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DES SAVANTS ET DES IGNORANTS. armes, pour leur prêter main forte en cas de résistance.

TECUITLES. Nom de certains chevaliers mexicains, tirés d'entre les principaux seigneurs de l'empire, et qui n'étaient admis dans une espèce d'ordre de chevalerie qu'après un noviciat rude et fort bizarre. Le jour destiné pour sa réception, le nouveau chevalier était conduit par ses parents et par les anciens chevaliers dans un temple, où après s'être mis à genoux devant l'autel, un prêtre lui perçait le nez avec un os pointu ou avec un ongle d'aigle. Cette cérémonie était accompagnée d'injures atroces que lui vomissait le sacrificateur, tandis qu'il le dépouillait de ses habits, et que les anciens chevaliers faisaient à ses dépens un somptueux festin, sans paraitre prendre aucune attention à ce qui se passait. Le repas fini, Jes prêtres apportaient au récipiendaire un peu de paille pour se coucher, un manteau pour se couvrir, de la teinture pour se barbouiller le corps, et des poinçons pour se percer les oreilles, les bras et les jambes. Des soldats restaient toute la nuit auprès de lui pour l'empêcher de se livrer au sommeil, et souvent ils le perçaient avec des poinçons, lorsque par accablement il paraissait prêt à s'assoupir. Dans le milieu de la nuit il devait encenser les idoles, et leur offrir le sang qui sortait de ses plaies. Ces cérémonies superstitieuses et barbares duraient quatre jours, pendant lesquels le novice ne prenait pour nourriture qu'un peu de pain de maïs et un peu d'eau. Ce temps expiré, il quittait les prêtres pour aller emplir quelques devoirs, moins rudes à la vérité, dans plusieurs autres temples. Ce noviciat durait un an; alors on le conduisait dans le premier temple, où on le revêtait d'habits pompeux, el après avoir reçu de la bouche du grand prêtre les éloges dus à son courage, on le déclarait digne de défendre la religion et la patrie. Tous les trous que le nouveau chevalier s'était faits au nez et aux autres parties de son corps, étaient ornés d'anneaux d'or, garnis de pierres précieuses, ce qui devenait la marque de la dignité qu'il avait acquise par sa valeur.

TE DEUM. Cantique attribué à saint Ambroise ou à saint Augustin, que l'on chante ordinairement à la fin des Matines, les jours qui ne sont point simples féries, ni dimanches de Carême et d'Avent. Le Te Deum laudamus occasionna anciennement un procès assez singulier pour être rapporté dans ce Dictionnaire. Un chanoine de Chartres avait ordonné expressément dans ses dernières dispositions qu'on chanterait le Te Deum en l'église aux jour et heure de son enterrement. L'évêque, nommé Guyard, trouva non-seulement le fait nouveau, mais même scandaleux, et refusa sa permission pour le chant du cantique, prétendant que c'était une hymne de louange et de réjouissance, qui ne convenait point au service Jugubre des trépassés. Ce refus donne lieu à unc instance, et l'affaire est débattue en pré

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sence de juges compétents. L'avocat du mort soutient que sa partie a pu faire légitimement cette disposition, et après avoir interprété savamment tous les versets, il s'arrête à celui-ci Te ergo, quæsumus, famulis tuis subveni, quos pretioso sanguine redemisti. Eterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari, et prouve qu'il contenait une prière formelle pour les morts. Un arrêt intervint, qui ordonna que, nonobstant la défense de l'évêque, on chanterait le Te Deum aux obsèques du chanoine, et cet arrêt fut baptisé du nom de Te Deum laudamus.

Une dame du xvII° siècle disait que le Te Deum que les rois faisaient chanter pour des victoires remportées était le De profundis des particuliers.

