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geances de Dieu, et la même certitude de l'arrivée du Sauveur qu'ils annonçaient.

Nous dirons seulement quelques mots de Jonas, dont la Bible rapporte plus particulièrement les aventures. Ce prophète reçut de Dieu l'ordre d'aller prêcher à Ninive. Il voulut désobéir, et s'embarqua pour Tarse. Dieu, irrité, excita une violente tempête; le vaisseau allait périr; Jonas déclara aux marins consternés qu'il était seul la cause de leur malheur; on le jeta à la mer; la tempête s'apaisa aussitôt. Jonas, englouti par une baleine, resta trois jours dans son corps, et y composa un cantique pour exprimer son repentir ', qui fléchit la colère céleste. Il prédit ensuite la destruction de Ninive. Il fut le premier prophète qui prêcha la parole de Dieu à des païens.

Il avait annoncé aux Ninivites que leur capitale périrait dans quarante jours. Le peuple, effrayé, jeûna, pria, se convertit; et Dieu, touché de sa soumission, révoqua son arrêt. Jonas en conçut un vif ressentiment, craignant de passer pour un faux prophète. Un jour, étant assis près de la ville, à l'ardeur du soleil, Dieu fit croître à l'instant un grand lierre qui le couvrit de son ombrage; mais, le lendemain, le Seigneur fit piquer par un ver la racine de cet arbre, qui sécha; et Jonas, brûlé par le soleil, souhaita de mourir. Dieu lui dit alors : « Vous vous affligez de ce que ce lierre est mort, quoique << vous n'ayez point contribué à sa naissance; et moi, com«ment n'aurai-je pas été touché de la destruction de Ninive << et des prières de cent vingt mille de mes créatures qui ha<< bitent cette ville, et ne savent pas encore discerner le bien <<< du mal. »

An du monde 3197.- Avant Jésus-Christ 807.

Gouvernement théocratique des Juifs.

Jalousie entre Samarie et Jérusalem.

- Respect

Fratricide et mort du pontife Jean.-Gouvernement de Sanaboleth. d'Alexandre pour Jérusalem. État de la Judée après la mort d'Alexandre. Gouvernement d'Onias. Trahison de Simon. Violation du temple de

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Sa punition. Usurpation de Jason. — Sa dé-
Mort du pontife Onias.

position. Pontificat de son frère Ménélaüs. Mort du pontife Lysimaque Guerre entre Jason et Ménélaüs. - Défaite et mort de Jason. Prise de Jérusalem par Antiochus. Pillage du temple. — Idolâtrie des Juifs.

RÉPUBLIQUE JUIVE, GOUVERNEMENT DES PONTIFES.

Les Juifs, revenus de leur captivité, reprirent le gouvernement théocratique, sous lequel ils avaient vécu du temps de Moïse, et avant que Samuël, cédant à leurs prières, leur eût donné un roi. Ils n'étaient point indépendants, puisqu'ils reconnaissaient l'autorité des rois de Perse, successeurs des rois d'Assyrie qui les avaient conquis. Ils payaient des tributs, fournissaient des troupes à leurs vainqueurs, et ne pouvaient faire d'alliance sans leur consentement; mais on les laissait libres dans leur administration intérieure sous la conduite de leurs anciens, qui formaient une espèce de sénat. Ils suivaient sans empêchement leur culte dans le temple qu'on leur avait permis de rebâtir; leurs grands-prêtres étaient les chefs de cette république, et l'on voit par plusieurs lettres parvenues jusqu'à nous que c'était à ces pontifes que les rois étrangers s'adressaient dans leurs relations avec la Judée.

Presque tous les Israélites des douze tribus, fidèles à leurs religion, se trouvaient réunis à Juda et à Benjamin daus le pays de Jérusalem.

Samarie avait été peuplée par des Mèdes, des Perses, des Assyriens, et par les Hébreux tombés dans l'idolâtrie. Il résultait de cet état de choses une grande jalousie, une haine constante entre Samarie et Jérusalem; et Josèphe reprochait aux Samaritains de prétendre toujours qu'ils étaient Israélites

lorsque la république des Juifs prospérait, et de le nier lorsque les rois d'Égypte ou de Perse l'opprimaient.

Nous avons déjà dit combien d'efforts les Samaritains firent du temps de Cambyse pour empêcher ou retarder la reconstruction du temple de Salomon; et depuis on vit continuellement ces deux parties du royaume de David se livrer à des querelles souvent suivies d'hostilités.

Malgré ces dissensions intérieures, la république des Juifs se peupla, s'accrut, s'enrichit et jouit d'une prospérité assez éclatante jusqu'à la mort d'Alexandre le Grand; mais elle devint ensuite le théâtre des combats que se livrèrent les suc-. cesseurs de ce conquérant, et finit par être la victime de leurs sanglants démêlés.

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Les temps où les peuples sont heureux et paisibles sont ceux qui laissent le moins de souvenir à la postérité. Ce sont les jours d'orages qui brillent dans la nuit des temps ; à une si grande distance, nous ne distinguons ce qui se passait dans ces contrées antiques qu'à la lueur de la foudre qui les ravageait. Aussi l'histoire ne nous a conservé presque aucun détail certain de la longue époque où les Juifs ont vécu tranquilles, depuis Cyrus et ses deux premiers successeurs, jusqu'au partage de l'empire d'Alexandre.

