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A trois heures les princes se sont rendus à la Métropole, où étoient réunis les évêques qui se trouvent à Paris, et les principales autorités de la capitale. Après les vêpres on a fait la procession, qui a suivi le tour or dinaire. Nous n'avons pas besoin de dire que tout s'y est passé avec l'ordre et la décence convenables. La présence et la piété des augustes personnages qui ornoient le cortége eussent suffi pour maintenir le recueil lement dont ils donnoient l'exemple.

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NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le dimanche, 13 août, les souverains alliés ont dîné chez le Ror, ainsi que les grands-ducs Nicolas et Michel de Russie; le prince royal de Prusse, les princes Guillaume et Frédéric de la même maison, le prince d'Orange et le prince de Wurtemberg. Après le repas, L.L. MM se sont montrées à une des fenêtres de l'appartement du Rot. Une foule considérable rassemblée dans les jardin des. Tuileries a accueilli les princes par des acclamations réitérées. On a remarqué que les souverains étrangers sembloient se retirer un peu, comme pour laisser le Roi recevoir ces témoignages de dévouement, et le Roi de son côté pressoit les monarques de s'avancer. Un air de satisfaction paroissoit répandu sur sa figure, et la meilleure intelligence sembloit régner entre ces augustes personnages. Ce spectacle n'a fait que confirmer les bruits qui circuloient depuis quelques jours, qu'un heureux arrangement étoit prêt à se conclure. On parle d'une déclaration des alliés qui rassureroit les esprits, maintiendroit l'intégrité du territoire, et annonceroit les arrangemens les plus propres à maintenir la tranquillité sans peser sur les provinces. Un tel résultat seroit, sans doute, le fruit de la sagesse d'un Roi qui, déjà deux fois, sans armes et par le seul ascendant de sa vertu, a su obtenir à la France un traité honorable. Telles étoient les réflexions que des gens de toutes les classes faisoient hier, tant elles s'offrent naturellement à l'esprit. LL. MM. sont restées assez long-temps à la fenêtre, et les cris de vive le Roi, vive Alexandre, vive l'empereur

Autriche, ont appris à ces princes qu'à notre amour si légitime pour le Roi se joint un juste et vif sentiment de reconnoissance pour les souverains qui nous l'ont rendu, et qui ont à cœur d'atténuer les maux de la guerre, et de ter miner avec noblesse une entreprise commencée avec tant de concert et exécutée avec tant de courage. Cette soirée n'a été marquée par aucune circonstance fâcheuse.

Mr. le duc de Bourbon est arrivé à Paris, le 13 au soir, et a rendu le lendemain ses devoirs au Roi,

-Deux ordonnances du Roi, du 16 juillet et du 3 août, déterminent une nouvelle organisation de l'armée, celle qui existoit ayant été licenciée par une ordonnance du 23 mars dernier, rendue à Lille. Elle sera désormais composée de quatre-vingt-six légions d'infanterie, chacune de trois bataillons; de douze régimens d'artillerie, et de quarante-sept régimens de cavalerie. Les légions seront formées dans chaque département, et en prendront le nom. Elles seront chacune de 1687 hommes, dont 103 officiers. L'ordonnance entre dans de grands détails sur leur organisation, et sur les moyens d'y procéder. Pour cet effet, les militaires sont renvoyés dans leurs départemens respectifs, où ils seront incorporés dans les nouveaux cadres ou réformés, s'il y a lieu.

Buonaparte est parti de Plymouth le 3 août. Le 7, il a passé sur le Northumberland. Nous donnerons une autre fois les détails.

D'après un avis de M. le préfet de police, il est ordonné, sous les peines les plus sévères, aux tirailleurs de la garde nationale, qui n'ont pas encore remis leurs armes, de le faire dans les vingt-quatre heures.

Nous avons parlé de la joie et de l'enthousiasme qui règnent à Lille au sujet du retour du Ror. De nouveaux détails que nous avons reçus, nous engagent à revenir sur cet article. Le royalisme des bons habitans de cette ville a un caractère particulier qui le rend plus touchant et plus respectable. Les fètes y durent depuis trois semaines. Elles commencèrent le 18 juillet. Ce jour-là, les guirlandes, les couronnes, les drapeaux, les cris de joie, les pétards et les autres signes d'allégresse parurent dans toute la ville. Mais où n'en fait-on pas autant? Ce qui distingua donc cette fête, c'est que le soir

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on dressa des tables dans les rues, et qu'on y admit les pau vres. Là on leur servit du rôti, du pâté, du jambon, de la bierre et du vin. La nappe étoit mise, et rien ne manquoit' en assiettes, couverts, etc. Les hommes, les dames se firent un plaisir de servir ces bonnes gens, qui crioient de bon cœur vive le Roi! Tous les voisins s'étoient cotisés. Il n'y avoit dans ces répas ní mesquinerie, ni hauteur, ni méfiance; mais un abandon charmant, une bonne volonté admirable, une reconnoissance touchante. On se croyoit transporté au temps, de ces agapes, où les premiers chrétiens resserroient les liens de la charité. Les Lillois n'avoient de même qu'un cœur et une ame. Plus heureux que nous, les épanchemens de leur joie n'excitoient point de jalousie, et ne provoquoient point de cris séditieux. L'amour du Roi étoit dans tous les cours, et les mêmes acclamations partoient de toutes les bouches. Ces fêtes ont continué tous les jours. Chaque rue de la ville a voulu avoir son tour. On les orne d'arbres et de branchages, de caisses d'orangers et de grenadiers, de guirlandes. La mu sique, le buste du Roi porté en triomphe, de jeunes demoiselles jetant des fleurs, les jeunes gens portant des drapeaux blancs, tout cela est d'une gaieté ravissante. Chacune de ces fêtes a été encore embellie par quelque acte de charité. Un jour les jeunes demoiselles sont allées en cortège chercher les enfans de l'hôpital qui ont été régalés au nombre de cinq cents. Une autre fois elles sont allées chercher les vieillards des deux sexes, et c'étoit un spectacle touchant que de voir ces pauvres gens bénissant le monarque au nom duquel on exerçoit envers eux la libéralité. Les infirmes mêmes ne sont pas exclus de ces distributions. On leur envoie des portions abondantes. Telle est la manière dont les généreux habitans de Lille témoignent leur joie. Ils ont trouvé le moyen de rendre leurs fêtes précieuses aux yeux de la religion, et ils ont su rendre le nom du Roi cher à toutes les classes. La lettre, d'où nous tirons ces détails, finit par ce trait d'une simplicité naïve qui fera sans doute sourire le lecteur : Notre bon Ror ne doit pas être en disette de cœurs, car il a enlevé ceux de tous les Lillois.

