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que

J'ay dit en parlant de l'iris, que fes fibres motrices intérieures prenoient leur naiffance de la circonférence de la partie antérieure & interne du cercle ciliaire, & fes fibres motrices extérieures avoient leur attache commune à la circonférence de la partie antérieure & externe de ce cercle: & en parlant des fibres de l'uvée, qu'il y en avoit qui fe gliffoient en lignes droites & paralleles par le travers de la fuperficie intérieure du même cercle ciliaire, & qu'étans parvenües vers la partie antérieure elles fe réfléchiffoient & s'inferoient auffitôt à la membrane du corps vitré. Je ne décriray pas plus au long ces particules, puifqu'elles le font déja au Chapitre huitiême ou on aura recours; je diray seulement que ce font ces dernieres fibres qu'on doit appeller Fibres ou Procez ciliaires à cause de leur difpofition, & non point ces lignes noires couchées fur le corps vitré, comme je l'ay déja dit.

Ĉe font ces fibres ou procez ciliaires qui s'attachans autour de la membrane du corps vitré à l'endroit où elle se divise pour recouvrir le cristallin, semblent retenir ce même cristallin dans la fituation qu'il garde.

C'est autour de la partie intérieure de ce cercle que fe termine la rétine, comme je l'ay dit ci-devant en parlant de cette membrane.

Ce cercle reçoit un grand nombre de nerfs, d'arteres & de yeines, dont j'ay fiffifamment parlé au Chapitre 8.

Si on confidere la structure particuliére de ce cercle, & l'union qu'il a avec toutes les parties ci-devant dites, on jugera d'abord que fon ufage eft d'attacher l'uvée

à la cornée, de donner naiffance ou de fervir d'apuy aux fibres motrices de l'iris, de fervir à l'infertion de la rétine, & enfin de tenir comme fufpendu le cristallin vis-à-vis de la pupille: mais fi on confidere sa substance qui est blanchâtre & glanduleuse, & nullement de la nature des ligamens, le nombre des nerfs, des arteres & des veines qui fe jettent en cette partie, & que l'on fasse attention fur la difpofition des fibres ou procez ciliaires, on conclûra fans doute qu'il doit avoir quelque autre ufage, comme je le vais dire en expliquant la maniére dont je penfe que les deux corps transparens se nourriffent, & que l'humeur aqueuse est

entretenüe.

Conjectures touchant la nourriture des deux Corps transparens de l'entretien de l'humeur Aquenfe.

L

CHAPITRE XIV.

A transparence du corps vitré & du cristallin, qui eft fi grande & fi pure qu'elle imite en cela celle du verre & du cristal, feroit fans doute alterée, si lesang se portoit dans ces deux corps dans le même état qu'il fe rencontre dans les arteres ; & les hommes & les animaux qui joüiffent de la vüe, verroient tous les objets temts de cette couleur rouge qui fe rencontre dans la masse de leur fang. Il est donc nécessaire que le fang fe dépure avant que d'arriver en ces parties, c'est-à-dire qu'il fe dépoüille des parties inutiles à la nourriture de ces deux corps ; & que ce qui fe fait

pour l'ordinaire dans les autres parties qui reçoivent leur nourriture immediatement des arteres, fe fasse celles-ci dans des parties étrangères.

pour

Il n'eft pas néceffaire que je prouve ici, qu'il y a dans la masse du fang autant de particules différentes qu'il en faut pour nourrir & entretenir toutes les parties différentes de nôtre corps : que dans prefque toutes les parties il s'y rencontre une certaine difpofition de pores propres à laiffer écouler les feules particules capables de nourrir chaque partie : que ces particules font ordinairement dans une quantité plus grande qu'il n'en eft befoin pour la nourriture ou l'entretien des parties qui les reçoivent: que ces particules font difpofées à s'unir aux parties pour lefquelles elles font deltinées, par le ferment naturel qui fe rencontre dans chaque partie, qui n'en admet qu'autant qui lui en eft néceffaire pour fa nourriture, pendant que le furplus fe .décharge dans les veines qui font ouvertes pour les recevoir : & que ce ferment n'eft autre chofe que le réfidu de ces particules prêt à être uni à ces mêmes parties, qui fe perpétüe continuellement. On demeure affez d'accord de toutes ces chofes dans le tems que j'écris, & d'ailleurs cela me conduiroit trop loin & me feroit fortir des bornes qu'un Anatomiste doit se propofer: je me contenteray donc de les fupofer pour faire connoître l'opinion dans laquelle je fuis, & d'en faire l'aplication au sujet que je traite.