Le calme dont jouissait Jérusalem fut d'abord interrompu sous le pontificat de Jean, fils de Juda et petits-fils d'Éliazib. Jean imita le crime de Caïn; excité par l'envie et la haine, il massacra Jésus son frère dans le temple. Ce meurtre et ce sacrilége indignèrent les étrangers comme les Juifs. Artaxerce envoya des troupes à Jérusalem, fit périr le prêtre coupable dans le temple qu'il avait profané, et imposa sur la Judée de nouveaux tributs. Jaddus remplaça Jean son frère dans le sacerdoce usurpé par celui-ci sur Jésus. Dans le même temps Sanaboleth, Cutéen de nation, et nommé gouverneur de Samarie par Darius, roi de Perse, donna pour époux à sa fille un des prêtres de Jérusalem nommé Manassé, espérant que ce mariage lui concilierait l'affection des Juifs; mais cette al

liance d'un lévite et d'une idolâtre produisit une très-grande fermentation dans la ville sainte; et cette infraction aux lois de Moïse excita le courroux du grand-prêtre Jaddus, qui ordonna à Manassé de répudier sa femme. Manassé, n'y voulant pas consentir, se retira à Samarie, où son beau-père lui fit espérer que Darius le protégerait et lui permettrait de bâtir sur la montagne de Garizim un temple rival de celui de Salomon, et dont il serait le grand-sacrificateur.

Darius ne put réaliser cette espérance; il fut vaincu par Alexandre et périt. Ce dernier, après avoir conquis la Perse, attaqua les Tyriens, et demanda des troupes aux Juifs. Jaddus, lié par le serment prêté à la famil'e de Darius, refusa fièrement les secours qu'exigeait ce conquérant. Sanaboleth et Manassé, profitant de cette circonstance, lui amenèrent huit mille Samaritains. Pour prix de ce service, Manassé obtint le sacerdoce, dressa un autel à Garizim, et commença la construction d'un temple.

Malgré cette querelle, l'Écriture rapporte, et tous les historiens s'accordent à dire qu'Alexandre, loin de persécuter les Juifs, les protégea, et montra une grande vénération pour le Dieu qu'ils adoraient. Josèphe va plus loin: il prétend que ce prince vint lui-même à Jérusalem, et rendit hommage au Dieu d'Israël. Nous allons faire connaître cette anecdote, comme curieuse, et non comme un fait avéré.

L'auteur juif assure qu'Alexandre s'étant approché de Jérusalem à la tête de son armée, le grand-prêtre Jaddus, au lieu de lui opposer quelque résistance, fit joncher de fleurs les rues et les chemins. Revêtu de ses ornements sacerdotaux, il sortit en pompe de la ville, à la tête des prêtres et des lévites, et marcha ainsi à la rencontre du vainqueur de l'Orient. Alexandre, saisi de respect à la vue de ce cortége auguste et religieux, s'inclina profondément devant le pontife. Parménion lui en ayant marqué sa surprise, le roi lui répondit : «Ce n'est point le «< prêtre, c'est son Dieu que je salue. Ce Dieu m'est apparu « lorsque j'étais en Macédoine; il m'a encouragé dans mon

<< entreprise, en m'annonçant la victoire et me promettant la «< conquête de la Perse. » Josèphe dit qu'Alexandre, entré pacifiquement à Jérusalem, sacrifia lui-même dans le temple du Seigneur, et que Jaddus lui montra la célèbre prophétie par laquelle Daniel annonçait ses triomphes et l'établissement de son empire. Il ajoute que le héros accorda aux Juifs beaucoup de faveurs, de priviléges et de liberté.

Jaddus termina sa carrière, et fut remplacé par son fils Onias.

Après la mort d'Alexandre à Babylone, les chefs de son armée partagèrent son empire et l'ensanglantèrent par des guerres longues et cruelles. La Judée devint souvent le théâtre de ces combats; mais pendant les trente années qui s'écoulèrent depuis cette époque jusqu'au règne d'Antiochus Épiphane, la république, tantôt favorisée, tantôt maltraitée par les vainqueurs, conserva son indépendance. Nous n'avons point de guides certains pour nous conduire au milieu de cette multitude d'événements. Josèphe est le seul historien qui les rapporte avec détail, et sa partialité a souvent fait douter de la vérité de ses récits.

Nous dirons seulement que Ptolémée Soter traita les Juifs avec rigueur : il en envoya cent vingt mille en Égypte.

Ptolémée Philadelphe, son successeur, protégea la république, lui rendit ses bannis; et, comme il s'occupait avec soin d'enrichir la bibliothèque d'Alexandrie de tous les manuscrits curieux, il demanda au grand-prêtre Éléazar de lui envoyer soixante-douze Hébreux pour traduire la loi de Moïse.

On lut publiquement cette traduction, et le roi d'Égypte fit de riches présents au temple de Jérusalem. Il survint entre l'Égypte et la Syrie de longues guerres qui désolèrent la Judée. Le grand-prêtre Onias, neveu d'Éléazar, mécontenta les Égyptiens par son avarice, leur refusa le tribut ordinaire, et attira de grandes calamités sur son pays.

La Judée fut conquise par Antiochus le Grand, qui protégea les Juifs, leur témoigna une grande confiance, se servit de

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