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langoureux Saturne fut préposé aux mines de plomb: on ne délibéra pas longtemps sur le lot de Mercure, un certain rapport d'agilité lui fit donner en partage le vif-argent; mais en vertu de quoi Jupiter sera-t-il borné à la surintendance de l'étain ? Il était incivil de présenter cette commission à un dieu de la sorte c'était l'avilir; mais il ne restait plus que l'étain,force lui fut de s'en contenter. Voilà certes de puissants motifs pour assigner à ces dieux l'inspection sur tel et tel métal, et une affection singulière pour les figures qui en sont composées. Or, telles sont les raisons de ces prétendus départements tels sont aussi les effets qu'il en faut attendre..

TALMUD ou THALMUD (mot hébreu qui signifie ce qui est enseigné; quelques auteurs le traduisent par le mot doctrinale). — C'est ainsi que s'appelle le livre qui est le plus en considération parmi les Juifs. Il renferme tout ce qui regarde l'explication de leur loi. Le Talmud est composé de deux parties, l'une est appelée la mischna, ou seconde loi, qui comprend le texte. et l'autre la gemare, ou complément, perfection, qui renferme le commentaire du texte. Les Juifs distinguent la loi en loi écrite, ce sont les livres de Moïse; et en loi non écrite, c'est la glose et l'explication de l'ancienne loi par les anciens docteurs. Ainsi le Talmud contient la tradition des Juifs, leur police, leur doctrine et leurs cérémonies.

Ce n'est qu'après la destruction de Jérusalem que les Juifs mirent par écrit le Talmud. On en compte deux : l'un compilé par Je rabbin Johanan à Jérusalem, environ 300 ans après Jésus-Christ; et l'autre, que les Juifs prétendent compilé par le rabbin Juda, surnommé le Saint,qui n'a été terminé à Babylone que l'an 506 de Jésus-Christ. C'est ce dernier que les Juifs regardent comme le meilleur, et celui qu'ils estiment le plus. De Talmud on a fait talmudique, pour ce qui appartient au Talmud; et talmudiste, pour celui qui est attaché aux opinions du Talmud.

TAMBOUR (de l'espagnol tambor, qui vient de l'arabe altambor).- Instrument militaire qui sert particulièrement dans l'infanterie, tant pour assembler les soldats que pour les faire marcher, combattre, et en d'autres occasions du service. Tambour se dit aussi du soldat destiné à battre la caisse.

Le tambour, dont l'usage est aujourd'hui commun à presque toutes les nations de l'univers, est moins ancien que la trompette; les Grecs ne l'ont point connu, et l'on ne voit pas non plus que les Romains s'en soient servis à la guerre. Quelques-uns croient qu'il vient originairement des Sarrasins. Le tambour n'a été connu en France que le 3 août 1347, sous Philippe de Valois, lorsque Edouard III entra dans Calais, après onze mois et quelques jours de siége.

Il y a deux tambours par compagnie. Its jouissent d'une haute paye de 10 centimes par jour pour l'entretien de leur caisse. On mel des galons sur leur uniforme; c'est une espèce de livrée. Les tambours étaient an

ciennement considérés comme les domestiques des officiers, et portaient la livrée du roi. A présent ils sont au rang des autres soldats. Il y a par bataillon un caporal tambour, et un tambour-major par régiment. Un officier ne marche jamais avec un détachement sans avoir un tambour; les fractions de troupe commandées par des sous-officiers marchent à la muette.

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Lorsqu'on bat le tambour pour proposer quelque chose à l'ennemi, cette batterie est appelée chamade. Battre aux champs ou battre le premier, c'est avertir un corps d'infanterie qu'il y a ordre de marcher: si cet ordre s'étend à toute l'infanterie de l'armée, cette batterie s'appelle générale. - Battre le second ou battre l'assemblée, c'est avertir les soldats d'aller au drapeau. - Battre le dernier, c'est pour aller à la levée du drapeau. Battre la marche, c'est la batterie ordonnée quand les troupes commencent à marcher. — Battre la charge ou battre la guerre, c'est la batterie pour aller à l'ennemi. — Battre la retraite, c'est la batterie ordonnée après le combat; c'est aussi celle ordonnée dans une garnison pour faire le soir rentrer les soldats à la caserne. - Battre en tumulte se dit pour appeler les soldats, lorsque quelques officiers généraux vont passer devant le corps de garde, et qu'il faut faire la parade. Dans les garnisons, on bat la diane aŭ lever du jour.

