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Les différens Peuples qui parlent ces Langues doivent avoir les mêmes Livres; le Culte du grand Lama, qui leur eft commun, les a rapprochés. Cette obfervation, qui ne paroît pas dépourvue de vraisemblance, eft appuyée fur l'autorité de plufieurs Savans refpectables. Ce feroit alors un nouveau motif d'étudier le Mantchou; & l'on pourroit dire qu'aucune Langue n'a encore préfenté plus d'avantages, puifqu'elle peut fuppléer à trois ou quatre autres » dans lefquelles fe trouvent des monumens

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de la plus haute antiquité «. Mais quand elle ne procureroit que la connoiffance des Livres Chinois, on devroit fouhaiter que M. Langlès publiât le plus tôt poflible, le Dictionnaire de M. Amyot. A en juger par la Notice que l'on en donne dans l'Alphabet Mantchou, ce Dictionnaire eft trèscomplet. L'Auteur l'a fait avec le plus grand foin, d'après un Dictionnaire Mantchou- Chinois. » Comme le Chinois donne " la définition du mot Tartare avec pro

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lixité, plutôt que de le rendre par un » mot équivalent, l'on trouve fouvent des dérails plus circonftanciés que n'en renferment ordinairement tous les Lexiques. » Cette espèce de défaut devient ici un » avantage inappréciable, & rend ce Dic»tionnaire d'une utilité bien plus étendue. » Il feroit peut-être impoffible de s'en fervir, s'il étoit auffi court que les nôtres ". M. Langlès dit plus haut, qu'il n'est pas

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précieux feulement pour ceux qui s'occupent des Langues; il peut encore être d'une grande utilité à quiconque veut connoître & approfondir les Arts & les »Sciences de ces Peuples, fans fe livrer à l'étude de leur langage: on y trouve des éclairciffenens fur les mœurs & les coutumes religieufes & civiles des Tar tares & des Chinois des notions curieufes fur la Géographie, les produce tions & les animaux de la Tartarie & de la Chine "

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On voit combien il feroit difficile de trouver un homme plus capable que M. Langlès, de conduire cette entreprise qu'on ne fçauroit trop encourager.

C'eft à cet Auteur que nous devons la Traduction des Inftituts politiques & militaires de Tamerlan, annoncée dans ce Journal avec de juftes éloges.

BUGÉNIE & fes Elèves, ou Lettres Dialogues à l'ufage des jeunes Perfonnes par Mme. DE LA FITE, Auteur des Entretiens, Drames & Contes moraux, à Pufage des Enfans; 2 Parties in-12. A Paris, chez Onfroy & Née de la Rochelle, Libraires, rue du Hurepoix, près du Pont Saint-Michel.

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LES Dialogues de Madame de la Fire à Pufage des Enfans, lui ont mérité les fuf

frages du Public, & la reconnoiffance des pères & mères de famille. Cette nouvelle production eft digne du même fuccès; elle eft recommandée par le mérite de fon Auteur, & par le nom de l'Editeur, Mme. la Marq. de Silleri, ci-devantComteffe deGenlis.. Elle eft compofée de Dialogues, de Lettres, d'un Drame, & d'un petit Roman; &tous ces différens morceaux concourent au même but, qui eft d'offrir un Cours de Morale à la Jeuneffe, & de lui faire aimer fes devoirs. Le genre de l'Ouvrage fe refuse à l'analyse; nous nous contenterons de dire qu'on trouve par tout des détails pleins de vérité & d'intérêt que la morale & la piété s'y reproduifent par - rout fous des formes aimables; & pour don ner une idée du ftyle qui réunit l'élégance & le naturel, nous cirerons un morceau d'un fonge où il eft question de la planère Herfchel; c'eft un Ange qui parle à un prétendu habitant de cette planète..

» La bonté divine a établi un jufte équi libre entre les befoins de fes créatures,, & les fecours qu'elle leur accorde. Il falloit rappeler fouvent aux humains & leur éga lé primitive, & leur glorieufe deftina tion. Une inftirution pleine de fageffe a rempli ce double bur. Suivez-moi, pénétrons dans ce vafte édifice, d'où s'élèvent des chants: facrés, & où rant de mortel's fe raffemblent.. Là, ces enfans de la pouf

fière répètent les Cantiques des Intelligences céleftes, & tout les fait fouvenir qu'ils font égaux par la Nature, & créés pour l'éternité. Ici, les diftinctions s'anéantiffent, & les rangs font confondus. Le Souverain & le fujet, le puillant & le foible adoptent le même langage, afpirent aux mêmes biens, nourriffent les mêmes efpérances. On déclare au Souverain, que le Roi des Rois eft fon Juge, & à l'opprimé, que le Tout-puiffant eft fon protecteur. On rappelle aux Grands qu'ils font mortels, & aux malheureux, qu'il eft une autre vie après la mort. Ici, le riche apperçoit l'indigent, & fe fouvient que les hommes font frères. Ici, la veuve éplorée vient adreffer fes vœux au père des orphelin & fent calmer fa douleur. Voyez cet efor tuné, privé de la lumière de jour, fon cœur s'ouvre à la joie, il entend que des clartés éternelles lui font réfervées Cet autfe, qui lei fervoit de guidé en entrant dans le temple, fe trouvoit plus à plaindre encore; il pleuroit l'inconftance d'un amj; mais on lui annonce que le Dien qu'il vient adorer, aime toutes fes créatures. Cette idée fortifie fon cœur, en bannit la trifteffe, y verfe la comolation, & fes larmes ne font plus amères".

SPECTACLES.

ACADÉMIE ROY. DE MUSIQUE.

LE
E Mardi, 15 Juillet, on a donné à ce
Théatre la première repréfentation d'Am-
phitryon, Opéra en trois Actes.

Tout le monde connoît la manière charmante dont Molière a traité ce fujet. M.; Sédaine, en l'adaptant à la Scène lyrique a fait très-peu de changemens à la conduite de l'intrigue. Le plus important eft, d'avoir donné lieu à Amphitryon de croire que fon efclave eft d'accord avec fa femme. pour le tromper. Dans Molière, le Général. Thébain trouve fon cachet encore en-, tier fur la caffette où eft renfermé le préfent qu'il apporte à fa femme. Dans M. Sédaine, Sofie revient avec la caffette ouverte, ce qui confirme les foupçons d'Amphitryon, ajoutez-y quelques fêtes, les retranchemens impofés par la mufique, c'eft. à peu près tout ce qu'il y a de différent, dans la conduite des deux Ouvrages.

Le ftyle n'eft pas non plus le même. On fait que M. Sédaine a toujours affecté de ne

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