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sur cette tête précieuse reposent les destinées futures de ce peuple toujours présent à votre souvenir.

» Permettez, Sire, que dans ce jour le sénat confonde aussi ses sentimens les plus chers avec les premiers de ses devoirs, et que nous ne séparions point notre tendresse respectueuse pour le fils du grand Napoléon d'avec les saintes obligations qui nous attachent à l'héritier de la monarchie, de même que dans l'hommage que nous venons de présenter à V. M., nous ne séparons point l'humble offrande de notre amour pour votre personne sacrée, d'avec le tribut de notre profond respect et de notre inébranlable fidélité.v

(22 mars 1811.)

Voici maintenant la conclusion de toutes les adresses précédentés.

Le sénat-conservateur,

>> Considérant que dans une monarchie constitutionnelle, le monarque n'existe qu'en vertu de la constitution ou du pacte social;

>> Que Napoléon Bonaparte, pendant quelque temps d'un gouvernement ferme et prudent avait donné à la nation des sujets de compter pour l'avenir sur les actes de sagesse et de justice; mais qu'ensuite il a déchiré le pacte qui l'unissait au peuple français, notamment en levant des impôts, en établissant des taxes autrement qu'en vertu de la loi, contre la teneur expresse du serment qu'il avait prêté à son avènement au trône, conformément à l'article 53 de l'acte des constitutions du 28 floréal an 12;

» Qu'il a commis cet attentat aux droits du peuple lors même qu'il venait d'ajourner, sans nécessité, le corps législatif, et de faire supprimer comme criminel un rapport de ce corps, auquel il contestait son titre et sa part à la représentation nationale;

» Qu'il a entrepris une suite de guerres en violation de l'article 50 de l'acte des constitutions, du 22 frimaire an 8, qui veut que la déclaration de guerre soit proposée, disputée, décrétée et promulguée comme des lois ;

» Qu'il a inconstitutionnellement rendu plusieurs décrets portant peine de mort, nommément les deux décrets du 5 mars dernier, tendant à faire considérer comme nationale une guerre qui n'avait lieu que dans l'intérêt de son ambition démesurée;

» Qu'il a violé les lois constitutionnelles par ses décrets sur les prisons d'état;

» Qu'il anéanti la responsabilité des ministres, confondu tous les pouvoirs et détruit l'indépendance des corps judiciaires;

» Considérant que la liberté de la presse, établie et consacrée comme l'un des droits de la nation, a été constamment soumise à la Pensure arbitraire de sa police, et qu'en même temps il s'est toujours

servi de la presse pour remplir la France et l'Europe de faits controuvés, de maximes fausses, de doctrines favorables au despotisme, et d'outrages contre les gouvernemens étrangers;

>> Que des actes et rapports entendus par le sénat ont subi des altérations dans la publication qui en a été faite;

» Considérant qu'au lieu de régner dans la seule vue de l'intérêt, du bonheur et de la gloire du peuple français, aux termes de son serment, Napoléon a mis le comble aux malheurs de la patrie, par son refus de traiter à des conditions que l'intérêt national obligeait d'accepter, et qui ne compromettaient pas l'honneur français;

» Par l'abus qu'il a fait de tous les moyens qu'on lui a confiés en hommes et en argent;

» Par l'abandon des blessés sans pansemens, sans secours, sans subsistances;

» Par différentes mesures dont les suites étaient la ruine des villes, la dépopulation des campagnes, la famine et les maladies contagieuses.

» Considérant que par toutes ces causes, le gouvernement impérial établi par le sénatus-consulte du 28 floréal an 12, a cessé d'exister, et que le vœu manifeste de tous les Français appelle un ordre de choses dont le premier résultat soit le rétablissement de la paix générale, et qui soit aussi l'époque d'une réconciliation solennelle entre tous les états de la grande famille européenne ;

» Le sénat déclaré et décrète ce qui suit :

» Art. 1er. Napoléon Bonaparte est déchu du trône, et le droit d'hérédité établi dans sa famille est aboli.

