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clare en conféquence que les Archevêques & Evêques feront tenus dans deux mois du jour du ferment de fidélité qu'ils auront prêté, d'obtenir des Lettres-patentes de main-levée, & de les faire enregistrer en la Chambre des Comptes de Paris ; & que ceux qui ont prêté ci-devant le ferment de fidélité & n'ont pas obtenu lesdites Lettres de main-levée, feront tenus de les obtenir, & de les faire enregistrer dans deux mois en ladite Chambre des Comptes; après lefquels & faute d'y fatisfaire dans ledit temps, les bénéfices fujets au droit de Régale, dépendans de leur collation, feront déclarés vacans & impétrables en Régale. « Et par une feconde Déclaration du même mois, Sa Majesté autorise « un état contenant un reglement des droits qui feront païés à l'avenir à la Chambre des Comptes, pour cet enregistrement, par les Archevêques & Evêques de Languedoc, Guïenne, Provence & Dauphiné : ( ce font les quatre Provinces qui fe croïoient exemptes.) Defquels droits lefdits Archevêques & Evêques, qui étoient alors pourvus & avoient prêté leur ferment de fidélité, font expreffément déchargés, à condition qu'ils obtiennent lefdites Lettres de main-levée, & qu'ils les aient fait enregistrer en la Chambre des Comptes dans deux mois après la publication de la fufdite Déclaration.»>>

V.

d'Alet

Ces deux Déclarations furent vérifiées au Parlement, & envoïées à tous les Evêques Le Clergé par les Agens du Clergé, pour s'y confor- céde.L'Evêmer. L'affaire ne fut pas pouffée, jufqu'au que étudie la mois d'Avril 1675, que le Roi rendit une nouvelle Déclaration, qui confirmoit celles confulte fes matiere, & dont nous venons de parler, & qui fut véri- Collégues.

Sentiment fiée au Parlement le 13 de Mai fuivant. Comde M. Bou- me on fe mit en devoir de l'exécuter, l'Evêque cherat Rap- d'Alet (Nicolas Pavilion) qui étoit reconnu

porteur.

univerfellement pour le plus faint Evêque de l'Eglife de France, étudia férieusement la matiere. Il lut tous les Mémoires du Clergé où il en eft parlé, & tous les Ecrits qui parurent alors de part & d'autre, pour prendre fon parti avec lumiere. Il favoit en général que les Eglifes de Languedoc n'étoient pas fujettes au droit de Régale; mais il crut d'abord que l'inftance générale de cette affaire aïant été terminée par un Arrêt du Confeil, que l'on pouvoit regarder comme contradictoire, puifque le Syndic de la province de Narbonne, & plufieurs autres Diocèfes avoient fourni des défenfes, & que les Agens du Clergé étoient intervenus pour maintenir la liberté des Eglifes, il crut, dis-je, qu'il n'étoit plus temps de revenir contre cet Arrêt, & qu'il falloit y obéir. Les Agens du Clergé le preffoient auffi-bien que fon Promoteur, qui l'avertit qu'il falloit fans différer faire enregiftrer fon ferment de fidélité. Le Prélat étoit prêt à fe rendre, lorfqu'on lui fit envifager cette démarche comme fort importante. L'extrême délicateffe de confcience de ce faint Prélat, le porta à examiner de nouveau la matiere. Après l'avoir long-temps méditée, il ne douta plus de l'exemption des Eglifes de Languedoc. Le Traité du premier Préfident le Maître fur la Régale, le Mémoire de M. de Marca, & fur tout la Differtation de M. Duvaucel, l'inftruifirent & le déterminerent. Comme il ne put aller cette année-là aux Etats de Languedoc, il envoïa un de fes Eccléfiaftiques,

pour s'informer des Evêques de la Province qui y étoient en grand nombre, quel étoit leur fentiment fur les Déclarations du Roi touchant la Régale. Tous répondirent que c'étoit une ufurpation que l'on faifoit faire au Roi des droits de leurs Eglifes; mais qu'ils ne voioient aucun moïen de l'empê cher; que leur réfiftance à la volonté du Roi feroit dangereufe & fans fuccès; enfin qu'il falloit céder au plus fort. Cette réponse rappella ce que M. Boucherat, Confeiller d'Etat & depuis Chancelier, avoit dit quelque tems auparavant au Promoteur d'Alet, lorsqu'il lui confeilla d'engager fon Evêque à faire enregistrer fon ferment de fidélité. Sur quelques difficultés que lui fit le Promoteur, il répondit en levant les épaules: « C'est une pitié de voir les baffeffes & la timidité de prefque tous les Evêques. Ils n'ont égard dans l'affaire de la Régale, qu'à leurs intérêts particuliers, & ne font aucune attention à ceux de leurs Eglifes Cette conduite m'afflige infiniment. Les Evêques de Mende, de Caftres, de S. Pons, de Beziers ont fait enregistrer leur ferment. On fait entendre au Roi, que cette exemption de plufieurs Eglifes, eft une pure chimere; & aucun Evêque n'a le courage de lui faire des remontrances.» On a fçu que le Magiftrat qui parloit ainfi, en faifant fon rapport au Confeil du Roi, de l'affaire de la Régale, dont il étoit Rapporteur, avoit été d'avis de ne pas rendre la Régale univerfelle; & que ce fut malgré lui qu'on rendit l'Arrêt du Confeil qui fervit de fondement aux Déclarations du Roi.