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TAMIM. Nom d'un des sabaha ou compagnons de Mahomet, dont les historiens orientaux rapportent un grand nombre de fables. Ils disent qu'il fut un jour transporté miraculeusement dans une fle de l'Océan, où il vit des choses merveilleuses. Ce prétendu saint de la religion musulmane a transmis à ses dévols successeurs la sotte histoire de l'Antechrist, telle qu'il prétendait l'avoir entendue de la bouche du prophète. Il est le premier qui ait allumé des lampes dans les mosquées. On assure qu'il avait récité plusieurs fois le Coran, prosterné en terre, sans se relever, et que souvent il passait une nuit entière à réciter un seul verset. Un autre Sabaha, mommé Tamimi, pendant les trente nuits du ramadan, ne mangeait qu'un seul grain de raisin chaque nuit; et lorsqu'il priait, il demeurait tellement immobile, que les oiseaux s'arrêtaient sur lui, comme ils auraient pu faire sur une pièce de bois.

TAMOLES. Chefs des Indiens qui habitent les îles Carolines. Les tamoles affectent de laisser croître leur barbe; ils sont fort réservés dans leurs actions, très-silencieux, et sévères jusqu'à l'inhumanité. Lorsqu'ils donnent leurs audiences, ils sont sur une espèce de table élevée d'où ils donnent leurs ordres au peuple incliné devant eux. Quand on leur demande une grâce, il faut commencer par leur baiser les mains et les pieds.

TANAQUILLE (AUTELS DE).- Tanaquille, femme de Tarquin l'Ancien, roi de Rome, était en très-grande vénération dans cette ville, surtout à cause de l'amour extrême

qu'elle avait eu pour le travail. On conservait précieusement, dans le terople de Sangus, sa quenouille et son fuseau chargé de la laine qu'elle avait filée. On montrait dans celui de la Fortune une robe royale qu'elle avait travaillée elle-même. De là venait, diton, la coutume de porter devant les nouvelles mariées une quenouille et un fuseau garni de fil.

TANJA OU TANJOU. Nom des anciens chefs des Turcs avant leur sortie de la Tar

tarie.

TANISTERIE. - Ancienne loi d'Angleterre qui adjugeait les biens d'un défunt à son parent le plus âgé et le plus en état de gouverner l'héritage, sans aucun égard à la proximité du degré. Cette loi du plus fort causa souvent des luttes sanglantes entre les familles. Elle fut abolie par Jacques I", roi d'Angleterre et sixième roi d'Ecosse.

TANQUAM, etc. Les Chinois partagent le gouvernement du ciel et de la terre entre soixante et douze dieux. Les cinq premiers régissent les cieux, et le premier de ces cinq a la supériorité sur les autres; c'est vraisemblablement un certain Causay, qui règne dans la partie la plus basse du ciel, et à qui ils attribuent un pouvoir de vie et de mort. Ces cinq dieux ont pour ministres les génies Tanquam, Tsuiquam et Teiquam. Ces huit divinités ont pour conseillers huit sages, qui habitaient autrefois la terre, et qui maintenant sont dans le ciel, et trente-six des autres dieux disposent à leur gré des affaires sublunaires pour Tanquam, il donne la pluie. Tsuiquam préside à la nativité, à l'agriculture et à la guerre, et Teiquam est le Neptune des Chinois, et domine sur les eaux. TAN-SI.-Nom que l'on donne aux lettres dans le royaume de Tonquin. Avant que de pouvoir entrer dans cette classe supérieure, il faut en avoir franchi deux autres : celle des sin-de, où l'on étudie la rhétorique, afin de se mettre en état d'exercer les fonctions d'avocat, de procureur et de notaire, et celle des dow-cum, où l'on étudie pendant cinq ans les mathématiques, la poésie et la musique, l'astrologie et l'astronomie. Après avoir étudié durant quatre années les lois, la politique et les coutumes dans la classe des tan-si, on subit un rigoureux examen devant le roi, les grands du royaume et les lettrés. Si l'on s'en tire avec succès, on est conduit sur un échafaud, et revêtu publiquement de la robe de satin, qui est l'habit affecté aux lettrés. Ensuite on inscrit le nom du nouveau tan-si sur des tablettes suspendues à la porte du palais royal. C'est de la classe des tan-si que le roi tire ses grands officiers, les gouverneurs de provinces et les premiers juges du royaume. Ils ont tous une pension payée par le trésor du monarque.

