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posa plusieurs paraboles, dans lesquelles il compare Jérusalem et Samarie à des femmes corrompues et à des vases impurs, gâtant tout ce qu'on y renfermait. De toutes les visions du prophète Ézéchiel, une des plus fameuses est celle où l'esprit de Dieu le transporta dans une campagne remplie d'une quantité immense d'os de morts desséchés depuis longtemps1. D'après l'ordre du Seigneur, il commanda à tous ces os de rentrer dans leurs places naturelles. Rien ne résista au pouvoir du Très-Haut; l'exécution de son commandement se fit avec un effroyable bruit, tous ces os se réunirent; les nerfs, la chair et la peau les couvrirent ensuite, et formèrent des corps parfaits auxquels il ne manquait plus que la vie. Le prophète, par un nouvel ordre de Dieu, ayant attiré des quatre parties du monde le même esprit qui anima autrefois le premier homme, ces corps se levèrent tout à coup vivants. C'est ainsi que Dieu traça aux regards d'Ézéchiel l'image de la résurrection qui doit un jour avoir lieu.

DANIEL. Ce prophète était de la race des princes de Juda 2; emmené très-jeune à Babylone par Nabuchodonosor, il fut attaché au service du roi ainsi qu'Ananie, Misaël et Azarie, trois jeunes Juifs de familles distinguées. Leur piété dans un àge si tendre résista aux séductions des idolâtres, et aucune autorité ne put leur faire rompre les jeûnes prescrits par la loi.

Nabuchodonosor fit dans ce temps un songe qui l'effraya. Il avait vu une statue colossale, dont la tête était d'or, la poitrine et les bras d'argent, le ventre et les cuisses d'airain, les jambes de fer, et les pieds du même métal mêlé d'argile. Une pierre tombée d'une montagne, sans être poussée par la main d'aucun homme, était venue frapper la statue, et l'avait réduite en poudre. Aucun des devins ne pouvant expliquer ce rêve, le roi ordonna leur mort.

Daniel demanda qu'on suspendît l'exécution de cet arrêt; il

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invoqua Dieu, se présenta au roi, lui raconta mot à mot son songe, et lui apprit que la tête d'or de la statue représentait son empire qui serait détruit et remplacé par un autre d'argent et moins puissant que le sien; qu'ensuite il en viendrait un troisième d'airain et enfin un quatrième qui serait de fer, et qui briserait tout.

Cette prédiction donna un grand crédit à Daniel et à ses jeunes amis; ils devinrent très-puissants à Babylone. Leur élévation excita l'envie, et leur suscita des ennemis qui résolurent de les perdre.

Nabuchodonosor avait ordonné à tous ses sujets d'adorer sa statue. Daniel et ses compagnons refusèrent de se soumettre à l'édit du roi, et lui déclarèrent qu'ils ne rendraient jamais cet hommage qu'au vrai Dieu. Le monarque, irrité, les fit jeter dans une fournaise ardente1. Mais un ange vint à leur secours. Il les environna au milieu des flammes d'une douce rosée; le feu respecta leurs corps et leurs vêtements; leurs liens furent seuls brûlés. Ils sortirent de la fournaise, rendirent grâce au Seigneur de leur délivrance; et le roi, frappé par ce miracle, publia un édit pour ordonner à ses sujets d'adorer le Dieu d'Israël.

Ce prince eut encore un autre songe envoyé du Ciel pour lui annoncer le jugement qui le menaçait. Il vit un grand arbre dont la tête s'élevait jusqu'au ciel et couvrait toute la terre. Un ange parut et dit : « Abattez cet arbre, gar<< dez-en la racine. Il faut qu'elle soit trempée de rosée, et << qu'elle demeure sept ans au milieu des animaux des fo« rêts. » Daniel, interprétant ce songe, prédit au roi qu'en' punition de l'orgueil que lui avaient inspiré ses conquêtes et ses monuments, il serait chassé de la société des hommes, qu'il vivrait avec les bêtes et comme elles, et qu'il serait ainsi pendant sept années exposé aux injures de l'air et à la rosée du ciel. Cette prédiction, dit l'Écriture, s'accomplit; le roi

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demeura le temps prescrit au milieu des bêtes farouches'. Ses cheveux devinrent grands comme le plumage de l'aigle, et ses ongles comme les griffes des oiseaux de proie.

Daniel fit une prédiction encore plus funeste au roi Balthasar, petit-fils de Nabuchodonosor 2.

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Ce prince, étant à un festin magnifique dans son palais voulut profaner les vases sacrés de Jérusalem en les employant à ses débauches; mais, au moment où il versait du vin pour ses femmes et ses officiers, il parut tout à coup une main qui écrivit sur la muraille sa condamnation en trois mots, dont personne ne pouvait déchiffrer le sens. Toute la cour était dans le trouble et dans le saisissement. La reine se souvenant alors des anciennes prédictions de Daniel, le fit venir et lui offrit des présents; le prophète les rejeta, et dit au roi, avec une sainte liberté, que, n'ayant pas profité de la leçon terrible donnée à son aïeul, Dieu voulait punir son orgueil et son impiété, et avait écrit lui-même ces trois mots, mané, thecel, pharès; le premier marquait que le Seigneur avait compté les jours de son règne, et qu'ils étaient accomplis; le second signifiait qu'il avait été pesé dans la balance céleste et trouvé trop léger; enfin le mot pharès annonçait la destruction de son royaume par les Mèdes et les Perses, qui le partageraient.