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TEFFILIN. Nom que les Juifs modernes donnent à ce que la loi de Moïse appelle totaphot. Ce sont des parchemins mystérieux, dont Léon de Modène va nous donner la description. « On écrit sur deux morceaux de parchemin, avec de l'encre faite exprès, et en lettres carrées, ces quatre passages avec bien de l'exactitude, sur chaque morceau Ecoutez, Israël, etc.; le second: Et il arrivera que, si obéissant, tu obéis, etc.; le troisième Sanctifie-moi ton premierné, etc; le quatrième: Et il arrivera quand le Seigneur te fera entrer, etc. Ces deux parchemins sont roulés ensemble, en forme d'un petit rouleau pointu qu'on renferme dans de la peau de veau noire; puis on la met sur un morceau carré et dur de la même peau, d'où pend une courroie de la même peau, large d'un doigt et longue d'une coudée et demie ou environ. Ils posent ces teffilins au pliant du bras gauche, et la courroie, après avoir fait un petit nœud en forme de jod (lettre hébraïque), se tourne autour du bras en ligue spirale, et vient tinir au bout du grand doigt, ce qu'ils nomment teffilaseel-jad, c'est-à-dire de la main. Pour ce qui est de l'autre, ils écrivent les quatre passages dont je viens de parler sur quatre morceaux de vélin séparés, dont ils forment un carré, en les attachant ensemble, sur lequel ils écrivent la lettre scin; puis ils mettent pardessus un petit carré de peau de veau dure comme l'autre, dont il sort deux courroies semblables en figures et en longueur aux premières. Ce carré se met sur le milieu du front, et les courroies, après avoir ceint la tête, font un noeud derrière, en forme de la lettre dalet; puis ils viennent se rendre devant l'estomac. Ils nomment celui-ci teffilascel-tose, c'est-à-dire de la tête. »

Au reste, il n'y a maintenant que les Juifs rabbinites qui portent ces teffilins pendant leurs prières. Les caraïtes, leurs adversaires, les nomment aussi par raillerie des dnes brides.

TELEARQUE. Magistrat de la ville de Thèbes, dont les fonctions se réduisaient à faire nettoyer les rues, emporter les fumiers et nettoyer les égoûts au moyen de l'eau. Les ennemis du brave Epaminondas le firent nommer téléarque, bien moins pour honorer son mérite et ses talents que dans le dessein

et l'autel d'or. On peut voir dans Josèphe le détail des immenses rihesses que cet auguste temple recélait.

de les avilir. « Je vous ferai voir, » dit le grand citoyen, « que non-seulement la charge montre quel est l'homme, mais encore que l'homme montre quelle est la charge. » En effet, il se comporta de telle façon dans cet office, qu'il le releva à une hauteur infinie aux yeux du public, et que dans la suite la charge de téléarque fut briguée comme l'une des premières dignités de la république. Heureux les pays où il se trouve des citoyens capables d'illustrer les moindres emplois publics!

TEMGID. C'est le nom d'une prière que l'Alcoran prescrit aux musulmans de faire à minuit; mais la plupart s'en dispensent à cette heure, et ils la récitent le soir ou le matin. C'est pourquoi, lorsqu'un Turc est mort, les prêtres qui accompagnent son corps dans la sépulture chantent toujours le Temgid, pour suppléer à la quantité de fois que le défunt a pu manquer à réciter cette prière. TEMPLE. Edifice consacré au culte divin, et où l'on faisait des sacrifices. Les hommes d'abord s'assemblèrent sur les montagnes et sur les collines, pour adresser Jeurs vœux à la Divinité; ils choisirent ensuite l'épaisseur des bois pour lui rendre hommage; bientôt ils enfermièrent ces lieux de murailles, mais ils les laissèrent découverts, afin de pouvoir continuellement fixer leurs regards vers le ciel, et enfin ils bâtirent des temples. On est persuadé que les Egyptiens furent les premiers qui élévèrent des édifices sacrés.

David, voulant bâtir un temple à l'Etre suprême, fit approcher une quantité prodigieuse de matériaux; mais il n'avait pas les mains assez pures pour achever ce grand ouvrage, et Dieu en avait réservé la perfection à son fils Salomon. Ce prince, en deux années, et avec des dépenses prodigieuses, éleva un superbe temple au Seigneur sur la montagne de Sion, et il y employa tout l'or que ses flottes lui rapportaient d'Ophir, Le corps du bâtiment n'avait que cent cinquante pieds de long et autant de large en prenant tout l'éditice d'un bout à l'autre; mais les ornements et les décorations intérieures étaient d'un travail exquis, et les embellissements seuls du saint des saints, qui était une place de trente pieds en carré et de trente pieds de haut, revenaient à 600 talents d'or, ce qui revient à une somme de plus de 100 millions.