» 2. Le peuple français et l'armée sont déliés du serment de fidélité envers Napoléon Bonaparte.»

Voici le meilleur jugement qu'on puisse porter sur le sénat. Il est extrait d'un ordre du jour fort peu connu, et qui fut le dernier acte de souveraineté de Napoléon, à Fontainebleau, le 4 avril 1814.

« Le sénat s'est permis de disposer du gouvernement français, il a oublié qu'il doit à l'empereur le pouvoir dont il abuse maiutenant; que c'est lui qui a sauvé une partie de ses membres de l'orage de la révolution ; tiré de l'obscurité et protégé l'autre contre la haine de la nation. Le sénat se fonde sur les articles de la constitution pour la renverser. Il ne rougit pas de faire des reprochés à l'empereur, saus remarquer que, comme le premier corps de l'état, il a pris part à tous les événemens. Il est allé si loin qu'il a osé accuser l'empereur d'avoir changé des actes dans la publication: le monde entier sait qu'il n'avait pas besoin de tels artifices; un signe était un ordre pour le sénat, qui toujours faisait plus qu'on ne désirait de lui......»

Le 2 avril 1814, le sénat en corps demanda et obtint, par l'organe de son président, à être présenté à S. M. l'empereur Alexandre.

Tout le monde connaît le caractère de cupidité que déploya cette assemblée lorsqu'elle décréta une constitution pour Louis XVIII. C'est le sénat qui déféra le gouvernement provisoire à Monsieur; et ce corps, qui avait si lâchement et si souvent adulé l'empereur, osa, le a mai 1814, se présenter au roi et lui voter l'adresse suivante :

« Sire,

Le retour de V. M. rend à la France son gouvernement naturel et toutes les garanties nécessaires à son repos et au repos de l'Europг. >> Tous les cœurs sentent que ce bienfait ne pouvait être dû qu'à vous-même; aussi tous les cœurs se précipitent sur votre passage. Il est des joies qu'on ne peut feindre: celle dont vous entendez les transports est une joie vraiment nationale.

>> Le sénat, profondément ému de ce touchant spectacle, heureux de confondre ses sentimens avec ceux du peuple, vient, comme lui, déposer aux pieds du trône les témoignages de son respect et de son

amour.

» Sire, des fléaux sans nombre ont désolé le royaume de vos pères. Notre gloire s'est réfugiée dans les camps; les armées ont sauvé l'honneur français. En remontant sur le trône, vous succédez à vingt années de tuines et de malheurs. Cet héritage pourrait effrayer une vertu commune. La réparation d'un si grand désordre veut le dévouement d'un grand courage: il faut des prodiges pour guérir les blessures de la patrie; mais nous sommes vos enfans, et les prodiges sont réservés à vos soins paternels.

>> Plus les circonstances sont difficiles, plus l'autorité royale doit être puissante et révérée : en parlant à l'imagination par tout l'éclat des anciens souvenirs, elle saura se concilier tous les vœux de la raison moderne, en lui empruntant les plus sages théories politiques.

>> Une charte constitutionnelle réunira tous les intérêts à celui du trône, et fortifiera la volonté première du concours de toutes les volontés.

>> Vous savez mieux que nous, Sire, que de telles institutions si bien éprouvées chez un peuple voisin, donnent des appuis et non des barrières aux monarques amis des lois et pères des peuples.

» Oui, Sire, la nation et le sénat, pleins de confiance dans les hautes lumières et dans les sentimens magnanimes de V. M., désirent avec elle que la France soit libre pour que le roi soit puissant. »

SERRURIER. Officier sous Louis XVI; il traversa toutes les phases de la révolution, et arriva jusqu'au consulat avec tous les grades militaires possibles. Napoléon le fit maréchal d'empire; sénateur, le 4 nivose an 8; grand-aigle de la légion d'honneur (13 pluviose an 13), et gouverneur des invalides.