Le roi, loin de punir son courage, le récompensa. Cyrus, à la tête de son armée, parut bientôt devant les murs de Babylone, et surprit la ville. Balthazar périt, et la prédiction du prophète s'accomplit entièrement.

Sous le règne de Darius Médus, la piété de Daniel fut encore mise à une forte épreuve. On avait ordonné, sous peine de mort, à tout le peuple d'adorer les images du roi. Le prophète refusa cet hommage impie, et Darius, oubliant l'estime qu'il lui portait autrefois, céda au désir de ses ennemis, et le fit descendre dans la fosse aux lions, pour y être dévoré par ces

An du monde 3434.- Avant Jésus-Christ 570.

2 An du monde 3466.- Avant Jésus-Christ 538.

animaux1. Se repentant de sa cruauté, ce prince espérait un miracle. Il arriva : car, le lendemain, on trouva Daniel plein de vie. Darius, surpris de cette merveille, délivra le prophète, et fit jeter à sa place ses accusateurs, qui furent aussitôt dévorés.

L'Écriture rapporte qu'on jeta une seconde fois ce saint homme dans la même fosse; que les lions respectèrent toujours sa vie, et que le prophète Habacuc, qui était en Judée, fut transporté à Babylone par un ange qui le tenait par les cheveux, et le descendit dans la fosse, où il apporta à Daniel des aliments dont il était privé depuis plusieurs jours.

Tant de merveilles lui attirèrent enfin une confiance et une vénération universelles, et, pour compléter son triomphe, il démasqua la fourberie des prêtres de Bel, et découvrit au roi comment ces imposteurs enlevaient secrètement, la nuit, du temple, les victimes qu'on croyait consommées par l'idole. Dès l'âge de douze ans, Daniel annonça la sagesse qui devait un jour éclater en lui.

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Il existait à Babylone une femme d'une beauté merveilleuse, nommée Suzanne; ses vertus égalaient ses charmes. Deux vieillards, amis de son époux Joachim, conçurent pour elle une passion criminelle, et se découvrirent l'un à l'autre leur pensée secrète. Ils formèrent le détestable projet de surprendre Suzanne lorsqu'elle se baignait seule dans son jardin. Cachés tous deux dans ce lieu, ils profitèrent de l'éloignement de ses servantes, coururent près d'elle, et lui déclarèrent leur An du monde 3466.

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Avant Jésus-Christ 538.

coupable amour, en la menaçant, si elle résistait, de déposer publiquement qu'ils avaient trouvé chez elle un jeune homme enfermé. Suzanne, ne pouvant par ses prières les ramener à la justice et à la vertu, leur dit : « Je sais dans quel péril je « me précipite en vous refusant; mais j'aime mieux tomber << innocente entre vos mains que de commettre un péché de« vant Dieu qui me voit. » Les vieillards, furieux, jetèrent de grands cris, ouvrirent les portes, et dirent à tous ceux qui arrivaient qu'ils avaient trouvé Suzanne en adultère, et que, malgré leurs efforts, le coupable s'était sauvé. Suzanne fut conduite le lendemain au tribunal; sa famille fondait en larmes. Sa réputation plaidait inutilement pour elle : le témoignage de deux vieillards respectés était accablant. Les juges la crurent coupable, et la condamnèrent à être lapidée. On la menait au supplice, lorsque Dieu inspira le jeune Daniel, âgé seulement de douze ans, qui s'écria au milieu du peuple : « Je << ne suis point coupable du sang innocent qu'on va verser. » Cette audace émut les assistants; l'affaire fut examinée de nouveau ; la vieillesse corrompue des accusateurs n'osa soutenir ses calomnies devant l'enfant prophète; leur trouble découvrit leur crime; et ils subirent la peine qu'ils avaient voulu faire souffrir à la vertu.

La vie de Daniel est remplie de visions et de miracles; il convertit les idolâtres, consola les Hébreux, et prédit la fin de la captivité, ainsi que la naissance du Rédempteur.

L'Écriture cite encore deux autres envoyés de Dieu, qu'elle nomme les petits prophètes : Osée et Joël sous le règne de Jéroboam; Amos et Abdias, du temps d'Osias; Jonas, à l'époque où Israël était gouverné par Joas; Michée, pendant le règne de Joathan; Nahum, pendant celui d'Achaz; Habacuc et Sophonie, contemporains de Jérémie et de Daniel; Aggée et Zacharie, lorsqu'on rebâtissait le temple. Malachie leur succéda, et fut le dernier des prophètes jusqu'à saint Jean-Baptiste.

On retrouve dans leurs ouvrages les mêmes reproches contre les péchés des hommes, les mêmes menaces des ven

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