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celle de Théodote, gouverneur de Tyr; mais cette dernière n'eut lieu que sous le règne de Ptolomée Philopator, cent ans après la mort d'Alexandre. Quoi qu'il en soit, Apelles vit ses jours menacés et fut chargé de fers; mais un des coupables le justifia. De retour dans sa patrie, il peignit, en mémoire de cet évènement, son fameux tableau de la Calomnie. On y voyait un roi avec des oreilles énormes; à ses côtés se tenaient le Soupçon et l'Ignorance. La Calomnie, sous la figure d'une femme superbe, richement vêtue, tenant une torche à la main, amenait devant lui un jeune homme qu'elle traînait par les cheveux, et qui semblait prendre le ciel à témoin de son innocence; la Fraude et la Perfidie suivaient la Calomnie; et, derrière ce groupe, on voyait le Repentir en habit de deuil, qui montrait plus loin la Vérité, sous les traits d'une femme belle et modeste. On raconte que, en peignant un autre tableau, Apelles essayait vainement de représenter l'écume qui sortait de la bouche d'un coursier fougueux; impatienté de la faiblesse de son imitation, il saisit une éponge qu'il jeta sur cet ouvrage imparfait, et le hasard lui fit obtenir l'effet qu'il n'avait pu rendre. On ignore le temps et le lieu de la mort d'Apelles; il avait écrit, sur les secrets de son art, trois traités, qui existaient encore du temps de Pline; il avait inventé un vernis qui donnait de l'accord à ses tableaux et les garantissaient de la poussière; lui seul en avait le secret. Les villes de la Grèce, de l'Archipel, de l'Asie, de l'Egypte se décoraient et s'honoraient de ses nombreux chefs-d'œuvre; Pline et Pausanias en citent un très-grand nombre. Apelles imagina de faire du noir avec de l'ivoire brûlée; il le nomma en conséquence noir d'ivoire. On en fait aujourd'hui tant avec de l'ivoire et des os, qu'avec des noyaux de pêches brûlés.

APOLLODORE fut le premier qui sut bien rendre l'apparence des objets; il florissait vers la XCIVe olympiade, 408 ans avant JésusChrist; le premier il connut l'art de fondre et de dégrader les couleurs et d'imiter l'effet exact des ombres. Pline en fait le plus grand éloge. Selon lui, il n'était point de tableau, avant ceux

d'Apollodore, qui méritât d'arrêter les regards : le clair-obscur avait été inconnu jusqu'à lui; il fut le premier qui en fit usage. On lisait au bas de ses ouvrages: «< il sera plus facile de les critiquer que de les imiter.» Ses tableaux les plus remarquables étaient : un prêtre en prière devant une idole, et un Ajax frappé de la foudre. Du temps de Pline, ces deux chefs-d'oeuvre existaient encore à Pergame, et excitaient la plus vive admiration. Mais, quelque grand qu'ait été le mérite d'Apollodore, sa vanité paraît avoir été plus grande encore; il se regardait comme le prince des peintres; quand il se montrait en public, il portait sur la tête une tiare, à la manière des Mèdes; mais il trouva dans Zeuxis un rival qui ne tarda pas à l'éclipser. Zeuxis perfectionna, du vivant même d'Apollodore, toutes les découvertes que celui-ci avait faites. Aussi Apollodore exhala-t-il son chagrin dans des vers où il disait qu'il avait trouvé, pour la distribution des ombres, des secrets inconnus jusqu'à lui, qu'on les lui avait ravis, et que l'art était entre les mains de Zeuxis. Avant Apollodore, Polygnote, le premier, s'était écarté de la roideur des anciens peintres; il avait su vêtir, il avait su coïffer les femmes mieux que ses prédécesseurs; il avait donné un grand caractère à ses figures; il s'était distingué par l'expression; mais Pline nous apprend qu'Apollodore montra plus d'art dans le maniement du pinceau, et, comme le dit Plutarque, il inventa la fonte des couleurs et le véritable caractère des ombres. Le premier, il exprima la belle nature, dit Pline, et fut digne par là de rendre immortelle la gloire du pinceau.

ARCESILAS, fils de Tisicrate, est mis au nombre des peintres du troisième ordre, qui avaient conservé de la réputation.

ARCESILAS de Paros est regardé comme l'un des inventeurs de la peinture à l'encaustique.

ARDIUS de Corinthe est le premier qui ait cultivé la peinture linéaire, ou au simple traît, relevée seulement de quelques coups de pinceau,

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ARCHÉLAUS, ancien peintre à l'encaustique. Il avait peint, dans le Pyrée, dit Pausanias, Léoshène et ses enfans.

AREGON avait peint dans le temple de Diane, à l'embouchure de l'Alphée, une figure de cette déesse.

ARELLIUS fut célèbre à Rome, peu de temps avant Auguste. Son nom semble indiquer qu'il était Romain, et sa profession qu'il était d'une naissance obscure. La célébrité que Pline lui accorde, prouve qu'il avait du talent, ou qu'il passait pour en avoir. Le même écrivain lui fait un dur reproche d'avoir représenté les déesses d'après les objets passagers de ses amours, et d'avoir fait autant de portraits de courtisanes que de tableaux : pourquoi Pline n'avait-il pas fait le même reproche aux plus grands artistes de la Grèce? Arellius avait peint, dans plusieurs temples, des tableaux représentant des déesses; et le sénat, ayant appris qu'en effet il avait retracé, sous les attributs divins, des courtisanes qu'il aimait avec passion, fit détruire ces ouvrages, malgré leur rare beauté, comme profanant, par leur origine, la sainteté des lieux qu'ils décoraient.