TAOURAT. Nom donné par les musulmans aux cinq livres de la Loi que, d'après eux, Dieu envoya à Moïse écrits dans la langue hébraïque, et qu'ils prétendent avoir été altérés et corrompus par les Juifs, particulièrement en ce qui concerne les voyelles, qui servent à la prononciation des mots.

Hagi Khalfah, auteur musulman, dit qu'il y a trois exemplaires de l'Ancien Testament: que le premier est la version des Septante, qui depuis a été traduite en Syriaque et en Arabe, que le second est l'exemplaire des Juifs, qui est commun aux Rabbanites et aux Caraïtes, c'est-à-dire à ceux qui reçoivent les vingt-deux livres entiers, qui se trouvent aujourd'hui dans le canon des Hébreux; et que le troisième est l'exemplaire des Samaritains, qui ne contient que le Pentateuque, ou les cinq livres de la loi. Il rapporte ensuite la fable d'Abdias, au sujet de la traduction des trente-six livres faite de l'hébreu en grec, par soixante et douze docteurs, enfermés dans des cellules particulières.

Il ajoute, un peu après, qu'on ne trouve dans ce livre autre chose sinon que l'unité de Dieu, et qu'il ne s'y rencontre pas un précepte qui oblige les Juifs ni à la prière, ni au jeune, ni à la distribution d'une partie de leurs biens aux pauvres, ni au pèlerinage de Jérusalem, ce qui est faux, et que l'on n'y trouve aucun endroit où il soit parlé de l'autre vie, ni de sa résurrection, ni du paradis, ni de l'enfer; ce qui vient de ce que les Juifs ont corrompu leurs exemplaires, et la raison pour laquelle les musulmans ne doivent rien citer de l'Ancien et du Nouveau Testament, tels qu'ils sont aujourd'hui entre les mains des Juifs et des Chrétiens.

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Le même auteur rapporte que Mabomet disait Quand ceux qui ont des livres vous les présenteront, n'y ajoutez point foi, et ne les rejetez pas aussi; mais dites seulement: Nous croyons en Dieu, en ses livres, et en ses envoyés.

On appelle aussi taourat une loi que promulgua Gengis-Khan, qui contenait plusieurs préceptes généraux pour la conduite de la vie. Les successeurs de ce conquérant l'ont beaucoup étendue pour la police et le gouvernement. La loi de Gengis-Khan établissait l'unité de Dieu, proscrivait l'idolâtrie, et toutes ses maximes étaient conformes à la loi naturelle.

TAPISSERIE (du latin tapes ou tapetium, dont on fait tapis).- Ouvrage fait à l'aiguille sur du cannevas, avec de la laine, de la soie, de l'or, etc. L'histoire nous apprend que les Babyloniens out excellé dans cette sorte d'ouvrage. Les tapis de Turquie et de Perse ont eu autrefois beaucoup de vogue en Europe. Dans le temps que les Sarrasins firent une irruption en France, sous le règne de Charles-Martel, quelques-uns de leurs ouvriers s'y établirent, et y fabriquèrent des tapis à la manière de leurs pays. Cette fabrique de tapis façon du Levant, se perfectionna sous le règne d'Henri IV. Les tapisseries peuvent se faire de toute espèce d'étoffes. Cette sorte d'ameublement a une origine très-ancienne. Attale, roi de Pergame, qui institua le peuple romain pour son héritier, avait son palais meublé de tapisseries magnifiques, brodées d'or. Les Grecs et les Romains en eurent aussi de très-riches. Cet art s'est répandu peu à peu chez divers peuples; mais les Français sont ceux qui lui

ont fait faire le plus de progrès par leur manufacture des Gobelins.

