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temberg, au grand-duché de Bade, à l'électorat de Hesse-Cassel, à la principauté et au duché de Nassau, etc. etc.

L'Autriche, en présence des revers de Napoléon, qu'elle n'avait secondé que de la manière la plus molle pendant la campagne de Russie, s'allia à la Russie, à la Prusse et à la Grande-Bretagne, par les traités de Teplitz des 9 septembre et 3 octobre 1813.

L'armée française avait été réorganisée: elle était encore imposante; malgré ses succès à Lutzen, à Bautzen et à Dresde, elle ne put toutefois se maintenir en Allemagne; battue par les forces réunies de la coalition, et par suite de la défection d'une partie de l'armée saxonne, à Leipzig, dans les journées des 47, 48 et 19 octobre, elle se dirigea vers le Rhin, culbutant à Hanau un corps bavarois, et elle se retrouva bientôt sur le territoire de l'ancienne France, où les armées coalisées ne tardèrent pas à la suivre.

Pendant ce temps-là, les armes de la France avaient également éprouvé des revers en Espagne; les Anglais passèrent la Bidassoa, le 7 octobre. Napoléon, cédant à la nécessité, approuva le traité signé à Valencay, le 8 décembre 1813; il prit sur le front de son frère, le roi Joseph, la couronne des Espagnes pour la placer, de nouveau, sur la tête du roi Ferdinand VII; le règne éphémère de Joseph s'évanouit devant le principe de la légitimité dynastique.

Il ne restait plus que deux alliés à Napoléon le traité signé à Kiel, le 14 janvier 1814, entre le Danemarck, la Suède et la Grande-Bretagne, lui enleva l'un; l'autre, Joachim Murat, dans l'espérance de sauver ses États, laissa ébranler ses sentiments de fidélité et de reconnaissance; par ses traités des 6 et 44 janvier, il se joignit à l'Angleterre et à l'Autriche.

Le traite de Kiel du 11 janvier a fait perdre au roi de Danemarck son royaume de Norvège; le traité de Naples du 14 janvier n'a pas conservé sa couronne au roi Joachim; l'autriche, par l'article X de ce traité avait garanti à ce prince « ainsi qu'à ses << héritiers et successeurs, la jouissance libre et paisible de tous >> les États qu'il possédait en Italie ! »

L'histoire dira comment le roi Joachim perdit sa couronne; elle dira, en le flétrissant de stigmates ineffaçables, l'odieux guetapens qui porta ce prince à débarquer sur la plage du Pizzo, où, à la suite d'un ordre transmis par le télégraphe de Naples, un héros qui avait porté le diadème, auquel tous les souverains qui siégeaient, en ce moment, au congrès de Vienne, avaient donné

le titre de frère, reçut la mort, fusillé comme un forban sur la grève où il venait d'aborder!

Malgré les savantes manœuvres militaires de Napoléon et le courage infatigable de son armée, pendant la campagne de 1814, sur le territoire de la France; malgré les victoires de Brienne, de Rheims, d'Arcy sur Aube, etc., Napoléon, vaincu par le nombre, se résigna. Un instant toutefois on crut que le rétablissement de la paix sortirait du congrès réuni à Chatillon; mais Napoléon comptait parmi les négociateurs des ennemis personnels 1); les négociations furent donc bientôt rompues, et la déclaration des Puissances coalisées, publiée à Vitry, le 25 mars 1814, fit connaître leur intention de réduire le territoire de la France à ses anciennes limites et de fonder, la paix universelle.

Cette déclaration ne s'expliquait pas sur le sort réservé à Napoléon, si la lutte tournait définitivement contre lui.

Ce ne fut que le 31 mars 1814, lorsque les armées alliées eurent franchi les portes de Paris, après un combat acharné et une capitulation, que l'empereur Alexandre de Russie annonça à la nation française la résolution des Puissances coalisées, « de ne « plus traiter avec Napoléon Bonaparte, ni avec aucun des membres « de sa famille. »

Napoléon n'hésita plus.

