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me punir fi j'ofe me présenter devant lui chargé de péchés, ou fans en avoir obtenu le pardon, lorfque le temps m'étoit encore donné de le mériter. Cette grande vérité profondément gravée dans le cœur, fuffit pour nous faire marcher dans le chemin de la juftice, ou nous y ramener bien-tôt, fi nous avons eu le malheur de nous en écarter. Enfin, il faut rappeler aux gens de lettres, à ces efprits fublimes & pénétrans, qui, enflés de leur favoir & de leurs talens, s'imaginent être faits pour tout fubjuguer, que les doutes qui s'élèvent dans leur efprit, ne font que l'effet de leurs paffions, & qu'on mérite de trouver faux ce que la Religion nous enfeigne, quand on defire donner un libre cours aux defirs & aux actions qu'elle réprouve. Rien de plus aifé d'élever des doutes contre les vérités de la Religion les plus facrées; & l'on ne manque pas d'ar

que

river au dernier terme de la dépra

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vation quand on cherche & qu'on eft affez malheureux pour trouver des livres dans ce genre, qui achevent de

nous corrompre. Les héréfies des derniers temps, à raifon des faux principes fur lefquels elles font établies, ne peuvent que nous conduire auffi à l'incrédulité, & l'on ne manque pas fur ces matières, d'ouvrages déteftables qu'ont vu éclore les infortunés pays où règne l'erreur. Mais quiconque s'aime foi-même, ou pour mieux dire, quiconque fait que pour s'aimer foi-même avec fageffe, il faut préférer Dieu à tout, bien loin de rechercher pareils livres, (ce qui eft une faute trèsgrave) n'eft véritablement curieux que de ceux qui peuvent fortifier fon cœur & fon efprit dans la croyance de la vérité chrétienne & catholique. Grand nombre d'Auteurs ont confacré leurs plumes à prouver la Religion naturelle

& révélée; nous avons même fur ces objets beaucoup de livres utiles, compofés par des Proteftans. L'on ne manque pas d'ailleurs d'ouvrages pour établir la vérité de notre doctrine contre les Hérétiques. C'est là qu'il faut puiser l'antidote contre les doutes qui peuvent nous fatiguer, & non pas boire le poifon dans la coupe que nous préfentent nos ennemis, & les ennemis de toute Religion. Des paffions fougueufes peuvent obfcurcir notre raifon ; mais le mal le plus cruel qu'elles puiffent nous caufer, eft d'éteindre cette foi que tant de glorieux Martyrs ont regardée comme fi incontestable, qu'ils n'ont pas craint de lui facrifier leur vie. Mais qui néglige Dieu, doit s'attendre à en être abandonné, & à n'éprouver, à l'heure de la mort, que la terreur, & des remords fouvent infructueux. Heureux pendant fa vie, & plus heureux encore à sa fin, celui

qui, fans voir, aura cru & fidellement pratiqué ce qu'il croyoit. Peuton craindre de fe repentir d'avoir été homme de bien pour plaire à Dieu, & le vice doit-il fe flatter d'être affis un jour fur le même trône que la

vertu?

CHAPITRE VI I I.
De l'Espérance.

Q

UEL fruit tirerions-nous d'une foi vive, qui nous feroit croire un Paradis, féjour de bonheur & de délices, s'il n'étoit deftiné qu'aux feuls Anges, & que nous ne puiflions jamais nous flatter de l'obtenir ? Il eft très-certainement fait pour nous, &, fur cet objet, la foi ne doit jamais marcher fans l'efpérance, vertu furnaturelle, qui, ainfi que les autres, nous vient de Dieu, & eft créée par -lui dans nos cœurs. Sous le nom d'ef

pérance, j'entends la confiance qu'a chaque Chrétien de jouir de Dieu, le fouverain bien, par un un effet de fa bonté gratuite, les mérites de N. S. J. C. & d'obtenir, de ce même Dieu, les moyens néceffaires pour arriver à lui. Ainfi, nous devons non-feulement croire à ce Royaume célefte, mais vivre continuellement dans fon attente, & ne nous décourager jamais jufqu'à ce que nous l'ayons obtenu. Dieu ne fe contente pas de nous permettre de l'espérer, mais il nous l'ordonne, pourvu que nous foyons exacts à fuivre fes Commandemens. Quel ordre plus doux & plus agréable peut-on recevoir de fon Maître ? Le Paradis, le règne de Dieu eft fait pour nous, & Dieu nous invite lui-même à en venir jouir avec lui pour l'éternité.

Obfervons ici le fondement princi pal de l'efpérance chrétienne. D'un côté c'eft l'infinie bonté de Dieu, fon

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