TARABITE.-Machine fort singulière et très-simple, qui sert aux Péru vingiens pour passer les rivières, et même pour transporier les bestiaux d'un bord à l'autre. La tarabite est une simple corde faite de liane, ou de courroies très-fortes de cuir, qui est tendue d'un des bords d'une rivière à l'autre. Cette corde est attachée au cylindre d'un tourniquet, au moyen duquel on lui donne le degré de tension qu'on veut. A celte corde, ou tarabite, sont attachés deux crocs mobiles, qui peuvent parcourir toute sa longueur, et qui soutiennent un panier assez grand pour qu'un homme puisse s'y coucher, en cas qu'il craigne les étourdissements auxquels on peut être sujet en passant des rivières, qui sont quelquefois entre des rochers coupés à pic d'une hauteur prodigieuse. Les Indiens donnent d'abord une secousse étonnante au panier, qui, par ce Inoyen, coule le long de la tarabite, et les Indiens de l'autre bord, par le moyen de deux cordes, continuent d'attirer le panier de leur côté. Quand il s'agit de faire passer un cheval ou une mule, on tend deux cordes ou tarabites, l'une après l'autre on suspend l'animal par des sangles qui passent sous son ventre, et qui le tiennent en respect sans qu'il puisse faire aucun mouvement. Dans cet état, on le suspend à un gros croc de bois qui coule entre les deux tarabites, par le moyen d'une corde qui s'y attache. La première secousse suffit pour faire arriver l'animal à l'autre rive. Il y a des tarabites qui ont 60 et 80 mètres de longueur, et qui sont placées à 60 mètres audessus de la rivière.

TARAXIPUS.- Génie malfaisant, dont la statue était placée dans les hippodromes des Grecs, et qui remplissait d'épouvante les chevaux attelés aux chars de ceux qui disputaient les prix de la course. Aussi les écuyers faisaient-ils des sacritices à Taraxipus pour se le rendre favorable. Il est vraisemblable que cette statue était taillée de telle forme, ou placée de telle manière, qu'elle devait faire naturellement cet effet. A Nemée, au tournant de la lice, il y avait une grosse cloche rouge comme le feu, dont l'éclat éblouissait les chevaux, de sorte que souvent ils n'obéissaient plus ni à la voix ni à la main de ceux qui les conduisaient : tout ceci sans doute n'était qu'un artifice pour rendre le succès des courses plus douteux, et en même temps le triomphe plus glorieux; mais les Grecs, adonnés à la superstition, voulaient tout attribuer à la puissance des dieux qu'ils s'étaient forgés.

TARD VENUS OU MALANDRINS. — C'étaient, en France, des espèces de grandes compagnies composées de gens de guerre, qui s'assemblaient sans être autorisés par le prince, se nommaient un chef, couraient le royaume et le ravageaient. Ils commencèrent à paraître, suivant le continuateur de Nangis, en 1360, et furent nommés tard-venus. Jacques de Bourbon, comte de la Mar

che, fut tué à la bataille de Briguais, en voulant dissiper ces grandes compagnies qui avaient désolé la France, et qui passèrent ensuite en Italie.

TARGE. Nom d'une ancienne sorte de bouclier. Il parait qu'on prononçait targue, et que c'est de là qu'on a formé se targuer. Se larguer de quelque chose, c'est s'en prévaloir, s'en vanter, en prendre droit d'être plus fier, comme si l'on s'en faisait une targue ou un bouclier.

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TARGELIES. Nom des fêtes que les Athéniens célébraient en l'honneur du soleil, de qui ils reconnaissaient tenir tous les biens de la terre. Pendant cette solennité, on sacrifiait barbarement un homme et une femme, qu'on avait eu soin d'engraisser auparavant et que l'on offrait aux dieux comme des victimes expiatoires pour les crimes du peuple. Ces victimes portaient des colliers de figues sèches; elles en avaient les mains garnies; et pendant la marche on les frappait avec des branches de figuier sauvage, ensuite on les brûlait, et leurs cendres étaient jetées dans la mer.

TARPEIEN (MONT). Montagne d'où es anciens Romains précipitaient les criminels, et sur laquelle ils bâtirent le Capitole. Ce rocher reçut, dit-ou, son nom de la vestale Tarpeia, qui livra le Capitole aux Sabins, à la condition qu'ils lui donneraient tout ce qu'ils portaient à leur bras gauche, c'està-dire leurs bracelets; mais les ennemis, au lieu de ces joyaux, lui jetèrent leurs boucliers, qu'ils portaient en effet au bras gauche, et l'écrasèrent sous le poids de ces lourdes armes. Quelques auteurs contredisent cette histoire, et prétendent que ce fut le traître Spurius Tarpeius qui livra le Capitole aux Sabins, et qui, en punition de ce crime, fut précipité de ce rocher par ordre de Romulus.

On nommait jeux Tarpéiens ou Capitolins, une fête instituée par Romulus en l'honneur de Jupiter, surnommé Feretrius, à qui on donnait aussi le surnom de Tarpéien, à cause du temple qui lui était consacré sur cette montagne.

