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Des effets du Sacrement de l'Euchariftie.

LES

Es effets du Sacrement de l'Euchariftie, répondent parfaitement à La dignité.

Le Sacrement de l'Euchariftie nourrit l'ame qui le reçoit avec les difpofitions nécellaires, & opere en elle des effets qui ont un grand rapport avec ceux que produifent les alimens dans un corps fain & bien difposć. Les alimens s'uniffent au corps, qu'ils nourriffent, en fe convertiffant en fa propre fubftance il fe fait une union femblable, mais bien plus intime & plus admirable de Jefus Chrift avec nous dans ce Sacrement. Le Corps & le Sang de Jesus-Chrift ne s'y changent point en notre propre fubftance: mais il nous transforme en lui; il nous communique fon efprit, & nous fait vivre de fa vie divine. Il explique lui-même cette vertu merveilleuse de l'Euchariftie, dans l'Evangile de faint Jean en difant Chap. 6. Celui qui mange ma Chair, & boit mon 4.57.58. Sang, demeure en moi, & je demeure en lui: celui qui me mange, vivra par

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moi.

Ce Sacrement, en nourriffant l'ame, ne lui conferve pas feulement la vie fpirituelle de la grace, mais il augmais il augmente, fortifie, & affermit en elle la charité & toutes les vertus chréziennes; il répare ses foibleffes, & lui

for

I. Partie:

infpire une vigueur toujours nouvelle; il la confole dans fes afflictions, la détache des créatures, & lui donne le courage de tout entreprendre pour l'amour d'un Dieu qui le donne à elle fans réserve.

L'Euchariftie remplit le Chrétien d'une force furnaturelle, pour repouffer les efforts de fes ennemis vifibles & invifibles; elle modere la violence de fes paffions, & tempere l'ardeur de fa concupifcence; elle laiffa même dans fon corps une vertu fecrette, qui fera le principe de la réfurrection, & le germe de l'immortalité bienheureuse.

Mais ces heureux effets ne font produits qu'en ceux qui s'en approchent avec les difpofitions néceffaires. Ceux qui communient en état de péché mortel, reçoivent le Corps de Jesus-Chrift; mais ils ne participent point à fes graces; au contraire, ils mangent leur propre condamnation, & le rendent coupables de la profanation du Corps & du Sang du Seigneur. La punition la plus ordinaire de ce crime, eft l'endurciffement, qui produit fouvent l'impénitence finale; quelquefois même Dieu punit les Communions indignes par des maladies corporelles & par des morts précipitées,

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Du Miniftre de l'Euchariftie.

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S'il fe préfente plus de perfonnes pour communier qu'il n'y a d'Hofties confacrées, le Prêtre pourra en divifer quelques-unes en deux, les rompant avec refpect fur la Patène ou fur le Corporal; mais il ne leur donnera jamais aucune parcelle de P'Hoftie dont il fe fert pour le Sacrifice, excepté dans le cas imprévu de la néceffité de donner à un malade le faint Viatique qu'on ne pourroit lui adminiftrer autre

ment.

Dans l'ufage préfent de l'Eglife, obfervé depuis plufieurs fiecles, on ne communie les Laïcs, & les Prêtres mêmes qui fe préfentent à la fainte

Table, que fous une feule espèce, qui eft celle du pain.

Un Diacre pourroit, en l'absence & au défaut d'un Prêtre, donner le Viatique à un malade qui feroit en péril imminent de mort prochaine; mais hors ce cas d'une extrême néceffité, les Prêtres feuls peuvent diftribuer l'Euchariftie. Ils doivent donc, pour répondre à l'administration qui leur eft confiée, traiter ce Sacrement avec toute la religion dont ils font capables, & ne pas oublier qu'ils commettroient un horrible facrilége, s'ils touchoient l'Agneau fans tache, ayant la confcience fouillée d'un péché mortel.

Ils apporteront toute la précaution poffible pour empêcher que l'Hoftie, ni aucune particule ne tombe à terre ou fur la nappe. Pour fe prémunir contre un fi fâcheux accident, ils tiendront toujours le Ciboire ou la Patène au deffous de l'Hoftie, jufqu'à ce qu'ils la dépofent dans la bouchet du Communiant, & ne le quitteront pour aller à un autre, ou s'en retourner, qu'après qu'il aura fermé la bouche.

