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l'impératrice-reine donnera des signes d'un accouchement prochain, le bourdon de la basilique de Notre-Dame l'annoncera pendant une heure entière, sans aucune interruption, et sonnera pendant la même durée de temps, le matin et le soir, durant tous les jours affectés aux prières des quarante heures.

» 2o. Nous irons commencer aussitôt lesdites prières des quarante heures dans l'église métropolitaine, et nous ordonnons qu'au même signal, elles soient faites dans toutes les églises paroissiales et succursales de la ville de Paris.

» 3°. Le très-saint sacrement sera exposé tous les jours, depuis huit heures du matin, jusqu'à cinq heures du soir; les prières commenceront et finiront par la bénédiction.

» 4°. La même exposition et les mêmes prières se renouvelleront jusqu'à ce que sa majesté l'impératrice soit accouchée.

» 5o. On chantera, pour les prières du salut, le répons unus panis, etc., avec le verset et l'oraison du saint sacrement, le psaume miserere mei Deus, avec la prière Domine, non secundum peccata nostra, le psaume 127, beati omnes qui timent Dominum ( qu'on trouve dans les vêpres du samedi ), avec l'oraison pro imperatrice prægnante, l'antienne sub tuum præsidium, avec le verset et l'oraide la sainte Vierge, la prière Domine, salvum fac, etc., et l'oraison pour l'empereur.

» 6o, Quand le canon et le bourdon annonceront l'heureuse déli▼rance de sa majesté l'impératrice, on se rendra Immédiatement à l'église pour y clore les quarante heures, par le tantum ergò et la bénédiction du saint sacrement, avant laquelle on chantera l'hymne eucharistique Te Deum laudamus, etc., avec l'oraison pro gratiarum actione.

>> Et sera notre présente ordonnance lue aux prônes de toutes les paroisses, et affichée partout où besoin sera.

» Donné à Paris, dans le palais archiepiscopal, sous notre seing, le sceau de nos armes, et le contre-seing du secrétaire de l'archevêché, le 23 février 1811. »

« La plus désirable et la plus parfaite harmonie est assurée désormais entre le siége apostolique, centre de l'unité, et notre monarque, fils aîné de l'église. Un nouveau traité, dont la prévoyante modération garantit la durée, resserre encore aujourd'hui cette sainte union par les liens les plus doux et les plus solides, et assure la perpétuité de l'église gallicane dans le sein maternel de l'église romaine. La main du héros qui a relevé nos autels et doté le culte public, vient d'affermir à jamais son plus bel ouvrage, en mettant pour toujours le domaine sacré de la conscience à l'abri de tout changement et de toute inquiétude. Cet immortel monument de la plus haute sagesse doit être complé dans nos annales, par les continuelles acclamations

de la postérité, parmi les plus mémorables bienfaits d'un règne qui sera une ère nouvelle de gloire dans l'histoire de l'Europe. Le chef auguste et saint de l'église a traité, sans aucun intermédiaire, avec le plus grand des souverains, un si solennel accommodement, dont les effets sur l'esprit public seront toujours d'une si vaste importance. Cinq journées de conférences intimes et à jamais glorienses pour les parties contractantes, ont terminé tous les différens, sanNE blesser en rien ni l'intérêt de l'état, ni la majesté du prince, ni la discipline de l'église, ni la délicatesse, ni la conscience, ni la dignité suprême du vicaire de Jésus-Christ. Toute incertitude sur la tranquillité de l'église est ôtée à l'avenir; la perpétuité de ses ministres légitimes lui est garantie.

» Tant et de tels avantages ont justement motivé la noble confiance que le digne successeur de saint Pierre a placée dans la puissante protection de S. M. l'empereur, en faveur de la religion. Ces précieuses espérances seront remplies: S. S. en a déjà reçu le gage le plus cher à son cœur, en voyant aussitôt la plus auguste élite de l'église romaine ralliée avec une sainte allégresse autour de sa personne sacrée. Un événement si historique rappelle en ce moment à tous les esprits éclairés et sages, les paroles en quelque sorte prophétiques de l'immortel Bossuet, qui parlait comme si Dien lui eût révélé d'avance l'avenir, quand il disait au clergé de France, en terminant la seconde partie de son magnifique discours sur l'unitë de l'église : « Un pontificat si saint et désintéressé doit surtout êtse » mémorable par la paix et par les fruits de la paix, qui seront, j'ose » le prédire, l'humiliation des infidèles, et le rétablissement de la » discipline. Voilà l'objet de nos vœux ; et s'il fallait sacrifier quelque » chose à un si grand bien, craindrait-on d'en être blâmé? »

( Extrait d'un mandement de S. Em. Prix : 75 cent., et 1 fr. par la poste. A Paris, chez Adrien Leclere, imprimeur- libraire, quai des Augustins, no 35. (Mars 1813.)

