Page images
PDF
EPUB

contre les évêques orthodoxes que d'éloges en faveur de l'archevêque quiétiste. Bossuet dit en entrant en matière : « Indépendamment de tous nos écrits, on procède au jugement: il est peut-être déjà résolu, peut-être déjà prononcé. » Effectivement, le manuscrit de Bossuet porte la date du mois de mars 1699, et le décret qui condamne Fénelon fut prononcé le 12 mars de la même année. Le dernier éclaircissement sur la Réponse de M. l'archevêque de Cambray aux Remarques de M. de Meaux, n'avoit pas encore vu le jour; il paroît dans cette édition pour la première fois.

Après la condamnation des Maximes des Saints, la vérité reçut deux hommages qu'on devroit inscrire sur le marbre. Bossuet répondoit aux félicitations : « Ce n'est pas moi qui ai vaincu, c'est la vérité; » et Fénelon, pour faire éclater les droits imprescriptibles de cette fille du Ciel, souscrivit à sa condamnation, comme il le dit dans le mandement qu'il donna aux fidèles de son diocèse, « simplement, absolument, sans ombre de restriction. >>

D'après les Maximes gallicanes, comme si un pasteur particulier pouvoit avoir le droit de contrôler la sentence du Pasteur universel, aucune décision du Saint-Siége ne formoit en France règle de foi, qu'après l'acceptation du corps épiscopal. En conséquence toutes les assemblées métropolitaines se réunirent pour accepter, sous forme de jugement, comme d'autorité, la Constitution d'Innocent XI, et décidèrent que chaque évêque donneroit un mandement particulier. Bossuet composa le sien dans la matinée du 16 août 1699, « en une heure de temps, » dit l'abbé Ledieu, et le publia dans le synode de son diocèse le 3 septembre suivant. Il fit dans ce mandement l'éloge de Fénelon.

La modération de ses sentimens et la constance de son amitié ne se démentirent jamais. En 1700, dans l'assemblée générale du clergé de France, il fit le rapport sur l'affaire du quiétisme avec tant de justice, tant d'impartialité, tant de bienveillance, qu'il obtint les suffrages de ceux-là mêmes qu'il avait vaincus.

En même temps il tentoit des démarches pour renoncer ses rapports d'amitié avec Fénelon. De fâcheux contre-temps ne permirent pas à son envoyé d'arriver jusqu'à Cambray.

A peine le Saint-Siége avoit-il jugé le fond du procès, que Jurieu voulut juger les parties. Ignominieusement terrassé dans cent batailles par le défenseur de l'Eglise, le disciple de Calvin sentoit la honte toujours imprimée sur son visage et voyoit ses blessures encore saignantes: il prononça du haut de son tribunal, dans le Traité historique de Théologie mystique, que Bossuet s'étoit rendu coupable de jalousie, de haine et de cruauté contre Fénelon. Ses successeurs les ministres protestans amplifièrent son arrêt, et les philosophes l'illustrèrent de nouveaux

considérans. Fénelon avoit enseigné l'erreur et Bossuet défendu la vérité la sentence ne pouvoit embarrasser les libres penseurs; mais pourquoi tant de catholiques la reçoivent-ils sans apppel et sans révision? Pourquoi oublient-ils que « depuis trois siècles, comme le dit Joseph de Maistre, l'histoire est une longue conspiration contre la vérité? »

wwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwwww

ADMONITIO PRÆVIA

DE SUMMA QUÆSTIONIS, AC DE VARIIS LIBRI DEFENSORIBUS.

