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Pour l'ESPAGNE :

Son Excellence M. GUTIERREZ DE AGUERA, Ministre d'Espagne à Bruxelles.

Pour l'ÉTAT INDÉPENDANT DU CONGO :

M. PIRMEZ, Ministre d'État, Président du Conseil supérieur de l'État Indépendant du Congo.
M. VAN EETVELDE, Administrateur général du Département des Affaires étrangères de l'État
Indépendant du Congo.

Pour les ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE :

Son Excellence M. E. H. TERRELL, Ministre des États-Unis d'Amérique à Bruxelles.

Pour la FRANCE :

Son Excellence M. BOURÉE, Ministre de France à Bruxelles.

M. COGORDAN, Ministre plénipotentiaire, Sous-Directeur au Ministère des Affaires étrangères

à Paris.

Pour la GRANDE-BRETAGNE :

Son Excellence Lord VIVIAN, Ministre d'Angleterre à Bruxelles.

Sir John KIRK, G. C. M. G.

Pour l'ITALIE :

Son Excellence M. le Baron DE RENZIS, Ministre d'Italie à Bruxelles.

Pour les PAYS-BAS :

Son Excellence M. le Baron GERICKE de Herwynen, Ministre des Pays-Bas à Bruxelles.

Pour la PERSE :

Son Excellence le général NAZARE AGA, Ministre de Perse à Bruxelles.

Pour le PORTUGAL :

Son Excellence M. DE MACEDO, Ministre de Portugal à Bruxelles.

Pour la RUSSIE :

Son Excellence M. le Prince OUROUSSOFF, Ministre de Russie à Bruxelles.

Son Excellence M. DE MARTENS, membre permanent du Conseil du Ministère des Affaires étrangères de Russie.

Pour la SUÈDE et NORVÈGE :

Son Excellence M. de Burenstam, Ministre de Suède et Norvège à Bruxelles.

Pour la TURQUIE :

Son Excellence CARATHÉODORY EFENDI, Ministre de Turquie à Bruxelles.

M. LE PRINCE DE CHIMAY, Ministre des Affaires étrangères, s'adresse à la Conférence dans

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« Je me félicite d'être, auprès de vous, l'interprète des sentiments avec lesquels la Belgique voit les Représentants des Puissances qui vous ont accrédités ici, réunis sur son sol, au nom de la confraternité des peuples, au nom de la civilisation, dans un but humanitaire des plus élevés.

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que vous allez entreprendre est grande et pure. Elle est généreuse. Elle est

désintéressée, car elle ne comporte même pas la gratitude de ces races opprimées et décimées avec la plus révoltante barbarie, dont vous avez mission d'organiser le salut, et qui, inconscientes du bien que veulent et peuvent leur faire des frères qu'elles ne connaissent pas, recevront la délivrance sans savoir d'où elle leur vient, sans pouvoir payer de reconnaissance les mains qui les auront sauvées et affranchies.

« Mais votre tâche est difficile et ardue, et il ne faudra pas moins que vos grands talents et les sentiments généreux et humains de ceux qui vous envoient pour la mener à bien; pour qu'il sorte de vos délibérations un monument digne de consacrer, à la gloire de l'humanité, et le noble but qui vous rassemble, et vos efforts pour que ce but soit pleinement atteint, et la hauteur de vues qui a dirigé les Nations que je vois représentées dans cette Conférence.

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Messieurs, permettez-moi de remercier dans vos personnes les États qui ont répondu avec tant d'empressement et d'amitié à l'appel du Roi, mon auguste Souverain; qui ont si bien compris tout ce que cet appel avait de cordial et de sympathique. Permettez-moi de souhaiter le succès de vos travaux et de prédire à votre entreprise qu'elle sera inscrite, un jour, parmi les plus glorieuses annales de la famille humaine, comme un des plus grands et des plus beaux actes de la civilisation et de la charité. »

M. Le Baron Gericke de HerWYNEN, Ministre des Pays-Bas et doyen du Corps diplomatique, répond ainsi :

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Comme membre du Corps diplomatique le plus anciennement accrédité auprès de Sa Majesté le Roi des Belges, je me permets de me rendre l'organe de la Haute Assemblée ici réunie, en offrant à Son Excellence le Ministre des Affaires étrangères nos sincères remerciements pour les paroles obligeantes qu'il vient de nous adresser.

