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adopte également un quatrième et dernier projet, concernant l'établissement de la navigation depuis Périgueux jusqu'à Libourne.

On ouvre la discussion sur le projet de loi relatif aux journaux. M. le ministre de l'intérieur répond en détail aux objections de M. le rapporteur de la commission. Il pense qu'on peut continuer encore la censure sans danger réel pour la liberté, et avec avantage pour le repos public. Le ministre repousse les reproches adressés à la censure. Les différens partis, dit-il, se plaignent de ce qu'elle est exercée avec partialité à leur égard, et avec faveur pour leurs adversaires; bien loin de les contredire, je me félicite de ce que cela est ainsi : rien ne prouve mieux l'impartialité de la censure.

M. Busson vote contre le projet. M. Josse-Beauvoir examine si la censure des journaux est commandée par l'état actuel de la société, et si-le refus de la loi proposée ne constitueroit pas la société en état de guerre. L'orateur se demande quelles sont les libertés qu'on a étouffées. Jamais la presse n'a été plus active et la tribune plus parleuse. Passant ensuite aux résultats que produiroit l'entier affranchissement des journaux, M. Josse-Beauvoir essaie de donner une idée du langage que tiendroient, en pareil cas, les journaux libéraux; ils feroient hautement l'éloge de l'assemblée constituante, des révolutions et de tous leurs accessoires. L'orateur emploie dans ses développemens plusieurs expressions dont se servent fréquemment quelques orateurs du côtẻ gauche, telles que la jeunesse vénérable, la révolte héroïque, etc. Vive réclamation de la part du côté gauche; plusieurs membres s'écrient que l'on parodie leurs discours. M. Foy sort de la salle avec humeur. M. Josse-Beauvoir termine son discours en concluant que la censure soit accordée au gouvernement, mais seulement jusqu'à la fin du second mois qui suivra l'ouverture de la prochaine session.

Le 5, M. de Castelbajac a parlé contre la censure, qu'il a accusée de foiblesse et de partíalité; il a même adressé des reproches à peu près semblables au ministère, qui, a-t-il dit, hait les royalistes, et perpétue les fautes des ministères précédens. M. de Serre s'étonne de ce systéme persévérant d'attaques contre le ministère, attaques où on n'observe même pas toujours les bienséances établies entre gens bien élevés. Quant à lui, il ne croit avoir mérité la haine de personne ; il justifie la marche du ministère, et montre la nécessité de la censure: on parle, dit-il, de lois répressives; mais le plus difficile n'est pas seu lement de les faire, mais encore de les exécuter: comment voulezvous que les tribunaux soient fort sévères sur les écrits, quand ici retentissent des discours assez peu différens des écrits déférés comme les plus répréhensibles?

M. Dupont (de l'Eure) s'élève contre la censure, et cite des faits qui lui paroissent montrer l'injustice avec laquelle elle opère. M. de Vandoeuvre, procureur-général à Dijon, appuie le projet de loi, et peint les excès croissans des principes révolutionnaires, qu'il croit ne pouvoir être arrêtés que par des mesures préventives. M. Delalot est opposé à la censure, et, dans un discours improvisé et brillant, il fait une critique sévère de la censure actuelle, et ensuite du minis tère, et reproduit, avec de nouveaux développemens, les reproches déjà mis en avant par M. de Castelbajac.

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(Mercredi 11 juillet 1821.)

(No. 722.)

Sainte Bible, en latin et en françois, avec des notes littérales, critiques et historiques, des préfaces et des dissertations. 4o. livraison (1).

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En rendant compte des livraisons successives de cette édition, nous devons nous borner à ce qui concerne chaque livraison. Celle-ci se compose des tomes VI et VII. Le premier renferme les deux derniers livres des Rois, avec une Préface et treize dis sertations, qui traitent des temples des anciens, de l'ancienne Jérusalem et du temple, du pays d'Ophir, du temple de Salomon, de la prière de Naaman, du sort des dix tribus, de la défaite de l'armée de Sen, nachérib, de la rétrogradation de l'ombre du soleil sur l'horloge d'Achaz, des grands-prêtres des Juifs, des trois branches lévitiques, des officiers des rois juifs, de la milice des Hébreux, et des richesses de David.

Le fond de presque toutes ces dissertations est de D. Calmet, qu'une vaste érudition et une grande connoissance de l'Ecriture portoient à ces sortes de recherches, et qui a réussi en effet à éclaircir plusieurs difficultés. Quelquefois, il est vrai, cette érudition même paroît excessive dans ses développemens, et la fécondité de l'auteur le jette dans des explications et des détails plus curieux peut-être

(1) On souscrit à Paris, chez Méquignon fils aîné, chez Méquignon junior, et chez Adr. Le Clere, au bureau de ce journal; prix, pour les souscripteurs, 6 fr. chaque volume, et 8 fr. franc de port.

