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puissance politique au-dessus de leur autorité religieuse. Après avoir supporté le joug avec résignation, la papauté se redressa contre Napoléon, comme elle s'était dressée contre les successeurs de Charlemagne; mais elle finit par tomber sous le joug des rois, dans la ligue desquels elle avait eu l'imprudence d'entrer. Quand reviendra-t-elle sincèrement aux peuples dont l'amour et le respect l'avaient jadis rendue si bienfaisante et si forte? (Voyez CARLOVINGIENS et EMPIRE D'OCCIDENT, et au 1er vol. des ANNALES, les pag. 33 et suivantes).

CHARLEMAGNE (monnaies de). Charlemagne et Carloman continuèrent d'abord les usages que Pepin avait établis dans la fabrication de la monnaie. Il avait abandonné la monnaie d'or; ils ne la reprirent pas, et ne firent frapper que des deniers d'argent, marqués d'un côté du nom du prince, et de l'autre de celui de la ville. Mais ces deniers sont d'un type et d'un travail tout différent, suivant l'époque de leur émission. Au commencement de son règne, Charlemagne faisait tailler comme son père vingtdeux sous dans la livre d'argent, de sorte que les deniers pesaient vingtquatre grains. Mais dans la suite, il entreprit de réformer les mesures et les monnaies usitées dans ses États. Chaque denier fut porté à trente grains ou environ, et l'on ne tailla plus que vingt sous à la livre. On ne connaît au nom de Carloman qu'une seule monnaie qui fut frappée à Clermont en Auvergne, ainsi que le prouvent ces lettres du revers, AR, et celles-ci du droit, C R M. Les deniers de Charlemagne sont au contraire fort nombreux, et nous ne pourrions en décrire ici toutes les variétés. Nous nous contenterons d'en citer quelques-uns parmi les plus remarquables.

Les pièces de la première moitié du règne de ce prince sont en général d'un style fort grossier; elles présentent au droit le nom du roi, en deux lignes: et au revers celui de la

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ville, écartelé entre les branches d'une

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me à Paris, on voit reparaître l'ancien type mérovingien. Mais, dans la suite, et surtout après ses conquêtes en Italie, Charlemagne améliora considérablement le titre de ses monnaies. Ce type représenta alors, d'un côté, le monogramme de Charles; dans le champ et autour, le nom du roi tout entier : CARLVS REX FR.; de l'autre côté une croix, avec le nom de la ville: MEDIOLANVM, Milan; ΡΑΡΙΑ, Pavie. Quelquefois, comme à Melle, c'est le nom de la ville, METVLLO, qui entoure le monogramme. Les monnaies de Mayence offrent l'exemple d'un emprunt remarquable fait au type mérovingien; on y voit en effet la croix ansée, qui forme, comme on sait, l'un des principaux éléments de ce type. Les deniers frappés à Arles présentent, d'un côté, l'effigie du prince, avec la légende: DN KARLVS IMPREXFETL; de l'autre, une porte de ville, emblème de la cité, avec la légende ARELATO.

Nous avons dit que Charlemagne n'avait fait frapper aucune monnaie d'or; cela est vrai pour la France. Cependant on connaît trois pièces de ce métal frappées sous son règne à Uzès; mais il n'est pas prouvé que ce soient de véritables. monnaies. Quoi qu'il en soit, leur type est celui des premiers deniers frappés sous le règne de Charlemagne. Elles présentent d'un côté le nom d'Uzès en deux lignes : et au revers le

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monogramme du roi.

Charlemagne rendit sur les monnaies plusieurs ordonnances. Suivant le capitulaire de Mayence, de l'année 774, ceux qui s'opposaient au cours de la monnaie impériale devaient être condamnés à quinze sous d'aniende, s'ils étaient libres, et fouettés en présence du peuple, s'ils étaient esclaves, à moins que leur crime n'eût été commandé par leur maître, auquel cas le maître seul était responsable. L'empereur publia en 805, à Thionville, une autre ordonnance, dans le but de réprimer les faux monnayeurs qui infestaient ses États; et pour régler autant que possible l'usage de la monnaie, il décida que dorénavant elle serait fabriquée dans son palais même. On connaît en effet des deniers de Char

lemagne qui portent pour légende:

PALATINA MONETA.