La cour dans laquelle le temple était placé, et la cour du dehors, qu'on appelait la cour des femmes, était environnée de bâtiments magnifiques. La cour intérieure, qui formait un carré de mille sept cent cinquante pieds de chaque côté, et qui embrassait le tout, était entourée d'une galerie soutenue par des colonnes, et c'était là que se trouvaient les logements des prêtres et les magasins de toutes les choses nécessaires au culte divin. Au milieu de la dernière enceinte étaient le sanctuaire, le saint et le vestibule. Dans le sanctuaire étaient l'arche d'alliance et les deux chérubins; le saint contenait le chandelier d'or, la table des pains de proposition

Nous avons déjà remarqué que les Egyptiens construisirent les premiers temples en l'honneur de leurs fausses divinités. Cet art fut porté chez les Assyriens, les Phéniciens et les Syriens, et passa ensuite chez les Grecs et de là à Rome. Les Indiens, les Perses, les Gètes et les Daces crurent offenser la Divinité en l'enfermant dans des édifices élevés par les mains des hommes, et ils continuèrent à lui adresser des vœux en rase campagne ou au milieu des bois. A mesure que les nations se créèrent des dieux, elles leur bâtirent des temples magnifiques, elles inventèrent de nouveaux cultes et des cérémonies extraordinaires pour les honorer. La politique se mêla avec la piété et la superstition, et, pour exciter les respects du peuple, on imagina les miracles et les prodiges. Dans un temple, les vents ne troublaient jamais les cendres de l'autel; dans un autre, quoique découvert, il ne pleuvait jamais. Le temple de Vulcain à Memphis était l'ouvrage de plusieurs rois, et, dans un long règne, tout ce que pouvait faire un prince, c'était d'en achever un portique. Les temples de Delphes, d'Ephèse, de Minerve à Athènes et à Saïs, et celui de Jupiter Capitolin, étaient des chefs-d'œuvre, et faisaient le principal ornement des villes où ils étaient placés. Asiles des coupables et des débiteurs, ils étaient l'objet de la vénération des peuples: dans les grandes calamités publiques, les femmes en venaient balayer les pavés avec leurs cheveux. L'intérieur de ces temples était décoré de statues des dieux et des grands hommes, de tableaux, de dorures, d'armes prises sur les ennemis, de boucliers votifs, et d'une immense quantité de richesses de tous genres. Pendant les fêtes solennelles, on y ajoutait des guirlandes de fleurs, des décorations superbes, et tout l'intérieur brillait par la lumière de plusieurs milliers de lampes et de flambeaux.

Outre les temples élevés selon les règles. de l'architecture, les Egyptiens en avaient d'autres monolithes, ou faits d'un seul morceau de marbre fouillé dans des carrières éloignées, et amené sur le lieu par des machines dont la structure n'est pas venue à notre connaissance.

Les Grecs avaient multiplié les temples, les chapelles et les autels, et l'on en trouvait non-seulement dans les villes, mais même dans les villages, dans les plus petits bameaux, sur les chemins.

Entre les remarques que Vitruve nous a fait passer au sujet des temples des Romains, il rapporte les particularités suivantes :

« Un temple,» dit-il, « ne pouvait être consacré sans la statue du dieu, qui devait être placée au milieu. Il y avait au pied de la statue un autel sur lequel les premières offrandes qu'on faisait étaient de légumes cuits dans de l'eau, et une espèce de bouillie qu'on distribuait aux ouvriers qui avaient élevé la statue,

« Quoique communément les hommes et les femmes entrassent dans les temples, il y en avait dont l'entrée était défendue aux hommes tel était celui de Diane, où anciennement une femme avait reçu le plus sanglant affront. »>

Pour élever à Rome un temple véritable, il fallait employer l'autorité des lois, l'observation des auspices et les cérémonies de la consécration. Lorsque les augures avaient été consultés, on faisait le choix du terrain, on traçait le plan du temple, et l'on posait la première pierre avec de grandes cérémonies. Les vestales, avec de jeunes garçons et de jeunes filles qui avaient encore père et mère, arrosaient la place de trois sortes d'eaux, et on la purifiait par le sacrifice d'un taureau blanc et d'une génisse. Le grand prêtre invoquait alors le dieu auquel l'édifice devait être dédié.

On gravait sur la pierre les noms de ceux qui faisaient les frais de la bâtisse du temple, et celui du grand pontife qui présidait à la cérémonie. Diverses médailles d'or et d'argent étaient jetées dans la fondation, et tout le peuple s'empressait de mettre la main à l'ouvrage.

