne point par les narines. Le commencement de détente qu'on procure par ce moyen eft très-avantageux,

quoiqu'il n'affecte que les organes paffifs de la refpiration, mais ce relâchement donne un premier branle à la machine, & eft une condition fans laquelle les autres moyens. pourroient être inefficaces.

Il faut avoir l'attention de dé pouiller les Noyés de leurs habits & de les envelopper d'un drap, d'une couverture ou d'un manteau pour les mettre à l'abri du froid. Il faut tâcher de les rechauffer extérieurement en les mettant dans un lit bien chaud, dans un bain d'eau chaude fi l'on avoit cette commodité; il eft bon de faire des frictions avec des linges chauds fur la furface extérieure du corps. Elles attireront le fang du centre à la circonférence, & elles préviendront la coagulation des liqueurs. Rien n'est plus capable que les frictions d'exciter l'action des vaiffeaux, & de

donner du mouvement aux liquides. C'est tout ce que l'on fe propofe quand l'on confeille de remuer beaucoup les Noyés, de les agiter & de les tourmenter en différentes façons.

Pour ne pas perdre un inftant dans des extrémités fi preffantes, on peut avoir recours aux fternutatoires & aux émétiques. Il s'agit de lever les obftacles qui s'oppofent au cours du fang dans l'artére pulmonaire, & de remettre en jeu les organes de la refpiration. Les fternutaroires font très - convenables pour produire cet effet; & pour en débarraffer les bronches de la liqueur étrangère qui y eft contenue. Personne n'ignore la dépendance mutuelle qu'il y a entre les narines & le diaphragme: ainfi les remédes capables de procurer l'éternuement feront très-utiles,

puifqu'ils excitent l'action du diaphragme qui eft un des principaux agens de la refpiration. On irritera donc les fibres intérieures du nez, » foit avec des efprits volatils, foit » en picotant les nerfs qui tapiffent » le nez avec les barbes d'une plu» me, foit en foufflant dans le nez » avec un chalumeau, du tabac ou quelque fternutatoire plus puif

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» fant. »

Les émétiques peuvent procurer le dégorgement du poumon. On connoît les bons effets que produit l'adminiftration de ces remédes dans certaines fluxions catharreufes qui menacent de fuffocation; ce cas est analogue à l'embarras du poumon dans les Noyés, puifque dans cette maladie les bronches font engorgées d'une limphe excrémenteuse que l'action des muscles du bas-ventre & du diaphragme, excitée par l'irri

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