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HISTORIQUE ET POLITIQUE

DE

BRUXELLES.

ALLEMAGNE.

De Vienne, le 30 Juillet 1790.

AVANT sa mort, le Feld-Maréchal de Laudhon appela auprès de lui les Officiers Généraux de l'armée, et les principaux de l'Etat-Major: en leur faisant ses derniers adieux, il leur recommanda l'attachement à leurs devoirs, la fidélité envers leur Souverain, et le zèle du service. L'armée entière a pleuré ce Guerrier, dont la simplicité, la valeur et l'intelligence avoient mérité au plus haut degré la confiance et l'amour du Soldat. Le Roi a été très-affecté de cette perte, et a témoigné ses regrets et son estimme pour M. de Laudhon, en assurant à sa Veuve une pension de 4000 No. 33. 14 Août 1799.

E

florins, outre les revenus dont jouisscit le Feld-Maréchal en qualité de Grand Croix de l'Ordre Militaire de Marie-Therèse. Lorsque la Baronne de Laudhon a rendu les marques riches de

cet

Ordre, S. M. lui a fait présent d'une somme de 30 mille florins. Ces récempenses trés-justes étoient encore nécessaires, car le désintéressement de M. de Laudhon , mauvais courtisan, ne lui avoit jamais permis de s'occuper de sa fortune. Son nom restera au Régiment d'Infanterie dont il étoit Propriétaire, et dont le Roi a nommé Colonel en second le Baron de Laudhon, Neveu et Aidede-camp du Feld-Maréchal.

Le Mausolée, qui sera placé à Haddersdorf, sur le tombeau du Maréchal de Eaudhon, a été fait de son vivant; il supporte la statue de ce Héros, tenant à la main un livre ouvert, sur lequel se trouve l'inscription suivante choisie par M. de Landhon lui-même: Commemoratio mortis optima philosophia.

Nous ne pouvons rien encore assurer de certain touchant le résultat des Conférences de Reichenbach. Depuis l'arrivée de deux Courriers, le 19, dont l'un - descendit chez M. de Podewills, Ministre de Prusse, le bruit s'est répandu que les préliminaires entre les deux Cours ayant été signés le 1er. du mois, qu'on en a renvoyé d'ici la ratification à M. de Spielman, et que ce Plénipo

tentiaire sera incessamment de retour. Les articles convenus ont toujours pour objet, suivant les mêmes rumeurs, la cession de 480 lieues carrées en Gallicie à la Pologne; celle de Thorn et Dantzick, à la Prusse, et les limites fixées par la paix de Passarowitz. On veut encore, qu'à la réception de ces nouvelles Sa Maj. A. ait ordonné de détacher de l'ar mée de Bohême et de Moravie, 20 bataillons et 10 escadrons pour les PaysBas. Jusqu'ici, néanmoins, on ne voit aucun fondement solide de ces divers rapports. Quoique l'opinion de la signature des préliminaires soit assez géné rale, on pense que les articles arrêtés entre les deux Cours trouvent des obstacles ailleurs, et sur-tout en Pologne où la cession de Thorn et Dantzick soulève encore les esprits. La Russie ne verroit pas d'un œil plus satisfait cet abandon, qui assureroit à la Prusse une si grande influence sur la Baltique. Quelques Personnes instruites présument qu'en conséquence de ces difficultés, le Cabinet de Berlin a renoncé à cette demande, et que les préliminaires ont un autre objet. Découvrir la vérité au milieu de ces variations et de ces conjectures, c'est une grande tâche, et nous ne l'entreprendrions pas sans abuser probablement de la confiance des Lecteurs.

D'autres vont plus loin, et pénètrent que ce Congrès de Reichenbach servira'

de fondement à la nouvelle politique de l'Europe, comme le Traité de Westphalie l'a fait jusqu'à ce jour. Ils devinent qu'on y agitéra des intérêts universels et des revendications étrangères. Il y a sans doute apparence que les Révélateurs de ces mystères assistent eux-mêmes au Congrès, puisqu'ils en publient les opéra

tions.

Un Adjudant du Général de Vins a apporté, le 23, la nouvelle que la forteresse de Cettin a été emportée d'assaut le 20 de ce mois. Beaucoup de Turcs ont péri; 500 ont été faits prisonniers; le reste s'est sauvé. On a trouvé dans la place une grande provision de poudre, de plomb et de boulets. La prise de cette place facilitera celle de Kladussa et de Sturlies.

Un Officier Russe est arrivé ici, le 19, venant de la Moldavie, comme Courrier, avec l'avis que l'Armée Russe est en mouvement et que le Corps du Général Sunaow a joint l'Armée du Prince de Cobourg, qui marche sur Brailow.

Le Roi a nommé l'Archiduc François Ministre des Conférences, et ses deux fils puînés Conseillers Auliques. L'Ar, chiduc François a pris Séance au Conseil, le 20 de ce mois.

Il n'est pas aussi certain, malgré des affirmations positives, que le Roi ait cédé le Grand Duché de Toscane à son second fils l'Archiduc Ferdinand. L'acte de cession, envoyé à Naples, est, dit-on, signé également de l'Archiduc François.

En appesantissant le joug des Paysans, quelques Gentilshommes, ainsi que nous l'avons rapporté, avoient manifesté le dessein de secouer celui du Roi: dans les articles de Capitulation, ils exigeoient, entr'autres, que ce Prince résidât en Hongrie, et qu'on abolît toutes les Ordonnances de Joseph 11, Rọi illég`time, puisqu'il ne s'etoit pas fait couronner. Ce n'est pas la première fois qu'on a vu ainsi l'esprit d'indépendance s'allier à l'amour de 1 tyrannis. Liberté pour nous; servitude pour autrui : voilà la devise de tous les Charlatans politiques. Ces propositions ayant trouvé la plus grande résistance dans la Diete, et les débats ne finissant point, S. M. fit déclarer aux Hongrois qu'obligée vraisemblablement de se rendre à Francfort le mois prochain, et ne pouvant prévoir l'issue de leurs délibérations, Elle renonçoit à se faire couronner cette année. Il paroît que cette déclaration a été efficace. La Députation de 47 Membres. qui rédige l'ensemble des projets délibérés par les quatre Députations particulières, a pressé son travail; et déja la Diète a nommé des Députés qui viennent supplier le Roi de suspendre son voyage à Francfort, et de se faire couronner à Bude. En conséquence, le bruit se renouvelle que cette cérémonie aura lieu vers le 20 d'Août.

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