Le jour de la dédicace du temple, on immolait des victimes sur tous les autels, on chantait des hymnes au son de la flûte, et le temple était orné de guirlandes et de bandelettes. Ce jour-là on faisait par toute la ville des réjouissances extrordinaires, etc.

TEMPLE DE MEXICO (GRAND). L'auteur de l'Histoire du Mexique fera seul les frais de cet article « On entrait d'abord : dans une grande place carrée et fermée d'une muraille de pierre, où plusieurs couleuvres en relief, entrelacées de diverses manières au dehors de la muraille, imprimaient de l'horreur, principalement à la vue du frontispice de la première porte, qui en était chargé, non sans quelque signification mystérieuse. Avant que d'arriver à celte porte, on rencontrait une espèce de chapelle, qui n'était pas moins affreuse. Elle était de pierre, élevée de trente degrés, avec une terrasse en haut, où on avait planté sur un même rang, et d'espace en espace, plusieurs gros troncs d'arbres tailJés également, qui soutenaient des perches passant d'un arbre à l'autre. Ils avaient enfilé par les tempes, à chacune de ces perches, quelques crânes des malheureux qui avaient été immolés, dont le nombre, qu'on ne peut rapporter sans horreur, était toujours égal, parce que les ministres du temple avaient soin de remplacer celles qui iombaient par l'injure du temps.

<< Les quatre côtés de la place avaient chacun une porte qui se répondaient, et étaient ouvertes sur les quatre principaux vents. Chaque porte avait sur son portail quatre statues de pierre, qui semblaient par leurs gestes montrer le chemin, comme si elles eussent voulu renvoyer ceux qui n'étaient pas bien disposés. Elles tenaient le rang des dieux liminaires ou portiers, parce qu'on leur donnait quelques révérences en

entrant. Les logements des ministres et des sacrificateurs étaient appliqués à la partie intérieure de la muraille de la place, avec quelques boutiques qui en occupaient tout le circuit, sans retrancher que fort peu de chose de sa capacité, si vaste, que buit à dix mille personnes y dansaient commodément aux jours des fêtes les plus solen-¡ nelles.

« Au centre de cette place s'élevait une grande machine de pierre, qui, par un temps serein, se découvrait au-dessus des plus hautes tours de la ville. Elle allait toujours en diminuant, jusqu'à former une demi-pyramide, dont trois des côtés étaient en glacís, et le quatrième soutenait l'escalier édifice somptueux; et qui avait toutes les proportions de la belle architecture. Sa hauteur était de six vingts degrés, et sa construction si solide, qu'elle se terminait en une place de quarante pieds en carré, dont le plancher était couvert fort proprement de divers carreaux de jaspe de toutes sortes de couleurs. Les piliers ou appuis d'une manière de balustrade, qui régnait autour de la place, étaient tournés en coquille de limaçon, et revêtus, par les deux faces, de pierres noires semblables au jais, appliquées avec soin, et jointes par le moyen d'un bitume rouge et blanc, et qui donnait beaucoup d'agrément à cet édifice.

<< Aux deux côtés de la balustrade, à l'endroit où l'escalier finissait, deux statues de marbre soutenaient, d'une manière qui exprimait fort bien leur travail, deux grands chandeliers d'une façon extraordinaire. Plus avant, une pierre verte s'élevait de cinq pieds de haut, taillée en dos d'âne, où l'on étendait sur le dos le misérable qui devait servir de victime, afin de lui fendre l'estomac et d'en tirer le cœur. Au-dessus de cette pierre, en face de l'escalier, on trouvait une chapelle, dont la construction était solide et bien entendue, couverte d'un toit de bois rare et précieux, sous lequel ils avaient placé l'idole de Vitziliputzli, sur un autel fort élevé, entouré de rideaux. Tout proche était l'autel du dieu Tlaloch. »

Les trésors de ce temple étaient d'un prix inestimable les murailles et autels étaient couverts d'or et de pierres précieuses, sur des plumes de toutes les couleurs.

