Page images
PDF
EPUB

LITTÉRATURE ET BEAUX-ARTS.

CATALOGUE DES LIVRES RARES, PRÉCIEUX ET BIEN CONDITIONNÉS DU CABINET DE M***, contenant une partie des plus anciennes éditions du quinzième siècle ; une belle suite d'auteurs classiques grecs et latins, la plupart en grand papier; une collection d'ouvrages d'histoire naturelle, avec des planches coloriées; un grand nombre d'éditions de luxe; des livres imprimés sur vélin et quelques manuscrits richement décorés : le tout accompagné d'éclaircissemens nécessaires par T.-CH. BRUNET fils. Un vol. in-8°. - Prix, 3 fr. -A Paris, chez Brunet, libraire, rue Gît-le-Cœur, n° 4 (1).

Parmi les nombreux catalogues de bibliothèques qui ont été publiés depuis cinquante ans, il en est très-pen qui aient survécu aux circonstances pour lesquelles ils avaient été faits, et ceux qu'on recherche encore n'ont pas tous le même mérite, ni le même intérêt.

On placera toujours au premier rang les trois catalogues de la bibliothèque La Vallière, les catalogues de Falconnet, 1763, 2 vol. in-8°; de M. La Serna Santander, 1803, 5 vol. in-8°, et le catalogue de Gaignat, 1769, 2 vol. in-8°.

Ce dernier sur-tout est très-recherché. Publié par M. Debure peu de tems après sa Bibliographie instructive, il en est considéré comme le supplément nécessaire, et en forme les tomes VIII et IX. L'auteur luimême l'a intitulé: Supplément à la Bibliographie instructive, ou Catalogue, etc.

Plusieurs raisons feront rechercher le catalogue que nous annonçons. M. *** avait rassemblé à grands frais et les premières productions de l'imprimerie, ces mo

(1) La vente de la bibliothèque commencera le 16 décembre.

MERCURE DE FRANCE, NOVEMBRE 1811. 395

numens si importans de la typographie, et ses belles productions nouvelles dans lesquelles les imprimeurs français, italiens et anglais rivalisent de goût et d'élégance. A côté des premiers essais de l'imprimerie, on y trouve les belles éditions des Alde, des Junte, des Etienne, etc., les superbes livres sortis des presses de Baskerville, d'Ibarra, des Didot, de Bodoni, de Bulmer, une magnifique suite des plus beaux ouvrages d'histoire naturelle, exécutés tant en France que chez l'étranger depuis près de quatre-vingts ans.

Les bibliographes, les auteurs de dictionnaires historiques ne peuvent pas toujours se procurer les livres dont ils ont à parler. Ils sont obligés alors d'avoir recours à des catalogues. Celui de M. Brunet sera pour eux une nouvelle ressource. On n'ignore pas que le nom de l'auteur fait autorité.

. M. Brunet ne s'est pas contenté de mettre de l'ordre et de l'exactitude dans son travail, il a inséré à la suite de beaucoup d'articles des notes très-curieuses. Nous citerons celle qu'il a mise à l'occasion des Contes de La Fontaine, Amsterdam, 1685, deux vol. in-12.

« Il y a, dit-il, trois éditions de ce livre sous la même » date et avec les mêmes figures, mais la première mé>> rite particulièrement d'être recherchée, parce qu'elle » contient les premières épreuves des gravures et qu'elle >> est bien imprimée. La seconde est moins belle; et » quant à la troisième, elle est fort mal exécutée sous » tous les rapports.

» Les remarques suivantes pourront faire connaître >> chacune de ces éditions.

» TOME Ier. Dans l'édition originale la page 211, pre» mière de la dissertation sur la Joconde, n'a que 11 » lignes de texte ; elle en a 16 dans l'une et l'autre con>> trefaçons.

» Dans la première contrefaçon, la table des contes, » placée après la préface, porte à la dernière ligne de la » première page, 211 au lieu de 221, faute qui n'existe » ni dans la bonne édition, ni dans la seconde contrefaçon. Même page, six lignes plus haut, on lit dans

[ocr errors]

» la première contrefaçon le Juge de Nêle, et dans les » deux autres éditions le Juge de Mêle.

» TOME II. La première page de la préface n'a que 17 » lignes dans la première édition ainsi que dans la troi→ » sième, et elle en a 19 dans la première contrefaçon: » mais dans l'édition originale, cette page de 17 lignes » est cotée au bas, * 2, tandis que dans la plus mauvaise >> elle est cotée A 2. »

Par cette note l'auteur rectifie celle qu'il avait donnée dans le Manuel de Librairie, M. Brunet n'a laissé échapper aucune occasion de donner des corrections et additions pour son Manuel de Librairie, dont le catalogue, sujet de notre article, peut être considéré comme le sup plément. A. J. Q. B.

ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE DES EMPEREURS QUI ONT RÉGNÉ EN EUROPE DEPUIS JULES-CÉSAR JUSQU'A NAPOLÉON-LEGRAND. Troisième édition, continuée jusqu'à la nais¬ sance du Roi de Rome. -In-12, avec un portrait. -A Paris, chez Ferra aîné, libraire, rue des Grands Augustins, n° 11,

Ce court précis de la vie des Empereurs qui ont régné en Europe, comprend l'histoire des Empereurs romains, grecs, allemands, turcs et russes; les souverains de chacun de ces Empires y sont classés selon Fordre chronologique.

