tié. Mais ce qui les fait ordinairement préférer aux lettres de chancellerie, c'est qu'elles sont plus favorables au secret. La différence entre les lettres de chancellerie et les lettres de cabinet se manifeste dans toutes les parties de l'écrit, comme nous allons le voir. ARTICLE PREMIER. Des Lettres de chancellerie. I. De l'inscription. Dans ces lettres, l'inscription réunit tous les titres de celui qui écrit et de celui auquel on écrit, les premiers au nominatif, les seconds au datif et au vocatif. En français on supprime ordinairement le salut; cependant on en trouve quelques exemples. Les souverains qui écrivent à des puissances fort inférieures, commencent par tous leurs propres titres, mais sans y mettre les titres de celui auquel ils écrivent. Les princes d'un rang assez élevé pour écrire aux rois des lettres de chancellerie, placent leurs propres titres sous le corps de la lettre. II. Du corps des lettres. Le caractère le plus distinctif est qu'on parle de soi par la première personne du pluriel. Les égaux se donnent leurs titres mutuels; les inférieurs les donnent de nécessité aux supérieurs; les supérieurs les donnent ou les refusent à leur gré aux inférieurs. La plupart des rois les refusent aux républiques. III. De la conclusion. Les formules de la conclusion sont presque toujours les mêmes. On y répète les titres au vocatif. On continue dans la même ligne d'écrire la date, du moins on la met toujours au-dessus de la signature. IV. De la souscription ou signature. On place la souscription sous la date et sans aucune connexion avec le corps de la lettre. Entre souverains égaux le possessif n'est expri.né que par le pronom Votre. Quelquefois cependant on dit: de Votre Majesté, le, etc. La courtoisie ne contient que les termes qui expriment la relation des personnes, comme ami, frère, cousin, etc. On peut y ajouter les mots très-affectionné, etc. Dans les lettres du roi de France aux cantons suisses, il n'y avait autrefois ni possessif, ni courtoisie, et le roi écrivait simplement son nom au bas de la lettre. Les lettres de chancellerie sont ordinairement contresignées par le sécretaire d'état. V. De la suscription. Il serait inutile de parler ici de la suscription ou adresse, détails dont on est bientôt instruit en travaillant dans une chancellerie, et il suffira d'observer qu'on y nomme tous les titres de celui à qui l'on écrit. EXEMPLES. I. Lettre du Roi de France, Louis XIV, au Roi d'Espagne, Philippe 1v. Très-haut, très-excellent, très-puissant prince, mon très-cher et très-aimé bon frère et oncle. Pour ce qu'ayant plu à Dieu de bénir les bonnes intentions que nous avons eues de donner le repos à la chrétienté, et de rétablir par ce moyen entre nous l'amitié et l'union à laquelle nous portait naturellement la proximité de notre sang, il ne manque à notre dernière satisfaction que de voir affermir la durée de la paix et étreindre les nœuds de notre amitié et de notre parenté, par une nouvelle alliance que nous avons toujours désirée. Nous entendons parler de notre mariage avec la sérénissime infante dona Maria Theresa, fille aînée de V. M., que nous considérons et dési rons encore moins pour la grandeur de sa naissance et de sa conduite, que pour les qualités de sa personne. Nous envoyons donc en qualité d'ambassadeur extraordinaire auprès de V. M. notre très-cher et bien aimé cousin, le duc de Grammont, pair et maréchal de France, souverain de Bidache, ministre de notre état, gouverneur et notre lieutenant-général en Navarre et en Béarn, gouverneur de la ville de Bayonne et pays de Labour, et mestre de camp du régiment de nos gardes françaises, pour prier V. M., en notre nom comme nous faisons aussi par ces lignes, de vouloir bien nous accorder pour notre épouse la sérénissime infante dona Maria Theresa, et nous. remettant du surplus à ce que lui représentera notre dit cousin, du ressentiment que nous en conserverons envers V. M. et envers la sérénissime infante, si elle a la bonté de se conformer aux intentions de V. M., favorable consentement à notre désir, nous ne ferons celle-ci plus expresse que pour prier Dieu qu'il tienne longues années V. M. en sa sainte et digne garde. Votre bon frère et neveu. A Bordeaux, le 21 septembre 1669. LOUIS. II. Lettre adressée par les États-Généraux des Provinces-Unies au Roi Charles 111 d'Espagne. SIRE, Nous venons de recevoir par un même courrier, les deux lettres de V. M., du 10 et du 23 octobre dernier. Nous remercions V. M. de tout notre cœur de l'honneur qu'elle nous a bien voulu faire, de nous donner part du bon succès de sa glorieuse expédition par la prise de Barcelonne, et par la commission de la principauté de Catalogne à l'obéissance due à V. M. Ces bonnes nouvelles nous ont donné une joie extrême, et d'autant plus grande que nous voyons par le témoignage de V. M. que nos officiers et nos troupes lui ont donné une satisfaction entière. Nous espérons que l'exemple de la Catalogne fera connaître aux autres états et sujets de V. M., leur véritable intérêt, et leur fera aussi suivre leur devoir. Nous supplions V. M. de vouloir être fortement persuadée que nous continuerons à soutenir ses intérêts en tout ce qui sera possible, y , y étant portés tant par notre affection sincère envers V. M., que par la part que nous avons dans la présente guerre. Nous finissons la |