CHARLEMONT, l'une des forteresses les plus importantes du royaume, autrefois chef-lieu du Namurrois français, aujourd'hui comprise dans le département des Ardennes, doit son nom à Charles-Quint, son fondateur, et a sa situation sur une hauteur escarpée. L'empereur ayant acheté, vers 1540, le comté d'Agimont, dépendance de la principauté de Liége, fit bâtir le château de Charlemont, et bientôt après une petite ville, qu'il unit au Namurrois en 1555. Cette place fut cédée par le traité de Nimègue à Louis XIV, qui en prit possession le 22 avril 1679. Ce fut alors que le roi fit fortifier Givet, qui se composait à cette époque de deux villages séparés par la Meuse, et situés au pied de la forteresse. De plus, il chargea Vauban d'ajouter de nouvelles fortifications à celles qu'avait élevées CharlesQuint, et l'illustre maréchal conduisit lui-même les travaux. Alors Charlemont et les deux Givet ne formèrent plus, pour ainsi dire, qu'une seule ville, ayant un seul gouverneur et un seul lieutenant du roi.

En 1815, les Prussiens entrèrent à Givet après avoir éprouvé une courte résistance; mais ils ne purent s'emparer de la forteresse inexpugnable qui domine cette ville. Charlemont, défendu par le comte Bourke, refusa de

leur ouvrir ses portes, et conserva sa garnison française tant que dura l'occupation du territoire national par les alliés des Bourbons.

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CHARLEROI (siéges de). Cette ville avait été bâtie en 1666 par les Espagnols. Mais avant qu'ils eussent eu le temps de la fortifier complétement, Turenne la leur enleva, le 2 juin 1667, au début de la guerre entreprise pour défendre les droits de la reine, et Charleroi resta sous la domination française, en vertu du traité d'Aix-la-Chapelle, conclu en 1668.

Le 13 décembre 1672, le prince d'Orange, profitant de l'éloignement des généraux français, et renforcé de dix mille Espagnols, vint investir cette place. La belle défense de Montal et l'âpreté du froid l'obligèrent à se re

tirer avant d'avoir ouvert la tranchée. Cinq ans après, il vint une seconde fois mettre le siége devant Charleroi, mais sans plus de succès.

-Rendu aux Espagnols par le traité de Nimègue, en 1678, Charleroi fut bombardé par le roi en 1692, et pris le 11 octobre de l'année suivante, à la suite de la victoire de Nerwinden; il revint aux Espagnols en 1697, par le traité de Ryswick. Puis, au mépris de ce traité, l'électeur de Bavière y introduisit de nouveau une garnison française en 1701. Le malheureux traité d'Utrecht rendit cette ville à la Hollande. Le 2 août 1746, elle se rendit au prince de Conți après quatre jours d'attaque. Mais au commencement de l'année 1749, à la paix d'Aix-la-Chapelle, elle retourna au pouvoir de l'impératrice.

- Le 12 novembre 1792, Charleroi fut occupé par les troupes françaises, commandées par le général Valence dont l'approche suffit pour faire fuir la garnison autrichienne. Mais la trahison et la retraite de Dumouriez le firent retomber l'année suivante au pouvoir de l'Autriche.

-La campagne de 1794, que la république ainsi que la coalition regardait comme décisive, était engagée. Les ordres absolus du comité de salut public enjoignaient à Pichegru, renforcé par l'armée des Ardennes, d'attaquer

les ennemis vers Charleroi, où se trouvait le centre de leurs positions, et où ils avaient réuni la majorité de leurs forces. En conséquence, le géné ral Charbonnier franchit la Sambre le 20 mai, et nenaça Charleroi. Mais trois jours après i fut battu, et repoussé en désordre sur la rive droite. L'armée des Ardennes, pressée par l'inflexible volonté des représentants de la Convention nationale, fit, le 26, de nouveaux mais vains efforts pour repasser la Sambre. Enfin le 29, après trois jours de combats acharnés, le passage fut forcé, et Charleroi investi. Mais un renfort de vingt mille hommes étant survenu aux Autrichiens dans cet intervalle, les généraux ennemis tombèrent sur nos lignes de blocus, et nous forcèrent à repasser la Sambre une troisième fois.