Voici de nouveaux détails sur la mort du maréchal Brune. Il arriva, le 2 août, à Avignon, à dix heures du matin. Le nouveau préfet étoit arrivé le jour même, quelques heures auparavant, et étoit provisoirement descendu dans une

auberge où le maréchal s'arrêta. Quelques personnes ayant eu connoissance que le maréchal Brune arrivoit à Avignon quelques autres l'ayant reconnu, il se forma un attroupement autour de sa voiture. Cependant on laissa changer les chevaux tranquillement; le maréchal seroit même peut-être parti sans accident, s'il n'eût voulu attendre quelques papiers qu'on avoit portés au commandant supérieur du département. Le tumulte croissoit cependant; M. Brune, inquiet, monta cheż le préfet, et lui fit voir son passe-port signé par M. le marquis de Rivière. Le préfet le pressa de s'éloigner, et lui promit de lui renvoyer ses papiers. Ils descendirent ensemble. Le préfet, quoiqu'il ne fut pas encore connu en cette qualité, parvint à se faire entendre du peuple, et, au milieu des cris injurieux qu'on adressoit au maréchal pour lui reprocher son ancienne conduite, et celle qu'il avoit tenue récemment dans le midi, il obtint avec beaucoup de peine qu'on le laisseroit partir dans sa voiture sans lui faire aucun mal. On le crut sauvé; mais un instant après, sa voiture fut arrêtée sur les remparts, et ses jours furent de nouveau menacés. On assaillissoit son équipage à coups de pierres, on dételoit les chevaux. Le maréchal demanda alors au préfet, qui s'y étoit rendu en toute hâte avec les membres du conseil de préfecture, la permission de rentrer dans la ville. Il fut conduit à la poste. Là, le préfet, n'ayant point de force armée à sa disposition, défendit lui-même, aidé de quelques citoyens paisibles, la porte de cette maison; il employa, pour fléchir la colère du peuple, les prières, les instances, les promesses, les menaces, rien ne fut écouté: ceux qui demandoient à hauts cris la mort du maréchal paroissoient craindre qu'on ne parvint à le soustraire à leur fureur. Le préfet promit en vain qu'il alloit faire conduire le maréchal en prison si l'on vouloit respecter ses jours; tout fut inutile. Un bataillon de troupes qui survint ne put rétablir l'ordre; l'effervescence étoit à son comble; déjà l'on enfonçoit les portes à coups de hache; les vociférations redoubloient : depuis plus de quatre heures, le préfet défendoit avec un courage inouï la vie du maréchal Brune; la multitude se porta en foule vers la porte devant laquelle il étoit avec tous les magistrats, le commandant du département, quelques officiers de la garde nationale et la force armée qu'on avoit rassemblée. Trois fois ils en furent chassés, trois fois ils y revinrent au milieu des baïon

pettes et des menaces qu'on dirigeoit contr'eux. Dans ce mo¬ ment on entendit un coup de feu, et l'on vint annoncer que le maréchel s'étoit tué.

Quelques heures après, on a voulu transporter son corps dans une chapelle; mais il a été impossible de contenir le peuple, qui s'en est emparé, et l'a jeté dans le Rhône.

On dit que le maréchal Brune, voyant le danger qu'il couroit, a écrit de sa chambre une lettre à M. le comte de Nugent pour se mettre sous sa protection, mais que cette lettre n'a pu parvenir à sa destination assez tôt pour prévenir l'événement. Elle se terminoit, dit-on, par ces mots : « Je n'ai pas même les moyens de mourir en général ».

Le préfet du département de Vaucluse a reçu l'ordre de faire rechercher les auteurs de ce mouvement populaire.

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Le 14 août, à quatre heures du soir, le colonel la Bédoyère a été condamné à la peine de mort par le conseil de guerre permanent. Il a reconnu son erreur à la fin de son plaidoyer, et a fait des voeux pour le bonheur de la France. Il paroît qu'il étoit entré depuis quelques jours dans les sentimens de religion et de repentir qui peuvent seuls adoucir sa position.

MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR.

Circulaire du ministre de l'intérieur à MM. les présidens des colléges électoraux.

Paris, août 1815.

Monsieur, quelques questions qui m'ont été adressées de différentes parties du royaume, m'ont fait penser qu'il étoit important qu'au moment de l'ouverture du collége que vous présidez, vous fissiez connoître à MM. les électeurs que la charte n'a attribué aux députés de la chambre aucun traitement ni aucune indemnité, et que l'ordonnance du Roi n'a à cet égard rien ajouté aux dispositions de la charte.

Recevez, Monsieur,

Signé, PASQUIER.

Le Mystère du magnétisme et des somnambules dévoilé aux ames droites et vertueuses; par un homme du monde. Brochure in-80.; prix, fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez le Grand, rue Servandoni; et au bureau du Journal.

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