TEMPLIERS. Cet ordre, le premier de tous les ordres militaires, prit naissance vers l'an 1118 à Jérusalem. Neuf personnes s'associèrent pour défendre le saint sépulcre et pour protéger les pèlerins qui viendraient le visiter. Baudouin II, roi de Jérusalem, touché de la piété de ces nouveaux religieux, leur donna une maison auprès du temple, et de là ils furent appelés chevaliers du Temple, ou de la milice du Temple, ou simplement Templiers. Ils prononcèrent les vœux de pauvreté, de chasteté et d'obéissance entre les mains du patriarche de Jérusalem; et par un quatrième vou, ils s'obligèrent à tenir les chemins libres pour tous les pèlerins qui entreprendraient le voyage de Jérusalem. Le Pape Honorius II leur

sés en ours, en lions, en monstres, en Mores, en sauvages ou en dieux de la fable.

TENSONS.- Questions galantes que proposaient nos anciens poëtes, et qui donnèrent naissance à la célèbre cour d'amour. On ne pouvait appeler des jugements de ce tribunal. A l'imitation de la cour d'amour de Provence, les Picards tinrent longtemps leurs plaids et gieux sous l'ormel.

TENTATIVE. Nom que l'on donnait autrefois à une thèse que, dans les universités de France, un candidat était obligé de soutenir pour donner une preuve de sa capacité dans les matières théologiques. S'il répondait convenablement aux difficultés qu'on lui proposait, on lui conférait le degré de bachelier.

donna en 1125 la règle de Saint-Bernard, et ordonna qu'ils porteraient l'habit blanc. En 1146, Eugène IIl ajouta une croix sur leurs manteaux. Ils devaient entendre tous les jours l'Office divin, lorsque leur service militaire n'y mettrait point d'empêchement, faire maigre quatre jours de la semaine, et s'abstenir de chasser à l'oiseau ou autre. Après la ruine du royaume de Jérusalem, en 1186, les Templiers se répandirent dans tous les Etats de l'Europe, et y acquirent d'immenses richesses. En 1309, on compte qu'ils y avaient neuf mille couvents ou seigneuries. Une si grande opulence excita l'envie et causa leur perte. Ils étaient débauchés, arrogants, et s'attirèrent l'inimitié de Philippe le Bel qui entreprit de les détruire. Deux chevaliers du Temple, chassés de l'ordre, détenus dans les prisons de Toulouse pour des crimes qui méritaient la mort, et sur le point de la subir, furent les premiers accusateurs des Templiers. Tous furent arrêtés le même jour, 13 octobre 1309, dans toute l'étendue de la France. Deux cents témoins les accusèrent de renier Jésus-Christ, de cracher sur la croix, d'adorer une tête dorée montée sur quatre pieds, et d'obliger le novice qui postulait pour être reçu dans l'ordre à baiser le profès qui le recevait à la bouche, au nombri et à des parties que la pudeur ne permet pas de nommer; enfin, à jurer de s'abandonner à ses confrères. On prétend qu'un grand nombre avouèrent ces crimes; mais ce qu'il y a de plus vrai, c'est qu'on fit souffrir des tortures affreuses à plus de cent chevaliers, qu'on en brûla vifs cinquante-neuf près de l'abbaye Saint-Antoine de Paris, et que le grand bailli, Jacques de Molay, et Guy, dauphin, fils de Robert II, dauphin d'Auvergne, commandeur d'Aquitaine, furent jetés dans les flammes à l'endroit où est actuellement posée la statue équestre du roi Henri IV. Mais avant leur supplice un d'eux harangua le peuple, et déclara que l'ordre était innocent de tous les crimes qu'on lui imputait. TENANCIER. Sous notre ancien droit, on donnait ce nom à celui qui exploitait les terres dépendant d'un fief, moyennant le cens et autres droits. Ce nom, en Angleterre, équivaut à celui de fermier chez nous.

ΤΕΝΑΝΤ.

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C'est un terme d'anciens tournois, qui se disait d'un champion lorsqu'il entreprenait de combattre contre tous. Dans les carrousels, les tenants étaient ceux qui ouvraient la fête. En termes de blason, tenant se dit des figures d'anges, de dieux ou d'hommes qui tiennent l'écu sans le lever. Lorsque ce sont des animaux, on les nomme supports.

Les premiers tenants ont été des troncs ou des branches d'arbres, auxquels les écussons étaient attachés; ensuite on a représenté les chevaliers tenant eux-mêmes leur écu attaché à leur cou, ou sur lequel ils s'appuyaient.

