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C'est pour M. l'abbé Hardy la continuation, sous une autre forme, de ses travaux et de son dévouement de missionnaire.

On dit souvent et avec raison que l'unique moyen d'arriver sans dangers à l'abolition si éminemment désirable de l'esclavage colonial est de moraliser les esclaves. Or, une vérité non moins certaine, c'est que le christianisme seul peut être l'agent moralisateur des noirs. Il faut que les philanthropes en prennent leur parti et s'y résignent; dans cette grande question de l'émancipation, les apôtres de la charité chrétienne feront cent fois plus que les prédicants de la philanthropie.

Le Trésor des Noirs est dédié à Mgr Smith, évêque d'Agna et coadjuteur de la Trinité. Il ne pouvait paraître sous de meilleurs auspices que sous ceux d'un des vénérables chefs du clergé catholique des Antilles.

R. B.

Un écrivain connu par des livres édifiants, M. B. d'Exauvillez, vient d'en publier un nouveau, qui ne peut manquer d'exciter l'intérêt: ce sont des Discours sur divers sujets religieux, dédiés aux membres de l'œuvre de SaintFrançois-Xavier, dans les différentes paroisses de

Paris.

Nous commencerons par citer l'avant-propos qui nous paraît touchaut. « Privé par une santé trop affaiblie, nous dit M. d'Exauvillez, de pouvoir porter la parole dans les réunions si édifiantes de l'œuvre de Saint-François-Xavier, j'ai cependant désiré joindre mes faibles efforts à ceux de tant d'honorables orateurs, dont le talent et le zèle promettent de si heureux résultats à cette œuvre de réédification religieuse et sociale, et j'ai préparé dans cette intention une suite de discours, dont je livre les premiers à ses membres et au public. »>

M. d'Exauvillez nous promet une suite, si ses premiers discours réussissent. « Puissé-je, dit-il, n'être pas trompé dans mon désir de faire encore quelque bien avant de laisser tomber ma plume, qui s'échappe de ma main fatiguée. »

Les sujets des divers discours de M. d'Exauvillez nous paraissent avoir beaucoup d'à-propos. Dans le premier, il établit que la religion seule a civilisé le monde. Dans le second, il se demande pourquoi des riches, pourquoi des pauvres ? Le troisième roule sur l'heureuse influence de la religion dans les familles. Le quatrième établit que le grand nombre d'incrédules ne prouve rien contre la religion. Le cinquième et dernier de ce premier volume, qui en promet d'autres, fait voir une chose consolante: c'est que les plus grands incrédules deviennent quelquefois les plus grands saints.

Il est superflu de dire que ces discours sont irré

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Depuis longtemps l'art n'avait rien produit d'aussi chrétien que cette planche.

Au haut, dans sa gloire, apparaît le Christ assis sur sa chaire de juge, les bras ouverts, le visage rempli d'une tristesse affectueuse. Autour de lui, admirables de jeunesse, de joie, sont 15 figures d'anges formant une guirlande animée, tenant en leurs mains des palmes, des couronnes, des harpes, des lyres, et les bras tendus vers leurs frères.

Au bas du tableau sont groupés dans un ensemble admirable les 70 martyrs qui ont souffert pour la foi. Toutes les figures sont rayonnantes de joie, mais d'une joie différente; tous les yeux sont fixés sur le Christ, mais avec une expression particulière à chacun. La plupart sont appuyés avec orgueil sur les instruments de leur supplice. Parmi ces visages de martyrs se détachent sans peine les traits des figures européennes. Dix, de ces grands athlètes sont Français, 8 font partie du séminaire des Missions étrangères, et 2 de celui des Lazaristes; noble ferment qui commence à purifier et à faire lever cette masse de la corruption asiatique, qui doit un jour entrer dans l'assemblée des élus.

Il n'est pas de famille chrétienne qui ne dût avoir dans son salon, et mettre sous les yeux de sa famille, ces généreux martyrs à la place de ces gra vures plus ou moins obscènes, et le pius souvent païennes, que l'on y rencontre si souvent. Ce serait une prédication continuelle qui ne pourrait que porter des fruits de sagesse et de foi dans la famille. Ce serait aussi une des plus belles pages de l'art catholique à notre époque.