TASSES À BOIRE.-Les Romains avaient trois sortes de lasses ou coupes : les grandes, les moyennes et les petites. Celui qui versait à boire, puisait avec un petit gobelet appelé cyathe dans la cratera ou vaisseau contenant le vin. L'inégalité des coupes, chez les Grecs comme chez les Romains, nous est confirmée par ce passage d'Athénée introduisant un convive qui se fait verser dix cyathes dans une seule tasse: « Echansons, dit-il, apportez une grande tasse; versez-y les cyathes qui se boivent à ce qu'on aime : quatre pour les personnes qui sont ici à table; trois pour l'amour: ajoutez-y encore une cyathe pour la victoire du roi Antigone. Holà encore une pour le jeune Démétrius; versez-en maintenant une dixième pour l'aimable Vénus. »

Les Romains commandaient autant de cyathes qu'il y avait de lettres dans le nom de la personne dont on allait porter la santé.

TAUREAUX (COMBATS DE). -Spectacle favori des Maures, adopté par les Espagnols qui en font leurs délices, malgré les dangers qu'on y court, et les fréquentes censures de l'Eglise, contre ceux qui idolâtrent ces sortes d'exercices. Ces combats font partie de toutes les grandes réjouissances publiques, et sont toujours honorés de la présence de la cour de Madrid.

Dans la place destinée pour ce spectacle, il y a un endroit où, dès le matin, on renferme une trentaine de taureaux. Les combattants, autrefois personnes de distinction et aujourd'hui hommes rabaissés par l'opinion générale au rang des comédiens de profession, sont habillés de noir, et leurs valets superbement vêtus à la turque, ou à la moresque. On lâche un taureau, qui ne peut être attaqué que par un seul combattant, armé d'une lance, ou de javelots, qu'on appelle réjonnes.

Le champion entre dans la carrière à cheval, monté à la genette, c'est-à-dire avec des étriers si raccourcis que les pieds touchent les flancs du cheval. Le taureau, qu'on a irrité, ne manque pas de fondre sur son adversaire, qui le prévient en lui jetant son manteau, sur lequel l'animal passe sa première fureur. Quelquefois un cavalier est jeté en l'air par le taureau, foulé aux pieds, et reste mort sur l'arène. Le combattant attaque son ennemi de côté, et tâche de lui percer le cou, qui est l'endroit favorable pour le tuer d'un seul coup, car tant que le taureau attaque et combat, il n'est pas permis de mettre l'épée à la main pour le tuer. Si le cavalier est désarçonné, il peut alors se servir de son épée, et les trompettes annoncent ce nouveau combat; alors les amis du combattant entrent dans l'enclos, et tâchent de couper d'un seul coup les jarrets du taureau. Ce périlleux exercice se continue ordinairement jusqu'à ce qu'il y ait vingt-trois taureaux mis à mort. Ce divertissement est recherché avec une sorte de fureur dans toutes les grandes villes d'Espagne.

Toreador est le nom général des gens qui prennent part aux combats de taureaux; picadores est celui des cavaliers qui entrent les premiers dans l'arène pour animer le taureau à l'aide d'un long aiguillon appelé garocha; chalos est le nom des excitateurs qui accompagnent les picadores et portent les voiles aux couleurs éclatantes qui doivent mettre le taureau en fureur; on appelle matador, entin, celui qui est destiné à attaquer l'animal arrivé au comble de la fureur el à le tuer.

Il y avait autrefois des combats de taureaux à Paris; mais ce genre de spectacle n'y attira jamais que les dernières classes du peuple et l'opinion générale est trèsmanifestement contraire à la réapparition de ces jeux cruels dans une partie de notre France méridionale.

TAURILIENS (JEUX). - Ces jeux furent institués par Tarquin le Superbe, en l'honneur des dieux infernaux. Dans cette solennité on immolait un taureau, dont la chair

était distribuée au peuple. Ces jeux tauri、、 liens étaient toujours célébrés hors de Rome, de crainte d'évoquer en la ville les dieux des enfers. Il y avait d'autres jeux appelés compitaux, qui se solennisaient dans les carrefours en l'honneur des dieux lares, et des jeux nommés tarentins, dont la solennité ne revenait que de cent ans en cent ans, à la gloire de Pluton et de Proserpine.

