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grand nombre d'années. le Ciel avait comblé tous ses vœux. Puissant, riche, considéré, chef d'une famille nombreuse, il n'employait son opulence et son pouvoir qu'à faire du bien. Son argent secourait le pauvre; son crédit soutenait l'opprimé; sa charité consolait les malheureux; son esprit ne lui servait qu'à répandre la vérité et à faire respecter Dieu et sa loi.

Job, partout chéri et révéré, jouit longtemps d'une complète prospérité. L'esprit malin, dit l'Écriture, jaloux d'un si grand bonheur, calomnia ce saint homme devant Dieu, et soutint qu'il ne le servait que pour garder les biens qu'il en avait reçus. Ne pouvant blâmer sa vie, il accusa ses intentions, et assura qu'il changerait de sentiments et de langage si Dieu lui retirait sa protection et ses faveurs.

Le Seigneur, pour convaincre Satan d'imposture, lui permit d'affliger cet homme vertueux et de l'accabler par un grand nombre de maux.

Le démon profita de cette permission, et rendit le malheur de Job aussi grand que l'avait été sa félicité. Il fit piller seş richesses par des voleurs le feu du ciel consuma ses troupeaux et ses granges; tous ses enfants périrent sous les ruines de sa maison. Ces affreuses calamités n'ébranlèrent point la vertu de Job: il bénit Dieu et prononça ces paroles, qui sont devenues si célèbres : « Dieu me l'a donné, Dieu me « l'a ôté. >>

Satan ne se découragea point: il frappa cet infortuné d'un ulcère qui lui couvrait tout le corps. Accablé de souffrances, couché sur un fumier, ses plaies étaient rongées par les vers qui s'y formaient. Sa femme, le seul des biens qu'on lui eût laissé, devait être sa consolation; mais, séduite par l'esprit malin, elle mit le comble à ses tourments. Aigrissant son malheur, au lieu de l'adoucir, elle voulut le révolter contre Dieu et le pousser au blasphème et au désespoir. Job, toujours soumis à la volonté divine et toujours maître de luimème, se contenta de lui répondre : « Vous parlez comme une

« femme insensée. Nous avons reçu, avec reconnaissance, « tous nos biens de la main de Dieu : il faut recevoir de lui << tous nos maux avec résignation. »

Le malheureux Job ne pouvait opposer à tous les coups qui fondaient sur lui que la paix de son âme, le témoignage de sa conscience et l'innocence de sa vie passée.

Trois de ses amis qui venaient, disaient-ils, dans l'intention de lui montrer la part qu'ils prenaient à ses peines, voulurent lui enlever cette tranquillité intérieure, le seul bien dont il pût encore jouir. Cette épreuve, la moins forte en apparence, fut peut-être la plus difficile à soutenir.

Ces faux amis, avec un langage plein d'artifice, voulaient persuader au saint homme qu'il avait mérité ses malheurs; et, lorsqu'il défendait son innocence devant eux, ils lui reprochaient ses plaintes, les taxaient de révolte, et prétendaient qu'il accusait Dieu d'injustice. C'est précisément ce dialogue qu'il faut lire, puisqu'on ne pourrait en faire sentir les beautés qu'en le, copiant.

Job, pendant ce combat, où il était si difficile que la patience et la vertu triomphassent de la douleur aigrie et de l'amour-propre blessé, sut toujours se contenir dans les bornes du devoir, justifiant avec fermeté sa conduite et son innocence, ne portant point ses plaintes hors de la mesure que lui permettait sa piété, et témoignant avec franchise son étonnement de la rigueur des arrêts de Dieu, sans prétendre en sonder la profondeur. Il résista avec douceur aux injustes attaques de ses dangereux amis, et s'efforça de leur prouver que Dieu sait et peut également frapper le méchant pour le punir, et l'homme vertueux pour l'éprouver.

La patience de Job fut enfin couronnée par un triomphe éclatant. Dieu lui rendit la santé, le bonheur, d'immenses richesses, et une famille plus nombreuse que celle qu'il avait perdue. Rien ne troubla plus la félicité de Job; il vécut cent quarante années, et mourut après avoir vu la quatrième génération de ses enfants.

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damnation de Dauiel et de ses amis.-Autre songe de Nabuchodonosor expliqué Prédiction de Daniel à Balthasar sur la main mystérieuse.

par Daniel.

Daniel dans la fosse aux lions.

ISAIE, JÉRÉMIE, BARUCH, ÉZÉCHIEL, DANIEL,.

PROPHÈTES.

La religion des Juifs est inséparablement attachée à leur histoire; et comme en parlant des autres peuples on doit parler des magistrats, des guerriers, des ministres qui ont paru avec le plus d'éclat, et qui ont servi avec le plus d'utilité, de même on doit faire connaître les prophètes, puisque ces hommes, que l'Écriture dit inspirés par Dieu lui-même, eurent la plus grande influence sur les événements. Les Hébreux, en se soumettant à des rois, avaient conservé la loi de Moïse : ainsi leur gouvernement était théocratique. C'était au nom de Dieu qu'on déclarait la guerre, qu'on décidait la paix, et tout devait se faire par ses ordres, dont les prophètes et les pontifes étaient regardés comme les interprètes.

