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puissances étrangères amies ou alliées du Danemark, soit en blâmant ou en injuriant les membres des familles régnantes, soit en attribuant gratuitement aux gouvernements des actes injustes ou honteux, serait puni d'une amende de 50 à 500 écus de banque (125 à 1,250 fr.), ou d'un emprisonnement de trois mois à un an. Les poursuites desdits délits ne pourraient être exercées qu'à la demande expresse des parties lésées ou de leurs représentants légaux. 20 Tous les écrits imprimés en pays étrangers pourraient être importés librement en Danemark. Si le ministre de la justice trouvait qu'un de ces récits renfermât des passages criminels, il pourrait en faire saisir les exemplaires qui existeraient chez les personnes chargées de les vendre ou de les distribuer. La validité de cette saisie serait immédiatement poursuivie devant les tribunaux, d'après les règles indiquées par le Code de procédure criminelle, et dans le cas où les tribunaux déclareraient la saisie valable, ils fixeraient en même temps le délai dans lequel les exemplaires saisis seraient réexpédiés à l'étranger. Les jugements à intervenir à ce sujet seraient publiés trois fois dans les journaux d'annonces judiciaires, et toute personne qui après ces publications vendrait ou distribuerait des exemplaires de l'écrit incriminé serait passible d'une amende de 50 à 500 écus de banque (125 à 1,250 fr.), ou d'un emprisonnement de quinze jours à six mois. 3° Si un ou plusieurs journaux ou autres écrits périodiques étrangers, publiés par un même auteur ou un même éditeur, étaient incriminés, trois fois dans l'espace de deux années consécutives, les tribunaux pourraient, s'il y avait lieu, interdire l'importation en Danemark de tous les autres ouvrages périodiques ou non du même auteur ou du même éditeur, tant ceux qui seraient déjà publiés que ceux qui le seraient à l'avenir, à la seule exception de ceux dont le ministre de la justice jugerait à propos d'autoriser spécialement l'entrée dans le royaume. 40 Toutes les dispositions de la loi seraient pareillement applicables aux productions des arts du dessin multipliées par la gravure en taille-douce, par la lithographie, par le moulage ou par tout autre procédé mécanique.

Malgré la lutte inégale qu'il avait eu à soutenir, le Danemark pouvait se féliciter de l'état de ses finances.

Voici le détail du budget pour l'exercice commençant le 1er avril 1851 et finissant au 31 mars 1852.

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La diète, ouverte le 23 novembre 1850, se trouvait appelée à résoudre la question de la réforme constitutionnelle : mais cette question née des agitations révolutionnaires de 1848, échoua, par suite de l'opposition d'une des quatré classes de l'Etat.

Le 25 janvier, en séance plénière, les quatre ordres examinèrent les propositions concernant les modifications à introduire

dans la loi fondamentale. L'assemblée adopta une seule modification peu importante au fond, mais qui amena une discussion très-vive, à cause du principe qui s'y trouvait engagé. Il s'agissait de l'élection des secrétaires de l'ordre des paysans. D'après le paragraphe 2 de la constitution, le maréchal de la diète, les présidents de l'ordre des bourgeois et des paysans, ainsi que le secrétaire de ce dernier ordre sont nommés par le roi. L'archevêque est le président de l'ordre du clergé. La modification proposée et adoptée était ainsi conçue : « Le maréchal de la diète et les présidents de l'ordre des bourgeois et des paysans sont nommés par le roi. L'archevêque est le président permanent du clergé. »

Le projet du gouvernement, mollement défendu par le gouvernement lui-même, tomba devant un vote de l'ordre des paysans et la diète en présenta un autre qui fut rejeté dans un premier examen par la bourgeoisie et les paysans: approuvé ensuite à titre provisoire, il ne pourra être discuté qu'au bout de deux ans. La session de la diète eut d'ailleurs peu d'importance. Les allocations proposées par le gouvernement avaient presque toutes été votées, et quelques-unes, celles de la marine et des cours de justice, par exemple, avaient même été élevées au-dessus des demandes.