TAUROBOLE. C'était une espèce de sacrifice expiatoire et purificatoire du paganisme, dont Prudence nous a conservé les cérémonies bizarres et singulières. « On creusait, dit-il, une fosse assez profonde, où celui pour qui se devait faire la cérémonie, descendait avec des bandelettes sacrées à la tête, avec une couronne, et enfin avec tout un équipage mystérieux. On mettait sur la fosse un couvercle de bois percé de quantité de trous; on amenait sur ce couvercle un taureau couronné de fleurs, et ayant les cornes et le front orné de petites lames d'or; on l'égorgeait avec un couteau sacré; son sang coulait par un trou dans la fosse, et celui qui y était le recevait avec beaucoup de respect. Il y présentait son front, ses joues, ses bras, ses épaules, enfin toutes les parties de son corps, et tâchait de n'en point laisser tomber une goutte ailleurs que sur lui. Ensuite il sortait de là hideux à voir, tout souillé de ce sang, ses cheveux, sa barbe, ses habits tous dégouttants; mais aussi il s'était purgé de tous ses crimes, et régénéré pour l'éternité. Il parait positivement que ce sacrifice servait de régénération mystique et éternelle à ceux qui l'offraient : mais il était nécessaire de le renouveler tous les vingt ans, autrement il perdait sa force pour l'avenir. Les femmes recevaient aussi cette régénération.

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TAUTOGRAMME (du grec tauto, le même, et gramma, lettre). On appelle un poëme tautogramme, et des vers taulogrammes, ceux dont tous les mots commencent par ung même lettre, tels que le célèbre poëme latin du combat des porcs, contenant trois cent cinquante vers dont tous les mots commencent par un P. On l'attribue à Pierre Placentz, Allemand, qui s'y est déguisé sous le nom de Publius Porcius. Un autre Allemand, Christianus Pierius, en a composé un de deux mille deux cents vers sur la mort de JésusChrist, dont les mots commencent tous par C; et un autre sur l'empereur Maximilien, dans lequel ils commencent par M. et C.

TAVIDES.- Espèces de talismans com posés de caractères magiques, dans lesquels les habitants des îles Maldives mettent la plus grande confiance, et qui doivent, lors quils en sont munis, les garantir de toutes sortes d'accidents, et même des maladies. Par leur moyen, ils prétendent inspirer un violent amour aux personnes à qui ils se proposent de plaire. Ces insulaires portent ces précieux tavides dans des boîtes d'or ou d'argent qu'ils pendent à leur cou, qu'ils attachent étroitement autour de leurs bras, ou dont ils se font une ceinture.

TAXE SUR LES DAMES ROMAINES. --Lorsque

les Gaulois ou les Parthes l'attaquent, nous n'avons pas moins de zèle pour ses intérêts que nos mères; mais nous ne devons pas nous mêler des guerres civiles; César ni Pompée ne nous y ont jamais obligées; Marius et Cinna ne l'ont jamais proposé, ni Sylla même, qui a établi la tyrannie.

les cruels triumvirs, Octave, Antoine et Lépide, eurent inondé du sang romain la capitale de l'empire, après la mort ou la fuite des proscrits, ils mirent en vente les biens immeubles de ces malheureux, et imposèrent dessus une taxe de deux cent mille talents, soit plus d'un milliard. Les dames romaines furent comprises dans cette taxe, au nombre de quatorze cents, et elles vinrent représenter à la mère et aux sœurs d'Octave les funestes conséquences de cette nouvelle injustice. Ne pouvant par cette voie faire révoquer cet impôt exorbitant, elles se rendirent au palais des triumvirs, qui furent contraints de leur accorder une audience publique. Hortensia, fille du célèbre Hortensius, le rival de Cicéron en éloquence, prit la parole au nom de toutes.