ISAÏE, le premier dans l'ordre des prophètes, et prince de la maison royale, vivait sous les règnes d'Osias, de Jonathan, d'Achaz, d'Ézéchias et de Manassé. Aucun homme de son temps ne le surpassait en vertu, en piété, en éloquence. Dieu lui apparut dans toute sa gloire; il l'avait vu assis sur un trône élevé, environné de chérubins qui chantaient le fameux cantique que l'Église répète aujourd'hui. Dans son humilité, il ne croyait pas ses lèvres assez pures pour annoncer aux hommes la parole de Dieu. Comme il priait, un ange saisit un charbon ardent sur l'autel, et en toucha sa bouche pour la purifier. Il prédit ce qui devait arriver jusqu'à la fin des temps; il découvrit les choses secrètes avant qu'elles arri

vassent. C'est de tous les prophètes celui dont les prédictions ont annoncé le plus clairement la naissance et le règne de Jésus-Christ. Il fit des miracles, ajouta plusieurs années à la vie du roi Ézéchias, annonça la ruine de Babylone, celle de Jérusalem, et la conversion des gentils. Il consola ensuite ceux qui pleuraient sur Sion; il reprocha aux peuples leurs égarements, aux rois leurs fautes; il fut courageux et persécuté. Manassé le fit périr; on le scia avec une scie de bois, supplice qui devait rendre sa mort plus horrible. Saint Paul a fait de lui un magnifique éloge.

JÉRÉMIE commença à prophétiser sous le règne de Josias1; sa mission dura quarante-cinq ans, jusqu'à la onzième année du gouvernement de Sédécias.

L'Écriture rapporte que Dieu lui dit : « Je vous ai connu « avant que je vous eusse formé dans les entrailles de votre « mère; je vous ai sanctifié avant que vous fussiez sorti de « son sein, et je vous ai établi mon prophète parmi les na<< tions. >>

Jérémie plein de l'affliction que lui causait la dépravation des Israélites, leur annonça la vengeance de Dieu, prévit leur destruction et partagea leurs malheurs. Ses éloquentes lamentations l'ont rendu célèbre, et sont venues jusqu'à nous. Les princes et les prêtres, irrités de ses reproches et de ses menaces, le persécutèrent et voulurent le faire condamner à mort par le peuple; mais le péril redoubla son courage et son éloquence. Il parla avec tant de fermeté qu'il confondit ses ennemis. Le roi Joachim, qu'il avertit de sa perte prochaine, fit brûler ses prophéties qu'il écrivit ensuite de nouveau, et qu'il publia avec le même zèle pour exécuter les ordres du Seigneur. Sédécias, trompé par les ennemis du prophète, le fit jeter dans une citerne; mais il ordonna ensuite qu'on le lui amenât en secret, et lui promit de lui sauver la vie s'il

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voulait lui dire la vérité et lui conseiller ce qu'il devait faire. Jérémie lui annonça au nom de Dieu qu'il vivrait et que Jérusalem serait sauvée s'il consentait à se rendre au roi de Babylone; mais que, s'il prétendait résister, la ville serait prise, livrée aux flammes, et que tous les Hébreux retomberaient dans la servitude. Le roi n'osa pas suivre les avis du prophète, et Jérémie demeura en prison jusqu'au jour de la prise de Jérusalem. Nabuchodonosor le mit en liberté. Après avoir pleuré Jes malheurs de sa patrie, il prédit la ruinedes Iduméens et le rétablissement d'Israël.

BARUCH, aussi distingué par ses talents que par sa naissance, fut le disciple de Jérémie, dont il imita le courage et la piété1. Il fit des efforts continuels pour ramener les Israélites à Dieu, et pour les empêcher de sacrifier aux idoles des Babyloniens. Il lut publiquement ses prophéties devant Jéchonias, fils de Joachim; et l'Écriture rapporte que le peuple se montra touché de cette lecture, qu'il passa plusieurs jours dans le jeûne, les larmes et la prière.

ÉZECHIEL prophétisa pendant vingt-deux ans, dont les onze premiers concourent avec les onze derniers de Jérémie. Il était de la race sacerdotale, et fut un des premiers captifs qu'on transporta à Babylone avec Jéchonias. Il eut des visions trèsmystérieuses qu'on trouva si obscures, qu'il était autrefois défendu à tous les Juifs de les lire avant l'âge de trente ans. On a beaucoup et vainement disserté pour expliquer ce que signifiaient les quatre animaux qu'il avait vus dans le ciel, les roues mystérieuses qui les suivaient, et le firmament de cristal qui soutenait le trône de Dieu. Il reçut du Seigneur un livre qu'il mangea, et qui devint, dit l'Écriture, « doux à sa bouche comme miel. » Ses prophéties sont, comme toutes les autres, remplies de menaces contre les Juifs, auquels il annonce tous les fléaux qui doivent punir leurs péchés ; il com

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