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HARVARD COLLEGE LIBRARY

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COMTE ALFRED BOULAY DE LA MEURTHE
APRIL, 1927

PRÉFACE.

Avec le volume que nous publions s'ouvre l'histoire de la Papauté au dix-neuvième siècle; nous entrons dans le récit des événements contemporains. Jamais la lutte de l'Église et des Papes contre le mal n'a été plus vive que de notre temps, et n'a revêtu un plus éclatant caractère de grandeur et de sainteté. L'attaque est universelle : elle vient des puissants, qui emploient tour à tour la force, la ruse, la violence et l'hypo

crisie la plus raffinée; elle vient de la presse, cette nouvelle puissance des temps modernes, qui forme l'opinion, et qui la pervertit bien plus souvent qu'elle ne l'éclaire; elle vient de toutes les passions, de toutes les convoitises conjurées. Toutes les erreurs, toutes les haines se réunissent contre la sainte Église de Dieu et contre la Papauté qui en est la tête, et la Papauté désarmée, abandonnée de tous, livrée à elle-même, résiste avec une constance invincible. Dieu lui a donné pour cela deux mots qui forment autour d'elle un inexpugnable rempart contre le mal et l'injustice, elle proclame hautement les droits de la justice et elle dit, Non licet, cela n'est pas permis; contre les exigences qui veulent l'entraîner à des concessions incompatibles avec son existence, avec ses imprescriptibles droits, elle oppose cette parole: Non possumus, nous ne pouvons, et, malgré la force de ses en

nemis, qui ne reculent devant aucune injustice, qui ne connaissent aucun obstacle, elle est toujours là debout pour proclamer la vérité, pour rappeler aux hommes leurs devoirs et les droits de Dieu. Jamais plus beau spectacle n'a été fourni par l'histoire; jamais on n'en a vu un plus consolant, car il montre toute la puissance du droit désarmé, même en face de l'iniquité puissante et pourvue de tous les moyens qui donnent ordinairement la victoire.

La lutte, au reste, a revêtu un caractère particulier dans ce siècle, quoiqu'elle ne soit au fond que la continuation des luttes précédentes: c'est toujours à l'indépendance de l'Église qu'on en veut; cette indépendance, qui effrayait les Césars de Rome, qui gênait ceux du moyen âge, et contre laquelle les rois des temps modernes se sont élevés avec tant d'aveuglement, cette indépendance n'irrite pas moins la Révolu

tion que les princes. La Révolution prétend mettre l'homme à la place de Dieu, la raison humaine à la place de la raison divine; elle veut exterminer l'Église. Mais elle sait bien que la force de l'Église est dans son unité; pour la détruire, il faut frapper à la tête ; il faut faire disparaître, avant tout, la Royauté unique qui s'appuie encore exclusivement sur le droit divin, sur la loi de Dieu, il faut enlever au représentant de cette Royauté l'indépendance temporelle qui sauvegarde son indépendance spirituelle. C'est pourquoi l'on veut dépouiller le Pape de ses États et le réduire à n'être plus, dans l'ordre politique et civil, qu'un simple citoyen. On ne veut plus de la royauté du Christ, il faut que son vicaire cesse d'être roi. Et c'est pourquoi encore la Papauté est plus particulièrement en butte de nos jours à tous les coups. Le Pape et l'Église, c'est tout un, a dit saint François de Sales; il

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