Page images
PDF
EPUB
[blocks in formation]

HISTOIRE

ANCIENNE.

SUITE

DE L'HISTOIRE DE LA GRÈCE.

TROISIÈME AGE.

AUTRES ÉVÉNEMENTS DE LA GRÈCE.

(An du monde 3599. Avant Jésus-Christ 405.)

[blocks in formation]

[blocks in formation]

[ocr errors]

Commandement de Conon. Règne de Nicoclès. — Exploits de Célébrité de Mania, femme Règne d'Agésilas; son caractère.

Commandement de Dercilidas.
Trêve avec les Perses.

Sacrifice troublé par les Béotiens.

[ocr errors]

Trêve entre Tissapherne et Agésilas.

Conspiration de Lysandre contre Agésilas. — Rupture de la trêve.

sapherne.

hostilités.

de Conon.

[merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Mort de Lysandre. Condamnation et fuite de Pausanias.
Bataille de Coronée. Témérité imprudente d'Agésilas.

[blocks in formation]

tour à Sparte. Reconstruction d'Athènes par Conon. - Disparition de Conon.Mort de Thrasybule. — Exploits d'Iphicrate.

[blocks in formation]

Les rois de Perse, profitant de la discorde qui régnait parmi les Grecs, augmentaient leur puissance. La même division qui la favorisait dans la Grèce étendait leur domination dans l'île de Chypre.

Cette île, que les anciens nommaient aussi Vénus, avait dans leur opinion une origine fabuleuse; ils la disaient formée de l'écume de la mer: selon leur récit, la déesse de la beauté s'y était établie avec les Jeux et les Amours, et Bacchus la combla de bienfaits. La beauté de son climat et sa fertilité expliquent ces allégories: on y trouvé de

1

l'huile renommée, du miel excellent, des vins fameux; elle était très-riche en mines de cuivre.

Les Phéniciens la découvrirent et y fondèrent une colonie. Les Égyptiens, les Athéniens, les Arcadiens s'y fixèrent aussi, et y portèrent leurs différentes mœurs. Les Cypriotes, amollis et adonnés aux voluptés, ne se mêlèreut que fort tard aux querelles sanglantes qui agitaient l'Europe, l'Asie et l'Afrique.

L'île, partagée en plusieurs petits royaumes, ne montrait point d'ambition, n'attirait que le commerce, et n'offrait aux étrangers que des plaisirs. Ce fut en Chypre que vécut le fameux statuaire Pygmalion: la fable dit qu'il avait fait une statue si belle, qu'il en devint amoureux. Vénus, prenant pitié de son délire, anima cette statue. Pygmalion l'épousa, et son fils fut le premier roi de Chypre.

L'an du monde 3599, le roi de Perse, comptant que tous les petits princes de Chypre, désunis, ne lui opposeraient aucun obstacle, voulut ranger cette île au nombre de ses provinces.

Onésile, l'un de ses rois, les confédéra, se mit à leur tête, et, avec l'appui des Grecs, entreprit de résister aux Perses; mais il fut tué dans un combat. Le grand roi devint souverain de l'île, et la laissa partagée entre neuf princes qui lui payaient un tribut.

Évagore, roi de Salamine, soutenu par les Athéniens, se révolta malgré plusieurs victoires, il fut obligé de se soumettre.

Lorsque les successeurs d'Alexandre le Grand se partagèrent son empire, Chypre passa sous la domination des rois d'Égypte; enfin, l'un d'eux, nommé Alexandre, légua cette île au peuple romain, et depuis elle tomba sous la domination des musulmans.

Pendant ce long espace de temps, l'histoire n'a consacré dans ses éloges que les noms de deux princes qui méritèrent leur célébrité par leurs vertus.

Le royaume de Salamine avait été usurpé par un tyran. Évagore, prince de la famille détrônée, était au berceau : on le sauva seul du massacre de ses parents. Devenu grand, il osa, n'étant accompagné que de cinquante sujets fidèles, attaquer l'usurpateur: le succès couronna son audace; il remonta sur le trône.