L'origine des tenants vient de ce qu'autrefois, dans les tournois, les chevaliers faisaient porter leur écu par des valets dégui

TENTE. On ne sait point quel est le premier peuple qui a fait usage des tentes pour se mettre à l'abri des injures de l'air. Les Tartares et les Arabes, qui sont des peuples errants, logent généralement sous des tentes. Les Hébreux, qui vécurent pendant quarante années dans le désert, s'y servirent de tentes. Pendant la guerre, les Romains ne quittèrent jamais l'usage des tentes, qui fut longtemps adopté par toutes les nations de l'Europe. Cependant la coutume de se servir de ces sortes de pavillons portatifs s'était presque perdue pendant le moyen âge, et ce n'est guère que depuis Louis XIV que les armées françaises ont repris l'usage des tentes. Avant le règne glorieux de ce monarque, les armées se cantonnaient dans les villages ou se barraquaient en pleine campagne.

TERATOSCOPIE.

Sorte de divination par l'apparition plus ou moins fantastique de monstres, de spectres, de prodiges apparents, etc.

Ce fut par cet art, croit-on, que Brutus, le meurtrier de César, en voyant un spectre se présenter à lui dans sa tente, augura qu'il perdrait la bataille de Philippes. Ce fut aussi par la tératoscopie que Julien, se trouvant à Paris, souffrit que son armée le proclamât Auguste. Il débita que le génie de l'empire lui était apparu, et qu'il l'avait sollicité et comme forcé de ne pas s'opposer à la volonté des soldats. Cet art prétendu offrait un beau champ à la politique et à l'ambition. TERENTE. C'était le nom d'un lieu situé dans le champ de Mars, assez près du Capitole, où se trouvaient un temple de Pluton et de Consus, et un autel souterrain consacré à Pluton et à Proserpine. Cet autel n'était découvert que pour la célébration des jeux séculaires. Nous trouvons dans Valère Maxime la manière dont cet autel fut découvert. Les deux fils et la fille d'un certain Valésius étaient, » dit-il, « attaqués d'une maladie désespérée; leur père pria ses dieux lares de détourner sur lui-même la mort qui menaçait ses enfants. Il lui fut répondu qu'il obtiendrait le rétablissement de leur santé, si, en suivant le cours du Tibre, it les conduisait jusqu'à Térente. Il prit un verre, puisa de l'eau dans le fleuve, et la porta où il aperçut de la fumée; mais n'y trouvant

point de feu, il en aluma avec des matières combustibles, chauffa l'eau qu'il avait, la fit boire à ses enfants, et elle les guérit. » Après cette guérison miraculeuse, les enfants de Valésius dirent à leur père qu'il leur était apparu en songe un dieu qui leur avait ordonné de célébrer des jeux nocturnes en l'honneur de Pluton et de Proserpine, et de leur immoler des victimes rousses. Valésius n'eut rien de plus pressé que d'obéir creusa la terre et trouva un autel tout bâti, avec une inscription qui marquait qu'il était consacré aux dieux infernaux.

il

Les jeux Térentins se célébraient à Rome de cent ans en cent ans, et l'on y immolait des bœufs noirs à Pluton et à Proserpine.

TERME. C'est le plus ancien des dieux qu'adorèrent les Romains, et il doit être de l'invention de Numa, qui, après avoir fait au peuple la distribution des terres, lui bâtit un petit temple sur la roche Tarpéienne. On sait que dans la suite Tarquin le Superbe ayant voulu bâtir un temple à Jupiter sur le Capitole, tous les dieux qui y étaient logés cédèrent la place d'assez bonne grâce au maître de la foudre, et que le dieu Terme ful assez tenace pour résister de sorte qu'on prit le partí de le laisser dans l'enceinte du nouveau temple. Cette fable était bien capable de persuader aux Romains qu'il n'y avait rien de plus sacré que les Jimites des champs aussi dévouait-on aux Furies ceux qui étaient assez hardis pour les changer, et il était permis de les tuer. On bonorait ce dieu, qui ne fut d'abord qu'une grosse pierre carrée ou une souche, et à qui on donna dans la suite une tête humaine; on J'honorait, dis-je, par des sacrifices d'agneaux et de truies, et par des libations de vin et de lait; on lui présentait pour offrandes des fruits et des gâteaux de farine nouvelle.

