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› piés qui, sous ce prétexte, croient devoir être soufferts, lesquels, pour la plupart du temps, sont de part de tous les vols qui se font, servent d'espions » aux voleurs, par cette raison sont aussi punissables que les voleurs mêmes. Quoiqu'il y ait plu»sieurs hôpitaux où les mendians sont nourris et › entretenus, néanmoins il ne laisse pas que d'y en avoir un grand nombre par la ville et les fau» bourgs.

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Sur ce réquisitoire, le parlement ordonna que > tous soldats qui ne sont sous charge de capitaine, » tous vagabonds portant épée, tous mendians non >> natifs de cette ville, se retireront aux lieux de leur » naissance; à peine, contre les valides, des galères; contre les estropiés, du fouet et de la fleur de lis; et contre les femmes, du fouet, et d'être rasées ⚫ publiquement.

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Au milieu de telles gens, qui aurait pu se croire en sûreté?

En 1663, ce n'était pas assez des assassinats et des vols, ils enlevaient les hommes, les femmes, les enfans des deux sexes, pour les vendre et les envoyer, dit-on, en Amérique. Ces enlèvemens provoquèrent l'attention du parlement. En 1693, les maisons où l'on déposait les malheureuses victimes de ces rapts odieux étaient au nombre de vingt-huit; on les appelait des fours.

Le roi, averti de ces violences, et sachant que c'était de cette sorte qu'on se procurait des recrues, commanda qu'on arrêtât les coupables, et qu'on

leur fît leur procès; il défendit qu'on enrôlât perforce.

sonne par

Il existait à cette époque ce qu'on appelait des raccoleurs; c'étaient des soldats travestis, qui, après avoir employé la ruse pour enrôler des jeunes gens sans expérience, avaient recours à des violences de toute espèce. Des lieutenans de fortune, ou des bas officiers, parcouraient les principales villes pour faire recrue. Arrivés au régiment, ils étaient récompensés généreusement quand ils amenaient de beaux hommes: un louis par chaque pouce, au-dessus de cinq pieds, était le prix courant.

La création nouvelle, en 1667, d'un lieutenant du prévôt de Paris pour la police, fut une amélioration sensible. La surveillance devint plus active, la répression un peu plus énergique. La Reinie, à qui ces fonctions furent confiées, organisa l'espionnage d'une manière régulière, et rendit un éminent service à la capitale, en établissant l'usage des lanternes.

Avant cette époque, l'obscurité favorisait tous les crimes. Dans certaines circonstances où le danger était imminent, on ordonnait, comme on le fit en 1524, 1526 et 1553, à chaque propriétaire de maison, de placer, après neuf heures du soir, pour être préservé des attaques des mauvais garçons, sur la fenêtre du premier étage, une lanterne, garnie d'une chandelle allumée. Chaque personne qui parcourait les rues pendant la nuit avait l'habitude de porter sa lanterne. Boileau fait, dans sa sixième satire, un

tableau de ce qu'était Paris, vraisemblablement avant que La Reinie eût établi son nouvel éclairage.

...Sitôt que du soir les ombres pacifiques

D'un double cadenas font fermer les boutiques;
Que, retiré chez lui, le paisible marchand

Va revoir ses billets et compter son argent;

Que dans le Marché-Neuf tout est calme et tranquille :
Les voleurs à l'instant s'emparent de la ville.

Le bois le plus funeste et le moins fréquenté
Est, au prix de Paris, un lieu de sûreté.
Malheur donc à celui qu'une affaire imprévue
Engage un peu trop tard au détour d'une rue.
Bientôt quatre bandits lui serrant les côtés,
La bourse, etc.

Une autre plaie dans les mœurs de cette époque était les laquais et les pages, espèce d'intrigans subalternes, tous voleurs ou anciens voleurs, spadassins, querelleurs et souteneurs de filles publiques. Ils étaient tels qu'on nous les représente souvent dans les comédies, aidant un fils dissipateur à ruiner son père, et dupant quelquefois le père et le fils à la fois. Le vol était une habitude invétérée dans cette classe d'hommes; toutes les tentatives pour le déraciner avaient échoué jusque-là. A chaque pas on était exposé à rencontrer un spadassin qui, sous le plus léger prétexte, dépouillait publiquement ou poursuivait l'épée dans les reins. Le mal était trop ancien pour qu'on pût le guérir aisément; aussi La Reinie ne parvint-il qu'à en faire cesser une partie. En 1697, d'Argenson remplaça La Reinie. Plus sévère, il organisa la police sur un plan plus vaste,

et s'entoura d'une armée, d'espions. On n'eut plus autant à craindre les pages, les laquais, les vagabonds, les filous; mais on commença à trembler devant les mouchards.

Les mœurs indécentes et corrompues de la régence, les débauches des gens de cour, le libertinage des abbés, le nombre des prostituées et des agens de prostitution, entretinrent l'intrigue, la rapacité, la fourberie: cependant les meurtres et les assassinats devinrent plus rares.

Avec l'autorisation de la police, s'ouvrirent une foule de tripots, de maisons de jeu et de débauche, qui étaient comme des lieux d'observation où les espions élisaient leur domicile, s'affiliant eux-mêmes aux escrocs, partageant les bénéfices, et vivant du double produit de l'escroquerie et de la délation. Les filles publiques, les cochers de fiacre, les falots qu'on voyait à la porte des spectacles, formaient, bon gré mal gré, l'armée du lieutenant-général de police. Une sévérité excessive, l'arbitraire le plus absolu entretenaient l'obéissance dans ce corps, composé d'élémens si divers. Quelques-uns s'assuraient l'impunité pour de petits forfaits, en servant les grands seigneurs dans leurs intrigues galantes.

La cour était livrée au libertinage le plus honteux. De la partait un fatal exemple qui circulait dans tous les rangs de la société.

Sous le règne de Louis XV, les escrocs, les intrigans, les filous occupaient uniquement la police.

Sous son successeur, Louis XVI, les habitudes de la cour s'améliorèrent. La tranquillité était rarement troublée par de grands crimes ou des tentatives hardies; on ne détroussait plus les passans au coin des rues, on ne demandait plus la bourse ou la vie; l'habileté avait succédé à la violence; on volait des mouchoirs, on enlevait des montres; c'était un véritable escamotage.

Pendant la révolution, la police fut faite par les sociétés populaires et les municipalités ; les grandes mesures politiques, l'irritation produite par les circonstances, les visites domiciliaires, les recensemens étaient les véhicules dont on tirait un parti souvent désastreux. L'espionnage était alors presque toujours volontaire et désintéressé; mais la voie des dénonciations était un moyen de popularité et une preuve de zèle patriotique. Aussi, rarement ceux qui, pour sauver leur tête, se cachaient à tous les yeux, parvinrent-ils à échapper à ces surveillans actifs et passionnés.

La terreur ce mot seul faisait les fonctions de lieutenant-général de police.

Aussitôt que l'anarchie eut cessé, on s'occupa du moyen de faire régner la tranquillité.

Le 11 nivôse an 4 (1er janvier 1796) le Directoire adressa au conseil des Cinq - Cents un message commençant par ces mots : « Le Directoire exécutif, » convaincu qu'il est plus facile de maintenir la tranquillité publique que de la rétablir lorsqu'elle » est une fois troublée, pense qu'il est infiniment ur

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