Nous croyons qu'il manque à ce volume: 1o une table alphabétique des noms des souverains dont l'auteur a abrégé l'histoire ; 2° une synonymie des noms latins sous lesquels les Empereurs romains sont indiqués dans leurs historiens originaux et d'autres abré gés; sans cette synonymie il pourra être souvent difficile aux personnes qui ne sont pas familiarisées avec de retrouver les dénominations latines dans les travestissemens français reçus par l'usage. Cette table serait encore plus nécessaire pour la liste des Empereurs turcs. Nous croyons aussi qu'il y a de trop, dans ce volume, les contes débités et mille fois répétés sur l'ori

Ç's noms,

gine merveilleuse de Rome, l'envoi d'Enée en Italie, etc. comme s'il était impossible d'écrire quelques pages rai➡ sonnables sur les peuples antiques de l'Italie, sur leur civilisation avant la prépondérance des Romains, et sur leurs arts, dont les nombreux monumens sont chaque jour offerts à tous les yeux !

Malgré ces observations, l'Abrégé de l'Histoire des Empereurs pourra être utile aux personnes qui voudront connaître, à-peu-près, les principaux traits de la vie de ces souverains et l'époque de leur existence dans l'ordre des tems. J. B. B. ROQUEFORT.

EPÎTRE SUR QUELQUES GENRES DONT BOILEAU N'A POINT FAIT MENTION DANS SON ART POÉTIQUE; par P. J. B. CHAUSSARD aîné, professeur académique dans l'Université impériale, etc. Avec cette épigraphe :

Restat ut his ego me ipse regam solerque elementis. HOR. Ep. I, I, V. 27. In-4°. (1811.)-A Paris, de l'imprimerie de P. Didot l'aîné.

L'ENTREPRISE de M. Chaussard, suffisamment annoncée par son titre, n'a pas manqué d'exciter contre lui, comme il devait s'y attendre, des préventions de plus d'un genre, et l'esprit de parti littéraire, et encore un autre esprit de parti. Oser se placer à côté de Boileau ou à sa suite! Oser suppléer ce qu'il n'a pas fait ! Oser se couvrir de son nom pour trancher du légistaseur ! Quelle témérité! quelle audace !.... Le projet est hardi, sans doute ; mais l'exécution seule décide s'il était, ou non, téméraire. Il faut donc en revenir à examiner la chose en soi, parti qu'il serait toujours plus sage de prendre en commençant, de quelque ouvrage ou de quelque action qu'il s'agît.

Quelle est ici la question? Boileau, parfait et d'une autorité irréfragable dans toutes les parties de l'art qu'il a traitées, en a négligé quelques-unes qui ont aussi de l'importance, et qui ayant fourni de bons modèles doivent, par conséquent, avoir des lois. L'Epître le

Conte, la Fable, la Poésie légère, l'Inscription, le Poëme didactique, l'Epopée badine, ne se trouvent point dans l'Art poétique. Quel est le motif de ce silence? on l'ignore, mais qu'importe ? ils n'y sont pas, voilà le fait. Si un poëte qui a réfléchi sur son art, qui goûte ef apprécie les chefs-d'œuvre que chacun de ces genres a produits, croit que l'on peut essayer d'en tracer les règles, et si nourri des leçons d'Horace et de Boileau, il tâche de resserrer, à leur exemple, dans la mesure du vers les préceptes qu'il regarde comme les plus conformes à ceux que ces deux législateurs ont donnés à tous les autres genres de poésie, doit-on lui en faire un crime?

Le crime, ou du moins la faute, serait d'avoir établi de mauvais principes ou de les avoir exprimés en méchans vers. S'il a commis ce double délit, tout juge impartial a droit de l'en blâmer; si son ouvrage a le mérite contraire, il faut se hâter de le reconnaître et de lui accorder le tribut de louange dû au degré de ce mérite.

Son début annonce par une comparaison ingénieuse le but qu'il s'est proposé. Elle était difficile à rendre; quelques efforts de plus auraient peut-être fait disparaître l'air de prétention et l'embarras qui règnent dans les premiers vers.

Lorsqu'au sein de la plaine un grand fleuve s'avance,
Superbe, et, sur ses pas épanchant l'abondance,

Partage son cristal en fertiles canaux,

Et livre à vingt cités le trésor de ses eaux,

Il délaisse parfois une agréable rive,
Qui se plaint de l'oubli de l'onde fugitive;
Des naïades alors si la plus humble sœur
Fait d'un ruisseau timide éclore la fraîcheur,
La rive consolée et s'anime et l'embrasse :
Tant le bienfait modeste a de force et de grâce!
C'est ainsi que ma muse aux doctes nourrissons,
En l'absence du maître, apporte des leçons.
Je cultive le coin qu'il a laissé stérile;

Le zèle est mon talent; la gloire est d'être utile.

La prétention est dans cette épithète superbe,

détar

« PreviousContinue »