C'est sous François premier que les arts renaissan Prolongent de tes murs les vastes fondemens.
Comme on voit un Etat, faible dans sa naissance, Croître de siècle en siècle, en richesse, en puissance Tel on voit sous dix rois le Louvre s'agrandir, Se frayant d'âge en âge un plus noble avenir. Quand le siècle des arts se leva sur la France, De le voir terminer on conçut l'espérance; Mais ce siècle et dix rois ne purent l'achever, Tant ce Louvre était grand qu'il fallait élever! C'est toi, Napoléon, toi que tes destinées Appelaient à finir l'oeuvre de tant d'années : Illustre par tes lois, illustre au champ de Mars, Tu devais l'être aussi par les travaux des arts.
En vain la politique armant l'Europe entière Soulève contre nous l'étendard de la guerre : La guerre éclate en vain. La guerre de nos jours Des travaux de la paix n'interrompt point le cours, Dans ces tems de combats en triomphes fertiles Tout l'Empire est orné de monumens utiles..... Paris, forsque ton roi court dompter l'Univers, Sur toi du fond des camps ses regards sont ouverts. Aux accents de sa voix vingt fontaines fécondes On jailli dans tes murs de leurs grottes profondes. Et toi, fleuve de l'Ourcq, de ton cours détourné Tu viens rouler tes flots dans Paris étonné. De moment en moment, l'illustre capitale, Redoublant de splendeur, à nos regards étale, Là, des arcs (3) triomphaux que payent les tributs Les dépouilles des rois et des peuples vaincus : Là, ce palais auguste, orné d'une aile immense, Qui manquait à sa gloire, à sa magnificence. Palais de nos Césars, noble et brillant séjour, Où le héros du siècle a rassemblé sa cour, Prenez rang dans mes vers, pompeuses Tuileries, De vos destins nouveaux, fières, enorgueillies ; Et toi, fameux jardin, que Lenôtre autrefois Planta pour embellir la demeure des rois.
Arc triomphal du Carrousel, arc triomphal de l'Etoile.
O combien d'ornemens prodigués à ma vue Parent de ce jardin la superbe étendue !
Là, croissent rassemblés le marronier pompeux, Le tilleul odorant et l'orme audacieux.
Là, quand l'heureux printems a loin de nos rivages Banni le triste hiver père des noirs orages", L'oranger sur des chars superbément traîné, Et de fleurs et de fruits s'avance couronné. Là, l'onde prisonnière, en des canaux pressée, Tombe en perles d'argent dans les airs élancée ; Là, groupes variés, mille odorantes fleurs Répandent leurs parfums, étalent leurs couleurs. Mais les arbres, les eaux, les fleurs et la verdure, Ne sont de ce jardin que la moindre parure. Plus nobles ornemens par le ciseau formés, Brillent de toutes parts des marbres animés.
Là, le sceptre à la main, là, revit le grand homme Qu'immola ce Brutus, farouche amant de Rome, "Qui, s'il eût mieux connu son siècle et les mortels, A César qui l'aimait eût dressé des autels.. Là, fuyant des remparts qu'il ne peut plus défendre, Suivi du jeune Ascagne, au sein de Troie en cendre,, Le fils d'Anchise emporte et son père et ses dieux, Et serre dans ses bras ce fardeau précieux : D'Achille tout sanglant la valeur forcenée N'égale point la gloire et la vertu d'Enée.
Allez, loin tu tumulte, allez, amis des arts • Retrouver, tour-à-tour, dans ce jardin épars, Arria, de courage et d'amour expirante, Et le beau Méléagre, et l'agile Atalante; Allez interroger, dans vos doctes loisirs, Ces marbres éloquens, féconds en souvenirs.
