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PARAGRAPHE PREMIER.

Considérations géologiques et physiques sur le gisement des eaux souterraines, relativement aux fontaines jaillissantes des puits forés arté

siens.

§ 1. De toutes parts, l'eau s'élève dans l'atmosphère par l'évaporation.

§ 2. Une partie des brouillards, des rosées, des neiges et des pluies, tombe sur les montagnes, qui paraissent agir par affinité sur les nuages et les fixer autour d'elles.

§ 3. Ainsi arrêtées et groupées autour des montagnes, les eaux s'infiltrent entre leurs différentes superpositions. Elles en suivent les pentes ou inclinaisons, jusqu'à ce qu'elles rencontrent des couches imperméables qui les retiennent, sur lesquelles elles s'écoulent souterrainement, et d'où elles s'épanchent ou jaillissent par-tout où ces couches présentent quelques issues, par-tout où sur les flancs des montagnes et des collines ces couches se montrent à découvert par des arrachemens.

§ 4. Cependant il existe des sources sur des plateaux et même sur des monticules plus éle

vés que tous les lieux qui les entourent immédiatement: par exemple, les sources perpétuelles du mont Cimone, près de Modène, sont plus élevées que tout le pays qui les environne.

§ 5. Dans les terrains primordiaux ou montagnes primitives, les infiltrations souterraines sont très-rares, cependant l'on y trouve fréquemment des sources, mais généralement peu abondantes; néanmoins les percemens qui y ont été faits prouvent que les eaux s'y infiltrent, comme dans les montagnes secondaires et de transition, soit entre les superpositions des différentes roches qui les constituent, soit par les filons et les fentes dont ces montagnes sont souvent coupées dans tous les sens, et même jusqu'à de très-grandes profondeurs.

§ 6. Le plus souvent, l'épanchement des eaux pluviales ou des fontes de neige n'a lieu, dans les terrains primitifs, qu'à la surface des montagnes, leurs masses étant généralement trop denses et trop compactes pour y permettre aucune infiltration.

§ 7. Les eaux qu'on trouve dans les terrains. primitifs varient de qualité, comme les terrains qui les recèlent.

§ 8. Celles qui coulent à la surface sont généralement bonnes, douces et salubres.

§ 9. Celles qui s'infiltrent entre leurs superpositions paraissent participer de la nature des différentes substances qu'elles y rencontrent ou qu'elles traversent.

§ 10. Dans les percemens ou travaux de mines faits dans les montagnes primitives, on trouve quelquefois des sources d'eau pure et d'excellente qualité. Telles sont les sources que présentent les filons des Chalanches, de la Gardette, de la Grave, et de Saint-Christophe en Oisans, département de l'Isère; telles sont encore, suivant Cordier, les eaux de Vic en Carladès au pied du Cantal, qui sortent immédiatement des granits et sont presque pures.

§ II. Généralement les eaux qui sourdent des terrains granitiques sont gazeuses, sulfureuses

et salines.

§ 12. Lorsqu'elles se trouvent dans les granits compactes ou non feuilletés, ces eaux doivent avoir leur origine dans ces roches mêmes ou au-dessous d'elles.

§ 13. Ces eaux sont presque toutes thermales, et même d'une très-haute température. Telles sont en France les eaux thermales et gazeuses d'Ax, département de l'Ariége; de ChaudesAigues, près Saint-Flour dans le Cantal; de Vals, près d'Aubenas, dans l'Ardèche; de Bonnes,

vallée d'Assan, Hautes-Pyrénées; de Cauterets, Hautes-Pyrénées; de Bagnères-de-Luchon, HauteGaronne, qui sortent des montagnes granitiques, à une température qui varie entre trente et quatre-vingt-dix degrés.

§ 14. Dans la juxta-position des terrains secondaires ou de sédiment sur les terrains primitifs, on trouve fréquemment d'abondantes infiltrations, qui, ne pouvant pénétrer dans les masses trop compactes de ces derniers, en suivent souterrainement les parties ou surfaces sous les terrains secondaires. Les exemples de ces infiltrations sont très nombreux dans les chaînes des Alpes et des Pyrénées, comme dans toutes les hautes montagnes.

§ 15. Ces infiltrations s'établissent ainsi des parties les plus élevées des chaînes de montagnes, et s'étendent sous terre à des distances comme à des profondeurs dont il est impossible de déterminer les limites.

§ 16. Les eaux de ces gisemens sont généralement douces et de bonne qualité lorsqu'elles sont près de la surface de la terre.

§ 17. Lorsque les eaux proviennent de grandes profondeurs, elles sont presque toujours gazeuses, sulfureuses et salées.

§ 18. Les montagnes secondaires et tout leur

système de superposition laissent pénétrer les eaux à de plus grandes profondeurs que les montagnes primitives.

§ 19. Elles suivent, dans les terrains secondaires, les pentes plus ou moins inclinées des couches ou des strates de leurs différentes formations.

§ 20. Les eaux de ces terrains sont celles qui présentent le plus de variétés dans leur nature. C'est en effet dans ces terrains qu'on trouve la plupart des sources minérales et thermales, les eaux salées, les eaux gazeuses, etc.

§ 21. Ces eaux, quoique sortant des terrains seS condaires, ne leur appartiennent pas toujours, et beaucoup d'entre elles viennent probablement des terrains primordiaux qui sont situés audessous. C'est à ces terrains qu'il faut rapporter les eaux de Cambo, dans les Basses-Pyrénées; de Vichy, de Bourbon-l'Archambaud, de Néris, département de l'Allier; de Bourbon-Lancy, département de Saône-et-Loire; de Cransac, Sansai, dans l'Aveyron; de Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyrénées; d'Ussat près de Tarascon, Ariége; de Bagnols près de Mende, Lozère ; de Luxeuil, près de Vesoul, HauteSaône; et de Plombières, près de Remiremont, dans les Vosges, etc.

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