« S. Em. Mgr. le cardinal Maury vient de rendre une ordonnance, pour faire chanter un Te Deum en actions de grâces pour les victoires remportées les 26 et 27 août sous les murs de Dresde. S. Em. s'exprime en ces termes :

<< La piété de notre auguste impératrice-reine et régente lui fait désirer que la religion devienne en ce jour, dans nos sanctuaires, l'organe de la reconnaissance nationale auprès du Tout-Puissant, et l'interprète des vœux de la France, pour obtenir du ciel la consesvation du héros qui la gouverne avec tant de gloire.

» Ce double devoir est pour nous aussi sacré que doux à remplir. Jamais le tribut de nos pieuses actions de grâces ne fut plus légi

time; jamais aussi la prière publique ne fut excitée, dans nos temples, par un plus grand intérêt.

» Le génie toujours sublime de l'empereur s'est élevé à la prévoyante pensée de fortifier, pendant l'armistice, la capitale de la Saxe, pour en faire le boulevard de la confédération du Rhin et le plus solide garant de ses victoires. Le sort de l'Allemagne dépendait de cette grande mesure militaire, qui, en réduisant nos ennemis à la défensive, transportait, dans leurs propres états, tous les fléaux de la guerre. A peine, en effet, recommencent-ils les hostilités, qu'ils se hâtent de rassembler toutes leurs forces pour emporter d'assaut la ville de Dresde, dont ils reconnaissent toute l'importance. Grâces en soient rendues à la Providence divine! Une armée de deux cent mille hommes, commandée par trois souverains, rend aussitôt, par ses défaites, un éclatant hommage au protecteur de ce nouveau rempart, qui ferme aux ennemis de la France le territoire de tous ses alliés. Durant les deux journées entières de nos triomphes, toute agression est glorieusement repoussée devant cette même place forte dont le grand homme qui vient de la créer s'est réservé la défense.

» Nous n'avons pas besoin de retracer le tableau de ces victoires: un rapport officiel vous en a développé tous les avantages. Trente mille prisonniers, quarante drapeaux, soixante pièces de canon, et une perte de soixante mille hommes pour l'armée ennemie en sont le résultat. Tels sont les mémorables bienfaits du Très-Haut, qui appellent, en ce moment, la reconnaissance des peuples aux pieds de nos autels.

»>A ces causes, pour nous conformer aux pieuses intentions de S. M. l'impératrice-reine et régente, et après en avoir conféré avec MM. les dignitaires, chanoines et chapitre de l'église métropolitaine, nous avons ordonné et ordonnous ce qui suit :

>> Dimanche prochain, 19 du courant, immédiatement après la grand'messe, à midi très-précis, nous officieront pontificalement dans l'église de Notre-Dame, pour y chanter un Te Deum solennel, en action de grâces des victoires remportées sous les murs de Dresde, par S. M. l'empereur et roi', les 26 et 27 août dernier; cet hymme sera suivit du verset Fiat manus tua, etc., avec l'oraison du Missel, Oro imperatore et ejus exercitu. »

Extrait du Mandement de S. Em. Mgr. le cardinal Maury, pour ordonner qu'un Te Deum sera chanté solennellement dans la métropole ainsi que dans toutes les églises de la ville et du diocèse de Paris, conformément aux pieuses intentions de S. M. l'impératrice-reine et régente. • Au moment, nos très-chers frères, où l'empereur venait de rece

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voir sur le trône la dernière adresse du corps législatif, sa majesté fit entendre à ses peuples ces paroles remarquables : J'irai bientôt me mettre à la tête de mes tropues, et confondre les promesses fallacieuses de nos ennemis.

» A peine la campagne est ouverte, et déjà l'oracle se trouve accompli. Les premiers jours des hostilités ont acquitté cet engagement imposant du génie. Soutenu par la protection éprouvée du ciel, et animé par le noble sentiment de sa force, notre auguste monarque présentait dès lors ses espérances à la nation, sous une garantie de vingt années de triomphes, dont l'éclat efface toutes les réputations de l'histoire.

