eu la satisfaction de voir un grand nombre de luthé→ riens entourer sa chaire, et l'entendre avec attention et intérêt. Tous ont admiré son élocution facile et brillante, et plusieurs ont paru frappés de ses raisonnemens et de ses preuves. On a donc été étonné de le voir attaqué dans une Lettre à M. l'abbé de Maccarthy, par un chrétien évangélique, in-8°., lettre qui contient contre l'orateur des reproches assez graves dans un ton un peu déclamatoire. Le luthérien, en voulant prendre M. de Maccarthy en faute, a donné lui-même dans des écarts notables, et a mêlé à une question de doctrine des objets toutà-fait disparates, et des plaintes tout-à-fait frivoles. Qu'avoient à faire ici la Charte, que l'orateur n'a certainement pas attaquée; les Cévennes, dont il n'a pas dit un mot; l'intolérance, qui ne s'est pas trouvée dans sa bouche plus que dans son cœur? N'étoit-il pas ridicule de rendre M. de Maccarthy responsable des rixes qui s'éleveroient dans les rues, et de l'engager à s'élever à la hauteur de l'Alsace, comme si l'Alsace devoit être plus difficile que Paris? Cette Lettre ne devoit donc pas, ce semble, faire beaucoup de sensation, et M. l'abbé de Maccarthy, toujours dirigé par la même retenue, s'étoit abstenu de repousser une attaque qui devoit tomber d'elle-même. Cependant, après son départ de Strasbourg, on a cherché à profiter de son silence, et on a prétendu qu'il n'avoit rien eu à répondre à la Lettre. C'est ce qui a déterminé un catholique à publier les Réflexions amicales d'un chrétien catholique sur une Lettre adressée à M. l'abbé de Maccarthy, on Exposition de quelques vérités de la plus haute importance niées par un chrétien luthérien évangélique; Strasbourg, in-8°. de 48 pages (1). L'au (1) Prix, 1 fr. et 1 fr. 15 cent. franc de port. A Strasbourg, chez Leroux. teur de cette brochure venge très-bien M. de Maccarthy des reproches de son adversaire; il suit la Lettre pied à pied, et y signale, tantôt des digressions oiseuses, tantôt des imputations puériles, tantôt des méprises et des erreurs. Il prouve que l'orateur, dans ce qu'il a dit de l'Ecriture, de la tradition, de l'Eglise, a été aussi mesuré pour la forme, qu'exact pour le fond, et qu'il a fallu défigurer ses propositions pour y trouver quelque chose à reprendre. Il invoque le témoignage de Leibnitz, et d'autres protestans instruits et modérés, pour justifier sur divers points la doctrine catholique, et il s'étonne qu'un luthérien de bonne foi ait pu dire que, dans nos principes, Dieu a traité la race des animaux plus favorablement que celle des hommes, et que nous enseignons que Dieu n'a choisi parmi tous les hommes qu'un seul, le Pontife de Rome, pour lui révéler ce que les autres doivent croire ou pratiquer. Il est sûr que de telles assertions suffisent pour faire juger de la logique ou des lumières de l'auteur de la Lettre, et les Réflexions amicales ont dû lui faire regretter, et le ton qu'il s'est permis envers un homme plus recommandable encore par ses vertus et son caractère que par ses talens, et les fausses peintures qu'il a faites de notre doctrine. Une minorité qui se montre și exigeante dans les égards qu'elle réclame pour sa croyance, devroit bien au moins traiter avec plus de ménagement la religion du prince et de l'Etat. La paroisse de Lourmarin (Vaucluse), dont il a été si fort question dans le procès suscité, il y a a quelques années, par des protestans qui ne vouloient pas tendre pour la procession du saint Sacrement; cette paroisse, dis-je, semble avoir voulu expier, par un redoublement de zèle, les refus inusités et les scrupules un peu suspects d'une partie de la population. Les dernières processions de la Fête-Dieu y ont été célébrées avec une pompe extraordinaire. La procession s'est faite le soir; de sorte que plusieurs ecclésiastiques des environs sont venus s'y joindre. M. le curé a fait, à ses dépens, les préparatifs nécessaires, et les habitans catholiques ont contribué avec empressement aux décorations et à l'éclat de la cérémonie. On a remarqué que des protestans moins difficultueux que les autres avoient tapissé leurs maisons; ce sont M. Duclos, ancien maire, très-considéré dans le pays, et Mme. Anastay, qui ont assez témoigné par là combien ils improuvoient l'éclat d'un procès où il est mal aisé de croire qu'on n'a pas cherché un peu de scandale." On a parlé du service que MM. les généraux et officiers vendéens ont fait célébrer dans l'église des Her biers, le 3 mai 1821, en actions de grâce de la nais sance et du baptême de Mr. le duc de Bordeaux. Cette cérémonie a fait éclater de nouveau les généreux sentimens qui animent les loyaux habitans du pays de l'honneur et de la fidélité. M. l'abbé Jaunet, curé