Si néanmoins l'Hoftie venoit à tomber fur la nappe, il faudroit la ramaffer avec révérence, laver l'endroit fur une cuvette, & jetter l'eau. dans la pifcine. Si elle étoit tombéet jufqu'à terre, le Prêtre, après l'avoir ramafsée, coulant la Patène par-deffous, racleroit la place, l'effuieroit avec un Purificatoire mouillé, & jetteroit la raclure dans la pifcine.

De la Néceffité de l'Euchariftie, & des Difpofitions néceffaires pour bien communier.

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nourriture commune & indiffé

rente.

Si, après un sérieux examen de fa confcience, il se fent coupable de péché mortel, il aura recours au Sacrement de Pénitence, pour s'en purifier; car s'il y participoit en cet état, il commettroit un horrible facrilége, & mangeroit fa propre condamnation.

Pour profiter de toute l'étendue de la grace de ce Sacrement, il faut encore n'avoir aucune attache aux péchés véniels: ceux qui s'en approchent fans cette difpofition, ne peuvent y recevoir la rémiffion de ces péchés; ils ne puifent point dans l'Euchariftie la ferveur qui ne peut compatir avec l'affection qu'ils confervent pour ces fautes, & ils fe privent des confolations intérieures que l'Euchariftie répand dans les ames dé tachées des créatures.

Enfin, il faut apporter à la fainte Table une foi vive, une humilité profonde, une ferme confiance, une ardente charité, & un faint empreffement de s'unir à Jefus - Chrift. Les Pafteurs auront foin de traiter plus amplement de ces difpofitions dans les inftructions qu'ils feront à leurs peuples, & de leur apprendre à produire intérieurement des actes qui y répondent.

Les difpofitions extérieures, ou qui regardent le corps, font, 1o, d'être à jeun ; on n'excepte de cette regle que les malades qui communienten Viatique. Si cependant on penfoit avoir avalé, fans le vouloir,

quelque goutte d'eau en fe lavant la bouche, ce ne feroit pas une raifon fuffifante pour s'en abftenir.

2o, Il faut une grande pureté de corps; l'Apôtre exhorte les perfonnes mariées à convenir quelquefois en+ femble de s'abftenir de l'usage du mariage, pour vaquer plus librement à la priere: à plus forte raifon doit-on leur confeil er de s'en priver, pour fe difpofer à recevoir l'agneau fans tache, & à s'unir.au. Dieu de toute pureté.

3o, En fe préfentant à la fainte Ta ble, il faut être habillé proprement & modeftement, chacun felon fon état : les ajustemens qui reffentiroient le luxe & la vanité, fembleroient infulter aux abaiffemens d'un Dieu caché & anéanti dans ce Sacrement; comme un extérieur mal-propre & négligé paroîtroit peu conforme au relpect & à la vénération que doit infpirer un fi grand Myftere: fur-tout on ne fouffrira pas que les femmes & les filles y paroiffent la gorge découverte, ou d'une maniere immodefte & fcandaleufe.

Pour procéder à une fr fainte action avec la décence & l'extérieur de religion qu'elle exige, on fera obferver aux Communians l'ordre qui fuit. Les Prêtres qui, ne pouvant célébrer, voudront communier avec les Fideles, auront une Etole pardeffus le Surplis, & fe mettront à genoux dans le Sanctuaire fur la plus haute marche de l'Autel; les Clercs qui feront en Surplis fe ran

RIEN

IEN de meilleur & de plus tile que de communier fouvent

geront à la fuite; les Laïcs fe ront au dehors du Sanctuaire autour du baluftre qui l'environne, & quit teront leurs gans, leur manchon & leur épée.

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Après Communion; ils fe retireront à leur place, ou, s'il fe peut commodément, dans un lieu de TE→ glife un peu écarté, pour y faire leur action de graces à genoux, & profiteront de ces précieux momens, pour adorer dans un profond respect & un grand recueillement Jefus-Chrift réellement préfent en eux; pour s'exciter à fon amour, le remer-cier d'un fi grand bienfait, écouter fes tendres & ardentes leçons; pour lui demander avec confiance tous leurs befoins, & fur-tout la grace de conferver jufqu'à la mort le fruit de cette Communion.

Enfin ils pafferont le reste du jour dans l'exercice des bonnes œuvres, s'appliquant, felon les facilités qu'ils en auront, à la priere, à des lectu res édifiantes, à la vifite des Eglifes, des pauvres & des malades; évitant les divertiffemens du fiecle & les entretiens inutiles, & répandant dans leurs familles la bonne odeur de Jefus-Christ.

