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EUVRES

DE

SAINT BERNARD

TOME TROISIÈME

Je suis seul propriétaire de la traduction française des OEuvres de saint Bernard, par M. RAVELET; j'ai seul le droit d'y joindre son Histoire par le Père Ratisbonne ; toute reproduction partielle ou totale, contrefaçon ou imitation, sera poursuivie rigoureusement, conformément aux lois..

L'Histoire de saint Bernard et de son siècle, par le R. P. Théodore RATISBONNE, est éditée par M. Poussielgue et Fils, 27, rue Cassette, en deux formats différents.

Deux beaux volumes in-8°.
Deux volumes in-12...

Prix: 12 francs.
- 5

VICTOR PALME,

ÉDITEUR.

NOTA.

M. RAVELET n'a pu traduire que les Lettres de saint Bernard; la suite des OEUVRES DE SAINT BERNARD est confiée, comme traduction et notes éclairant le texte, à M. l'abbé LaffinEUR, Curé à Moug, Chanoine honoraire de Beauvais et ancien Supérieur du Collége Saint-Vincent, à Senlis.

Par conventions, en décembre 1869, M. PALME m'a cédé ses droits ci-dessus d'éditeurpropriétaire.

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La partie des écrits des Pères qui renferme leurs homélies ou sermons est en général moins soignée que les autres monuments de leur génie. Saint Bernard mérite seul ou ne partage qu'avec un petit nombre l'éloge d'avoir mis dans ses sermons autant de vivacité de style, autant de variété d'idées, autant d'élévation de pensées, autant de sentiments pieux que dans ses autres ouvrages. La raison de cette supériorité n'est pas seulement, selon moi, dans le génie de saint Bernard, dans les mouvements rapides de sa sensibilité qui le rendaient aussi apte à instruire qu'à toucher: elle est encore dans la différence des auditeurs à qui il s'adressait. Les anciens Pères parlaient au peuple pour lui exposer la doctrine chrétienne et le former à la piété aussi mettaient-ils leur langage à la portée du vulgaire, et comme ils visaient à être utiles ils employaient sagement dans leurs entretiens un style simple et familier. Mais saint Bernard adressait ses sermons à des hommes versés dans les choses spirituelles et les Écritures, et qui, pour la plupart, avaient brillé dans le siècle par leur savoir et leurs dignités : il lui fallait donc proportionner ses discours à cette science et à cette distinction. Voilà pourquoi non-seulement les sermons sur le Cantique, écrits avec tant de soin, mais les autres prononcés aux divers jours et fêtes de l'année et sur divers sujets, ont toujours été préférés par la piété et la science aux homélies et aux sermons des Pères.

Ce n'est pas ici mon opinion personnelle : c'est aussi celle des plus illustres littérateurs qui ont formulé leur sentiment à ce sujet, soit de vive voix, soit par écrit. Je n'en cite que deux dont l'autorité égale la doctrine et l'érudition. Le premier est Juste Lipse dans sa lettre 49° à Aubert Le Mire 2, traitant de la prédication : « Parmi les Latins, dit-il, saint Bernard m'entraîne; il sait me réveiller par sa

1 Extraite de Mabillon.

2 Savant jésuite belge, ami de Juste-Lipse (1573-1646).

« vivacité et sa chaleur; il sait aussi instruire << et imprimer sa pensée, par les sentences. « frappantes dont il sème souvent et utilement << ses discours. » Ainsi ce docte écrivain, après avoir soigneusement cherché parmi les Pères un modèle propre à former l'orateur sacré, n'en trouve pas de préférable à saint Bernard, qu'il met au-dessus de tous les Pères latins. Irons-nous jusqu'à donner ici la palme à saint Bernard sur les Pères grecs qui ont excellé en ce genre d'éloquence? Je n'aurais pas osé émettre un pareil sentiment s'il n'était appuyé du suffrage si distingué d'Henri de Valois dont Adrien de Valois son digne frère a dit : « Trois « ou quatre ans avant sa mort, contraint par « la maladie à rester chez lui les jours de « fêtes, il se faisait lire les sermons de saint << Bernard qu'il écoutait avec attention et << d'une oreille avide. Il pensait et il répétait « à ses amis qu'on devait consacrer les diman«ches et fêtes aux louanges de Dieu et non à « l'étude des lettres et que les sermons de << saint Bernard étaient plus propres que les << homélies des Pères grecs ou latins à exciter << la piété dans les cœurs. » Je cite ce témoignage avec un plaisir d'autant plus grand que l'autorité de ce grand homme recommande mieux les sermons du saint Docteur, et que j'ai gardé un doux souvenir de l'amitié dont m'a honoré ce savant homme.

A ces témoignages contemporains qui peuvent tenir lieu de beaucoup d'autres, il serait aisé d'en ajouter d'écrivains antérieurs à notre siècle, et qui ont parlé de saint Bernard comme d'un prédicateur véritablement apostolique. Parmi eux je dois citer Erasme, plus enclin d'ailleurs à la critique qu'à la louange. Voici en quels termes il s'exprime sur Bernard, au second livre de son Traité de la Prédication: « Son éloquence vient plus de la na«ture que de l'art : il est orné et agréable, et << il sait émouvoir. » Mais en voulant prouver un point dont personne ne doute, je crains d'omettre des points plus utiles. Je dois donc

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