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de réfraction, et d la densité du corps, le pouvoir réfringent est non-seulement variable pour une même classe de rayons, mais encore que la loi suivant laquelle ce changement s'effectue est différente pour les rayons diversement colorés.

Dans le soufre carburé que nous avons déjà choisi pour exemple, le rapport du pouvoir dispersif au pouvoir réfringent est 0,14 à l'état liquide, tandis qu'il se réduit à moins de 0,08 dans l'état de vapeur.

Ainsi, tandis que la variation du pouvoir réfringent pouvait encore s'expliquer, en admettant que l'attraction d'un même corps pour la lumière varie suivant une loi différente de celle de la raison directe des densités, on voit que, pour rendre compte de la variation observée dans le pouvoir dispersif, il faudrait supposer en outre que l'action d'un corps sur les rayons diversement colorés suit, dans les changemens de densité, une loi différente pour chacun de ces rayons. Ces diverses suppositions diminuent, sans doute, et la simplicité et la vraisemblance de la théorie newtonienne; mais, avant de rien décider à cet égard, il est nécessaire, nous le répétons, d'examiner avec beaucoup de soin les changemens que les forces réfringentes des corps subissent, soit par des variations de densité, soit par l'effet de la combinaison. Il est indispensable aussi de joindre à ces déterminations celles qui sont relatives aux forces dispersives dont les physiciens ne s'étaient jamais occupés jusqu'ici, et qui, comme nous l'avons annoncé, peuvent, à l'aide de précautions nombreuses, être déduites d'expériences directes.

Quoique le travail que nous nous proposons de pu

blier sur cet objet soit fort avancé, nous avons pensé qu'il y aurait quelque utilité à faire connaître dès à présent les résultats que nous ont fournis nos expériences sur les liquides et les vapeurs.

NOTE

Sur le Principe colorant du sang des Animaux. PAR M. VAUQUELIN.

1o. Historique des Opinions émises par les Médecins et les Chimistes jusqu'à M. Brande, sur la nature du principe colorant du sang.

IL paraît que Lémery est le premier qui, par des expériences, a démontré la présence du fer dans le sang. Menghini a cherché ensuite à déterminer le rapport de ce métal avec ce fluide animal.

Depuis cette époque, la plupart des médecins et des chimistes ont attribué la couleur du sang au fer; mais ce métal n'étant pas soluble par lui-même dans les fluides animaux, les chimistes ont cherché dans le sang quelque corps qui fût susceptible de remplir cette fonction, et les uns ont cru l'avoir découvert dans l'alcali minéral ou soude, qui existe en effet, en petite quantité, dans le sang (1); les autres, fondés sur ce que le sang fournit par l'incinération du sous-phosphate de fer, ont attribué cette fonction à l'acide phosphorique (2).

(1) MM. Déyeux et Parmentier.

(2) MM. Sage, Gren, Fourcroy et Vauquelin.

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Mais ces opinions étant susceptibles de beaucoup 'd'objections que leurs auteurs ne se dissimulaient pas à eux-mêmes, on a soumis ce point de doctrine intéressant à un nouvel examen; et M. Brande, chimiste anglais, a eu l'honneur de démontrer le premier, par des expériences directes, que la cause de la couleur du sang réside dans une matière animale particulière, et non dans le fer, comme on l'avait cru jusqu'à lui (1).

J'ai pensé qu'une découverte qui intéresse d'aussi près la chimie et la physiologie méritait d'être confirmée par des expériences, et j'espère qu'on ne me saura pas mauvais gré, lors même que je n'ajouterais rien de nouveau à ce qu'a dit M. Brande, de l'avoir rappelée à l'attention des savans. J'ai d'abord répété la plupart des expériences de M. Brande, que j'ai trouvées exactes. J'en ai fait quelques nouvelles, et surtout cherché un moyen simple d'obtenir le principe colorant du sang à l'état de pureté.

2o. Procédé pour obtenir à l'état de pureté le principe colorant du sang.

A) Prenez le caillot du sang bien égoutté sur un tamis de crin; écrasez-le dans une terrine avec 4 parties d'acide sulfurique étendu de 8 parties d'eau, et faites chauffer à 70° centigrades pendant cinq à six heures.

B) Filtrez la liqueur encore chaude, et lavez le résidu avec autant d'eau chaude que vous avez employé d'acide ; concentrez les liqueurs jusqu'à ce qu'elles soient réduites à moitié; alors versez-y de l'ammoniaque jusqu'à ce

(1) Annales de Chimie, tom. xcxIV, p. 34.

qu'il ne reste plus qu'un léger excès d'acide. Après avoir agité la liqueur, laissez-la reposer, et vous aurez un dépôt de couleur rouge pourpre.

C) Vous décanterez la liqueur quand elle sera claire, et vous verserez de l'eau sur le résidu, ce que vous répéterez jusqu'à ce que les derniers lavages ne précipitent plus le nitrate de baryte.

D) Le précipité ainsi lavé sera jeté sur un filtre, et lorsqu'il sera égoutté sur du papier joseph, on l'enlèvera avec un couteau d'ivoire, et on le mettra dans une capsule où on le laissera sécher : ce sera la partie colorante pure du sang.

Ce procédé me paraît plus simple et plus certain que ceux proposés par MM. Brande et Berzelius. (Voyez Annales de Chimie, tom. LXXXII, 45.)

·3°. Réflexions sur ce qui se passe dans les Opérations ci-dessus.

du

E) L'acide sulfurique, en dissolvant la matière colorante sang, dissout en même temps une assez grande quantité d'albumine et probablement de fibrine; mais ces substances restent en dissolution dans la liqueur, après que le principe colorant en a été précipité par l'ammoniaque.

F) Le caillot du sang, traité jusqu'à trois reprises par la même quantité d'acide sulfurique que la première fois, paraît encore aussi coloré qu'auparavant; et l'acide que l'on fait bouillir avec est lui-même presque aussi coloré, ce qui annonce qu'il faut une grande quantité d'acide pour dissoudre la matière colorante du sang,

à moins qu'il n'y ait deux sortes de matières colorantes différemment solubles.

G) Il paraît que l'albumine s'oppose à la dissolution de la couleur du sang dans les acides; car, quand elle est pure, cette dernière s'y dissout très-abondamment.

4°. Propriétés du Principe colorant du Sang.

H) 1°. Elle n'a ni odeur ni saveur sensibles.

2o. Délayée dans l'eau, elle a une couleur rouge vineuse, mais ne s'y dissout point.

3o. Sèche, elle paraît noire comme du jayet, dont elle présente la cassure et le brillant.

4o. Ainsi desséchée, elle se dissout très-bien dans les acides et les alcalis, et communique une couleur rouge à ses dissolutions.

pourpre

Sa dissolution dans l'acide muriatique ne trouble point la solution de muriate de baryte, ce qui prouve qu'elle ne retient point d'acide sulfurique quand elle a été bien lavée.

5°. L'acide gallique pur et le prussiate de potasse n'ap portent aucun changement dans la couleur des dissolutions acides de cette matière, ce qui annonce qu'elle ne contient point de fer, tandis que dans la liqueur de laquelle ce principe a été précipité, ces deux réactifs montrent à l'instant l'existence du fer en quantité notable.

6°. L'infusion de noix de galle qui contient le tannin précipite la dissolution de matière colorante dans un acide, mais n'en change pas la couleur.

7°. Soumise au feu, dans un appareil fermé, elle ne change ni de forme ni de couleur ; elle exhale une odeur

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