Le 44 avril 1844, dans le palais de Fontainebleau, il traça de la main qui avait si glorieusement tenu le sceptre et l'épée, une abdication en ces termes :

« Les Puissances alliées ayant proclamé que l'empereur << Napoléon était le seul obstacle au rétablissement de la paix « en Europe, l'empereur Napoléon, fidèle à ses serments, dé<< clare qu'il renonce, pour lui et ses héritiers, aux trônes « de France et d'Italie, et qu'il n'est aucun sacrifice personnel, << même celui de la vie, qu'il ne soit prêt à faire à l'intérêt de « la France. >>

Le même jour, un traité signé à Paris entre les plénipotentiaires de l'Autriche, de la Russie et de la Prusse, par le prince. de Metternich, le comte de Nesselrode et le baron (depuis prince) de Hardenberg, d'une part, et d'autre part par les plénipotentiaires de l'empereur, les maréchaux de France, Ney, prince de la Moskowa, et Macdonald, duc de Tarente, régularisa la position des

1) Nous savons d'une manière positive que l'on aurait tort de placer M. le prince de Metternich au nombre des ennemis personnels de l'empereur Napoléon au congrès de Chatillon.

CUSSY II.

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princes et princesses de la famille impériale, et créa un royaumenain pour le colosse qui n'avait été abattu que par les forces réunies de toute l'Europe: Napoléon dont l'empire embrassait l'Europe occidentale et une partie de l'Europe méridionnale, et s'étendait depuis Hambourg jusqu'à Rome; Napoléon qui avait fait des rois, enlevé et rendu des couronnes, et dont les frères avaient occupé les trônes d'Espagne, de Naples, de Hollande, de Westphalie, partit, sous l'escorte des commissaires, nommés par les Puissances étrangères, pour aller prendre possession de sa souveraineté de l'ile d'Elbe!!

La paix générale fut signée, le 23 avril 1814, à Paris, entre les Puissances alliées et la France représentée par Monseigneur le comte d'Artois, frère du roi Louis XVIII qui reprit la couronne de ses ayeux et le sceptre qu'avaient porté PhilippeAuguste, St.-Louis, Louis XII, François I, Henry IV, Louis XIV, et l'infortuné Louis XVI, l'homme de bien, prince méconnu parcequ'il n'avait que des vertus, et qui, plus légitimement qu'aucun autre souverain, aurait mérité de recevoir le titre de Père du peuple, s'il eut vécu à une époque moins fièvreuse, et moins agitée par la passion des réformes, par le besoin de l'inconnu, le désir du changement, l'esprit de parti, et par les menées des ambitieux.

La chute de l'empereur Napoléon et la paix de Paris mirent fin au blocus ou système continental, à cette lutte de procédés iniques de la part des deux gouvernements qui ne reculaient devant l'adoption d'aucun moyen de nuire à son ennemi, sans tenir aucun compte des dommages immenses qui devaient en résulter pour les autres nations.

Au reste, il faut le reconnaître, le cabinet britannique fut le premier à adopter ces mesures qui blessaient tous les intérêts des neutres, qui violaient tous les principes du droit maritime des nations; ce fut uniquement par représailles que la France se vit contrainte de le suivre sur cette voie désastreuse. L'empereur, une fois décidé à ne pas céder, comprit qu'il pouvait, en ralliant le continent à sa politique, ruiner pour longtemps l'industrie et le commerce maritime de l'Angleterre ; ce but n'était point encore atteint en 1814; mais le système continental, probablement, aurait eu ce résultat, s'il n'avait pas fait peser un joug de fer sur les autres nations, dont l'Angleterre sut, avec habileté, exploiter l'impatience.

Voici le jugement qu'un écrivain a porté du système continental:

« Le commerce maritime languissait chez toutes les nations; « on était réduit aux ressources intérieures; il fallait suppléer au « manque de denrées coloniales.

