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tard donnera tout ce qui a rapport à l'histoire naturelle; M. Vervély fera l'histoire moderne; Mme. de Bawr l'histoire de France et la littérature, et Mme. Elise Voïart. composera la Toilette des Dames, l'Histoire des Femmes célèbres, et l'Histoire de la Danse. Ceux qui ont l'honneur de connoître ces messieurs et ces dames apprécieront leurs talens pour traiter ces matières; quant à nous, nous ne doutons pas qu'on ne les ait choisis comme de dignes associés de MM. de Jouy, Aignan et Kératry, et que les plus pures doctrines du libéralisme ne soient destinées à briller dans l'Encyclopédie des Dames. L'éditeur ne veut pas que l'on confonde son entreprise avec d'autres qui avoient été précédemment annoncées, et il remarque fort judicieusement qu'elles étoient incomplètes, et dressées sur un plan frivole. La sienne ne méritera sûrement pas le même reproche, puisqu'on n'y a oublié que la religion, et que la toilette et la danse y tiendront une place honorable.

On sait qu'une colonie de Trapistes est établie, depuis quelques années, à l'abbaye de Melleray, au diocèse de Nantes, et nous avons rendu compte (n°. 322, tome XIII) de leur installation dans ce lieu. Depuis quatre ans, ils édifient tout ce canton par leurferveur, en même temps qu'ils y rendent d'autres services spirituels et temporels. Ils ont pour abbé dom Antoine, connu autrefois dans le monde sous le nom de M. l'abbé Saulnier, et chanoine de Sens avant la révolution, qui est entré dans cet ordre pendant l'émigration, et qui n'est pas moins distingué par son esprit, son mérite et ses talens pour le gouvernement, que par sa piété et son attachement à son état. L'abbaye de Melleray est visitée souvent par des voyageurs que des sentimens de religion ou de curiosité conduisent dans cette solitude. On vient de publier la relation de l'un d'eux, sous le titre de Voyage à l'abbaye de la Trappe de Melleray, par M. Ed. Ri

cher, in-24 de 44 pages (1). Ce petit écrit offre dans sa briéveté des détails interessans sur la vie des pieux solitaires; on y voit quelle est leur pauvreté, leur esprit de mortification, leur détachement du monde. Un Trapiste a entièrement perdu de vue les choses de la terre, et a toujours devant les yeux Dieu et l'éternité; ce silence profond, cette abnégation entière de soi-même, cette foi vive, tout cela sans doute n'est pas de notre siècle; mais heureux ceux qui ont compris toute l'étendue de ce mot du Sauveur: Nolite conformari huic seculo! M. Ed. Richer paroît touché de tout ce qu'il qu'il a vu à Melleray; il parle toujours avec respect, non-seulement de la religion, mais des pratiques même du cloître. Il peint l'impression que lui a faite le spectacle de ce calme, de ce silence, de cette entière séparation du monde, de ces privations continuelles qui forment la vie d'un Trapiste, et il ne peut refuser son admiration à un renoncement si absolu, et qui suppose tant de courage et de grandeur d'ame. Il oppose à une conduite si fort au-dessus de notre nature, la vanité de nos illusions et de nos plai sirs, et le vide de cette vie tumultueuse et agitée où nos jours s'écoulent. Des hommes frivoles diront qu'un Trapiste ne fait rien pour la société; mais peut-être même que ceux qui lui adresseroient ce reproche le mériteroient pour eux-mêmes; car combien de gens dans la société qui ne lui rendent aucun service, sans parler de ceux qui y sont dangereux! Combien d'oisifs dont la vie se passe dans une inutilité continuelle, ou combien de gens occupés d'une manière funeste! Quoi qu'il en soit, l'écrit de M. Ed. Richer sera lu avec intérêt, et nous n'y avons trouvé à reprendre que

(1) A Nantes, chez Mellinet-Malassis; et à Paris, chez Raynal, rue Pavée, no. 13, et au bureau de ce journal; prix, 75 cent. franc de port.

sa briéveté. L'auteur y a pourtant donné quelques détails sur les différentes colonies de Trapistes qui se sont formées depuis la révolution ; mais il s'est abstenu, par un sentiment de réserve délicate, de nommer ou de louer aucun des solitaires en particulier. Le nom de cet auteur nous rappelle que nous avions reçu depuis long-temps un autre écrit de lui, qui a pour titre de la Philosophie religieuse et morale dans ses rapports avec les lumières, in-8°. de 50 pages. Nous avons négligé de rendre compte de cette brochure qui nous paroissoit offrir quelque chose de vague, et où, tout en montrant le besoin de la religion, M. Richer paroît donner beaucoup à l'imagination. On est fâché qu'en parlant de la religion il emploie si souvent le terme d'idées religieuses; mais on peut le féliciter de son zèle à combattre quelques modernes systêmes de métaphysique. Il montre la funeste influence des doctrines de Locke, de Condillac, de Cabanis, et de toute leur école, et les tristes résultats de cet esprit d'orgueil qui prétend tout expliquer. Il y a aussi dans son écrit de belles choses sur l'immortalité de l'ame, et sur les effets de la religion.