A ce même moment, le général Jourdan, à la tête de quarante mille hommes détachés de l'armée de Rhinet-Moselle, traversait les Ardennes, et opérait sa jonction avec les corps qui venaient d'être battus sous Charleroi. Un grand conseil de guerre se réunit, et il fut résolu qu'à la tête de ces forces imposantes, désignées plus tard sous le nom d'armée de Sambreet-Meuse, on reprendrait avec une nouvelle vigueur le siége de Charleroi. Jourdan s'établit autour de la ville, en couvrant toutes les routes qui y conduisent. Bien que secondé par d'habiles généraux, par Lefebvre, Championnet, Hatri, Kléber, Marceau, etc., il essuya encore un échec. « Le prince d'Orange, Kaunitz et Beaulieu tombèrent sur les positions où les républicains n'étaient pas en core affermis. Un combat opiniâtre s'engagea au milieu d'un brouillard épais, qui déroba aux généraux français la force et les mouvements de leurs adversaires. Néanmoins, sur le Piéton et vers Gosselies, les Impériaux furent culbutés ou contenus. Jourdan se croyait vainqueur, lorsqu'il apprit que son aile droite avait repassé la Sambre. Ignorant ce qui se passait sur les autres points, et voyant deux redoutables colonnes menacer Lambu

sart, elle avait craint de perdre ses communications avec la rive droite, et elle s'y était portée en bon ordre; le reste de l'armée fut obligé de suivre son mouvement (*). » Les Autrichiens détruisirent tous nos travaux, et se retirèrent aussi dans la nuit sur Nivelles. Dès le lendemain, le général Jourdan tenta de nouveau le passage de la Sambre, l'opéra malgré de grandes difficultés, et recommença le siége. Cobourg accourut alors pour soutenir ses lieutenants avec trente mille hommes. Mais on poussait avec rapidité les opérations du siége; Le 25 juin, le gouverneur demanda à capituler: Je suis arrivé en hâte, répondit Saint-Just, j'ai oublié ma plume; je n'ai pris qu'une épée (**). Le même jour, le commandant, craignant un assaut, se rendit à discrétion, tandis que les généraux autri chiens, ignorant cette reddition, s'ébranlaient pour dégager la place. Le lendemain, au point du jour, les armées, qui se trouvaient en présence, se disposèrent à combattre, et alors s'engagea la célèbre bataille de Fleurus, brillante journée qui valut à la république la conquête de la Belgique.

Au mois de juin 1815, Napoléon opéra sous les murs de Charleroi la réunion des armées de la Moselle et du Nord. Le 15, le général Quielhen, qui avait dans cette ville son quartier général, l'avait évacuée précipitamment, et le général Pajol y était entré, suivi immédiatement par l'empereur. Ce fut dans les plaines de Charleroi, de Fleurus, de Ligny, que les armées françaises remportèrent leurs derniers succés avant la fatale journée de Waterloo.

CHARLES, nom fort commun en France depuis l'établissement de l'empire carlovingien, et dont la véritable

(*) Tableau des guerres de la révolution, P. 77.

