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de la Vege, Escalguens, d'Ayme, les Barthes, Barièges, les Tours, et de Montcal à main droite, et parce que la nuit s'approchoit, nous serions retirés audit lien de Barièges.

Le mercredi douzième dudit mois de novembre 166t, nousdits experts, en présence desdits seigneurs commissaires, assistés desdits géomètres, niveleurs, arpenteurs et autres ouvriers, serions retournés audit moulin de Montcal de grand matin, et continuant notre travail contre-mont de la prairie jusqu'à la fontaine de la Grave, lieu de partage sous les Pierres de Naurouse, pendant tout le jour, aurions trouvé, en trente-une stations, que depuis ledit moulin de Montcal jusqu'à ladite fontaine de la Grave, il y avoit neuf mille cinq cent quarantequatre toises de longueur, et treize toises cinq pouces d'élévation, laissant à main droite les moulins de Bigot, Sabastié et Barelles : ce fait, nous nous retirâmes à Vigonnet, tellement que calcul fait de toutes les dimensions, élévations et dépressions il est vrai que depuis le bord de Garonne, et lieu où l'on a commencé le niveau et le toisage, jusqu'à ladite fontaine de la Grave, il y a en tout vingt-six mille deux cent quatre-vingt-dix-neuf toises de longueur, et vingt-cinq toises trois pieds onze pouces et demi d'élévation.

Et parce qu'il étoit nécessaire de reconnoître le terrain depuis Toulouse jusqu'au point de partage, nousdits experts aurions fait faire par les pionniers

divers puisets de jour à autre et en plusieurs endroits, au moyen desquels nous aurions vu que le terrain depuis Toulouse jusqu'à la jonction du Lers, notamment vers les bords de Garonne, est un peu graveleux, et par toute la prairie jusqu'à la fontaine de la Grave, de très-bonne terre grasse et ferme, le tout propre à contenir les eaux, sans crainte qu'elles se puissent perdre, parce qu'à huit où neuf pieds de profondeur l'eau sort par-tout entre deux terres.

Le jeudi treizième dudit mois de novembre 1664, lesdits seigneurs étant retournés à la fontaine de la Grave, lieu de partage où nous les attendions pour recevoir leurs ordres,avec lesdits géomètres,agrimanseurs et autres, l'on fit très-exacte visitation du lieu; et fut reconnu que ladite fontaine de la Grave, qui est enfermée dans un puits d'environ quinze pouces de largeur sur trois pieds ou environ de longueur, où à peine peut entrer un seau, avoit environ sept pieds de superficie et dix pieds d'eau, et que derrière ledit puits il y avoit un fossé d'où, quand il pleut, moitié des eaux descend du côté de Toulouse, et l'autre vers Narbonne; de façon que ce tertre étant élevé de vingt-cinq toises trois pieds onze pouces et demi par-dessus la Garonne, il est indubitable que si l'on y peut porter de l'eau à suffisance pour remplir et entretenir un Canal de navigation, il y aura assez de pente pour le construire à plaisir: l'on remarque encore, que sur ledit tertre il y a un

grand terre-plein pour y creuser un canal de communication de l'un à l'autre penchant dudit tertre, et y faire de grands réservoirs, s'il est besoin, pour être l'eau distribuée de chaque côté des deux mers, suivant la nécessité.

parce que

Mais l'eau est la matière des canaux et qu'hors de ladite fontaine il y en a que des pluies qui s'écoulent en peu de temps, nousdits experts représentâmes auxdits seigneurs commissaires, qu'à moins d'amener d'autres eaux audit lieu de partage, il n'y avoit pas apparence de faire un Canal de navigation; sur quoi ledit sieur Riquet ayant dit que par son dessin l'on avoit pu voir qu'il avoit découvert des eaux dans la montagne Noire, qu'on pouvoit conduire à ladite fontaine de la Grave, et que tous ceux qui depuis tant de siècles avoient proposé la construction dudit Canal, ne s'en étoient jamais apperçus, attendu qu'elles sont fort cachées et presque hors de vraisemblance de pouvoir être amenées à ladite fontaine de la Grave; que néanmoins il y avoit fait passer le niveau, et croyoit que la chose étoit possible lesdits seigneurs commissaires délibérèrent qu'au lieu de descendre dudit point de partage du côté de Narbonne, il falloit plutôt aller vers la montagne Noire, et chemin faisant, passer le niveau par-tout pour en reconnoître la possibilité, parce qu'autrement nous travaillerions en vain. - Pour à quoi satisfaire, nous susdits experts, l'indication dudit sieur Riquet, aurions fait tourner

les niveaux du côté des Pierres de Naurouse et de coteau en coteau, entrecoupés de diverses sinuosités, reconnu le même jour treizième novembre, nonobstant la rigueur de la saison, que le niveau étoit égal jusqu'à la grange des Alvian ou Carriés, à la réserve qu'entre ces trente et trente-unième stations, où se rencontre une élévation de neuf pieds de terre, il faudra creuser, pour faire la rigole du canal de dérivation des eaux de ladite montagne Noire, plus qu'ailleurs; lesquelles trente-une stations montent à trois mille trois cent quarante-une toises en plusieurs contours de collines et montagnettes de terre et gravier; et d'autant que la nuit s'approchoit, nous fùmes obligés de nous retirer à Vignonnet.

Le lendemain vendredi quatorzième dudit mois de novembre 1664, nousdits experts, en présence desdits seigneurs commissaires, et assistés comme dessus, réprîmes notre travail à la dernière station près la grange des Alvias ou Carrières; et menant nos niveaux égaux de colline en colline comme le jour précédent, trouvâmes en quarante stations, trois mille trois cent quinze toises jusqu'au Bousquet, et d'autant que les sinuosités des collines rendent ce travail long et difficile, ne fut plus avant procédé, et nous retirâmes pour coucher à SaintFélix de Caraman.

Le lendemain samedi quinzième du mois de novembre, ès présence et assistance susdites, nous continuâmes le même travail depuis le Bousquet jusques

le pays

sous le village de Saint-Paulet, et parce que n'est pas moins sinueux et entrecoupé de collines, il nous fut impossible de faire plus de quarante-huit stations, qui montent à deux mille huit cent cinquante-une toises de cours, et la nuit nous pressant, retournâmes coucher audit Saint-Félix.

Le dimanche seizième dudit mois de novembre, après avoir ouï la sainte messe, en présence desdits seigneurs commissaires, assistés comme dessus, nous reprîmes notre travail à la dernière station du jour précédent, sous Saint-Paulet, et menant notre niveau de colline en colline, tirâmes, en quaranteseptstations, deux mille quatre cent cinquante-trois toises dudit Saint-Pavlet jusqu'à la Martigue, et fûmes coucher audit Saint-Félix.

Le lundi dix-septième du même mois de novembre 1664, en présence de partie desdits seigneurs commissaires, assistés desdits géomètres, agrimanseurs et niveleurs, nous continuâmes, ainsi qu'il est dit ci-dessus, de mener nos niveaux égaux sur les contours des collines, pour construire la rigole propre à la conduite des eaux de ladite montagne Noire audit point de partage, et trouvâmes qué depuis la montagne, dernière station du jour précédent, jusqu'à Mont-Causson, il y avoit quatre mille deux cent quatre-vingt-sept toises en soixante-sept stations, entre les quinze et seizième desquelles s'est rencontré le point de partage de Greissens dont a été parlé ci-dessus, et entre les quarante-sept et

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