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second lieu, parce que ces potets qui prennent ordinairement une forme concave, réfléchissant de tous côtés, dans les étés brûlans et dans les sables, les rayons du soleil sur la jeune plante, et, faisant ́ainsi l'office d'un miroir ardent, la brûlent et la dessèchent jusqu'à la racine. Aussi les frais de remplacemens dans ces sortes de plantations sont-ils toujours très-considérables, et souvent beaucoup plus coûteux que ceux de première plantation. Nous ne disconvenons pas que les abris ne soient nécessaires aux semis et plantations; mais ici les abris les tuent, et l'on ne peut mettre en comparaison les services qu'ils leur rendent avec le tort qu'ils leur font.

On doit prendre un juste milieu entre le moyen proposé par Buffon, et les cultures trop minutieuses. Ainsi, il est utile, autant qu'économique, de ne pas priver le bois que l'on plante ou sème, de la totalité des abris que la nature a préparés, ou que l'art peut lui donner. Il faut donc, dans les terrains garnis de genêts ou de bruyères, faire arracher une partie de ces arbustes, soit par places, soit par bandes. Dans le premier cas, on en fait l'extraction dans les endroits où ils pourroient nuire et où l'on veut semer ou planter; et ces places, que l'on cultive à la hoüe, doivent avoir dé deux à trois pieds de long et de large; et dans le second, on nétoie et laboure toute une bande de trois à quatre pieds de large; on en laisse une en friche d'une largeur moindre, parce que l'abri dépend moins de la largeur de la bande, que de la hauteur des plantes qu'elle contient, et on con

tinue ainsi de suite d'alterner les bandes cultivées avec celles qu'on laisse intactes.

On doit observer de ne pas planter trop près des bandes non-cultivées, pour éviter que les racines

des plantes voisines ne nuisent au jeune bois. Il y a encore une autre manière de repeupler les bruyères, qui consiste à les incendier et à répandre sur le terrain la cendre provenant de l'incendie, puis à le semer en bois résineux ou en bouleaux. Mais ce moyen ne doit être employé qu'avec beaucoup de précaution (1).

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Il nous reste à examiner le conseil que donne Buffon, d'amener les terrains qui seroient en nature de terre labourable, à l'état de non-culture de 30 ans, en y semant des épines et des buissons. Il est sans doute peu de cultivateurs qui soient tentés de suivre l'avis de ce célébre naturaliste. Mais comme tout ce qui émane d'un grand homme, porte un caractère d'autorité, qui entraîne souvent sans permettre au jugement de reconnoître ses erreurs il n'est pas inutile de prouver que l'ingénieux auteur, de l'histoire de la terre et des époques de la nature, a quelquefois parlé des forêts, avec plus d'éloquence que de justesse, et qu'ici, son erreur est palpable. Il veut que l'on sème des épines pour favoriser la réussite des plantations, et leur fournir des abris. Mais n'est-il pas préférable de suivre la méthode combinée des semis et de la plantation dans les terrains entièrement nus, et d'abriter ainsi les semis de bois dur, par une plantation de mortbois, tels que le bouleau, le marsau, dans toutes les sortes de terrains; et de saules dans les endroits

(1) Nous donnerons, dans la suite de ces Annales, un article sur la manière d'opérer les incendies dans les bruyères, soit en plein, soit par bandes, sur lesquelles on auroit fait des pelages et amassé, par tas ou fourneaux, les gazons et les plantes.