Le Storthing de Norvége fut ouvert le 11 février (Voyez à l'Appendice, p. 192). Le storthing se composait cette fois de membres nouveaux, dont les opinions politiques n'étaient pas encore connues. Le socialisme avait trouvé parmi eux plus de sympathies qu'on ne l'aurait cru probable pour les doctrines de l'agitateur Thrane. C'est sous l'influence de ce démagogue que l'association des ouvriers de Christiania résolut de faire, le 23 février, une procession avec chants et drapeaux, pour porter au roi un vivat et la demande d'an changement de ministère. Les chefs furent mandés la veille par le directeur de la police et avertis qu'ils seraient arrêtés, s'ils tentaient cette démonstration illégale et pouvant enfanter du désordre. L'agitateur en chef, Thrane, avait d'abord résisté au mandat, mais il se présenta plus tard. Les injonctions du magistrat, appuyées de préparatifs militaires, eurent leur plein effet. Les groupes qui s'étaient formés se dispersèrent quand ils virent leur curiosité désappointée.

En même temps, des désordres assez graves avaient lieu dans les premiers jours de février, sur deux points différents de la Norvége. A Stoerdalen, une foule assez nombreuse vint couper du bois dans une forêt appartenant à un particulier, sans tenir compte des admonitions de l'autorité locale, ni de la résistance du propriétaire. A Levanger, petite ville au nord de Drontheim, un agitateur socialiste ayant été arrêté, deux cents individus s'assemblèrent pour le délivrer. N'y pouvant réussir, ils assaillirent les autorités à coups de pierres, et la force militaire dût être requise.

Il y avait sans doute dans ces agitations l'indice de certains besoins sociaux respectables. Mais il ne faut pas oublier que la constitution norvégienne est des plus libérales. Au reste, dans ses communications au storthing, Sa Majesté déclara qu'elle prendrait en sérieuse considération la demande des classes ouvrières, d'être admises à l'exercice des droits politiques et d'obtenir une amélioration de leurs rapports économiques, mais non pas en tant que cette situation nouvelle tendrait à modifier la législation privée.

Une proposition de la commission de constitution, ayant pour objet l'abrogation du paragraphe 2 de la loi fondamentale, fut votée, le 13 juin, par le storthing. Ce paragraphe était ainsi conçu: «Les israélites sont exclus de l'entrée du royaume. »

Le 30 septembre, le gouverneur prononça la clôture du storthing, au nom du roi. Il fit, dans ces termes, allusion aux désordres qui s'étaient produits :

« Quelques individus malintentionnés ou égarés par des doctrines excentriques de liberté, enfantées par l'esprit exalté de l'époque, ont occasionné dans quelques endroits du pays des désordres qui ont rendu nécessaire l'intervention de la force publique. Je déplore cette nécessité; mais j'espère que l'expérience acquise, jointe au bon sens des Norvégiens, suffira pour prévenir le retour de scènes si fâcheuses et si nuisibles à la sûreté et à la tranquillité générale. »

Les travaux du vaste réseau des chemins de fer du lac de Mjoesen, commencés sur six points divers, étaient, à la fin de l'année, poussés avec une activité entière, malgré les rigueurs de

la saison. Le chemin de fer de Christiania au lac de Mjoesen avait été voté par le storthing, le 21 mars, à la majorité de 89 voix contre 2.

Il est pénible d'avoir à dire que l'intolérance, encore écrite dans les codes de la Suède, est pratiquée par ses gouvernants avec une dureté qu'on ne trouverait peut-être dans aucun pays de l'Europe, pas même en Turquie. Le lutheranisme y est, on le sait, la religion de l'Etat. Mais cette religion n'en peut souffrir d'autres à côté d'elle. C'est ainsi que, cette année, plusieurs femmes, la plupart mariées et mères de familles, furent menacées d'exil, pour avoir embrassé la religion catholique. Dénoncées par un des rédacteurs de la feuille radicale, Folkets Ræst, ces pauvres victimes du fanatisme luthérien furent traduites devant la police correctionnelle, puis traînées devant les pasteurs de leurs paroisses, et enfin accusées devant la cour royale, comme apostats incorrigibles, afin d'être punies selon la rigueur de la loi, par l'exil, pour avoir apostasié la doctrine évangélique pure et en avoir embrassé une erronée. »>'

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