Les dames, dit-elle, que vous voyez ici, seigneurs, pour implorer votre justice et vos bontés, n'y paraissent qu'après avoir suivi les voies qui leur étaient marquées par la bienséance. Nous avons recherché la protection de vos mères, et de vos femmes, mais nos respects n'ont pas été agréables à Fulvie, ce qui nous a obligées de faire éclater nos plaintes en public contre les règles prescrites à notre sexe, el que nous avons jusqu'ici observées rigoureusement. Vous nous avez privées de nos pères et de nos enfants, de nos frères et de nos maris; vous prétendiez en avoir été outragés. Ce sont des sujets qu'il ne nous appartient pas d'approfondir; mais quelles injures avez vous reçues des femmes, pour leur Oter leurs biens? Il faut aussi les proscrire, si on les croit coupables; cependant aucune de notre sexe ne vous a déclarés ennemis de la patrie. Nous n'avons ni pillé vos fortunes, ni suborné vos soldats; nous n'avons point assemblé de troupes contre les vôtres, ni formé d'oppositions aux honneurs et aux charges que vous prétendiez obtenir. Puisque les femmes n'ont point eu de part à ces actions qui rous offensent, l'équité ne veut pas qu'elles en aient à la peine que vous leur imposez. L'empire, les dignités, les honneurs, ne sont pas faits pour elles. Aucune ne prétend gouverner la république, et notre ambition ne lui attire point les maux dont elle est accablée. Quelle raison pourrait donc nous obliger à donner nos biens pour des entreprises où nous n'avons point d'intérêt?

La guerre, continua-t-elle, a élevé cette ville au point de gloire où nous la voyons; cependant il n'y a point d'exemple que les femmes y aient jamais contribué: c'est un privilége accordé à notre sexe, par la nature même, qui nous exemple de cette profession. Il est vrai que durant la guerre de Carthage, nos mères assistèrent la république, qui était alors dans le dernier péril; cependant ni leurs maisons, ni leurs terres, ni leurs meubles ne furent vendus pour ce sujet; quelques bagues et quelques pierreries fournirent ce secours, et cene fut pas la contrainte, les peines, ni la violence qui les obligèrent, mais un pur mouvement de générosité. Que craigez-vous à présent pour Rome, qui est notre commune patrie? Quel danger pressant la menace? Si

Ce discours confondit les triumvirs. Pour empêcher une révolte publique, ils crurent devoir réduire leur affreuse liste à quatre cents dames romaines, du nombre de celles dont ils avaient moins à redouter le crédit.

TAXE TERRITORIALE OU LAND-TAX. - C'est une imposition établie en Angleterre, en 1692, sur les fonds territoriaux, ou les revenus que les propriétaires en retirent.

La taxe sur les terres a été accordée par le parlement, pendant 135 années de suite, et chaque fois pour une année seulement; mais elle fut rendue perpétuelle en 1798.

TAYAMONT. Chez les mahométans, espèce de purification ordonnée par l'Alcoran. Elle consiste à se frotter avec du sable ou de la poussière lorsqu'on ne trouve pas d'eau pour faire les ablutions ordinaires. C'est ainsi que se purifient les voyageurs et les armées qui traversent les déserts.

THEBET.-Quatrième mois de l'année civile des Juifs et le dixième de leur année sainte. Les Juifs jeûnent le sixième jour de ce mois à cause de la traduction de la Bible, dite des Septante, faite sous Ptolémée. Ils soutiennent que par cette version la loi a été profanée, et que Dieu, pour en témoigner de la douleur, répandit pendant trois jours d'épaisses ténèbres sur la terre. Ils jeûnent aussi le dix, à cause du siége de Jérusalem par les Babyloniens. Le vingt-huit ils célèbrent la fête de la réformation du sanhédrin, dont voici l'origine : Alexandre Jannée favorisait les sadducéens, et en introduisit un si grand nombre dans le conseil, qu'il n'y restait plus que le président Siméon, fils de Sharach, qui fût orthodoxe. Comme il connaissait les sadducéens pour être les plus ignorants des Juifs, il fit une loi qui ordonnait que, pour obtenir séance et voix délibérative dans le conseil, il faudrait être en état de rendre raison de son avis, et de l'appuyer sur la loi. Siméon proposa le lendemain une question; un sadducéen ne put y répondre, et demanda un jour pour se préparer, mais la honte l'empêcha de reparaître, et suivant l'usage, qui ne permettait pas de laisser une place vide, le président la remplit aussitôt; ainsi peu à peu il chassa du conseil tous les sadducéens.

TECKIDA. C'est le nom d'une ere solennelle que célèbrent toutes les années les idolâtres du Tonquin. Il est question pendant les cérémonies de cette fête d'exorciser et de chasser les démons et les esprits malfaisants qui peuvent être dans le royaume; mais apparemment que les prêtres craignent, en faisant leur exorcisme, de n'être pas les plus forts, car pour remplir les fonctions de leur ministère, ils exigent que toutes les troupes se tiennent sous les

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