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Rempli d'une juste admiration pour les talens militaires du maréchal duc de Wellington, un jour le roi lui demanda son âge: «Sire, je suis né en 1768. Et Buonaparte aussi, reprit S. M.; la providence nous devait cette compensation ».

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Il ne se trouva qu'un seul lâche, dit un écrivain de mérite, dans toute l'armée qui combattit au champ de Fleurus pour Buonaparte, et ce fut celui pour qui ils se sacrifièrent, celui qui les abandonna. Dévouement déplorable et sublime qu'un Bourbon aurait acheté au prix de son sang, et que le Roi lui-même a honoré de ses larmes, en s'écriant dans toute l'amertume de son cœur: « C'étaient des Français, c'étaient mes enfans; je serais mort au milieu d'eux s'ils avaient combattu pour leur patrie. »

Voilà bien les sentimens des petits-fils de Saint-Louis et de Henri IV; mais le cœur paternel de notre bon Roi n'aura plus à s'attendrir sur le sort de ses enfans égarés; ils ne s'éloigneront plus de sa bannière, et le chériront même dans les douceurs de la paix. Ils sentiront que la France a éprouvé assez long-temps l'horrible fléau de la guerre à l'extérieur, et de la discorde civile dans ses cités et dans ses campagnes, et qu'il faut qu'elle soit calme enfin sous le gouvernement sage et bienfaisant de

les

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Louis-le-Désiré. Rétabli sur le trône -par armes des souverains alliés, la reconnaissance l'attachera à ces monarques magnanimes; et ces princes, de leur côté, justes et grands voudront maintenir leur ouvrage en France, et laisser respirer toute l'Europe dans le calme de la paix : ainsi nous sentirons de toutes les manières l'utile influence de Louis XVIII; nos guerriers se rappelleront qu'ils ont été citoyens; ils ne reconnaîtront d'autre parti que celui de la patrie, et tous les Français seront frères et heureux!

FIN.

PIÈCES SECRÈTES

ET

VERS SATIRIQUES,

DISTRIBUÉS SOUS LE MANTEAU.

Traité des Puissances alliées, du 25 mars

1815.

Au nom de la Très-Sainte Trinité, S. M. l'Empereur de toutes les Russies et S. M. l'Empereur d'Autriche, en conséquence des suites que l'invasion de Buonaparte en France et l'état actuel de ce royaume pourraient avoir par rapport à la tranquillité de l'Europe, ont décidé conjointement avec S. M. le roi d'Angleterre et le roi de Prusse d'appliquer les principes sanctionnés par le traité de Chaumont à cet événement important; ils se sont réunis par un traité solennel qui doit être signé par chacune des hautes puissances en particulier, de renouveler les engagemens réciproques en vertu desquels ils prendront tous les moyens nécessaires pour défendre l'état des choses et le repos si heureusement rétabli en Europe contre toute attaque. Ils prendront les moyens les plus efficaces pour parvenir à ce but, comme aussi pour étendre toutes les mesures à prendre dorénavant que l'état des choses réclame si impérieusement. S. M. l'Empereur a nommé ses plénipo

tentiaire M. le comte de Rasoumowski et le comte de Nesselrode S. M. l'Empereur d'Autriche, M. de Metternich et M. de Weissemberg, qui, après avoir échangé leurs pleins-pouvoirs, sont convenus de ce qui suit :

Art. Ier. Les hautes puissances contractantes s'engagent solemnellement d'employer toutes les forces de leurs États respectifs pour maintenir tous les articles du Traité de Paris du 18] (30) mai 1814. Comme aussi dans toute leur intégrité de maintenir les décisions prises au Congrès de Vienne pour consolider les bases établies par le susdit Traité de Paris, et le défendre surtout contre les projets de Napoléon Buonaparte. A cette fin, ils s'engagent de se réunir dans le sens de la déclaration du 13 mars contre celui, ou tous ceux qui font ou pourront faire partie par la suite de la faction , pour le forcer de se désister de son entreprise et le mettre hors d'état de troubler dorénavant le repos de l'Europe et la paix générale sous la sauvegarde de laquelle la liberté et l'indépendance des nations a été placées.

II. Quoiqu'il soit impossible dans le moment de déterminer d'une manière fixe tous les moyens que les puissances doivent employer pour obtenir un › but aussi grand et aussi noble, cependant elles s'engagent à mettre chacune en campagne 150,000 hommes, dont au moins un 10° de cavalerie, sans y comprendre les garnisons des places fortes, et de les faire marcher avec l'artillerie nécessaire contre l'ennemi commun.

III. Les hautes puissances contractantes s'engagent réciproquement de ne point poser les armes que d'un commun consentement, et jamais avant que Napoléon

ne soit mis hors d'état d'exciter de nouveaux troubles, et de renouveler ses tentatives pour s'emparer de la souveraineté de la France.

IV. Comme le traité actuel est surtout applicable aux circonstances présentes, les conditions du traité de Chaumont, et surtout celles contenues dans le 16o article, obtiendront de nouveau force et vigueur jusqu'à ce qu'elles aient atteint le but proposé.

V. Tout ce qui concerne le commandement et l'entretien des armées, sera réglé par des conventions particulières.

VI. Les hautes puissances contractantes useront du droit de joindre aux chefs des différens corps alliés des officiers qui correspondront avec leur gouvernement, et les instruiront de la marche des opérations militaires.

VII. Comme par les engagemens contractés dans le traité actuel, les hautes puissances n'ont pour but que le repos de l'Europe, elles appellent les autres Etats à faire cause commune avec elles.

VIII. Comme le traité actuel a pour but de mettre en sûreté la France ou tout autre pays attaqué par Napoléon ou ses partisans, S. M. très-chrétienne est invitée, particulièrement, à donner son consentement aux mesures ci-dessus, et dans le cas où S. M. aurait besoin de secours des troupes auxiliaires stipulé dans le traité, de faire connaître les moyens qu'elle a à sa disposition pour les réunir contre l'ennemi commun.

IX. Le présent traité sera signé, et les ratifications seront échangées dans l'espace de deux mois, ou plutôt si cela se peut. En attendant, les ministres plénipo

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