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denbourg et de Schaumbourg-Lippe. Cette seconde union douanière des Etats, dont l'industrie pouvait, du reste, très-bien se passer d'un tarif protecteur bien élevé, prit le nom de Steuerverein. Elle perdit en importance par la sortie, en 1844, du duché de Brunswick, qui fit désormais partie du Zollverein. Cependant cette association embrassait toujours une population de 2 millions d'âmes. De cette manière, une partie des provinces de l'est de la Prusse reste séparée des provinces de l'ouest, et les embouchures de l'Elbe, du Weser, de l'Ems, et les côtes de la mer du Nord étaient encore inaccessibles au Zollverein. En même temps, le Holstein, y compris le Slesvig, le Mecklembourg et les villes hanséatiques, avaient leur système douanier à part. Enfin les provinces allemandes de l'Autriche étaient soumises à une législation douanière, basée sur la prohibition ou sur l'imposition exagérée de presque tous les produits de l'industrie étrangère.

Dans cet état de choses, on sentait généralement la nécessité de réunir les neuf différentes unions douanières de l'Allemagne. On revint donc, en 1848, sur la promesse formulée en vain dans le pacte fédéral; mais, ni les délibérations des députés qui s'étaient réunis à Francfort pour faire un tarif général pour toute l'Allemagne, tarif qui devait être basé sur des impositions peu élevées, ni les efforts de la réunion générale allemande pour la protection de l'industrie intérieure, qui cherchait à contrecarrer la réunion de Francfort, n'arrivèrent à un résultat favorable. C'est alors que le gouvernement autrichien saisit l'occasion pour proposer, dans la Gazette de Vienne du 26 octobre 1849, et dans un mémoire du ministre du commerce, en date du 30 décembre 1849, la création d'un système douanier austro-allemand. L'Autriche demandait en même temps que tous les Etats allemands prissent part à la discussion de son projet ; mais bientôt elle reconnut elle-même l'inopportunité de ces propositions. En conservant la base des anciens traités, la Prusse ne faisait qu'éviter soigneusement une dissolution du Zollverein, et elle reçut l'assentiment de presque tous ses alliés. Cependant, lors de la neuvième réunion générale des membres du Zollverein, on s'occupa de nouveau des propositions de l'Autriche, mais on ne pouvait pas se décider à conclure un

traité de douane avec cet empire qui diffère sous tant de rapports du reste de l'Allemagne.

Les combinaisons d'un traité austro-allemand ayant été considérées comme à peu près impossibles, les circonstances permirent une entente entre la Prusse et le Hanovre, entente qui avait été considérée jusqu'alors comme très-difficile.

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Le Hanovre avait déjà haussé le tarif d'importation pour augmenter ses revenus, et s'était, par cette mesure, rapproché du tarif du Zollverein. Du reste, ce pays était arrivé à une époque peu éloignée de l'expiration de Steuerverein, et dès lors le gouvernement hanovrien n'hésita plus à entamer des négociations avec la Prusse, négociations qui eurent pour résultat le traité du 7 septembre, réunissant le Steuerverein au Zollverein.

Il est généralement connu que toutes les parties contractantes de la grande union douanière d'Allemagne avaient depuis longtemps le désir le plus vif de voir le Hanovre se joindre à elles; mais il arrive souvent que les choses longtemps attendues surprennent lorsque des circonstances imprévues amènent tout à coup leur réalisation. C'est ainsi que le traité du 7 septembre produisit une surprise si générale, qu'on put facilement croire à des tendances autres que celles qui se trouvaient dans le traité. Mais il n'en était rien. Il ne s'agissait que d'intérêts purement commerciaux concernant le territoire allemand; en un mot, le traité du 7 septembre n'était autre chose que le développement naturel du Zollverein. Les bases de ce dernier restaient les mêmes, ses membres ne se séparaient pas, et ceux du Steuerverein s'unissaient à eux. L'Allemagne jouirait bientôt des fruits de cette grande union douanière, et les rapports du commerce français avec l'Allemagne se trouveraient considérablement simplifiés.

Les recettes du Zollverein pendant l'année 1851 se sont élevées à 22,948,809 (florins), soit 307,242 de plus qu'en 1850. Le produit des droits d'importation a augmenté de 431,190 ftorias; celui des droits de sortie et de transit a diminué de 122,948 florins. La diminution la plus forte à l'entrée porte sur le sucre brut pour un million et demi, résultat de l'accroissement immense de la fabri cation du sucre de betterave; l'augmentation a porté principalement sur le café, le fer en barres, les rails, les tissus de laine et de

coton, les gros articles de fer, etc.; la plus forte sur le café, 1 million 100,000 florins.

De son côté, l'Autriche donnait également une forme économique à son projet d'incorporation politique.

Au commencement de l'année 1850, on se le rappelle, le ministre du commerce, M. de Brück, avait adressé à la commission fédérale et aux différents gouvernements de la Confédération germanique, un manifeste dans lequel il esquissait un système général reliant, sur une base commune, les rapports économiques de toute l'Allemagne, douanes, postes, chemins de fer, télégraphes, navigation fluviale, tous les éléments en un mot de l'activité générale.

Depuis l'apparition de ce manifeste, la diplomatie autrichienne dont on connaît l'esprit de suite, n'avait pas un moment abandonné l'idée d'entrer dans le Zollverein. Elle reproduisit à la fin de l'année, ce projet qui allait donner à la lutte des deux grandes puissances allemandes un nouveau caractère.