Tome XXVIII. L'Ami de la Relig. et du Ror. S

qu'utiles. Rondet, dans son édition, a, en plusieurs endroits, abrégé le travail du savant religieux; mais je ne sais si l'on n'auroit pas pu trouver encore matière à des retranchemens plus nombreux, qui n'au roient rien ôté du mérite de l'ouvrage. Il y a, il faut l'avouer, dans ces dissertations des discussions sur des points de critique qui peuvent convenir à des savans de profession, mais qui seront peu profitables pour le plus grand nombre des ecclésiastiques. Les éditeurs auront craint sans doute d'être accusés de rendre cette édition moins complète que les précédentes. Ils ont même ajouté dans ce volume une dissertation du célèbre Danville, sur l'étendue de l'ancienne Jérusalem et de son temple. On trouve aussi deux remarques nouvelles, l'une sur la prière de Naaman, l'autre sur la rétrogradation du soleil. Enfin, à commencer de ce volume, les passages du texte sacré cités dans les notes sont en caractères hé breux, au lieu d'être en caractères romains, comme dans les éditions précédentes. Ce changement ne peut qu'être agréable à ceux qui ont l'avantage de savoir l'hébreu.

Le tome VII renferme les Paralipomenes, qui, avec la traduction, occupent la moitié du volume. Ils sont précédés d'une Préface, qui est en partie de D. Calmet et en partie de Rondet, et d'une dissertation sur les textes parallèles des Paralipomènes avec les textes des Rois et de divers autres livres de la Bible. C'est une espèce de concordance de ces livres entr'eux, accompagnée de remarques sur les différences ou les points de ressemblance entre chaque partie correspondante de ces livres. Ce travail, qui est de Rondet, suppose beaucoup de patience et de

critique; mais il est d'une immense étendue, et forme à lui seul près de 300 pages. L'auteur l'a divisé en quatre parties, relativement à la division même du texte des Rois et des Paralipomenes.

Nous n'avons que des éloges à donner à la correction du texte; cette partie continue à être soignée. Le caractère, l'impression et le papier, plaisent à la vue; les volumes sont très-forts, et ne contiennent pas moins de 650 pages. Ainsi le matériel de l'entreprise répond aux promesses des éditeurs, et l'on a seulement à souhaiter qu'ils continuent à cet égard comme ils ont commencé.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le jeudi, fête du saint Sacrement, la procession solennelle a eu lieu dans cette capitale. Elle a fait le tour de la colonnade de la place Saint-Pierre. Elle étoit composée de tous les religieux, des curés de la ville, des chanoines des collégiales et basiliques, des prélats, des abbés mitrés, des évêques et archevêques, et des cardinaux. S. S., élevée sur un brancard et à genoux, portoit le saint Sacrement, entourée de sa maison et de sa garde suisse. Arrivé dans la basilique du Vatican, on chanta le Te Deum, et le saint Père donna la bénédiction du saint Sacrement à un peuple immense, au milieu des décharges répétées d'artilleries.

M. Frattini, vice-gérent de Rome, a encore donné récemment, dans sa chapelle privée, la confirmation à quatre-vingt-onze militaires autrichiens.

PARIS. Les Frères des Ecoles chrétiennes viennent de transporter dans la capitale la résidence de leur supérieur-général et leur noviciat. La ville de Paris leur a cédé pour cet établissement la jouissance d'une mai

son, rue du faubourg Saint-Martin. Le mauvais état de la maison et les augmentations que l'on a été obligé d'y faire pour y loger une congrégation nombreuse; de plus, la nécessité de la garnir d'un mobilier suffisant, et celle de pourvoir à l'entretien de novices qui avoient été admis pour une pension très-modique ou même qui n'en payoient aucune; tout cela, on peut le penser, a entraîné des dépenses considérables auxquelles on a fait face, soit avec les dons des personnes pieuses qui s'intéressent à un établissement si utile, soit avec les sommes accordées, tant par la ville de Paris que par le gouvernement. Mais ces ressources sont épuisées, et l'augmentation du nombre des novices amenée par les demandes multipliées des villes et des paroisses, oblige encore de recourir à la bonne volonté des fidèles qui sentent le prix de cette œuvre, et qui l'ont jusqu'ici encouragée. On espère qu'ils se prêteront à étendre les avantages d'une institution justement estimée, et qu'ils la mettront en état de répondre aux vœux de la religion et de la société. On pourra adresser son offrande à Mme. la marquise de Rougé, rue de Varennes, no. 19, ou à M. Alphonse de la Bouillerie, place du Carrousel, à la caisse de la liste civile, et au bureau de ce journal.

On a célébré dans la plupart des paroisses de la capitale des services funèbres pour le repos de l'ame de Mme. la duchesse d'Orléans.

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Il a été question dans ce journal du séjour que M. l'abbé de Maccarthy a fait à Strasbourg, en avril dernier, et des discours qu'il y a prononcés. Se trouvant dans une ville qui renferme beaucoup de protestans, l'orateur a été amené à traiter quelques-unes des questions qui nous divisent, et il l'a fait, nonseulement avec le talent qu'on lui connoît, mais aussi avec une modération digne de son ministère. Il n'a mêlé à la controverse rien d'offensant ni d'amer, et a

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