« Nous le prions en même temps de vouloir bien faire parvenir au Roi, son auguste Souverain, l'hommage respectueux de nos sentiments de gratitude pour la haute et généreuse initiative prise par Sa Majesté en nous convoquant sous ses yeux au siège de son Gouverne

ment.

« J'ose assurer que tous nous nous efforcerons de répondre à cette noble initiative, en recherchant les moyens les plus efficaces de mettre un terme au trafic odieux qui, depuis trop longtemps, déshonore l'humanité.

« Notre présence ici est la meilleure preuve de l'unanimité du désir de nos Gouvernements de coopérer à la grande œuvre humanitaire que Son Excellence le Prince de Chimay vient d'esquisser.

« C'est assez dire que notre concours personnel le plus dévoué est d'avance acquis à une entreprise si digne de toute notre sollicitude.

« Nous serions heureux de pouvoir en assurer le succès sous la présidence du Ministre qui a inauguré notre première réunion.

«

Nous espérons, Prince, que vous voudrez bien accueillir favorablement le désir que nous avons l'honneur de vous exprimer dans ce but. »

M. LE PRINCE DE CHIMAY répond :

« MESSIEURS,

« Je ne puis vous dire combien je suis flatté, touché et reconnaissant du grand honneur que vous voulez bien me faire, honneur que dans aucune autre circonstance je ne songerais à décliner, tant je sens que mon zèle et mon désir intense de seconder vos travaux à votre

satisfaction suppléeraient à tout ce qui pourrait me manquer d'autre part pour assumer une pareille tâche.

"

Mais si je suis incapable, comme vous le voyez, de céder à un sentiment de fausse modestie devant un devoir à accomplir, je suis incapable aussi de ne pas m'effacer devant une supériorité éprouvée et universellement reconnue, et je me ferais grand scrupule de priver la Conférence de l'inestimable avantage d'ètre dirigée par un guide dont la compétence est hors de pair.

Puisque vous avez bien voulu me donner une marque insigne de votre confiance, laissezmoi l'accepter et en user pour diriger votre choix.

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Vous avez eu la bonté d'offrir la présidence dans ma personne à un Belge.

« Permettez que je vous signale un autre Belge qui, pendant une carrière déjà longue, a fait ses preuves d'une manière éclatante; qui, tenant à rester dans une position officielle relativement modeste, est revêtu cependant des plus grandes marques d'honneur que puisse recevoir un citoyen belge, témoignages de l'estime et de la confiance de la nation tout entière; qui vient de recevoir de deux des grandes nations représentées ici la mission la plus flatteuse et la plus honorable pour son caractère et ses connaissances, et qu'une étude toute spéciale et spécialement approfondie des questions africaines, brillamment expérimentées à la Conférence de Berlin, désigne tout naturellement à votre confiance. Messieurs, vous avez tous reconnu ce Belge que je n'ai pas encore nommé. Permettez-moi d'ajouter que mon amour-propre personnel et mon orgueil national seront fiers et satisfaits, si vous voulez bien appeler à la direction de vos travaux le baron Lambermont. »

GERICKE

M. LE BARON GERicke de Herwynen dit que la Conférence, tout en regrettant la décision prise par M. le Prince de Chimay, ne peut manquer d'accueillir avec empressement la proposition qu'il vient de faire.

M. LE BARON LAMBERMONT répond :

Messieurs, vous ne vous étonnerez pas de me voir livré à une émotion qui est doublement légitime.