humides; essences qui sont au moins utiles, et dont la première coupe dédommagera bien amplement des frais de plantation. On peut encore, au défaut de cette méthode, répandre sur les semis de bois une demi-semence de céréales, dont le chaume coupé au tiers ou à la moitié de sa hauteur, fournira un abri utile dans les chaleurs de l'été, et un engrais salutaire aux jeunes plants. Voilà des méthodes simples, économiques, et qui n'ont pas l'inconvénient d'infester le terrain de mauvaises plantes qu'on a tant de peine à extirper. Enfin, il est certain que le défaut de toute culture dans les terrains en friche, ou la conversion, en nature de friche, des terrains cultivés, recommandée par Buffon, loin d'être favorables à la réussite des plantations ou semis de bois, en sont les obstacles les plus directs et les plus puissans. S'il en étoit autrement les vastes bruyères qui déshonorent tant de forêts, et recouvrent si inutilement des plaines immenses, sur différens points de l'Empire, seroient bientôt changées en forêts productives, et nous ne serions pas réduits à la nécessité, ou de les abandonner à la stérilité, ou d'employer des moyens si coûteux, pour les peupler en bois.

Nous reprendrons dans un autre numéro, la suite de l'article de M. DuTOUR sur les bois et forêts.

Manuel de l'Ingénieur du Cadastre, par M. POMMIES, Professeur au Lycée Napoléon, Examinateur des Elèves du Cadastre: (De l'Imprimerie Imperiale, 1808). (1).

(3. Article).

Dans le troisième numéro de ces Annales (pag. 143 et suivantes), en commençant à parler de cet ou vrage, nous avons dit que les travaux du cadastre se rattachant d'une manière particulière à la reconnoissance et à la fixation des limites des forêts, il importoit, soit à MM. les Agens forestiers, soit aux Arpenteurs attachés à l'Administration, de connoître la marche prescrite pour les plans parcellaires qui forment le travail préparatoire du cadastre.

Dans le numéro IV, (pag. 186 et suivantes), nous avons exposé le plan que l'auteur a suivi, et la division qu'il a donnée à son livre.

Le Manuel dont il s'agit est divisé en quatre parties principales ou chapitres :

Le 1. a pour objet la trigonométrie rectiligne;
Le 2. la trigonométrie sphérique;

Le 3. les opérations géodesiques;

Le 4. enfin, les opérations topographiques et le parcellaire.

Nous ne dirons plus rien des deux premiers chapitres, qui nous semblent suffisamment connus d'après ce qui se trouve exposé, page 187 du no. IV de ces Annales.

Nous ne parlerons même du chapitre troisième, que pour répéter que le S. VI de ce chapitre offre, dans chacun des huit articles dont il est formé, des explications et des procédés qui deviennent de la

(1) A Paris, chez COURCIER, Imprimeur, quai des Augustins, n. 55; et chez ARTHUS-BERTRAND, libr., rue Hautefeuille, no. 23”.

plus grande utilité pour assurer et maintenir l'har monie entre les plans du cadastre; de même qu'entre tous les plans des forêts: ce qui donne les moyens de préparer et d'exécuter par la suite la carte genérale des forêts de l'empire, après en avoir recueilli et mis en ordre tous les élémens.

Mais le quatrième et dernier chapitre nous paroît devoir fixer plus particulièrement l'attention; parce qu'étant destiné à traiter des opérations trigonométriques et du parcellaire, les principes qu'on y expose, les procédés qu'on y indique, les modèles ou formules qui s'y trouvent appliqués à des exemples, nous semblent indispensables à connoître pour le service de l'administration des forêts.

En effet, la délimitation du territoire des communes et le modèle du procès-verbal de cette délimitation rentrent dans les opérations prescrites pour la fixation des limites d'une partie de bois quelconque.

Le triangulation des communes, la composition des registres destinés à recevoir soit les observations qu'elle nécessite, soit les calculs par lesquels on obtient la position véritable des sommets des triangles, ainsi que la longueur de leurs côtés; tout cela est également d'obligation pour les arpenteurs forestiers qui, chargés d'une opération de quelque importance, veulent l'exécuter avec soin.

Il en est de même de la construction des plans aux diverses échelles prescrites tant pour les tableaux d'assemblage que pour les feuilles de développement.

Les procédés de vérification que l'auteur indique sont également à consulter; et, sans entrer dans de nouveaux détails sur ce livre utile, nous pensons que les arpenteurs y trouveront des moyens d'instruction de nature à assurer la perfection de leur travail.

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