(**) Frappé d'étonnement, en entendant ces belles paroles, l'officier autrichien à qui elles étaient adressées se tourna vers ceux qui le suivaient en s'écriant : « Ce monsieur de Saint-Just il est un bien grand homme,

orthographe, d'après le son de l'ancienne langue tudesque, est Karl, qui, suivant J. Grimm, signifie robuste. CHARLES MARTEL naquit, en 689. Son père, Pepin d'Héristal, était maire du palais dans les royaumes de Neustrie et d'Austrasie. Sa mère, Alpaïde, n'était qu'une simple concubine; car la femme de Pepin se nommait Plectrude. On raconte qu'un jour l'évêque Lambert, se trouvant assis à la table de Pepin, aux côtés d'Alpaïde, l'outragea cruellement par ses paroles, pour faire sentir au duc des Francs que l'Église était scandalisée de sa conduite. Quelques jours après, un frère d'Alpaïde qui avait été témoin de l'outrage fait à sa sœur, surprit l'évêque en prière, et le tua au pied de l'autel. Un fils de Pepin, Grimoald, étant allé prier devant le tombeau du martyr, fut frappé par un inconnu; et Pepin, soupçonnant le fils qu'il avait eu d'Alpaïde, le fit enfermer dans un cachot, et légua ses États à son petit-fils, âgé de six ans, qu'il plaça sous la tutelle de son aïeule Plectrude.

Cependant les Neustriens, après la mort de Pepin d'Héristal, s'étaient révoltés contre cet enfant, au nom duquel les chefs des Austrasiens prétendaient les gouverner. Ceux-ci voyant le pouvoir échapper de leurs mains, résolurent de mettre à leur tête un homme capable de les conduire à la victoire. Ils tirèrent de sa prison le bâtard de Pepin, qui défit les Neustriens dans deux batailles successives, et gouverna ensuite les deux royaumes de Neustrie et d'Austrasie au nom du mérovingien Chilpéric II, qu'il avait décoré du titre de roi.

La Gaule franque était alors menacée sur le Rhin par les Germains, aux Pyrénées par les Arabes. Charles Martel réussit à repousser les Germains, et porta la dévastation jusqu'au fond de la Saxe. Puis, ayant pris à sa solde un grand nombre de ces barbares qu'il avait vaincus, mais dont il appréciait la valeur et le caractère indomptable, il revint en Gaule et les opposa aux Arabes. Maîtres du nord

de l'Afrique et de l'Espagne, les Arabes avaient franchi les Pyrénées, et ils avaient planté l'étendard du prophète jusque sur les murs d'Autun. Ce fut dans les champs de Poitiers qu'eut lieu (732) la rencontre solennelle des guerriers francs et des guerriers arabes. Ceux-ci, montés sur des chevaux légers, mais peu accoutumés aux chances d'un combat en règle, vinrent échouer contre les lourds bataillons des Francs, qui leur paraissaient comme un rempart de fer. Trois cent soixante-quinze mille Arabes restèrent sur le champ de bataille, au dire des chroniqueurs, dont l'imagination paraît avoir été vivement frappée de cette rencontre décisive de deux armées animées par une égale valeur et par un même enthousiasme religieux. Toutefois, cette grande victoire fut si peu décisive, qu'au dire de ces mêmes chroniqueurs, Charles Martel ne poursuivit pas les ennemis, de crainte d'embûche. (Voy. POITIERS [bat. de.]) L'année suivante, il les attaqua encore dans le Midi, sans réussir cependant à les repousser au delà des Pyrénées.

Ce sont ces victoires qui ont valu au fils de Pepin le glorieux surnom de Martel, parce que, semblable à un marteau de fer, il tombait sur ses ennemis et les écrasait. Mais pour remporter ces victoires, Charles Martel avait été obligé d'appeler en Gaule des guerriers frisons et saxons qui étaient encore païens. Les descendants des guerriers francs n'étaient plus ni assez nombreux, ni assez énergiques pour suffire à la double tâche de repousser les Germains et les Arabes. Charles Martel distribua à ses alliés les biens des églises. De là vient que sa mémoire nous est parvenue chargée de malédictions et d'anathèmes. On raconte qu'un jour saint Eucher, évêque d'Orleans, eut dans une vision une révélation de l'autre vie, et qu'il aperçut Charles Martel plongé dans les dernières profondeurs de l'enfer, et souffrant les supplices réservés aux damnés. Lorsque l'on creusa dans la suite le lieu de sa sépulture, et qu'on ouvrit son cercueil, on le trouva vide, mais

tout noirci comme par des flammes, et il en sortit un serpent. Ce récit prouve que l'Église ne pardonna jamais à Charles Martel de l'avoir dépouillée de ses biens. Et cependant Charles avait rendu des services à la cause de la religion. Il avait repoussé les apôtres armés de Mahomet, il avait protégé les missionnaires irlandais du pape prêchant l'Évangile aux Germains, il était intervenu entre le pape et les Lombards, ses persécuteurs, et avait enfin déposé de riches offrandes au tombeau des apôtres.

