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ton facrifice au fien, afin de t'engager à Rom. 16. lui offrir par l'anéantissement de ton efprit, & par la mortification de ton corps, cette hoftie vivante qu'il te demandoit? Quoi donc ! En devenant lui-même ta nourriture par la communion, la loi fi pofitive qu'il t'impofoit de te reffouvenir 1. Cor. de fa mort, ne renfermoit-elle pas le

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commandement de mourir à toi-même

pour être une même victime avec lui? Quoi donc ! cette vie cachée, cette obéiffance, ce dénuëment, cet état de mort qu'il fait paroître dans l'Euchariftie, ne devoient-ils pas être ton étude & ton modele pour la recevoir avec fruit? Quoi donc ! fon amour l'a porté à continuer fur nos autels le grand facrifice de fa mort, S. Amb. pour s'unir à toi par le Sacrement de fon Corps, & tu as refufé de reconnoître une telle faveur, en te dévouant & en t'immolant à fon fervice?

IV.

Encore une fois, mon ame, ne ceffe de gémir, & de te reprocher ton ingrati tude & tes infidelitez; cherche en le pardon dans les playes de ton Sauveur; fupNum. 9. plie-le de les noyer dans le Sang qu'il a répandu fur la Croix avec tant d'abondance; proteste-lui que dans le défir fincere de racheter le tems dont tu as fait fi mauvais ufage, tu veux au moins dès ce moment commencer ce facrifice de

toute ta perfonne, qu'il attend de toi par tant de titres; pro:efte-lui qu'en confen- 1. Pet. 4 tant que ton corps foit immolé & détruit par les douleurs de la maladie, & par les angoiffes de la mort, tu ne vas ceffer de lui offrir ce facrifice de la pénitence, feul Dan. 3. capable d'attirer la miféricorde.

Pénetré, ô mon Jefus! de la plus vive douleur d'avoir toujours refufé de reconnoître & d'adorer votre fouverain domaine fur ma fanté & fur ma vie, par un dévouement entier à vos ordres, je me foumets en fatisfaction de mes pechez à la loi rigoureuse de la maladie & de la mort que vous prononcez fur moi, je ne veux plus regarder mon lit que comme un autel de pénitence, pour vous y offrir le facrifice d'une contrition parfaite.

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Je joins, ô mon Jefus! ce facrifice de la componction de mon ame à celui que vous avez offert fur cette Croix: c'eft par pf. 95. elle que vous avez établi votre empire fur mon cœur; regnez donc entierement für moi par la communication de vos douleurs; faites que par elles j'accompliffe ce qui manque à votre Paffion, pour m'en appliquer le mérite & la récompense; rendez-moi enfant du Calvaire, & donnez-moi autant d'amour pour les fouffrances, que j'ai eu d'éloignement & d'aver-S. Aug.in

délir continuel de l'accompliffement du grand facrifice que vous attendez de moi; employez le pouvoir que vous avez fur ma vie pour le confommer par la mort ; jettez promptement en terre ce corps corruptible qui empêche mon ame d'être portée dans le fein de Dieu, pour y être T'holocaufte parfait de fon amour; n'ayez point d'égard à l'inclination que j'ai pour cette vie, qui me tient féparé de vous: ruinez cette chair indigne d'entrer dans le royaume de votre Pere, & d'être préfentée fur fon autel fublime: ne ménagez les douleurs qu'elle mérite de fouffrir, que pour prolonger l'immolation que je vous en dois faire; ne me faites plus vivre que dans l'attente de ma fortie de ce monde ; que tous mes voeux & mes defirs ne foient autres, que de quitter ce corps dont les néceffitez preffantes & continuelles me font gémir depuis fi long-tems; qu'il ne S. Greg. m'arrive plus de me plaindre de ce que Naz. Or. vous dénouez peu à peu par les maladies, les liens qui m'attachent à la terre, puifqu'elles me préparent à les voir rompre avec moins de peine au moment de la mort; donnez-moi de la recevoir, & comme le dernier coup de votre juftice fur moi, & comme un moyen établi par votre miféricorde pour me rejoindre à vous; infpirez-moi le courage de m'éle

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ver au-dessus de la nature, pour regarder comme un gain la ruine de ce corps, fous la fragilité duquel je fuccombe chaque jour, puifque cette ruine fervira à l'entiere expiation de mes fautes, & qu'elle me fera un échange de cette vie périssable que vous me demandez, avec la vie éternelle que vous voulez bien m'accorder.

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Le Chrétien malade trouve dans Jefus crucifié le Maître de la vraye fageffe.

Mon Jefus! Verbe divin, Sageffe I. éternelle, feul Maître de la verité, je crois que vous ne vous êtes revêtu de Matt.23. ma nature paffible & mortelle, que pour m'enseigner & me rendre par votre vie fouffrante, & par votre mort la vie de la Joan. 10. grace & de la gloire que j'avois perduë par mes pechez: nul autre que vous ne pouvoit m'accorder ce double avantage, parce que tout autre que vous ignoroit les moyens de me le procurer. Poffedant en Coloff. 2 vous la plénitude de l'Esprit de Dieu, qui eft un Efprit de confeil & de fagesse, sa lumiere vous montra les moyens les plus propres & les plus fûrs pour me faire rentrer dans les voyes du falut d'où j'étois forti, & pour m'enlever au démon, dont 2. Cor. 5.

Greg. M.

Car, ô mon Jefus ! quel remede plus efficace contre la playe mortelle de l'orPhilip. 2. güeil, que de vous abaiffer vous-même &Sanit. jufqu'à prendre la forme de l'esclave & du pécheur? Quel moyen plus fûr pour détruire en moi cet efprit d'indépendance. & de révolte, que de vous rendre obéiffant jufqu'à la mort de la Croix? Pouviezvous guérir plus efficacement dans mon cœur cet amour pour les plaisirs des fens, que de condamner les vôtres aux plus Jeb. 2. cruelles douleurs? Pouviez-vous m'infpirer mieux le détachement du monde & de 2. Cor. 8. fes biens trompeurs, que de naître & de mourir dans un dénuëment entier de toutes choses?

O chef-d'œuvre de la fageffe divine ! O myftere de la Croix ! dont j'ai été fi long-tems l'ennemi, que n'avez-vous point fait en ma faveur ? Vous avez, par la vertu de ce bois falutaire, triomphé du démon qui régnoit fur mon cœur ; vous m'avez arraché de fa puiffance tyranniColoff. 1. que; vous m'avez retiré de l'enfer le plus profond; vous avez rompu les chaînes de ma cruelle captivité; vous avez anéanti la Cap. 2. fentence de mort éternelle prononcée fur moi, en l'attachant à votre Croix ; vous. avez fur elle payé à votre Pere ce que je devois à fa juftice; vous m'avez reconcilié avec lui, & fcellé ma paix de votre

propre

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