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La résolution de M. le Prince de Chimay en est la première cause. La haute situation de M. le Ministre des Affaires étrangères, sa connaissance des choses de la politique et de la diplomatie, le tact et la bienveillance que, vous le savez tous, il personnifie à un degré si parfait, et jusqu'à la manière dont il a apprécié l'œuvre dévolue à la Conférence, tout semblait se réunir pour témoigner combien son concours nous eût été précieux. Je suis bien obligé de m'incliner devant une détermination qu'il n'est pas en mon pouvoir de modifier, mais en remerciant bien sincèrement M. le Prince de Chimay de ce qu'il a dit en termes beaucoup trop flatteurs de mon modeste passé; j'ajouterai que, si ces compliments avaient d'autre fondement qu'une amitié indulgente à l'excès, il me ferait regretter à cet instant de les avoir mérités.

((

Mes préoccupations, Messieurs, ne naissent pas de cette seule source; ce qui me trouble surtout, ce qui m'effraie, c'est le mandat même dont vous m'honorez. Le but que nous allons poursuivre, d'autres l'ont poursuivi avant nous. Des assemblées illustres, il y longtemps déjà, ont fait et promulgué au sujet de la traite des noirs des déclarations qui s'inspiraient des intentions les plus généreuses. Des traités, en grand nombre, ont été conclus pour leur donner des sanctions pratiques. On a vu des nations s'attaquer à l'esclavage luimème et l'abolir chez elles, ou dans leurs possessions, au prix de grands sacrifices et parfois d'héroïques efforts. D'autres, outre ce qu'elles ont fait contre l'esclavage, ont déployé,

pour atteindre et frapper la traite, une énergie que rien n'a pu lasser et dont le monde a

été et est encore témoin.

« Et cependant, quoique dans d'autres conditions, la traite est toujours là, la plaie continue de saigner, elle saigne même plus que jamais.

« C'est qu'en effet le mal est profond, les remèdes difficiles et complexes; mais les difficultés sont-elles donc au-dessus de nos ressources, de nos forces, de notre courage?

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Des hommes, dont le nom est resté cher aux amis de l'humanité, ont dès l'autre siècle plaidé la cause des malheureuses victimes d'un trafic odieux. Depuis, et hier encore, on a entendu des voix qui ont remué tous les cœurs. On peut dire avec vérité qu'au moment où vous allez l'entreprendre, votre œuvre est soutenue, est poussée par un souffle universel et puissant de sympathies et d'encouragements.

« Mais notre bon vouloir et notre zèle auront-ils besoin d'être excités? Aucun de nous n'ignore que la traite sacrifie chaque année de trois à quatre cent mille existences humaines. Les sentiments d'humanité et de commisération éclatent d'eux-mêmes quand on délibère les pieds dans le sang.

« Vous représentez, Messieurs, la civilisation dans ce qu'elle a de plus essentiel : la générosité, les lumières, les forces organisées. Nous sommes en face de la plus grande iniquité qu'ait connue l'histoire des hommes. Une lutte ainsi engagée peut passer encore par des phases successives, la prudence peut y réclamer sa place à côté de l'énergie, le résultat final ne saurait être douteux !

« Devant de telles considérations et de telles perspectives, les questions personnelles n'ont qu'un intérêt secondaire.

« Vous pouvez compter sur mon dévouement absolu, tout insuffisant qu'il puisse être. Quant à l'honneur que vous me faites et dont je vous resterai profondément reconnaissant, permettez-moi de ne pas l'accepter pour moi-même; je ne m'écarterai pas de vos intentions, j'en suis certain, en le reportant tout entier au Souverain qui a fait dans sa vie une part si considérable à la grande et noble cause que nous sommes appelés à servir.

M. le Prince de Chimay s'étant retiré, M. LE BARON LAMBERMONT propose à la Conférence de confier la rédaction des Protocoles à MM. L. Arendt, Directeur général au Ministère des Affaires étrangères, Gosselin, premier Secrétaire de la Légation de Sa Majesté Britannique, et le Comte Pierre van der Straten Ponthoz, Directeur au Ministère des Affaires étrangères, en qualité de Secrétaires, et de leur adjoindre MM. Charles Seeger et le Comte André de Robiano, respectivement Chef de division et Chef de bureau au Ministère des Affaires étrangères.