Après une vie si agitée et si glorieuse, Charles Martel mourut dans son lit en 741, à l'âge de cinquantetrois ans, laissant trois fils: Carloman, Pepin et Griffon. Il avait eu ce dernier d'une captive allemande, et il ne lui laissa qu'une faible partie de son héritage.

CHARLES Ier. Voyez CHARLEMA

GNE.

CHARLES II, LE CHAUVE. Charles II, roi de France, et ensuite empereur, naquit à Francfort-sur-le-Mein le 13 juin 823. Il était fils de Louis le Débonnaire et de Judith, seconde femme de ce prince. Son père lui donna presqu'à sa naissance le titre de roi d'Alemannie, et celui de roi d'Aquitaine, après la mort de Pepin, son fils aîné. C'est pourquoi le jeune prince devint un objet de jalousie pour ses frères Lothaire et Louis, et par ticipa successivement à la bonne et à la mauvaise fortune de son père. Après la mort de Louis le Débonnaire, Charles fit alliance avec Louis le Germanique contre Lothaire, qui aspirait à la possession entière de tous les États de son père. Les deux frères remportèrent contre leur aîné la victoire de Fontenay (841) (voyez FONTENAY [bataille de]), et renouvelèrent ensuite leur alliance à Strasbourg. Charles prêta serment en langue allemande, pour être compris de l'armée de Louis, et Louis prêta le sien en langue romane, pour être compris de l'armée de Charles. Ces deux serments sont les plus anciens monuments que nous ayons de la langue allemande et de la

langue française. Lothaire fut obligé de céder, et le traité de Verdun, conclu en 843, régla le partage définitif de l'empire. Charles reçut toute la partie de l'empire de Charlemagne comprise entre l'Océan d'une part, l'Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône, la Méditerranée et les Pyrénées, de l'autre. Par conséquent, il peut être regardé comme le premier roi de France. Son règne fut troublé par les invasions des pirates danois ou normands. Les ecclésiastiques, qui étaient en même temps les commandants des armées, étaient incapables de défendre le royaume. Ils s'enfuyaient timidement, emportant les reliques des saints, ou bien ils prodiguaient aux Normands des sommes énormes, qui ne faisaient qu'en attirer de nouveaux essaims. C'est alors qu'eut lieu le mouvement féodal, si approprié au génie des guerriers francs, et qui seul pouvait sauver le royaume. Les hommes vaillants se défendirent par eux-mêmes contre les barbares. Ils élevèrent des châteaux et des tours fortifiées sur les sommets des montagnes, sur les rochers, dans les plaines, au passage des grands fleuves, dans l'intérieur des forêts, partout où ils pouvaient espérer de résister aux envahisseurs. Charles le Chauve essaya en vain d'arrêter ce mouvement immense, qui préparait la ruine définitive de la monarchie. Il défendit à plusieurs reprises d'élever des châteaux; mais ces défenses étaient coupables en présence de l'ennemi. Le roi ne fut pas obéi, et il finit par céder. L'édit de Kiersy-sur-Oise (877) fut comme la charte que la royauté vaincue octroya à la féodalité victorieuse.

Au milieu de ces revers, Charles eut l'idée bizarre de vouloir être empereur. Après la mort de Louis II, il alla en Italie dérober la couronne impériale, en prévenant de vitesse les soldats de Louis le Germanique. Mais au moment même où il ceignait le diadème des Césars, Louis le Germanique s'emparait de son propre palais. Charles mourut sans gloire à son retour d'Italie, pendant qu'il traversait le mont Cenis (877). On croit qu'il fut

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