On trouve également chez le même éditeur les Notices du martyre de chacun de ces vénérables serviteurs de Dieu, par M. l'abbé Rousseau. 1 vol. in-12. Prix: 1 fr. 25 c.

CATHOLIQUE.

NUMÉRO 113. - MAI 1845.

325

BREF DE SA SAINTETÉ GRÉGOIRE XVI,

ADRESSÉ A M. BONNETTY,

DIRECTEUR DES ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE
ET DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE.

Un témoignage extrêmement honorable et flatteur ayant été accordé par Sa Sainteté GRÉGOIRE XVI à M. BONNETTY, directeur des Annales de Philosophie chrétienne, et qui l'est aussi de l'Université Catholique, nous devons le faire connaître à nos lecteurs; ce sera une preuve de l'intérêt que porte aux travaux des catholiques de France Celui qui a charge de juger de l'esprit et de la direction de tout ce qui se fait pour la défense de nos croyances; ce sera un encouragement pour l'Université Catholique à persister dans l'esprit qui l'a guidée depuis le commencement, et à toujours marcher dans la même voie.

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C'est toujours pour Nous une chose agréable et douce que de décerner des récompenses honorables et de donner des témoignages de notre bienveillance pontificale aux personnes qui, ornées d'éminentes vertus, se font une gloire de bien mériter ⚫ des sciences sacrées et civiles, et sont fermement attachées à Nous et à cette Chaire de Pierre. C'est pourquoi, ◄ comme il nous est parfaitement connu que vous êtes distingué par la probité de la vie, la gravité des mœurs et ‹ une religion éprouvée, que vous êtes doué d'un esprit excellent, que vous cultivez les belles-lettres et les études T. XIX. N° 113. 1845.

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GREGORIUS P. P. XVI,

Dilecte Fili, salutem et Apostolicam Benedictionem.

Gratum quidem Nobis et jucundum est honorum muneribus decorare, ac pontificiae benevolentiae testimoniis eos prosequi viros, qui egregiis virtutibus ornati de re sacra et civica optime mereri gloriantur, ac Nobis, atque huic Petri Cathedræ firmiter adhaerent. Itaque quum Nobis compertum, exploratumque sit Te probitate vitae, gravitate morum, religionis laude probatum, eximio ingenio praeditum, amœenioribus litteris, severioribusque disciplinis excultum, egregiam famae celebritatem jure meritoque assequutum doctis, eruditisque elucubrandis operibus, singulari fide, et obsequio Nos, atque hanc

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« les plus sévères, qu'ainsi vous avez | Apostolicam Sedem colere, idcirco Nos « acquis justement et à bon droit une • noble célébrité de renommée, par de savants travaux d'érudition, et qu'enfin vous honorez Nous et ce Siége apostolique par un profond respect et une foi sincère; en conséquence, Nous avons pensé que Nous « devions, à cause de ces qualités précieuses de votre cœur et de votre es« prit, vous envoyer un témoignage de notre affection particulière à votre ⚫ égard.

C'est pourquoi, voulant honorer « votre personne d'une manière spé«ciale, et seulement dans ce but vous < absolvant et vous déclarant absous de toutes sentences, censures et peines ecclésiastiques et autres, d'excommunication et d'interdit, si vous en « aviez encouru quelqu'une, et de quel- | que manière et pour quelques causes qu'elles aient été portées, Nous vous «élisons et proclamons, par ces Lettres de notre Autorité apostolique, Chevalier de saint Grégoire-le-Grand, et vous incorporons au nombre et à la ⚫ société des Chevaliers de cette illustre « Milice.

«C'est pourquoi Nous vous accordons et permettons de porter librement et licitement les insignes de cet ordre, « c'est-à-dire uue croix d'or octangulaire, émaillée de rouge, offrant au « milieu l'image de saint Grégoire-leGrand, suspendue sur la poitrine avec «un ruban de soie rouge liseré d'o« range sur les bords, et attachée à la partie gauche de l'habit, selon la « coutume des Chevaliers. Et de crainte qu'il n'y ait quelque différence dans la manière de porter cette décoration, nous vous faisons remettre un modèle de cette Croix.

• Donné à Rome, à Saint-Pierre, sous « l'anneau du Pêcheur, le 24 janvier 1845, la 14 année de notre pontificat.