Ces propositions sont adoptées par la Conférence.

MM. L. Arendt, Gosselin, le Comte Pierre van der Straten Ponthoz, Charles Seeger et le Comte André de Robiano sont introduits et prennent place à la table du secrétariat.

M. LE PRÉSIDENT prie MM. les Plénipotentiaires qui ne sont pas accrédités à la Cour de Bruxelles de bien vouloir déposer au secrétariat les titres qui les appellent à siéger dans la Conférence. Il est fait droit à cette demande.

M. E. TERRELL, d'ordre de son Gouvernement, prend la parole en ces termes :

« Les instructions de mon Gouvernement portent que je représente les États-Unis à la Conférence à titre de délégué ad referendum.

«Se basant sur les précédents généralement suivis par des conférences analogues, mon Gouvernement pense que vraisemblablement les résolutions de la Conférence actuelle sont destinées à être présentées, sous forme de recommandations, de protocoles ou bien de projet de convention internationale, à l'action décisive des Pouvoirs représentés.

« C'est pour ce motif qu'il n'a pas cru nécessaire d'investir son délégué, au cours des délibérations de la Conférence, d'une autorité plénipotentiaire.

«En se faisant représenter dans cette Assemblée, le Gouvernement des États-Unis a tenu à témoigner du grand intérêt et de la profonde sympathie qu'il porte à l'œuvre si éminemment philanthropique dont la Conférence poursuit la réalisation.

"

Un

pays qui a souffert si longtemps des maux de l'esclavage et qui, pour l'abolir à tout jamais sur son sol, n'a pas reculé devant une des guerres les plus sanglantes que le monde ait connues, doit ressentir plus que tout autre un intérêt immense dans les travaux de cette Assemblée.

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Cependant, en notifiant à M. Le Ghait, le Ministre belge à Washington, sa décision d'accepter l'invitation de participer à la Conférence, le Président a dû faire remarquer que cette acceptation était subordonnée à des réserves toutes spéciales touchant certaines questions qui seront probablement soulevées ici, et au sujet desquelles son Gouvernement a des vues

nettement arrêtées.

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J'aurai l'honneur de faire connaître ces réserves lorsque l'occasion s'en présentera au cours de nos délibérations.

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M. Le Président donne acte à M. le Plénipotentiaire des États-Unis d'Amérique de sa

déclaration.

Il ajoute que les pouvoirs des membres non accrédités d'une manière permanente à Bruxelles n'ont d'autre but que de les autoriser à prendre part aux délibérations de la Conférence, mais qu'il est bien entendu que la liberté de tous les Gouvernements reste pleine et entière, quant aux résolutions qui pourront être débattues par l'Assemblée.

M. LE PRÉSIDENT entretient ensuite l'Assemblée de la publicité que pourraient recevoir les débats de la Conférence. Les représentants de nombreux journaux ont déjà sollicité la communication du compte rendu des séances et des documents officiels.

Il

y a lieu de distinguer à cet égard. Les informations qui se réfèrent à l'ordre extérieur des délibérations et des travaux sont de nature à satisfaire la curiosité publique et peuvent être divulguées sans inconvénients.

Il n'en est pas de même des projets de convention et des formules de solution. Si ces documents étaient connus, aussitôt après avoir été déposés sur la table de la Conférence, ils seraient l'objet d'appréciations et de polémiques qui rendraient difficile leur discussion au sein de l'Assemblée. L'intérêt de la Conférence exige donc que ces documents soient réservés pour les protocoles.

Pour le reste, il faut laisser à l'appréciation de chacun le soin de déterminer ce qui peut être dit sans blesser la discrétion imposée à tous.

Plusieurs Plénipotentiaires échangent ensuite leurs vues sur le point de savoir s'il convient de fournir au dehors d'autres renseignements, soit en sollicitant à cet égard l'autorisation de l'Assemblée, soit en laissant à chaque Plénipotentiaire la faculté de déterminer les communications qu'il jugerait utile de faire.

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