1. Miror sic affectos esse quosdam, ut cùm illustrissimi Cameracensis explicationes abjiciant, nihiloseciùs ejus librum mordicùs tueantur, ipsique faveant plusquàm ipse sibi. Et is quidem, abjectà spe tuendi libri, ut sonat, non modò versionem latinam apparavit eam in quam multa nova intersereret; verùm etiam ingenti studio Instructionem pastoralem adornavit, quà explicationem affectus naturalis ac motivi novo modo sumpti adeò necessariam judicaret, ut liber ipse collapsus abiret in ruinam, nisi hoc se adminiculo sustentaret. Quin etiam in quâdam Epistola pronuntiavit istud: Hâc interpretatione sublatà, nullâ suî parte constare posse librum, ac « de paginâ ad paginam, imò de lineâ ad lineam scatere insaniis sive amentiis 1. » Hæc ille: cui tamen, si Deo placet, novi defensores meliore vià, quàm quâ ipse se purgat, consulendum putant.

2. Nec immeritò ejus explicationes abjiciunt: quippe quæ toto libro nulla vel levissimâ voce indicatæ, ac desperatis rebus præposterè ac per vim intrusæ sint, contra omnium lectorum sensum. Nemo enim profectò affectum naturalem loco proprii commodi substitutum, erat suspicatus: nemo motivi nomine aliud intellexerat, quàm consueto more objectum aut finem extrà positum quo ad actus singulos moveremur. Per motivum autem intelligi non ejusmodi finem, sed ipsum impulsivum interius: tam nova et inaudita omnibus significatio est, ut nemini prorsùs veniret in mentem. Neque quidquam aliud intelligere, neque in 1 Ire Lett. à M. de Meaux, p. 46.

TOM. XX.

1

nostrâ Declaratione ponere poteramus, quàm id quod intelligebant et sapiebant omnes; neque nos amorem naturalem aliaque ejusmodi commentitia et à libro penitùs aliena, nullique omninò cognita, divinare ac somniare oportebat.

3. Neque tamen hîc ratiocinatione agere volumus, sed ipsâ auctoritate gestorum: habemus enim præ manibus explicationem illustrissimo Carnotensi ab auctore, ac per hunc nobis traditam, non ita multò post editionem libri. Hâc autem explicatione illustrissimus Cameracensis per commodum quidem proprium, nihil aliud intelligebat quàm ipsum bonum nobis, quod est objectum spei theologica; per motivum verò nihil aliud quàm finem extrà positum : nullâ usquàm aut amoris naturalis aut motivi interioris mentione quod idem illustrissimus Carnotensis, datâ Epistolâ pastorali maximè theologicà, ex ipso verborum tenore tam liquidò ostendit, nullus ut dubio locus superesse possit.

4. Grave quidem est nobis, grave Carnotensi 2, de Cameracensi aliud credere, quàm id quod idem Cameracensis, Deo teste appellato, à se intellectum esse significat. Sed sive id oblivione, sivé quâcumque aliâ ratione gestum, ipsa verba nos cogunt vetantque aliud intelligere in Cameracensis libro, quàm id quod et ipse datâ quoque explicatione prodidit, et omnes, etiam ejus acerrimi defensores, intelligendum arbitrentur.

5. Quòd autem assiduè purum amorem obtendunt, ac pulcherrimæ vocis splendore se capi profitentur, id quidem vanum est. Neque enim purum amorem eum qui vera charitas est illa justificans, inficiatur quisquam. Charitatem enim scimus eam quæ, teste Apostolo, non quærit quæ sua sunt3, atque ita ex Dei gloriâ ac perfectione conceptam, ut ad eum finem alii omnes animi sensus voluntatesque referantur. Hanc à Cameracensi quarto gradu collocatam, maximè collaudamus: improbamus autem tantùm amorem quinti gradùs, unum puri amoris nomine celebratum, qui se spei auxilio juvari et excitari nolit. Non ergò de vero puro amore quem Schola omnis agnoscit, ulla nobis concertatio est: sed de amore fictitio, qui virtutes omnes theologicas supergressus, ideò se purum vocitat, quòd spei christianæ opem ac 1 Lett. past., p. 58. 2 Ibid., p. 69, 79, 80. 3 I Cor., XIII, 5.

« PreviousContinue »