« Le pavillon français ne flottait plus sur les mers.

« La France n'était plus qu'une province intérieure comme le « Wurtemberg ou la Bavière.

« La vaste étendue de ses côtes, les belles embouchures de ses fleuves ne lui procuraient plus que de stériles avantages.

« Si une telle situation eut duré plus longtemps, si les dé<crets de Berlin et de Milan eussent été rigoureusement respeca tés, si l'on n'eut pas trafiqué des licences commerciales, c'en était fait de la puissance maritime, du commerce, de l'industrie et < du génie mercantile de l'Angleterre; isolée du monde entier et « comme abîmée au milieu de l'Océan, elle eut infailliblement « succombé.

« Le système continental a eu cependant de bons résultats; « l'industrie intérieure, obligée à de grands efforts, s'est élancée dans une voie inconnue. Il s'est élevé en France de nombreuses «< manufactures...... » (On en peut dire autant de l'Allemagne : les efforts faits par les industriels allemands, à l'époque du système continental, ont trouvé depuis une protection efficace dans le système du Zollverein.)

« L'essor de l'industrie française date du moment où l'admi<< nistration anglaise dénationalisa tous les pavillons et fit cesser << toutes les communications maritimes. (Voir plus haut les ordres du conseil du 11 novembre 1807.)

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...... Il est à espérer que ce grand exemple de rivalités jalouses entre deux grands peuples sera assez profitable pour « qu'on ne voie plus le retour d'aussi déplorables excès, et que « deux grandes nations si bien faites pour s'aimer et s'estimer, .... qu'une égale supériorité d'intelligence doit naturellement << rapprocher l'une de l'autre, comprendront qu'il doit y avoir un « terme pour de vieilles et injustes préventions ...... >>

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CHAPITRE XXVII.

PRESSE DES MATELOTS EXERCÉE SUR LES BATIMENTS NEUTRES PAR LA MARINE BRITANNIQUE.

Affaire de la frégate américaine le Chesapeake.

Aucune loi formelle n'a autorisé la presse des matelots bien que l'existence de ce mode de recrutement à l'usage de la marine anglaise, lorsque les enrôlements volontaires ne suffisent pas aux besoins du service, puisse se déduire de plusieurs réglements qui en limitent l'étendue et la rigueur, et notamment un acte du parlament de l'année 1779.

Aucune loi promulguée n'autorise non plus les vaisseaux anglais à exercer la presse en pleine mer; toutefois, l'Angleterre prétendit, en 1791, vouloir « conserver le droit de visiter les « vaisseaux américains afin d'y presser les matelots étrangers ou << anglais qui pourraient s'y trouver»; cette prétention suspendit la conclusion d'un traité qui était, à cette époque, en voie de négociation.

Ce ne fut d'ailleurs qu'en 1807 que la marine britannique voulut faire preuve du droit que prétendait s'arroger la GrandeBretagne, sans permettre la réciprocité, en l'exerçant même à bord des bâtiments de guerre.

Quelques années avant, le commodore américain Prebbe se trouvait dans la rade de Gibraltar, avec divers bâtiments de l'escadre qu'il commandait; douze matelots de la frégate la Constitution désertèrent et se rendirent à bord d'un bâtiment anglais qui était mouillé dans le port. Le commodore écrivit au commandant anglais pour réclamer ses matelots; mais celui-ci répondit qu'il ne les rendrait pas, quoiqu'ils fussent Américains; qu'ils étaient entrés volontairement au service de l'Angleterre et que le pavillon britannique saurait les protéger.

Il ne restait au commodore Prebbe que les voies de coërcition à employer pour exercer la presse de ses propres matelots, et tirer vengeance d'un déni de justice et d'un manque de procédés aussi évidents; il s'en abstint autant par prudence que par respect pour le principe de la souveraineté sur la mer territoriale. Le

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