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vous pouvez assurer à votre Municipalité, à la Société Philanthropique de Grenoble, comme encore à M. de la Favette, pour se préparer incessamment à leur défense. Je me croirois trop heureux si, par la connoissance que je vous donne de ces faits, j'eus une foible part pour épargner le sang de mes frères, de mes Coneitoyens, et concourir au maintien de la Constitution de la France et à son parachèvement. Avertissez aussi vos Journalistes de publier ces faits, etc.

Le Maître d'école fit passer cette belle dépêche au Departement de l'Isère assemblé à voirans, et sur luille de ce Magister et de son Correspondant, on la livrée à l'impression. Ce résumé de propos de taverne, et de sottises de gens ivres, a servi de fondement à tous les contes portés à l'Assemblée Nationale, et commentés par les Journalistes. Nous prenons sur nous, d'après des informations authentiques, d'affirmer que ce tissu de bêtises en est un des plus insignes faussetés; que du Mont Cenis aux frontières du Valais, le Roi de Sardaigne n'a pas 3000 hommes; que dans toute la Savoie il ne s'est pas fait l'ombre d'un préparatif hostile ; et que, si l'on a changé les cantonnemens de quelques Détachemens, pour les porter vers la Frontière, ce mouvement qui n'a pas augmenté d'un Soldat le nombre des Troupes réparties en Savoie, n'a eu d'autre but que de maintenir la tranquil

lité contre des Perturbateurs étrangers. Le Décret du 19 Juin, qui dégrade la Noblesse, a eu des défenseurs dans cette classe d'Ecrivains dont la morale se réduit à ce fameux axiome: Mon bien d'abord, et puis le mal d'autrui. L'égalité des droits sans cesse réclamée par les hommes les plus injustes et les plus arrogans envers leurs égaux; l'intérêt de la liberté hypocritement invoqué par des Tyrans, dont l'intolerance, l'inhumanité et le fanatisme, surpassent en exces ceux du despotisme, dont nous espérions vainement être délivrés pour toujours; telles ont été les bases de ces déclamations, auxquelles, il faut l'avouer, on n'a guères répondu que par d'autres lieux communs. La Noblesse etoit une proprieté, dont un grand nombre de Citoyens jouissoient depuis des siècles: si quelques Courtisans, quelques Annoblis sans titre, quelques Favoris sans mérite avoient usurpé cette décoration les trois quarts des Gentilshommes dans les Provinces, avoient acquis ce patrimoine aux dépens du sang et de la fortune de leurs Pères. On avoit bien vu des Etats Démocratiques proscrire l'institution de la Noblesse, inconnue parmi eux; d'autres, exclure les Nobles du Gouvernement; mais jusqu'a nous, nul ne s'étoit avisé encore de les dégrader, ni d'étendre ainsi la puissance des Lois sur les siècles passés. Le même principe de l'égalité rigoureuse, proscrit aussi toutes récompenses à l'avenir, et toutes distinctions; il proscrit la subordination des Fils à leurs Pères, des Femmes à leurs Maris, des Domestiques à leurs Maitres, l'inégalité des costumes, de l'éducation, et sur-tout celle des Fortunes qui nécessairement entraîne toutes les au

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tres. Déja, pour effacer ces taches qui nous déshonorent encore, on a proposé l'égalité civique entre les deux sexes, et une defense aux Enfans de prendre le nom de leurs Peres; ce qui perpétue l'Aristocratie de Famille.

L'Assemblée Nationale s'étant prescrit de ne recevoir aucunes Protestations, celles des Députés Nobles contre le Décret du 19 Juin n'ont pas été admises. C'est encore là une grande question, décidée, comme tant d'autres, sans le moindre examen, que ce droit de protes ter. Il est sans doute contraire à tous principes, de l'exercer relativement aux Lois générales, dont l'objet embrasse l'univer salité des Citoyens; mais peut-il être, a-t-il été jamais interdit nulle part à telle classe particulière de Citoyens, dont les intérêts ou les propriétés sont privative ment lésées par une Délibération? Ensite, le droit de protester, interdit à la minorité d'un Corps Législatif, peut-il l'être aux Membres d'un Corps Consti tuant, dont des instructions positives ont 'enchaîné la volonie? Nous laisserons à d'autres l'examen de ces questions toutes neuves, en remplissant le you d'une par tie des Membres qui n'ont pas cru devoir adhérer au Décret dr 19 Juin's et qui nous ont priés de faire connoître leur démarche à leurs Conimettans. Ne pou vant transcrire ecs Protestations motivées qui ont été déposées chez un Officier

public, nous indiquerons les signatures de celles qu'on nous a fait parvenir.

MM. François d'Escars, Député de Châtellerault, le 21 Juin; le Comte de Culant et le Marquis de St. Simon, Députés d'Angoumois, le 26 Juin; le Comte de Ludres,. Te Comte de Toustaint de Menonville, Députés de Lorraine, le 24 Juin; le Marquis de Foucault-Lardimalie, Député du Périgord, le 22 Júin; le Comte de Pannetier, Député du Couserans, le 23 Juin; le Comte. de Faucigny-Lucinge, Député de Bresse, le 22 Juin; M. de Levi-Mirepoix et le Marquis de Beauharnois, Députés de Paris, le 20 Juin; le Marquis de Digoine du Palais, Député de l'Autunois; de Paroy, Député de Provins; de Vaudreuil, Député de Castelnaudary; de Juigné, de Beaudrap et de la Villarmois, Députes du Cotentin; les Députés du Berry, auxquels s'est joint depuis M. Heurtault de Lamerville absent, et l'un d'entre eux, par la lettre suivante à ses Com

meltans.

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MESSIEURS,

J'etois absent de l'Assemblée Nationale, par un Congé, lorsque le Décret qui tend a anéantir la Noblesse transmissible a été rendu. Si j'avois été présent à la Seance, j'aurois exprimé la même opinion que nies Collègues ont eue pour empêcher que le Décret ne passât. En toule occasion, j'ai été, et je serai fidèle au Seiment que j'ai prononcé devant vous; Citoyen autant que Gentilhomme, j'ai défendu constaminent sans esprit de parti, et je defendrai jusqu'à la mort vos justes droits."

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M. le Baron de Landenberg, Député de. la Basse Alsace, auquel le Directoire de la Noblesse immédiate de cette Province a écrit la Lettre qui suit:

A Strasbourg, ce 9 Juillet 1790.
Monsieur et cher Confrère,

Nous devons les plus grands éloges à la conduite vraiment noble et touchante que vous avez tenue dans la Séance du 19 du mois dernier. Vous avez bien rendu justice; à nos sentimens, et vous nous avez prévenus en protestant en notre nom contre les dispo sitions d'un Décret qui porte abolition de la Noblesse héréditaire, des Titres et des distinctions. Nous avons peine à nous per-, suader que cette abolition puisse concerner une Noblesse qui a apporté avec elle ses titres, ses distinctions, et qui ne les tient nullement de la France, à laquelle elle s'est donnee, sous la foi des Traités qui les lui garautissent. Nous croyons que la déclaration solennelle que vous avez faite devant les Re→ présentans de la Nation, de ne pouvoir p acquiescer, nous dispense d'une protestation en forme; rendez notre Lettre publique la voie de l'impression. Elle suppléera à toute protestation ultérieure. "

« Les Directeurs et Assesseurs du Directoire du Corps de la Noblesse immédiate de la Basse-Alsace, »

Les Numéros sortis au Tirage de la Loterie Royale de France, le 16 Août 1790, sont : 65,62, 77, 88, 8.

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