Je diray donc que de tout ce grand nombre de vaiffeaux qui traverfent la cornée, tres peu passent au delà de l'uvée, qu'on n'en remarque que quelques petits ra

meaux qui rampent sur la rétine, & qu'on n'en voit point qui fe portent au cristallin ni au corps vitré. Il eft cependant probable qu'il s'en porte à la membrane qui recouvre ces deux corps, puifqu'on fçait par expérience que les membranes fe nourriffent du fang qui se chez elles immédiatement par les arteres, porte & que on ne les voit pas, c'eft quelles font fi petites quelles fuyent les fens. La preuve de ceci fe reconnoît dans le blanc de l'œil ou on ne remarque que quelques vaiffeaux, & dans la cornée tranfparente ou on n'en remarque aucuns, quand ces membranes font dans leur état naturel : cependant dans les inflammations de ces parties, on les voit manifeftement rougir, & on y remarque en même tems un nombre infini de petits vaiffeaux. Et quoique j'estime que la membrane qui recouvre les deux corps tranfparens, reçoive des vaiffeaux pour la nourrir, on ne doit pas inférer que ces vaiffeaux foient capables d'entretenir l'humeur qui fe rencontre dans le corps vitré & de nourrir le cristallin, ils feroient trop petits pour entretenir de fi grandes parties à proportion de cette membrane, puifque quand elle feroit toute ramaffée ensemble elle ne feroit pas la milliême partie de ces deux corps.

Ainfi puifque le plus grand nombre des vaiffeaux qui traverfent la cornée fe termine dans l'uvée ou au cercle ciliaire, il eft probable que

gran

ce n'eft pas feulement pour nourrir ces parties; elles n'ont pas befoin d'une fi de quantité de fang; l'uvée est trop mince, & le cercle ciliaire à trop peu d'étendüe pour en tant consommer. Il faut donc que ce fang reçoive dans ces parties quel

que préparation, pour delà être tranfmis dans les corps tranfparens. Voici comme je conçois la chose.

Je confidere l'uvée comme un grand filtre, dont les petites fibres qui s'étendent depuis le fond de cette membrane jufques au cercle ciliaire, & qui font différentes de fes fibres membraneufes, font autant de canaux particuliers : de forte que le fang artériel fe portant en cette membrane s'y dépouille de certaines particules inutiles pour la nourriture des corps tranfparens, qui rentrent fuivant la loy de la circulation dans les veines, pendant que les autres particules pures, transparentes &propres pour la nourriture de ces corps fe filtrent au travers des pores difpofez à les laiffer écouler, entrent dans ces canaux particuliers, & fe portent jusques au

cercle ciliaire.

Je confidere le cercle ciliaire comme un autre filtre, qui étant dela nature des glandes, & recevant un grand nombre de nerfs & d'arteres, filtre abondamment une autre ou une femblable liqueur auffi lymphatique, qui entrant dans les canaux dont je viens de parler, qui felon toute aparence font ouverts du côté de ce cercle puifqu'ils y font intimement unis, fe mesle avec cette autre humeur nourricière qui vient de l'uvée ; & ces deux humeurs unies & n'en compofans plus qu'une continüent leur route par les fibres ciliaires, qui font les fuites de ces canaux de l'uvée, & fe diftribüent aux deux corps transparens.

La maniére dont ces deux corps reçoivent leur nourriture est différente. Le corps vitré la reçoit immédiatement des fibres ciliaires, qui s'ouvrent fi-tôt quelles

ont

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