VI.

M. d'Alet qui n'étoit pas perfuadé de la vérité de cette maxime des Evêques de Lan- M. de Har

lai Arche- guedoc, qu'il faut céder au plus fort, erue vêque de devoir tenter tous les moïens pour faire Paris zélé parvenir la vérité jufqu'au Roi, dont il conpour la Ré- noiffoit l'équité & la droiture. Il gémiffoit gale. Cara- de l'abus que les flatteurs de la Cour faifoient tere de ce de la confiance dont ce Prince les honoroit.

ce.

Prélat, qui dominoit L'archevêque de Paris (François de Harlai ) dans l'Egli- paffoit pour le principal de ces flatteurs. Ce fe de Fran- Prélat avoit paffé du fiége de Rouen à celui de Paris où il avoit fuccédé à M. de Perefixe. La réputation qu'il s'étoit acquife étant fur fon premier fiége, le fuivit fur le fecond. Ces deux vers étoient devenus comme un proverbe A Paris comme à Rouen, il fait tout ce qu'il défend. C'eft qu'il témoignoit du zéle pour une certaine difcipline; qu'il fit des ftatuts; envoïa en plufieurs lieux des Miffionnaires, & prêchoit même quelquefois. Il étoit le feul Evêque à qui le Roi parlât des affaires de l'Eglife. Ce n'eft pas que ce Prince l'ait jamais pris pour un grand faint. On eft même affuré qu'il le connoiffoit bien de ce côré-là, & qu'il n'ignoroit pas ce que toute la France favoit de fa vie licentieufe. Mais ce Prélat s'étoit fait valoir dans l'efprit du Roi par le zéle qu'il témoignoit pour les droits de fa Couronne, par une application prétendue à prévenir tout ce qui pourroit troubler le repos de fon Etat, & par une fauffe opinion d'habileté & de fcience, qui n'étoit fondée que fur une grande facilité de parler de toutes chofes fans folidité & fans jugement, avec la même confiance que s'il en avoit été le mieux inftruit.

Il exerçoit fous le nom du Roi une espece d'inquifition dans toute l'Eglife de France. It profcrivoit l'un, banniffoit l'autre ; faifoit

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perdre à ceux-ci leurs bénéfices, en tiroit
d'autres de leurs emplois, faifoit changer
d'éxil quand le lieu où l'on avoit été relégué
n'étoit pas affez incommode. Les lettres de
cachet qu'il avoit en fa difpofition, étoient
des Arrêts fans procédure & fans appel, qui
s'exécutoient fans retardement, & dont il
croïoit que
l'odieux ne retomberoit
pas fur
lui. Mais chacun favoit combien le Roi avoit
peu de part à ces violences & à ces injuftices.
L'Archevêque prétendoit qu'on ne faifoit
rien fans en parler à ce Prince : mais com-
bien eft-il aifé à un homme qui parle feul
& qui dit tout ce qu'il veut fans jamais être
contredit, contre des abfens qui ne peuvent
fe défendre, de les faire paffer pour aufli
noirs qu'il lui plaît, & pour dignes de tous
les mauvais traitemens qu'il veut leur faire
fouffrir?

VII.

Ce Prélat

On auroit tort d'attribuer à un Prince auffi équitable que Louis XIV, toutes les vexations qui s'exercerent fous fon nom dans les uni avec les Diocèfes d'Alet & de Pamiers à l'occafion de Jefuites, la Régale. Il est inouï que l'on ait traité pour perdre comme criminels deux faints Evêques, qui d'Alet & de foutenoient la liberté canonique de leurs Pamiers. églifes, contre une innovation défendue par Intérêts un Concile général. Si leur conduite étoit différens repréhenfible, il faut convenir, qu'au moins qu'avoient elle méritoit indulgence. Tout ce que l'on la Société pourroit dire de plus fort contre ces faints dans cette Evêques & les pieux Eccléfiaftiques perfécu- malheureuτές pour cette caufe, c'eft que la juftice n'é- fe affairetoit pas de leur côté auffi clairement qu'ils fe Exemple de l'étoient perfuadés. ( C'eft ici une fuppofition la droiture & non pas un aveu. ) Etoit ce donc là le cas de Louis d'emploïer les exils, les profcriptions, les XIV.

& ce Prélat

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