Les Curés ne fe contenteront pas d'inftruire leurs peuples des difpofitions intérieures qu'ils doivent apporter à la fainte Table; ils leur donneront encore de temps en temps, & fur-tout à la fin du Carême, des avis fur l'ordre & la décence qui doivent y être observés.

De la fréquente Communion.

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pourvu qu'on le faffe avec de fain-tes difpofitions. Dans les temps Apof

toliques les Fideles communioient
Eres-louvent; & l'on ne s'eft éloigné
de la Table du Seigneur, qu'à me-
fure que la charité s'eft refroidie.
Les Peres de l'Eglife, pour ranimer
cette premiere ferveur, ont toujours
exhorté les Chrétiens de leur temps
à la Communion fréquente; & le
Seff. 22. Concile de Trente déclare qu'il de-
Chap. 6.
fireroit que les Fideles communiaf-
fent facramentellement toutes les

fois qu'ils affiftent à la Mefle, pour
participer plus abondamment aux
fruits merveilleux d'un fi grand Sa-

préfenteront que plus on s'en élci-
gne,
gne, plus les obftacles fe multiplient,
la tiédeur & l'affection au péche s'aug-
mentent, les forces de l'ame dimi-
nuent; & que la vraie raifon pour la-
quelle plufieurs manquent de coura-
ge, reculent au lieu d'avancer dans
le chemin de la vertu, & font des
chûtes funeftes, c'eft qu'ils négli
gent de manger le pain célefte qui
eft la vraie nourriture de nos ames.

crement.

ad 3.

Une Communion bien faite eft fans doute, une œuvre très-agréable à Dieu; elle nourrit l'ame, & la fortifie contre les rechûtes dans le péché; elle efface dans les ames fuffifamment difposées, les péchés véniels, enflamme la charité, & réprime les mouvemens déréglés de la concupifcence. De tous ces grands avantages, 3: P. Q. on peut conclure avec faint Thomas, 10. Art. 10.qu'il vaut mieux s'en approcher par un mouvement de charité, que de s'en abftenir par refpect. Cependant on ne peut blâmer la pratique des ames juftes & timorées, qui, pour s'humilier de leurs foibleffes, s'abftiennent quelquefois par refpect de cet augufte Sacrement: mais cette féparation de la Table facrée doit durer peu de temps pour les ames qui cherchent Dieu dans la fimplicité de leur cœur: & leur principal objet doit être de fe difpofer par cette voie à communier enfuite avec plus de ferveur. Ce qu'on doit craindre comme un grand malheur, c'eft que la tiédeur & l'indolence, peut-être même le mépris & le dégoût, ne foient cachés fous un refpect apparent.

Les Pasteurs auront donc foin d'exhorter leurs peuples à recevoir fouvent la fainte Euchariftie. Ils leur re

Aruit cor meum, dit le Prophete, Pf. 101 quia oblitus fum comedere panem 5.

meum.

Mais auffi ils fe garderont bien de séparer dans leurs inftructions la Communion fréquente, de la Communion digne; & pour fe conformer à l'efprit de l'Eglife & des Peres, en invitant les Fideles à communier fouvent, ils les exhorteront à ne s'en approcher qu'avec les difpofitions requifes: Sic vive, ut quo- S. Amb tidie merearis accipere.

que

Quoique l'Eglife, par une fage
condefcendance, ait reftreint à une
fois par an le précepte de la Com-
munion, elle defire néanmoins
fes enfans s'en approchent plus fou-
vent, & elle les invite à y partici-
per du moins dans les grandes So-
lemnités. Les Pafteurs y exhorteront
leurs peuples, & feront même com-
prendre à ceux qui fe rendent à ce
confeil de l'Eglife, qu'ils doivent
s'eftimer faire bien peu de chofe pour
Dieu, en fe bornant à la Commu-
nion de ces grands jours. Ils les en-
gageront à employer d'autant plus -
de temps à s'y préparer & à en faire:
des actions de graces particulieres,
qu'elles font plus rares ; & à ne s'en
approcher, qu'après s'être éprou-
vé, fuivant le commandement de
l'Apôtre.

1 eft befoin d'une grande pru-
dence pour difcerner ceux qui doi-
vent être admis à une Communion

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