Il est facile de reconnaître, par les comptes-rendus des chan bres de commerce, l'influence exercée, pendant cette année, sur le développement de l'agriculture, du travail industriel et des arts en Allemagne, par la situation politique de l'Europe. L'incertitude de l'avenir n'a pas moins nui à l'essor de l'industrie et au raffermissement de la confiance, que le mauvais temps, les mauvaises récoltes et la maladie des pommes de terre. Le commerce du nord de l'Allemagne souffrait encore, à la fin de 1851, des suites de la mobilisation de l'armée prussienne en 1850. Pendant les premiers mois de 1851, la crainte de voir éclater la guerre entre les deux grandes puissances allemandes avait pesé lourdement sur la situation. Les industriels prussiens n'avaient pas oublié que la gnerre du Slesvig-Holstein avait déjà coûté 18 millions de thalers (67,500,000 fr.). Ce ne fut seulement qu'après les conférences d'Olmütz qu'une certaine sécurité reparut dans le monde des affaires.

Les comptes-rendus particuliers des chambres du Zollverein se félicitaient d'ailleurs des modifications apportées par le gouvernement à la législation commerciale et au tarif douanier commun. L'affranchissement des droits qui frappaient les matières

premières à leur importation de l'étranger; les facilités accordées au commerce de transit; la convention relative à la réduction réciproque des péages du Rhin; les traités conclus avec les royaumes de Sardaigne et de Hanovre, telles étaient les mesures signalées avec une faveur particulière par les chambres de commerce. Le traité du 7 septembre, qui abaissait les barrières du Hanovre, leur paraissait surtout destiné à stimuler de la façon la plus heureuse le développement de toutes les branches de la production et du commerce. Non-seulement ce traité était à leurs yeux un événement capital parce qu'il ouvrait à l'union douanière de nouveaux débouchés, et lui conquérait en quelque sorte un littoral; mais elles y voyaient encore (chambres d'Elberfeld et de Darmen) un pas décisif fait par les Etats allemands vers « une union bien autrement solide que toutes celles que l'on avait tentées jusqu'à ce jour. » Elles y voyaient « une tendance des membres disjoints du corps germanique à se rapprocher et à se relier dans une vaste unité où les intérêts les plus élevés, et moraux et matériels, devront se fondre de telle sorte qu'il ne sera plus possible de les sé

parer. >>

Enfin, on comprend aisément que la situation particulière de la France, à la fin de l'année, avait dû réagir sur la prospérité intérieure de l'Allemagne. L'influence exercée sur les mouvements du commerce européen par le coup d'Etat de décembre était considérée comme favorable par toutes les chambres de commerce. La chambre de Dusseldorf s'exprimait ainsi : « Les affaires de l'Allemagne seraient restées dans la plus profonde stagnation sans l'acte du 2 décembre. Le coup d'Etat du Président de la République française a fait disparaître les craintes qu'inspirait la situation de la France, et il a relevé, chez nous aussi, la foi dans la durée de la tranquillité et de l'ordre légal, dans l'inviolabilité de la propriété et dans l'essor de la vie industrielle. >>

Si l'on jette un regard d'ensemble sur les voies de fer du continent européen, on remarque que ces communications sont trèsinégalement distribuées, et cela suivant la population, le commerce et l'industrie. Une grande surface de pays, à l'est des frontières des Pays-Bas, mesurant 664 kilom. de l'est à l'ouest, et 322 kilom. du nord au sud, est couverte d'un réseau de che

mins de fer très-complets, dont la plus grande partie est en ce moment exploitée, et le reste très-avancé. Cet espace comprend la Prusse, le Hanovre, la Saxe et leurs dépendances, le Brunswick et les autres duchés du Nord, formant un grand centre de population, de commerce et d'industrie dont tous les autres chemins de fer de l'Allemagne seront tributaires.

Les chemins de fer allemands peuvent se diviser en quatre grandes lignes distinctes, allant du nord au sud, dans des directions à peu près parallèles. La première suit le cours du Rhin de Cologne à Bâle, avec de petits embranchements tels que ceux de Baden, Manheim et Spiers. La seconde va aussi du nord au sud à travers le Wurtemberg, ayant pour point de départ Stuttgardt, et pour terme les rives du lac de Constance. Cette ligne, reprise au sud du lac, poursuivra sa route à travers les Alpes par le Splugen, contournant les rives du lac Majeur, se développera dans les plaines du Piémont pour s'arrêter aux champs de Marengo, sous les murs d'Alexandrie, se reliant à Gênes par Turin et les autres points du réseau piémontais. Cette artère immense formera un seul chemin de fer qui, de Gênes, atteindra les ports de la Belgique et ceux de la Manche.

La troisième grande ligne de chemin de fer part de Munich, traverse la Bavière, se relie avec le réseau saxon par Augsbourg et Nuremberg, et se termine au-dessus du lac de Constance.

Cette grande ligne bavaroise, qui, pour le moment, s'arrête à Munich, doit être prolongée au sud et à l'est, à travers le Tyrol, par Inspruck et Bautzen; franchissant les Alpes à Trente, et suivant le cours de l'Adige, elle ira joindre enfin à Vérone le chemin de fer de Venise à Milan.

L'achèvement de cette ligne importante complètera la communication continentale; le réseau étendra ses bras gigantesques sur les rives de l'Adriatique, de la Méditerranée, de l'Atlantique, de la Manche, de la mer du Nord et de la Baltique.

La quatrième grande ligne parallèle se dirigeant du nord au sud à travers l'Autriche, part de Vienne et se termine à Trieste, augmentée dans tout son parcours de nombreux embranchements. Déjà elle est exploitée jusqu'à Laybach, mais à partir de ce point, le passage des Alpes juliennes exigera des travaux diffi

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