Nous avons parlé plusieurs fois dans ce journal d'un ouvrage composé en faveur des Jésuites, par un protestant anglois, nommé M. Dallas. Cet ouvrage a paru en anglois, en 1815. En 1817, il fut traduit en françois, par un officier-général, que la mort a enlevé depuis, M. Desvaux, baron d'Oinville, et nous en rendîmes compte dans notre n°. 366, tome XIV. Depuis, il en a paru une nouvelle traduction, faite par l'honorable Thomas Clifford, frère puîné de lord Clifford, baron de Chudleigh, en Angleterre. Thomas Clifford avoit passé presque toute sa vie en Allemagne, où il avoit épousé la fille d'un chambellan du duc de Mecklembourg-Schwerin, au service duquel il étoit; il mourut à Liége, en 1817, laissant son

travail à sa veuve, et on l'a publié sous le titre de Nouvelle Conspiration contre les Jésuites, dévoilée et exposée brièvement, Paris, chez Picard-Dubois, 1819, in-8°. Nous n'essayerons point d'analyser un livre que nous avons déjà fait suffisamment connoître. Nous dirons seulement que le traducteur s'exprime en françois avec facilité, et qu'il a ajouté à sa traduction quelques notes qui peuvent y donner un nouveau prix. În trouve aussi, à la fin de la Nouvelle Conspiration, cinq lettres, en réponse à un pamphlet publié en Angleterre contre les Jésuites. Enfin, l'éditeur a mis à la fin du volume l'Avis des éveques de France en faveur des Jésuites, en 1762; on ne peut que lui savoir gré d'avoir reproduit cette pièce importante, et ce témoignage décisif de l'épiscopat françois envers un corps estimable, et alors attaqué avec tant d'acharnement. Quant au livre en lui-même, il faut espérer que l'on ne dira pas que c'est l'ouvrage d'un ultramontain. L'auteur est un protestant attaché à l'église anglicane; le traducteur est issu d'une des plus anciennes familles de la Grande-Bretagne; on n'est pas sujet dans ce pays à avoir trop de préventions en faveur des Jésuites, et, si on s'y déclare pour eux, ce ne peut être qu'en pleine connoissance de cause, et par amour pour la

vérité.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. Le régiment autrichien de Lichtenstein, colonel de Reisinger, qui a passé ces jours-ci par Rome, ayant témoigné le désir de recevoir la bénédiction du saint Père, a été admis, le 14 juillet, en grande tenue, dans la cour du palais Quirinal, à l'heure où le Pape sortoit pour sa promenade accoutumée. Il a rendu à S. S. les honneurs militaires, et a reçu de S. S. la

bénédiction apostolique; après quoi, il a continué sa route pour Naples.

PARIS. Le jeudi 2 août, M. l'archevêque de Trajanople, coadjuteur de Paris, est allé donner la confirmation à Issy, où plusieurs paroisses voisines s'étoient réunies. Le même jour, M. l'évêque de Troyes a administré ce sacrement à Saint-Nicolas des Champs; et, le lendemain, M, l'évêque de Mende, à Saint-Merry. Le mardi 7 de ce mois, un service solennel, pour le repos de l'ame de feue S. A. S. Mme, la duchesse d'Orléans-Penthièvre, sera célébré dans l'église métropolitaine de Paris. M. l'abbé Feutrier, vicairegénéral de la Grande-Aumônerie, prononcera l'oraison funèbre de cette pieuse et bienfaisante princesse, en l'honneur de laquelle il n'avoit encore été prononcé aucun discours.

-On sait quelle étoit autrefois la beauté du maîtreautel de l'église de Saint-Sulpice. La première pierre en avoit été posée, le 21 août 1732, au nom du pape Clément XII, par son nonce en France, M. Rainier Delci, archevêque de Rhodes, depuis cardinal et doyen du Sacré-Collége. Le 20 mars 1734, l'autel fut consacré par M. Languet, archevêque de Sens, frère du curé qui gouvernoit alors la paroisse, et qui est célèbre par sa charité. La révolution a détruit ce monument de la piété de nos pères. M. Depierre, curé actuel de Saint-Sulpice, qui a déjà fait disparoître de son église beaucoup de traces des jours mauvais, a entrepris de rendre au maître-autel son premier lustre ; il a excité la charité des fidèles, a obtenu du gouvernement des marbres, et fait travailler à l'exécution du nouvel autel, qui sera un peu plus élevé que l'autel actuel, et répondra mieux à la beauté de tout le vaisseau. On achève en ce moment la décoration de deux nouvelles chapelles, qui seront peintes à fresque. On vient aussi de placer dans la chapelle basse, sous la chapelle de

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