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entretenir des troupes à

leurs dépens, recevoir celles des Mancheoux, quand elles entreroient dans leur Principauté, &

& petits tous fe révoltèrent contre fa doctrine, & Confu, cius fut encore obligé de prendre la fuite. Le Prince de Tchou l'invita alors à venir à fa Cour; le Philofophe y confentit, & en prit auffi-tôt le chemin. Mais les M1 niftres de Tching & de Tlay repréfenté rent fortement à leurs Maîtres que ce Docteur, (çachant le fort & le foible des Etats de la Chine, feroit ufage de fes connoiffances pour rendre le Prince de Tchou fupérieur à tous fesvoifins, fi on lui permettoit de fe retirer chez lui: fur quoi des troupes furent commandées pour aller arrêter Confucius. Il les évita adroitement, & refta bloqué dans un vallon, jufqu'à ce que le Prince de Tchou eût envoyé une armée pour le dégager.

La vénération des Chinois à l'égard de cet homme extraor dinaire, ne sçauroit aller plus loin. Les honneurs qu'on lui rend font une partie confidérable du cérémonial de la Chine; il eft le docteur par excellence de la nation; les moindres détails de fa vie font confacrés dans les annales, & la nobleffe attachée à fa poftérité, eft la feule, à parler exactement, qui foit héréditaire dans l'Empire. Comme on eft perfuadé que Confucius defcendoit luimême d'un Empereur de la Dynaftie des Chang, laquelle monta fur le thrône l'an 1768 avant J. C. on peut dire que les def cendans de ce Philofophe font en poffelfion de la plus ancienne nobleffe qui foit au monde.

gouverner du refte en Souverains équitables les Provinces qui leur étoient confiées.

Le but de cette politique étoit, comme on le voit aifément, d'intéreffer les Grands de l'Empire aux progrès des armes tartares, & de gagner en même temps les peuples, en leur donnant des Chinois pour Souverains particuliers. Il ne paroiffoit pas qu'on eût quelque chofe à craindre d'un pareil établiffement: n'étant point à préfumer que des hommes d'honneur, d'une fidélité bien éprouvée, liés aux Mancheoux par un ferment folemnel, & devant toute leur grandeur à la libéralité du Monarque, puffent jamais abuser de fes graces, jufqu'au point de lui être infidéles.

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Mais quoi qu'il en dût arriver dans la fuite des temps, du moins eft-il bien certain que les fuccès de cette année & ceux de la fuivante, juftifièrent pleinement la difpofition qu'on venoit de faire. Les nouveaux Princes s'étant mis

bientôt en campagne, remportérent par tout de grands avantages. Deux Gouverneurs dans le Koantong livrèrent à l'un d'entr'eux les Villes où ils commandoient; ce qui obligea le Prince de Kouei à fortir de Chaoking, pour se retirer à Outcheou dans le Koangfi. Cette retraite qui marquoit beaucoup de foibleffe dans ce Monarque, déplut fort au Viceroi Thomas, qui avoit toujours le titre de principal Miniftrè, quoiqu'il réfidat à Koueilin. Mais les lettres Mauque ce grand Mandarin écrivit là- vaife deffus à fon Maître vaincre fa timidité, & furent ab- Price de folument fans effet. Il en fut de

condui

ne purent te du

même au fujet des follicitations du Viceroi en faveur de cinq Seigneurs de la Cour, que le Prince avoit fait arrêter fous prétexte de quelque malverfation dans leur emploi. Comme ces coupables vrais ou prétendus avoient beaucoup de partifans dans les troupes, il étoit à craindre que leur difgrace n'eût tôt ou tard de fâcheufes fuites.

Kouei.

L'événement ne fit que trop voir combien cette, crainte étoit fondée. Deux ou trois batailles perdues coup fur coup affoiblirent confidérablement le parti du Prince de Kouei; & on regarda ces défaites comme l'effet du dépit de quelques fubalternes, parens ou amis des prifonniers. Ces victoires des Mancheoux leur ouvrirent la porte du Koangfi, où ils prirent en fort peu de temps cinq ou fix

Villes.

Celle qui leur tenoit le plus au cœur, étoit fans contredit Koueilin, dont la vue avoit cependant de quoi les effrayer en leur rappellant les différentes victoires que le Viceroi Thomas y avoit remportées für eux. Ce grand homme, ainfi que nous venons de le dire, s'y trouvoit actuellement & il avoit donné de fi bons ordres, qu'il lui venoit de tous côtés divers corps de troupes pour défendre fa Ville, en cas de fiége. Ces troupes entrèrent effectivement dans Koueilin plufieurs jours

avant que la Place fût inveftie; & elles étoient en fi grand nombre, que le Viceroi fe crut en état de faire fortir un de fes Lieutenans à la tête de quatre mille hommes, pour aller reconnoître l'ennemi de près, & l'incommoder dans fa marche. Mais le parti du Prince Ming n'avoit plus guéres au temps dont nous parlons, que des mécontens ou des traîtres. L'Officier & le détachement qu'il commandoit ne furent pas plutôt fortis de la Ville, qu'ils prirent la réfolution de n'y plus rentrer : quelques-uns allèrent fejoindre aux Mancheoux, & les autres fe retirèrent chacun chez foi. Le refte de la garnison Le ne voyant point revenir ce corps Thor de troupes, perdit cœur, & défef- mas eft péra de pouvoir défendre la Place, abanIl fe forma des cabales, dont le de touréfultat fut qu'il falloit évacuer en- te fa garnitièrement Koueilin. Le Viceroi fon de eut beau mettre en oeuvre tout ce Koue lig qu'il avoit d'éloquence & de crédit pour ramener ces miférables à leur devoir; on ne l'écouta point:

Viceroi

donné

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