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ob hujusmodi tuas animi, ingeniique praeclaras dotes, aliquam propensae erga Te voluntatis Nostrae significationem exhibendam censuimus. Peculiari ergo Te honore decorare volentes, et a quibusvis excommunicationis, et interdicti, aliisque ecclesiasticis sententiis, censuris, ac pœnis quovis modo, vel quavis de causa latis, si quas forte incurreris, hujus tantum rei gratia absolventes, ac absolutum fore censentes, Te hisce Litteris Auctoritate Nostra Apostolica Equitem S. Gregorii Magni Classis civilis eligimus, et renuntiamus, atque in splendidum illius militiae Equitum cœtum, ac numerum cooptamus. Quare, ut ejus Ordinis insignia, nempe Crucem auream octangulam rubra superficie imaginem S. Gregorii Magni in medio referentem, ad pectus tænia serica rubra in utraque ora flavo colore appensam, ex communi Equitum more in parte vestis sinistra gestare libere ac licite possis, concedimus, et indulgemus. Ne quid vero discrimen in hoc ferendo insigne contingat, ejusdem Crucis Schema tibi tradi mandamus.

annulo Piscatoris die XXIV Januarii Datum Romae, apud S. Petrum sub MDCCCXLV, Pontificatus Nostri anno

XIV.

A. card. LAMBRUSCHINI.

Locus annuli piscatoris.

Au dos est écrit :

Dilecto Filio A. BONNETTY, Annalium philosophiae christianae auctori.

Cours de la Sorbonne.

COURS D'HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE, DE M. L'ABBÉ JAGER,

HUITIÈME LEÇON '.

Suite de la simonie,

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Elle envahit le Saint-Siége; est combattue par Grégoire-le Grand et ses Autre espèce de simonie plus

successeurs.

-

raffinée mais non moins funeste.

moi évêque de Rome, et je vous donnerai ce que vous vous voudrez. Cependant, Messieurs, nous ne voyons aucune trace de simonie proprement dite au Saint-Siége avant le 6° siècle. On avait bien vu, avant cette époque, des intrigants et La simonie a été combattue par les factions qui les soutenaient; déjà quelpapes aussitôt qu'elle s'est montrée ques élections avaient été scandaleuses, dans l'Église. Saint Pierre a commencé le sang même avait été versé; mais en repoussant et en maudissant Simon- nous ne voyons, par aucun exemple, le-Magicien, qui voulait acheter les qu'on ait donné ou promis de l'argent dons du Saint-Esprit. Mais la simonie a pour arriver à la papauté. Le cas se cherché à envahir le Saint-Siége lui- présenta, si je ne me trompe, pour lá même. Ce ne fut pas dans les premiers première fois, en 529, à l'élection de siècles, où les papes n'avaient d'autre Boniface II; encore l'histoire n'est-elle privilége que celui d'être persécutés et pas claire à ce sujet. Le peuple et le de mourir pour la foi; ce fut plus tard, sénat de Rome étant divisés, deux éleclorsque le Saint-Siége, protégé et doté tions se firent en même temps, et dans par les empereurs chrétiens et honoré des églises différentes, celles de Bonipar l'éminente sainteté des papes, se face et de Dioscore. Ce dernier était fut attiré une grande considération et soutenu par un nombreux parti, et påeut reçu de nombreux priviléges et de raît avoir fait des promesses d'argent riches patrimoines; l'ambition se ré- aux électeurs influents. Mais Dieu ne lui veilla alors, parce qu'il y avait hon-permit pas de monter sur le Saint-Siége ; neurs et richesses. On connaît le mot car, pendant qu'on était à discuter sur célèbre de Prétextat, consul de Rome, la validité des élections, il mourut encore païen. Le pape Damase l'exhor- subitement, et le schisme se trouva tait à se faire chrétien; le consul lui éteint'. Boniface II régna tranquillerépondit plaisamment : Faites-moi évé-ment; mais il n'était pas sans inquiéque de Rome, et je me ferai chrétien2. Ce mot peint parfaitement l'homme. Aussi saint Jérôme, qui nous rapporte le fait, l'appelle-t-il misérable, miserabilis Præ

textatus".

La pensée de Prétextat est entrée dans le cœur de plus d'un ambitieux; il ne pouvait pas dire comme lui : Faites-moi évêque de Rome, et je me ferai chrétien; mais il disait: Faites

Voir la vite leçon au numéro précédent ci-dessus, p. 281.