de la Gaubretière, et ancien secrétaire-général de l'armée du centre, a prononcé un discours. Le même avoit déjà, l'année dernière, et dans le même lieu, été l'interprète de la douleur des Vendéens après un crime horrible. M. Jaunet a eu cette fois un ministère plus consolant à remplir; il a retracé les prodiges de miséricorde que Dieu a accordés aux prières des justes; mais en même temps il n'a pas dissimulé les sujets de craintes que pouvoient inspirer la malice et les crimes de tant d'hommes pervers. Telle a été la division de son discours, qui a plus d'une fois vivement ému l'auditoire. Ce discours vient d'être imprimé, et on ne sera pas étonné en le lisant de l'effet qu'il a produit; il est digne d'un zélé ministre de la religion et d'un sujet connu par son dévouement. Ce discours, qui se trouve à Nantes, chez Busseuil, forme 30 pages in-8°., et est terminé par une adresse des officiers vendéens à Mm, la duchesse de Berri. me - La ville et le diocèse de Rennes viennent de per dre un prêtre estimable, M. Duverger, vicaire de Saint-Germain à Rennes. Agé seulement de 32 ans, il s'étoit déjà fait un trésor de mérites par son zèle et sa charité. Il donnoit tout aux pauvres, dirigeoit beaucoup d'hommes dans la pratique de la religion, et se plaisoit à instruire les militaires; il avoit, il y a trois semaines, fait faire la première communion à plusieurs d'entr'eux, et il en disposoit d'autres pour la même action; ces derniers regrettent extrêmement un homme qui leur témoignoit tant d'intérêt et de bonté. Toute la paroisse regardoit M. Duverger comme un modèle de vertu; et M. Carron, curé de SaintGermain, et neveu de celui que nous venons de perdre à Paris, s'afflige de la mort d'un coopérateur si dévoué à toutes les fonctions de son ministère. On a donné en Savoie des missions qui n'ont pas produit des effets moins heureux que celles de France. Plusieurs curés se sont réunis pour visiter ainsi mutuellement leurs paroisses. La mission terminée, le 3 juin, à Saint-Martin de Belleville, dans la Tarentaise, a ramené un grand nombre d'habitans, et celles qui ont eu lieu à Faverges, au Grand-Bor nand, à Sallanches, à Doussard, etc., ont eu le même résultat. Les feuilles libérales ne se plaignent pas seulement de voir la révolution napolitaine arrêtée dans ses progrès; elles se récrient contre l'énorme scandale qui vient d'être donné à Naples. A-t-on en effet assez de larmes pour déplorer la scène qui s'est passée récemment dans cette vile, où on a brûlé publiquement des volumes de Voltaire, de Rousseau et de d'Alembert? On a même livré aux flammes beaucoup d'exemplaires d'un Catéchisme de la doctrine chrétienne, publié en 1816, et qui, à ce qu'il paroît, n'étoit pas fort orthodoxe. Pour comble de malheur, le roi de Naples a rendu, le 2 juin, un décret sur l'importation des livres étrangers; on y proscrit tout livre contraire à la religion et à l'ordre public, et la junte est char gée de rédiger un Inder des mauvais livres, dans lequel elle prendra pour modèle l'Index de Rome. Pouvoit-on faire reculer le siècle d'une manière plus désespérante? Enfin un dernier décret du même monarque porte que les étudians de Naples qui, dans les jours de fêtes, ne fréquenteront pas les congrégations religieuses établies dans cette ville, comme dans presque toute l'Italie, et où se font des instructions et des exercices de piété, n'obtiendront aucun grade dans l'Université des études. Il est clair que nous allons retourner au 12°. siècle. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Le dimanche 8, le Roi a entendu la messe dans la chapelle du château de Saint-Cloud, avec les Princes et Princesses de la famille royale. S. M. a déjeûné en famille. Les maréchaux, majors-généraux de la garde, et les grands-officiers de la couronne ont été admis à la table du Roi. Le même jour, Mme, la vicomtesse de Gontaut a montré Ms, le duc de Bordeaux aux soldats de la garde royale et à un grand nombre de spectateurs. La vue de cet auguste enfant a excité de vives acclamations. Le jeune Prince est fort, et jouit d'une fort bonne santé. S. A. R. MONSIEUR a donné 400 fr. pour les réparations à faire à l'église de la commune de Bouville. S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, a donné 300 fr. pour le même objet. -S. A. R. MADAME, duchesse d'Angoulême, s'est rendue à Versailles, où elle a visité les institutions qu'elle honore de sa protection spéciale. -Pendant son séjour à Vichy, MADAME a donné une somme de 30,000 fr. pour le nouvel édifice thermal, dont S. A. R. a posé la première pierre. Depuis son retour, elle a fait parvenir un secours extraordinaire de 1680 francs à la société de Charité Maternelle de Troyes. Cette Princesse a |