Et les folâtres jeux que la vendange amène ? Toujours une compofition également habile, toujours des images intéreffantes, & des vers d'une forme favante & facile. La Poéfie defcriptive peut-elle être plus pittorefque que dans ces vers-ci ? Tandis que les brebis, qui paiffent confondues, Vous préfentent de loin, aux rochers fufpendues, D'un nuage argenté l'immobile blancheur. Quel tableau plus aimable que celui de ce vers, Que les jeunes enfans croissent parmi vos fleurs ! Enfin quelle attention heureuse & pleine d'art à placer toujours l'homme au milieu des defcriptions, dans les derniers vers fur les deux Amans qui fe perdent dans la forêt. Voilà bien des éloges. Le moyen de les affoiblir feroit de n'y mêler aucune critique, J'ai affez prouvé que ce n'eft pas là mon intention. Je les préfente avec d'autant plus de confiance, qu'elles font déjà ac.cueillies de l'Auteur lui-même. Heureusement pour nous deux, elles font peu im portantes. Grace à la mode enfin, Beaujon ou Lucullus, Seuls ont droit de prétendre à ces Jardins modeftes Dont l'éclat flétriroit les ornemens agreftes. Dans ces vers, le dont eft amphibologique. Nous favons qu'on les a entendus d'une manière oppofée à la penfée de l'Auteur. Tandis que promenant les foucis avec eux Il y a ici une légère inadvertence. On ne fe figure pas des riches qui languiffent immobiles en promenant avec eux les foucis. Enfin, la dernière critique tombe fur le morceau qui termine l'Ouvrage, l'Invitation à un repas champêtre. Ce n'eft pas qu'il ne foit d'une exécution & d'une imagination heureuses; mais le ton ne m'en paroît point affez champêtre. La couleur de tout l'Ouvrage devroit s'y reproduire ; & il y a dans les Invitations faites aux convives, une espèce de défunion que l'Auteur faura corriger. En un mot, il falloit peutêtre faire plus l'éloge du banquet que des convives, dont le nom rappelle affez le mérite. Cependant la fin de ce morceau me femble à l'abri de ce reproche. Nous la citerons, pour nous hâter de terminer notre cenfure, : De tous les conviés, les fleurs ceignent la tête, Montrez-vous, défendez les droits du Laboureur; De l'art d'orner les champs étendez les leçons; Le talent des célèbres convives que M. de Fontanes, dans fon Souhait poétique, appelle à fon banquet, eft caractérisé avec beaucoup de jufteffe. M. de Florian, M. de Parny, M. de Langeac, reçoivent des éloges qu'on ne peut pas trouver exagérés, & M. de la Harpe, ainfi que M. Ducis, y font mis à leur rang. Enfin un plus jeune convive, M. de Flins, eft préfenté comme une des (1) M. le Marquis de Marnéfia eft l'Auteur d'un Ouvrage intitulé, le Bonheur dans les Campagnes ; Ouvrage intéreffant, fur-tout dans les circonftances actuelles. C'eft à lui qu'on doit encore l'Effai fur La Nature champêtre, où, comme le dit M. de Fontanes lui-même » on doit louer la Poéfie aimable, l'abandon touchant du ftyle, & le goût » de la Campagne «<. , efpérances efpérances de la Poélie, & doit cette affociation autant à fon talent qu'à l'amitié. Nous failiffons cette occafion d'annoncer de ce jeune Poëte un Poëme intitulé, Agar & Ifmaël, qui multipliera les titres que d'heureux effais lui ont donnés. 11 réfulte de l'examen du Poëme de M. de Fontanes, que cet Ouvrage eft composé avec tout l'art d'un efprit excellent, & d'un goût mûri par l'expérience; que le talent des vers eft de nos jours rarement porté à un fi haut degré, & qu'on doit tout: attendre d'un jeune Poëte qui réunit tant de qualités éminentes. On a vu que fur un fujer, riche fans doute, mais ufé dans quelques parties, il a fu répandre les trefors nouveaux d'une imagination variée: c'eft dans ces fortes de fujets que les connoiffeurs doivent tenir compte à l'Auteur & de ce qu'il dit, & de ce qu'il fait ne pas dire: enfin on peut appliquer à fon Ouvrage cette penfée de fon Avant - Propos, en changeant le fens qu'il lui donne, le Verger fubfiftera toujours. On préfume bien que l'Ecrivain à qui l'on doit le Difcours préliminaire de la Traduction en vers de l'Effai fur l'Homme, fe montre toujours avec autant d'éclat dans Les autres morceaux de profe. Une Note fur Ermenonville, & en général fur les Jardins Anglois, qu'on trouve à la fuite du Verger, eft d'un raifonnement vigoureux, & d'un style digne des meilleurs Pros No. 29. 19 Juillet 1788 F fateurs. Cette Note où les Jardins d'Ermenonville font fort critiqués, aura fans doute beaucoup de contradicteurs. Sans prendre parti dans cette contrariété d'opinions, j'obLerverai que l'Auteur fépare fon opinion fur Ermenonville, de l'eftime que mérite le Propriétaire. Le Verger eft détaché des Poéfies de M. de Fontanes, dont l'impreffion y eft annoncée, & fera impatiemment attendue. Cet Article eft de M. de Boisjolin.) LEÇONS de Grammaire fuivant la méthode des Tableaux Analytique, Synthétique, & de celui du Mécanifine de la Grammaire Françoife, deftines à apprendre les principes de cette Langue par le moyen d'un Jeu; dédiées à Mgr. LE DAUPHIN, par M, l'Abbé GAULTIER. A Paris, au Cours de Jeux inftructifs pour la Jeuneffe, fous la protection du Gouvernement, rue Neuve S. Auguftin, N. 28; 1 Vol. in-8°. Prix, 3 livres ; avec les Tableaux & les inftrumens du Jeu, 15 liv. A mefure que les lumières s'accroiffent», dit un des meilleurs efprits de ce fiècle, les méthodes d'inftruire le perfec tionnent, l'efprit humain femble s'a1) grandi, & fes limites fe reculer Cette " |