2 S. Hier., Ep. ad Pemmach., t. I, p. 434, 3 Ibid.

tude sur le choix de son successeur : les rois goths, qui gouvernaient alors l'Italie, s'attribuaient une grande part dans les élections. Le roi Théodoric en avait donné l'exemple; il avait nommé un pape de sa propre autorité, Félix III. Ses successeurs n'étaient pas plus réservés. D'un autre côté, il y avait à Rome des ambitieux pour qui tous les moyens de parvenir étaient bons. L'exemple de Dioscore était présent à la mémoire de tous. Le pape voulut obvier à ces inconvénients en se choi

Baron., an, 531, n. 4.

|

sissant un successeur; il avait sans doute | pour le conjurer de venir au secours de l'Église. Le roi goth, qui était arien, fit semblant d'entrer dans les vues du pontife; il renouvela le décret du sénat, et donna à tous, même à ceux qui ne pouvaient tester, le droit de citer devant les juges des lieux les électeurs qui auraient reçu de l'argent pour leur vote; le tiers de la somme donnée devait être pour le délateur'. Jusque là tout était favorable au Saint-Siége. Mais le roi semblait n'avoir proscrit la simonie qu'à son profit; car, d'après la seconde partie de sa constitution, il soumet à une forte taxe, sous prétexte de frais de chancellerie, toute élection contestée qui nécessiterait l'intervention du prince. Le pape devait payer aux officiers du palais jusqu'à trois mille sous d'or, les métropolitains deux

le pressentiment d'une mort prochaine. Il convoqua donc un concile à Rome, en 531, et présenta à la signature du clergé une constitution par laquelle il se donnait pour successeur le diacre Vigile, qui avait abusé de sa confiance et qui va bientôt acquérir une triste célébrité. Mais cette constitution anticanonique excita des murmures parmi | le clergé, le peuple et dans le sénat. Les canons de l'Église avaient toujours défendu et défendent encore de se donner un successeur. L'Église veut préserver l'évêque de toute captation, et le tenir en garde contre sa faiblesse. Boniface, pontife vertueux, reconnut sa faute, rassembla un nouveau concile, et là, en présence du clergé et du sénat, il cassa la constitution et la livra au feu. Le sénat, pour calmer ses inquié-mille. En outre, ces mêmes pontifes tudes autant qu'il était possible, fit un décret qui défendit de promettre de l'argent pour obtenir un évêché, déclarant nuls tout contrat et toute promesse de ce genre, et obligeant à restituer tout ce qui aurait été donné. Le pape mourut après deux ans et quelques mois de règne; alors arriva ce qu'il avait prévu. Nombre d'ambitieux se présentèrent à l'élection. Pour gagner certains électeurs influents du sénat, et stimuler leur ardeur, ils firent des promesses, allèrent même jusqu'à exposer publiquement le trésor de l'Église, ménager les vases sacrés. Cependant toutes ces cabales échouèrent devant le bon sens du peuple. Un prêtre vertueux fut élu, c'est Jean II '.

sans

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devaient distribuer au petit peuple de leur ville épiscopale cinq cents sous d'or, mais sans aller au-delà 2.

On voit combien cette partie de la loi pouvait devenir abusive. Il suffisait au roi ou à ses officiers d'embrouiller une élection pour acquérir le droit de s'en mêler et d'en tirer de l'argent. Mais les rois goths, chassés par les généraux de Justinien, n'eurent pas le temps de profiter de leur décret. L'Église ne s'en trouva guère mieux. Car Justinien, en succédant aux rois goths dans le gouvernement de l'Italie, conserva la taxe, l'augmenta peut-être encore et l'étendit à toutes les élections, même non contestées. De là vient que les papes nouvellement élus furent obligés de payer une somme considérable, depuis Justinien jusqu'à l'empereur Constantin Pogonat, pour obtenir la confirmation impériale de leur élection. Mais du moins l'élection était généralement libre, et l'Église obtint de dignes chefs.

Cependant une fois la simonie trouva moyen de se frayer un chemin à la papauté; mais le trafic eut lieu loin de Rome, et sans la participation du peuple romain, et tourna au détriment de son auteur. Le fait mérite d'être rapporté, il représente l'image d'une de

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