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UNE des causes qui souleva le plus vivement l'Europe contre l'empire de Napoléon, ce fut le système de réunion violente et d'agglomération capricieuse.

Chaque matin on lisait dans le Moniteur un de ces décrets en quelques lignes, qui au détriment des traditions historiques et des liens de nationalité, déclarait que Hambourg, Rome, Raguse, l'Istrie ou la Dalmatie étaient réunis à l'Empire français.

L'Europe alors baissait la tête sous la force, mais silencieusement elle recueillait ses griefs et quand le grand jour de délivrance arriva, rois et peuples furent debout pour renverser la puissance oppressive qui avait méconnu le droit. Cette réaction est vieille comme Charlemagne. La violence même civilisatrice amène le soulèvement de tous.

C'est parce que je suis profondément l'ennemi de l'esprit révolutionnaire, que je supplie les cabinets de réfléchir sur leur dernier acte, la réunion de Cracovie au mépris des traités. Un acte dénué de justice et de légalité fait un bien grand tort à l'esprit européen, et l'homme éminent qui préside aux destinées de l'Autriche a pu s'en apercevoir lorsqu'il n'a pas eu d'autre raison à invoquer que le cas de guerre pour justifier la prise de possession de Cracovie.

Depuis 1844, un esprit de calme, de justice et de paix avait dominé la politique des

un système de justice et de réparation; la Sainte-Alliance elle-même n'avait pas d'autres

bases.

Nous sommes tout d'un coup rejetés en arrière et c'est un très grand tort que de faire de la force la souveraine du monde, car elle a ses faveurs capricieuses et son sceptre est une épée!

Il n'est plus désormais de sécurité pour personne et la correspondance des hommes sérieux de l'Europe doit apprendre aux cabinets l'effet produit à Constantinople, en Allemagne, en Italie par la prise de possession de

Cracovie.

Sans doute on ne fera pas la guerre pour cela, mais la violation du droit public est quelquefois plus terrible que la guerre. Celle-ci a une fin; le manque à un engagement solennel tient un glaive suspendu perpétuellement sur la tête de tous: qui peut désormais

garantir un système de neutralité ou d'indépendance?

Rien d'étonnant qu'un frisson de crainte et de douleur se soit manifesté au cœur de tous les États de second ordre; les faibles ont peur et c'est une crise.

Je crois que depuis 1830 nul événement n'a été plus sérieux, parce que pour la première fois l'Europe est dans son tort et se montre violemment agressive en dehors des traités; et les esprits d'ordre, de conservation et d'avenir en éprouvent une peine profonde! Ce livre en est l'expression.

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