» Nos ennemis, enhardis par la défection du plus versatile de nos alliés, qui expie déjà l'aveuglement de sa faiblesse, n'ont cependant pas douté du plein succès de leur nouvelle coalition contre la France. Ainsi, tandis que leur température glacée suspendait le cours de nos victoires, les Russes, oubliant toutes leurs défaites qu'ils avaient célébrées l'année dernière par tant de cantiques d'actions de grâces, ont regardé comme un triomphe périodique et durable la protection fugitive des élémens. Ils ont cru, en se mettant à la solde des Anglais, que l'empereur ne parviendrait jamais à réorganiser son. armée. C'est sur la foi insensée de notre dégradation militaire qu'ils ont fait durant l'hiver une campagne idéale d'invasions et de conquêtes. Ils se sont flattés de nous chasser de l'Allemagne, de transporter même le théâtre de la guerre sur notre ancien territoire, si nous refusions de subir les lois que leur arrogance viendrait nous intimer sur les bords du Rhin ; et tout ce rêve de gloire n'a fini qu'à l'instant de leur réveil et de leur désenchantement dans les plaines de Lutzen.

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» L'âpreté d'une saison précoce avait seule triomphé de notre armée, toujours victorieuse dans ces lointains et horrible climats. Mais, fiers d'un fléau dont ils avaient néanmoins partagé avec nous les féroces rigueurs, les Russes n'en regardaient pas moins nos projets comme des songes, nos préparatifs cómme des fables ressources comme des chimères. Quatre mois de prodiges d'un côté, et d'illusions de l'autre, ont suffi à la France pour marcher à leur rencontre, en se montrant à l'Allemagne étonnée, plus puissante que jamais. Là trève de l'hiver à tout réparé. Une noble émulation de dévouement et de sacrifices volontaires est venue affranchir de toute pénurie les finances, ce grand ressort de la guerre, en renouvelant notre armée, sans avoir besoin de demander à la nation aucun accroissement d'impôt, sans nous réduire à aucun expédient ruineux; et dès que tout notre appareil militaire s'est trouvé rétabli, au retour du printemps la coalition armée s'est offerte d'elle-même aux coups que lui préparaient nos braves guerriers. Dieu, qui se joue de la présomption et de la témérité des morteis, Dieu a seufflé, selon l'ex

pression du prophète, sur cet amas d'ambitieuses chimeres, et aussi tôt leur fumée s'est évanouie. Les voilà donc humiliés et déjà vaincus, ces conquérans imaginaires qui comptaient si légèrement sur notre déshonneur !

» Outre le nouvel et florissant aspect qu'offre à notre armée l'éclatante victoire dont nous venons rendre en ce jour au Tout-Puissant les plus solennelles actions de grâces, elle annonce en notre faveur des triomphes encore plus décisifs aux sages qui savent juger de l'avenir par le présent, et lire d'avance, dans les grands événemens, toutes les pages glorieuses qu'ils promettent à l'histoire. Chaque jour va nous en développer les résultats. Nous rejetterons ces Tartares dans leurs affreux climats, qu'ils ne doivent plus franchir. (1)

» En effet, une campagne qui s'ouvre sous de si brillans auspices, semble devoir achever de nous manifester dans toute leur étendue les desseins de la Providence sur les magnifiques destinées de l'empereur. Puissances ennemies de la France! vous aviez dénombré nos légions, vous aviez calculé toutes les armes qui les composent; mais vous aviez oublié d'apprécier aussi le génie extraordinaire de leur chef, dont les sublimes combinaisons savent en balancer l'action, en concerter l'ensemble, en suppléer les moyens et en doubler la force. Vous lui supposicz des soldats sans expérience; et vous osicz mépriser leur jeune bravoure qui n'avait pas encore vu l'effroyable feu des combats. Mais vous ne songiez pas que le regard et la renommée du grand homme qui les recommande, en feraient devant vous des héros. Vous l'avez cru loin encore de son armée; et son histoire, comme vos revers, auraient dû vous apprendre que dans ses marches, son poste est toujours à la tête de ses victorieuses phalanges. Vous n'avez pu tarder au moins de reconnaître la présence du premier des capitaines, aux manoeuvres comme à l'enthousiasme de ses troupes, et aux ravages de la foudre qui a écrasé l'élite de votre armée. Ne saviez-vous donc pas, sur la foi de vos précédentes défaites, que Pobliger de se defendre c'était Wappeler à la victoire? Ah! un tel souverain n'est jamais simple spectateur des combats qu'il a résolu de livrer. Toujours éclairé par son inspiration, par son expérience, par cette habitude des grandes et soudaines pensées qui l'élèvent en tout genre au-dessus des autres hommes, il vous a découvert tout son ascendant, avec cette promptitude et cette sûreté de jugement qui savent improviser un plan de bataille que la méditation la plus profonde des plus illustres généraux aurait toujours à lui envier. Vous avez hâté de trois jours le moment d'un triomphe qu'il préparait dans le secret de ses pensées; mais en

(1) Proclamation de l'empereur à son armée, le 3 mai 1813.

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