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chances de gain? Le blé, qui est tant recherché aujourd'hui, n'était-il pas vendu, pour ainsi dire, à vil prix, il y a quelques années; et les cultivateurs découragés qui ont cru devoir diminuer leur sole, n'ont-ils pas agi d'une manière opposée à leurs intérêts? Que conclure d'un mouvement de baisse ou de stagnation sur une denrée ? Qu'il faut en abandonner la fabrication? Tout au contraire, selon moi, il faut redoubler d'efforts; ils sont couronnés d'un heureux succès dans tous les cas. Si les choses changent, et elles doivent changer nécessairement pour un objet de première nécessité, ma proposition n'a pas besoin de développement; si elles ne s'améliorent pas, les belles marchandises sont seules recherchées, et le seront toujours; l'expérience parle. Mais tel est l'avantage de la culture du lin, qu'en dépit d'une baisse de 40 p. o/o survenue depuis quelques années, cette culture bien conduite est encore incontestablement celle qui amène les résultats les plus satisfaisans, surtout dans les vallées qui bordent la rivière d'Elette; de sorte que, quand l'objection n'aurait pas été victorieusement réfutée d'abord, elle perdrait ici toute son importance.

Si l'espérance est l'aurore de la félicité, on peut dire que le découragement devient le triste avant-coureur de l'infortune. Plus d'êtres qu'on ne pense justifieraient cette assertion; s'ils fixaient le passé d'un air impartial, ils trouveraient dans leur pusillanimité la cause première de leurs désastres. Ainsi la Providence outragée se venge d'un ingrat qu'elle a mille fois protégé, qu'elle devait secourir encore. Bannissons donc des craintes que rien ne justifie, réprimons des plaintes qui aggravent le mal au lieu d'y remédier. Pleins de sécurité dans un avenir qui occupe la sollicitude du puissant monarque par lequel nous sommes

gouvernés, volons avec le siècle, épuisons toutes les ressources du génie, et suivons de près nos voisins, s'il ne nous est pas donné de les atteindre.

J'aurais voulu, Messieurs, pouvoir mieux répondre à vos vues, et mériter une palme qui, en justifiant le choix dont vous m'avez honoré, se serait jointe d'une manière flatteuse aux fleurs dont Triptolème embellit ma carrière; mais personne, je l'assure, ne sait apprécier plus que moi le puissant intérêt que vous portez à l'agriculture: organe de tous ceux qui lui consacrent leurs instans, je vous prie d'agréer l'hommage de la plus vive reconnaissance.

de M. Martiŋ, de Vigneux.

ASSOLEMENS.

MESSIEURS,

DANS l'exposition de notre système de culture, proposé et soumis aux cultivateurs du département de l'Aisne, nous avons indiqué sommairement les espèces de plantes qui occupaient successivement notre sol; nous avons dit peu de chose sur la manière de les cultiver, pour obtenir des récoltes abondantes et non interrompues. Nous reprenons cet important objet.

Cinq classes de plantes partagent notre terre en portions inégales 1. Les céréales; 2°. Les légumineuses d'hiver et de printemps; 3°. Les prairies artificielles; 4°. Les racines; 5. Les plantes oléagineuses.

Parmi les céréales, le froment tient le premier rang: il mérite principalement l'attention du cultivateur. Pour assurer son succès, nous le plaçons toujours dans une terre bien préparée et après des récoltes améliorantes; nous en mettons dix hectares après la luzerne lupulinée, semée dans les féverolles; dix après la lupuline semée dans l'avoine, cinq après le trèfle de l'orge d'automne ; les dix autres occupent la place des vesces ou bisailles paturées ou coupées pour fourrages avant leur maturité.

La première portion n'a besoin d'aucun engrais, puisqu'elle succède à deux récoltes améliorantes, dont la première a été amendée. Il faudra parquer la seconde, parce que entre le trèfle et la lupuline, nous avons intercalé une avoine, qui s'opposera d'autant moins au succès du froment qu'il ne revient ici que la quatrième année. La terre à trèfle qui ne recevra qu'un labour, sera aussi parquée, mais sur semence, pour raffermir et lier la terre. Enfin la quatrième partie, si elle a été fumée, soit en automne, soit au printemps, ainsi que nous l'avons conseillé, ne recevra tout au plus qu'un léger parc, dans les endroits les plus faibles. Sur nos terres à blé, nous préférons le parc au fumier, parce qu'il produit moins de mauvaises herbes.

Toutes ces portions, excepté la terre à trèfle, ont reçu au moins deux labours et des hersages.

L'orge d'automne que nous préférons à celle de mars, à cause de son produit et de sa croissance moins délicate, est placée dans la terre aux plantes oléagineuses, après avoir été fumée ou parquée: elle a reçu également deux labours.

Même culture pour le seigle et l'escourgeon, destinés au premier pâturage du mois d'avril, et qui succéderont aux hivernaches légumineux.

Ces derniers qui occuperont une terre à blé, seront semés à la herse sur un seul labour, comme dans l'ancienne culture.

mun,

Avoine.

Nous semons dix hectares en avoine, après le trèfle comet trois hectares sur une luzernière défoncée; l'une et l'autre partie est labourée pendant l'hiver et semée à la herse au mois de mars; avant de répandre la semence, il est utile de passer la herse pour remplir les vides.

Notre terre à féverolles a été préparée avant l'hiver par du fumier et un bon labour; à la fin de mars ou au commencement d'avril on sème, après un hersage, et on enterre le grain à la charrue, à deux pouces environ de profondeur. Nous ne mettons que 3 hectolitres de féverolles par hectare; mais nous y melons, au lieu d'avoine, un demi-hectolitre de blé de mars. Ces deux plantes croissent et mûrissent ensemble: c'est un des meilleurs fourrages que les chevaux puissent manger, soit en gerbes, soit en grains.

A mesure que les champs de seigle et d'escourgeon en herbe sont pâturés, nous les fumons, s'ils ne l'ont pas été avant l'hiver, et on les laboure de suite pour y semer des vesces ou des bisailles, en sorte que cette première pâture n'est qu'une récolte d'hiver intercalée entre deux autres. Sur les cinq premiers hectares de lupuline pâturée en mai, on pourra également semer des bisailles hâtives ou des vesces, pour les convertir en fourrage sec avant leur maturité. Prairies artificielles..

LUZERNE. La luzerne ne doit être mise que dans une terre bien amendée par la marne et par le fumier, et purgée de toutes mauvaises herbes par des labours et des hersages profonds. Elle croît mieux et dure plus long-tems sur les terres fortes et caillouteuses que dans les fonds limoneux. Soixante livres de graine par hectare, après un quart semence d'orge ou d'avoine. Nous défrichons tous les ans le cinquième de nos luzernières, et pour assurer le succès de celle qui le remplace, nous la semons sur une terre qui a rapporté des racines et qui a été bien sarclée. On donne un profond labour après l'enlèvement des racines, et un autre au printemps.

Nous ne semons guère de sainfoin, parce que celles de nos terres où il pourrait venir sont également propres à la

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