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Son gou

vernement.

hommage aux autels élevés en l'honneur de Caligula, Pétrone, gouverneur de Syrie, marcha contre eux. Le roi Agrippa intercéda en leur faveur et obtint leur grâce. Ils furent moins heureux à Babylone leurs richesses les avaient rendus si puissans qu'ils donnèrent de la jalousie aux Grecs et aux Syriens, qui en égorgèrent cinquante mille.

L'empereur Claudius succèda à Caligula, confirma les faveurs accordées à Agrippa, et ajouta même à sa tétrarchie la Judée tout entière et le pays de Samarie. Il donna le royaume de Chalcide à Hérode, frère d'Agrippa, et publia des édits très-favorables aux Juifs. Le roi Agrippa, étant arrivé à Jérusalem, consacra dans le temple la chaîne d'or que lui avait donnée Caligula, Il fit des sacrifices solennels, rétablit l'ordre et la discipline dans l'État, et prouva aux habitans de Jérusalem sa reconnaissance de leur affection, en les affranchissant de l'impôt que devait lui payer chaque maison. Il déposa le grand-prêtre Théophile, et donna le sacerdoce à Simon, dont la famille était alliée à celle d'Hérode; enfin, après avoir levé des troupes, et réorganisé son armée, il en donna le commandement à Silas qui ne l'avait jamais abandonné. Ce monarque embellit Jérusalem, releva ses murs, et voulut la fortifier de manière à la rendre presque imprenable; mais un ordre de Marsus, gouverneur de Syrie, l'obligea de suspendre

mort de 1400

dans un cir

que.

ses grands travaux. Ce prince établit des jeux et Combat et des théâtres dans la cité sainte, et il donna au criminels peuple, dans un cirque, le cruel plaisir de voir quatorze cents criminels, condamnés à mort, combattre et s'entretuer. Ce combat fut si opiniâtre qu'il n'en resta pas un seul vivant. La troisième année de son règne, il célèbra la naissance de l'empereur par des jeux solennels. Le peuple voyait avec peine ces fêtes; mais tous les grands y assistèrent. Il mourut quelque temps après d'une maladie aiguë. La douceur et l'éclat de son règne le firent universellement regretter.

ner,

Agrippa son fils étant trop jeune pour gouverClaude donna le commandement de la Judée à Caspius Phædus, et il accorda à Hérode, oncle du jeune roi, l'administration du temple et du trésor, et le droit de nommer les grandsprêtres.

Tibérius Alexandre succéda bientôt à Phædus, et fut ensuite remplacé par Cumanus. Ce nouveau gouverneur, voulant prévenir les troubles qu'occasionnait souvent, pendant les fêtes de Pâques, la multitude immense de gens qui y accouraient de toutes les parties du royaume, avait placé une co horte à la porte du temple. Un soldat de cette troupe s'étant indécemment déshabillé à la vue d'un lieu si saint, cette imprudence souleva le peuple qui accusait Cumanus d'avoir ordonné ce sacrilége. Celui-ci s'efforça de les apaiser; n'y réussissant

Mort d'Agrippa

Mort de pas, il commanda à ses troupes d'avancer. Les 20000 Juifs Juifs alors prirent la fuite, et ils se pressèrent de

dans

une

faite telle sorte qu'il y en eut plus de vingt mille d'é

Nouveaux

gouver

dée.

touffés.

Après treize ans de règne Claude mourut : Néron lui succéda. Le nouvel empereur donna la petite Arménie à Aristobule, fils d'Hérode, et augmenta le royaume d'Agrippa.

Félix, frère de l'affranchi Pallas, avait été nommé neurs on Ju. récemment gouverneur de Judée. Son administration fut loin d'être paisible. Il détruisit une bande de voleurs, si forte, si hardie, qu'elle avait tué le grand-sacrificateur Jonathas dans l'enceinte du temple. Il extermina aussi un grand nombre de fanatiques qui soulevaient le peuple, et tua un faux prophète qui s'était mis à la tête de trente mille hommes pour chasser les Romains de Jérusalem.

Les Syriens renouvelèrent dans ce temps leurs anciennes prétentions à la souveraineté de la ville sainte. Cette querelle fut renvoyée au jugement de Néron. Festus, nommé par cet empereur au gouvernement de Judée, continua la guerre contre les brigands; mais ses deux successeurs, Albinus, et surtout Florus, prirent le parti de ces voleurs, et se joignirent à eux pour piller les riches et pour opprimer le peuple.

Sur ces entrefaites les Grecs osèrent profaner une synagogue à Césarée : les Juifs se défendi

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rent, mais ils furent battus. Florus, sous prétexte d'apaiser ces troubles, voulut tirer dix-sept talents du trésor du temple. Cette violation du lieu saint excita une nouvelle révolte; les troupes du gouverneur massacrèrent une grande quantité de peuple, malgré l'intercession de Bérénice, sœur du roi Agrippa, qui courut felle-même risque de la vie.

avec les Ro

Florus, décidé à piller le trésor et à humilier Guerre les Juifs, ordonna aux habitans de Jérusalem mains. d'aller au devant des troupes romaines qui venaient de Césarée. Les infortunés obéirent; mais, au moment où ils saluaient les drapeaux de l'empereur, les soldats les chargèrent, et en firent un grand massacre. Cette cruauté porta le peuple au désespoir. De tous côtés on se rassembla, on courut aux armes, on délivra le temple, on chassa les Romains; et Florus, obligé de se réfugier à Césarée, instruisit Cestius, gouverneur de Syrie, de cette révolte, devenue une véritable révolution.

Cestius envoya des officiers à Jérusalem pour y prendre des informations sur ces grands événemens. Le roi Agrippa, prévoyant les malheurs de son pays, rassembla le peuple, et, par un discours éloquent, chercha vainement à le ramener à la soumission. Il lui rappela qu'autrefois la Judée avait été tour à tour la proie des Égyptiens et des Assyriens, peuples beaucoup moins redoutables

que

les Romains: il les fit souvenir de la prise de Jérusalem par Pompée; il leur représenta, d'un côté, la Judée pauvre, faible, divisée, déchirée par des factions, désolée par des brigands, privée de places fortes, d'armées régulières; et, de l'autre, l'empereur de Rome, maître du monde entier, les enveloppant de toutes parts avec des armées innombrables et victorieuses, auxquelles nulle puissance ne pouvait résister. Enfin il les conjura de déposer des armes inutiles, et d'obtenir par des prières une justice que son père n'avait jamais sollicitée en vain, et une protection réelle au lieu d'une indépendance chimérique.

Le peuple irrité méprisa ses paroles. Les cris de religion et de liberté étouffèrent la voix du roi ; on le poursuivit à coups de pierres, et on brûla son palais et celui de sa soeur. Il était resté une faible garnison romaine dans la forteresse. Le grand-prêtre et les personnes les plus distinguées de la ville voulurent encore apaiser le peuple; mais les séditieux, commandés Éléazar, massacrèrent la garnison romaine, et contraignirent les sacrificateurs à refuser la victime offerte au nom de l'empereur. Les principaux de Jérusalem demandèrent en vain des secours contre les factieux; Florus les refusa. Le roi Agrippa envoya des troupes, mais elles furent battues.

par

Manaem, fils de Judas le fondateur de la nouvelle secte, souleva toute le peuple, en lui faisant

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