TERMINISTES.- Hérétiques qui ont pris naissance dans le sein même de l'hérésie de Calvin, et forment une secte séparée, que les luthériens et les calvinistes ont en horreur. Leurs opinions monstrueuses peuvent se réduire aux suivantes, savoir : Qu'il y a beaucoup de personnes dans l'Eglise et hors de l'Eglise, à qui Dieu a fixéun certain terme avant leur mort, au bout duquel terme Dieu ne veut plus qu'elles se sauvent, quelque long que soit le temps qu'elles ont encore à vivre après ce terme; que c'est par un décret impénétrable que Dieu a fixé ce terme de grace; que ce terme une fois expiré, Dieu ne leur offre plus les moyens de se repentir ou de se sauver, muis qu'il retire de sa parole tout le pouvoir de les convertir; que Pharaon, Saül, Judas, la plupart des Juifs et beaucoup de gentils ont été de ce nombre.

TERNAIRE (NOMBRE). Il était en grande réputation chez les païens, qui le regardaient comme un nombre parfait. On en apporte pour preuve qu'ils attribuaient à leurs dieux un triple pouvoir, les tria virginis ora Dianæ, le trident de Neptune, le Cerbère à trois têtes, les trois Parques, les trois Furics, les trois Grâces, etc. Il est certain

que le nombre de trois était particulièrement employé dans les lustrations et les cérémonies les plus religieuses des Grecs et des Romains.

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TERRIER. On nommait autrefois terrier, un recueil de reconnaissances données au seigneur d'une terre par ses vassaux ou tenanciers, contenant expédition eu bonne forme de toutes les déclarations des censitaires, des baux à cens, des procès-verbaux des limites de justice et dînerie, le dénombrement des droits de la terre, tant utiles qu'honorifiques, la description, l'étendue, les confins des héritages qui en dépendaient, et généralement toutes redevances, droits et devoirs dus à une seigneurie.

TESCATILPUTZA. C'était le nom que portait, chez les anciens Mexicains, le dieu de la pénitence. I tenait le second rang entre les divinités, et ces idolatres l'invoquaient pour obtenir le pardon de leurs fautes. Cette idole était placée sur une espèce d'autel, et faite d'une pierre noire aussi luisante que le marbre poli. A la lèvre inférieure elle portait des anneaux d'or et d'argent, avec un petit tuyau de cristal, d'où sortait une plume verte ou bleue. La tresse de ses cheveux était d'or bruni d'où p‹ ndait une oreille d'or, symbole des prières des pécheurs et des affligés. Entre cette oreille et l'autre, on voyait sortir des aigrettes, et la statue avait au cou un gros lingot d'or qui Jui descendait sur le sein. Ses bras étaient couverts de chaînes d'or; une grosse pierre verte lui tenait lieu de nombril; elle portait. dans la main un chasse-mouche de plumes vertes, bleues et jaunes, qui sortaient d'une plaque d'or si bien brunie, qu'elle faisait l'effet d'un miroir, ce qui signifiait que d'un seul coup d'œil le dieu voyait tout ce qui se passait dans l'univers. Les quatre dards posés dans sa main droite marquaient les châtiments qui attendent les pécheurs.

Tescatilputza était le dieu le plus redouté des Mexicains. Il savait tous leurs crimes, et ils tremblaient qu'il ne les révélat. De quatre ans en quatre ans, on célébrait un jubilé en son honneur, et il y avait pardon général.

TESCUK-AGASI-BACHI.-En Perse, com. mandant de la garde du roi. composée de deux mille fantassins.

TESKEREGI-BACHI. Grand officier de la Porte Ottomane, pour l'administration des affaires de l'empire sous le grand visir.

C'est le premier secrétaire d'Etat chargé de toutes les affaires importantes qui se décident, soit au galibé-divan, soit par le prince en son particulier. Le teskerégi-bachi expédie toutes les lettres patentes et missives du Grand Seigneur, les saufs-conduits, hatti-scherifs, et autres mandements. Tous les secrétaires, tant du prince que des pachas et des trésoriers de l'épargne, en un mot de tous ceux qui aanient la plume pour les affaires de l'Etat, de la guerre et des finances, sont soumis à ce secrétaire majeur, qui est leur chef, ainsi que lo porte son nom, teskerégi, en langue turque, signifiant secré

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