Ce jardin, le plus beau de l'empire de Flore, De tout ce qui l'entoure à vos yeux se décore; Mais à travers les flots d'une noble splendeur, De notre grande armée atestant la valeur, C'est toi, c'est toi sur-tout que l'œil surpris admire, Colonne des héros, fiers soutiens de l'Empire, Toi que je vois briller dans la postérité,
Symbole de la force et de la majesté. Plus imposant peut-être et plus auguste encore, Dans la grande cité quel temple vient d'éclore? Quel monument s'élève au pied des boulevarts D'où Paris dès long-tems recula ses remparts ? « Je consacre en ces lieux un temple à la Victoire, » Et je fonde à jamais le culte de la Gloire,» A dit Napoléon. Soudain du haut des airs Une voix prophétique annonce à l'Univers Que les Napoléons, que leur race éternelle, Au culte de la Gloire est à jamais fidèle.
Que vois-je ! sur les pas d'un monarque adoré Se presse un peuple entier dans ce temple sacré ! Ici, de cette main qui fonda tant de trônes, Les talens, les vertus, reçoivent des couronnes. La gloire aux yeux de feu nourrit dans tous les cours De l'émulation les sublimes ardeurs ;
Et l'Empire français dans le long cours des âges Se peuple de savans, de héros et de sages.
Accourez contempler ces monumens divers Dont l'éclat s'affaiblit réfléchi par mes vers. Etrangers, accourez : déposant son tonnerre, Le plus grand des héros rend la paix (4) à la terre : La paix orne Paris de monumens nouveaux, Et les travaux par-tout succèdent aux travaux, Tels les flots renaissans d'un fleuve qui s'écoule, Pressés par d'autres flots se succèdent en foule.
Empereur des Français, un seul de tes regards Enfante le génie, anime tous les arts :
Les arts qui sous ton règne ont, en moins de deux lustres, Surpassé les travaux de vingt siècles illustres ;
Et dans ce même tems tes armes et tes lois
Ont fixé les destins des peuples et des rois.
GAMON, président de la cour impériale de Nîmes membre de la Légion-d'Honneur.
(4) Ces vers furent faits lors du dernier traité de paix avec l'Au
Issu de nation Thébaine,
Du sang royal et de famille ancienne, Mon père est mort depuis trois à quatre mille ans Après avoir laissé seize ou dix-sept enfans.
Je vins au monde le cinquième,
Et suis de mon nom le troisième;
En quinze cent cinquante, ou du moins à-peu-près, Je fus classé parmi les sourds-muets.
Agé de trois mille ans, et même davantage, On peut bien être sourd et muet à cet âge. Vers la fin du siècle dernier,
Un savant qui s'est fait un nom de bienfaisance, Sans plus d'égards pour moi que pour un écolier. Voulut anéantir mon utile existence;
Mais j'eus des défenseurs pour la gloire de l'art; Sans eux c'en était fait de l'antique mesure, Et l'on eût vu crouler de toute part (Qui l'eût cru de l'abbé Sicard?) La poétique architecture.
Que seraient devenus tant d'immortels écrits? -De Corneille et Racine il tuait le génie,
Le barbare! il laissait des lambeaux, des débris,
En place de Cinna, de Phèdre, d'Athalie.
Je sers aux conquérans à dépeupler la terre. Coupez-moi le premier, est-ce fait? A l'instant Je deviens le petit d'un quadrupède utile, Laborieux, sobre, docile,
Et que l'on méprise pourtant.
Chez les humains tel est l'usage: A l'agréable ils donnent l'avantage; L'utile reste de côté.
Mais c'est assez ; on n'a que faire
De ma morale en cette affaire;
Ainsi continuons où j'en étais resté.
Mon nouveau chef à bas, syllabe malhonnête,
Je ne suis en tout sens que contrariété.
Ce qu'on demande, on veut, on propose, on arrête, Je le refuse avec opiniâtreté.
Pour la dernière fois, lecteur, coupez ma tête; Soudain, très-employé dans l'art grammatical, Je suis ce pronom général
Qui volontiers se met à toute sauce,
Et qui, bon gré malgré, souvent porte l'endosse De tout ce que l'on peut faire ou dire de mal.
Mots de l'ENIGME, du LOGOGRIPHE et de la CHARADE
insérés dans le dernier Numéro:
Le mot de l'Enigme est Serrure.
Celui du Logogriphe est Placet, où l'on trouve : place. Celui de la Charade est Bonnet.
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