On attribue à Arelius, les six peintures qui décorent la pyramide de C. Cestius. Elles ne le cèdent ni par la correction du dessin, ni par la hardiesse de l'expression, aux figures célèbres de la noce Aldobrandine. Ce n'est donc pas sans quelque raison que nous avons pu dire que quelques-unes des peintures qui faisaient partie de notre collection, pouvaient bien être l'ouvrage de quelqu'un des artistes Grecs ou Romains dont Pline nous avait fait connaître les noms (1).

ARIMNA est mis par Varron au nombre des peintres qui avaient précédé Apelles et Protogènes, que ceux-ci prirent d'abord pour modèles, mais qu'ils ne tardèrent pas à abandonner pour suivre une meilleure manière de peindre.

(1) Voyez les Planches LXXXI et LXXXII.

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ARISTARÈTE était fille et élève d'un peintre nommé Néarque qui n'est connu que par elle. On sait qu'elle a peint un Esculape. On la met au nombre des artistes du troisième ordre qui avaient acquis une juste réputation.

ARISTIDE de Thèbes, élève d'Euxénidas, devait être à peu près de l'âge de Pamphile, et vécut assez pour être témoin des succès d'Apelles. Il se distingua par l'expression, et fut le premier de tous les artistes qui sut bien peindre les affections et les troubles de l'âme, Il représenta, dans le sac d'une ville, un enfant qui se traînait vers la mamelle ensanglantée de sa mère expirante. Il restait encore à la mère assez de sentiment pour qu'on s'aperçût de la crainte qu'elle éprouvait que l'enfant ne suçât du sang au lieu de lait. Alexandre, après la prise de Thèbes, fit transporter ce tableau à Pella, sa patrie. Aristide avait peint un suppliant à qui il ne manquait que de pouvoir faire entendre sa voix, un malade sur l'éloge du quel on ne pouvait tarir. Il travaillait à l'encaustique, et fit de tres-grands tableaux, entre autres, un combat contre les Perses, dans lequel il n'y avait pas moins de cent personnages. Chaque figure lui était payée dix mines, ou neuf cents francs de notre monnaie : ainsi le tableau de cent figures lui rapporta quatre-vingt-dix mille francs qui lui furent payés par Mnason, tyran d'Elatée. On vantait encore un tableau où il avait représenté des chasseurs avec leur gibier, le portrait qu'il fit du peintre Léontion, Biblis morte d'amour pour son frère Caunus, son Bacchus et son Arcadus, qui se voyaient à Rome, au temple de Cérès, du temps de Pline; son tragédien accompagné d'un jeune garçon. Ce tableau se voyait au temple d'Apollon; mais il avait été entièrement gâté par l'impéritie du peintre à qui le préteur Marcus Junius l'avait donné à nétoyer, vers l'époque des jeux Apollinaires. On voyait aussi dans le temple de la Foi, au Capitole, son vieillard qui montre un enfant à jouer de la lyre. Il peignit aussi des quadriges en course. On lui reprochait de la dureté dans le coloris. Les Romains avaient si peu de connaissance des arts lorsqu'ils prirent Corinthe, que le consul Mummius, voyant le roi Attale acheter six mille sesterces un tableau

d'Aristide, se figura qu'il y avait, dans cette peinture, quelque vertu secrète qu'il ne connaissait pas, malgré les plaintes d'Attale. Les Romains sentaient alors si peu le prix de la peinture, qu'à la prise de cette ville, les tableaux furent jetés confusément par terre, et les soldats s'en servaient comme de tables pour jouer aux dez. Aristide vécut vers la CX olympiade, 340 ans avant J.-C. On rapporte qu'il laissa imparfaite, en mourant, une Iris que personne n'osa terminer. Ses principaux élèves furent Euphranor, Antorides, et ses propres enfans, Nicéros et Aristippe.

ARISTIDE fut le contemporain de Timanthe et de Parrhasius. Il est mis au nombre des peintres les plus célèbres de cette époque : il sortait de l'école d'Euxénidas.

ARISTIDE était le frère et fut le disciple du peintre Nicomaque.

ARISTIPPE, fils et élève d'Aristide de Thèbes. On citait avec éloge un tableau d'Aristippe représentant un satyre avec une coupe sur la tête.

ARISTOBULE le Syrien, cité comme un peintre du troisième rang, qui avait conservé de la réputation.

ARISTOCLÈS, fils et élève de Nicomaque.

ARISTOCLIDE peignit le temple d'Apollon Delphique.

ARISTODÈME, de Carie, fut élève d'Eumelus; mais ses ouvrages avaient beaucoup plus de grâce que ceux de son maître. Aristodème avait fait des recherches, dit Philostrate, sur les villes et les princes qui avaient protégé d'une maniere particuliere la peinture.

ARISTOLAUS, fils et élève de Pausias, vivait environ 325 ans avant J.-C.; il était compté au nombre des peintres les plus sévères ; ce qui suppose qu'il joignait à la pureté des formes une grande simplicité de composition: aussi ne choisissait-il de préférence pour ses sujets que des représentations de personnages héroïques qui avaient laissé un souvenir précieux à la patrie; tels que Thésée, Epaminondas, Périclès. Ses tableaux, qui n'étaient ordinairement que d'une seule

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