Sa justice, sa douceur, ses lumières accrurent sa réputation. Ce fut chez lui que le fameux général athénien Conon chercha un asile après la défaite d'Egos-Potamos.

Conon ne s'occupait que de l'espoir de relever les murs. d'Athènes et de la délivrer du joug de Sparte; l'amitié d'Évagore lui en donna les premiers moyens; il parvint à engager aussi les Perses à faire la guerre aux Lacédémoniens. On le chargea de commander les flottes de Perse et de Chypre, et quelques succès brillants prouvèrent à Lacédémone qu'Athènes sans murailles gardait encore des défenseurs redoutables.

Évagore voulut se servir des forces qu'il avait rassemblées pour s'emparer de toute l'ile de Chypre, afin d'en faire un État puissant et respectable; mais les princes cypriotes, qu'il prétendait ranger sous sa loi, appelèrent à leur secours Artaxerce Mnémon, dont l'intérêt s'opposait à la réunion des différents États de Chypre en un seul royaume.

Évagore, secouru par le roi d'Égypte, ne put réunir que quatre-vingt-dix galères et quatre-vingt mille hommes. Artaxerce avait envoyé contre lui trois cent mille hommes et trois cents galères. Malgré cette inégalité de forces, le courage et l'habileté d'Évagore rendirent quelque temps la fortune incertaine; il remporta par mer et par terre plusieurs victoires sur les Perses. Mais ses troupes s'affaiblissaient par ces combats; ses ennemis recevaient sans cesse des renforts; enfin, battu et assiégé dans Salamine, après une longue résistance il capitula; son royaume fut réduit à la seule ville de Salamine, et on l'assujettit à payer le tribut accoutumé. Depuis cet événement il passa

[ocr errors]

le reste de ses jours en paix, chéri par ses sujets et respecté par ses ennemis. Il mourut en 3632.

Nicoclès, son fils, lui succéda. Le célèbre orateur Isocrate composa l'éloge funèbre d'Évagore; dans ce discours il le représenta comme le modèle des guerriers, des rois et des citoyens. Le but d'Isocrate était de donner à Nicoclès des leçons indirectes: ce prince en profita; et s'il n'est pas compté au nombre des conquérants et des dévastateurs de la terre, il eut la gloire plus rare de faire passer son nom à la postérité, avec le titre du prince le plus juste, le plus sage et le plus fidèle à ses engagements.

Lorsque Artaxerce eut terminé la guerre de Chypre, il porta ses armes contre les Cadusiens. Cette guerre serait peut-être totalement oubliée si elle n'avait fait briller le caractère d'un de ses généraux nommé Datame, si fécond en ruses, et si audacieux dans ses entreprises, que Cornélius Népos le compare à Annibal.

Un guerrier féroce, nommé Thyus, profitant de la rébellion des Cadusiens, avait fait révolter la Paphlagonie contre le roi de Perse, et s'en était rendu le tyran. Sa bravoure repoussait tous les généraux d'Artaxerce; son habileté et la terreur qu'il répandait faisaient avorter tous les complots tramés contre lui. Datame, plus heureux que ses prédécesseurs, le battit; et, entrant dans son palais sous le déguisement d'un chasseur, il s'empara de sa personne, de sa femme et de ses enfants. Sans quitter ce costume de chasseur, il se rendit à Suze, et présenta au roi son captif, dont la figure colossale et hideuse inspirait encore l'effroi il le conduisait chargé de chaînes comme une bête féroce. Le peuple, en foule sur son passage, admirait à la fois la stature gigantesque du vaincu et l'intrépidité du vainqueur.

Un autre usurpateur, nommé Aspis, s'était emparé de la Cappadoce; Datame le défit et le livra au roi, qui le nomma, pour prix de cette victoire, général en chef de toutes ses armées. Les conrtisans, qui ne pouvaient égaler

« PreviousContinue »