Comme M. Serrurier paraît beaucoup tenir à ses invalides, il les demanda au roi, qui le maintint dans son gouvernement, et de plus le nomma pair de France et chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis.

que

Napoléon tombe de l'ile d'Elbe à Paris; M. Serrurier, pour ménager, comme dit le bon peuple, la chèvre et le chou, présente à S. M. Elboise une députation d'invalides. (Journal de l'Empire, du 3 avril 1815.) Car ce sont toujours les invalides M: Serrurier veut conserver; aussi, grâces au petit discours où se trouvaient de l'amour, de la fidélité et de l'admiration, M. Serrurier fut maintenu gouverneur. Comme il était décidé à conserver son gouvernement sous Napoléon, il faut espérer qu'il le conservera aussi sous tous les régimes futurs.

SERRURIER, qu'il ne faut pas confondre avec le maréchal; ministre plénipotentiaire près le président des ÉtatsUnis à Washington, et membre de la légion d'honneur, nommé par l'empereur (1811); confirmé dans ladite place par le roi. (1814.)

SHÉE (Henri), né le 25 janvier 1739. Servit dans l'infanterie et la cavalerie, puis dans l'état-major de l'armée, jusqu'en 1791, que ses infirmités l'ont forcé de prendre sa retraite, comme colonel de cavalerie. Il fut agent du gouvernement français en Irlande; commissaire du gouvernement dans le pays conquis sur la rive droite du Rhin; conseiller d'état; préfet de Strasbourg, poste qu'il occupait en 1804; sénateur nommé par l'empereur, le 7 février 1810; et pair nommé par le roi, le 4 juin 1814.

SIEYES (Emanuel-Joseph). Le nom de M. l'abbé Sieyes suffira à nos lecteurs pour leur donner l'idée de la girouette la plus caractérisée qui soit en France. Membre de toutes

les assemblées révolutionnaires; ambassadeur à Berlin, membre du directoire de la république française, consul provisoire; sénateur, le 22 frimaire an 8; grand- officier de la légion d'honneur. Le citoyen Sieyes « appela LouisStanislas-Xavier de France et les autres membres de la maison de Bourbon au trône de France, » et signa. (Extrait des registres du sénat conservateur, 6 avril 1814.) Il aurait été ridicule d'en rester là; aussi M. Sieyes se fit-il nommer par Napoléon pair de France. (4 juin 1815.)

SILVESTRE DE SACY (Antoine-Isaac), Membre de l'institut, 3e classe; chevalier de la légion d'honneur, baron d'empire, membre du corps législatif, professeur au college de France (pour le persan), professeur à l'école spéciale de la bibliothèque impériale, rue de Richelieu (pour l'arabe vulgaire et littéral). On voit que M. Silvestre de Sacy ne laissait pas que d'être lié par plus d'un serment de fidélité, d'amour, de dévouement, etc., avant 1814. Il avait dédié à S. M. l'empereur et roi sa Chrestomatie arabe, 3 vol. in-8°, et était le traducteur officiel ou officieux des pièces en langues orientales qu'inspiraient les hauts faits de Napoléon.

L'horizon change, et voilà M. de Sacy membre de la chambre des députés, professeur aux deux établissemens indiqués ci-dessus; toujours membre de l'institut; et de plus (car M. de Sacy est de ces hommes qui aiment à gagner quelque chose quand ils font tant que de changer), recteur de l'université royale de Paris ( ordonnance du roi, du 17 février 1815); censeur royal (ordonnance dụ 24 octobre 1814), etc.

SORBIER. Premier inspecteur général du corps républicoimpério-royo-império-royal de l'artillerie; grand-officier de la légion d'honneur, nommé par l'empereur; grandcordon de la même légion, nommé par le roi, le 2g juillet 29 1814, et commandeur de l'ordre royal et militaire de SaintLouis. (Almanach royal de 1814 et 1815.)

SOULÈS. Général de division, ancien colonel des chasseurs à pied de la garde consulaire-impériale; admis au

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