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» de la Russie par les habitans de la capitale, » ou par des rapports flatteurs qu'on croit avec >> empressement, quoiqu'ils ne soient, bien sou» vent, dus qu'à l'appât du gain. J'arrive d'Espagne; >> j'y ai appris tout ce que peut faire d'étonnant >> une population animée par le fanatisme, l'amour » de la patrie et l'attachement à son prince le » Russe égale, surpasse même les Espagnols » sous ce triple rapport. La marche sur Moscow, >> aujourd'hui, comme dans un an, me paraît >> diametralement opposée aux grands intérêts de » Votre Majesté. Les Russes viendront vous >> chercher dans la position que vous aurez choisie » et fortifiée; vous les exterminerez comme à >> Austerlitz, et vous serez le maître des destins » de l'Univers. >>

Extrait de la Relation circonstanciée de la Campagne de Russie par Eug. Labaume, page 372.

« La journée avait été fort paisible; mais quelle fut notre joie lorsqu'au milieu de la nuit nous apprîmes que la grande rumeur qui régnait dans la ville était causée par l'arrivée du duc d'Elchingen, qui, comme on sait, avait été obligé, depuis les affaires désastreuses de Krasnoë, d'abandonner la route que nous avions suivie, pour chercher de l'autre côté du Dniéper une retraite plus

sûre; il ne cessa, durant trois jours, de combattre l'ennemi. Dans cette occasion il fit usage de tout ce que le talent et la bravoure peuvent déployer de plus extraordinaire; parcourant un pays inconnu, il marchait en carré, repoussant avec succès les attaques de six mille Cosaques, qui, chaque jour, fondaient sur lui pour le forcer à capituler. Cette résistance héroïque mit le comble à sa brillante réputation, et prouva qu'il y a plus de mérite à savoir parer les échecs de la fortune, qu'il n'y a de gloire à profiter de

ses faveurs. >>

Note de l'auteur, M. Labaume.

<< Cette retraite est une des plus belles opéra>>tions de la campagne. On raconte qu'au mo» ment de passer le Dniéper, tout le monde était » dans le désespoir et se croyait perdu; chacun » cherchait le maréchal pour savoir ce qu'il ordon» nerait. Mais on fut bien surpris en le trouvant, » couché sur la neige et la carte à la main, exami» nant la direction qui lui serait la plus favorable. » Ce calme du chef dans un si grand danger fortifia le courage de tous ceux qui l'accompagnaient. >>

N. B. Toutes les relations faites du passage si fameux de la Bérésina, celles des deux historiens que l'on vient

de citer, et plusieurs autres, constatent que le maréchal duc de Reggio ayant été blessé, le commandement fut

remis le 28 au maréchal Ney. L'audace et l'habileté de ses manœuvres arrachèrent des bras de la mort, que tous les élémens conjuraient à la fois, un nombre infini de personnes recommandables à tant d'égards. Combien de familles consolées par ces heureuses exceptions!"

Extrait du Moniteur du 7 avril 1814.

Copie d'une Lettre de M. le Maréchal Ney à S. A. le prince de Bénévent, président de la Commission composant le gouvernement provisoire.

« MONSEIGNEUR,

» Je me suis rendu hier à Paris avec M. le duc de Tarente et M. le duc de Vicence, comme chargé de pleins pouvoirs pour défendre près de sa majesté l'empereur Alexandre les intérêts de la dynastie de l'empereur Napoléon. Un événement imprévu ayant tout à coup arrêté les négociations, qui cependant semblaient promettre les plus heu reux résultats, je vis dès-lors que, pour éviter à notre chère patrie les maux affreux d'une guerre civile, IL NE RESTAIT PLUS AUX FRANÇAIS QU'A EMBRASSER ENTIÈREMENT LA CAUSE DE NOS ANCIENS ROIS; et c'est pénétré de ce sentiment que je me suis rendu ce soir auprès de l'empereur Napoléon pour lui manifester le vœu de la nation.

» L'empereur, convaincu de la position critique où il a placé la France, et de l'impossibilité où il se trouve de la sauver lui-même, a paru se résigner et consentir à l'abdication entière et sans aucune restriction. C'est demain matin que j'espère qu'il m'en remettra lui-même l'acte formel et authentique; aussitôt après j'aurai l'honneur d'aller voir votre altesse sérénissime.

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» Signé, le maréchal NEY.

Fontainebleau, le 5 avril 1814, onze heures et demie du soir.

Extrait du Moniteur du 25 novembre 1815.

Citation littérale d'une concession faite par le ministère public, accusateur du maréchal NEY, dans la séance du jeudi 23 novembre."

<< Il veut se justifier; eh bien! qu'il rende grâce au besoin qu'a la société toute entière de voir terminer cette affaire! Oui, il serait trop honteux pour l'honneur militaire qu'un homme décoré de tant de triomphes, investi d'une telle confiance, comblé par le meilleur des princes de tant de bontés, que cet homme, au moment où il posait

sa bouche sur la main royale qui lui était si affectueusement tendue, ait porté dans son cœur le dessein de trahir son Roi et la France, d'appeler sur sa patrie les maux innombrables qui l'écrasent. Il veut être justifié de ce fait; eh bien, nous l'en justifions! il veut n'avoir trahi que le 14 mars; eh bien, nous y consentons! Voyons si, en supposant qu'il ait emporté à Lons-le-Saulnier ces sentimens qui devaient s'effacer si peu de temps après, il sera moins coupable devant le Roi.

» Il nous sera doux de penser qu'il n'était pas traître le 9; nous aimons mieux croire que ses bonnes intentions ont été renversées dans la nuit du 13 au 14. Nous nous bornerons là: il n'est plus besoin de faire entendre les témoins pour constater des circonstances que nous connaissons; il n'est plus nécessaire pour sa défense d'obtenir des délais qui lui sont aussi fastidieux qu'ils sont fatals pour la société. »

Harangue du maréchal Ney à Bonaparte, lors de leur première 'entrevue à Auxerre, le 17..... 1815.

« Je ne suis pas venu vous rejoindre, lui dit-il » en substance, par considération ni par attache»ment pour votre personne. Vous avez été le >> tyran de ma patrie; vous avez porté le deuil dans » toutes les familles, et le désespoir dans plusieurs ;

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