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devant Prince de Condé; Manifeste dénoncé au Comité des Recherches. Vu les circonstances, je fais la Motion suivante, en m'interdisant tous développemens. "

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«L'Assemblée Nationale considérant qu'il « est de notoriété publique qu'il a été publié «un Manifeste sous le nom de Louis-Joseph Bourbon, dit Condé, (une voix a crié Condé est bien Condé ; c'est un nom de Guerre, ) attendu le suprême intérêt de la patrie, dé"crète que Louis Joseph Bourbon dit Condé, u sera tenu de faire, sous trois semaines, le

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désaveu authentique et légal de ce mani"feste; à défaut de quoi son silence sera réputé « comme un avcu; et en conséquence LouisJoseph Bourbon dit, Condé, sera déclaré traître à la Patric; ses biens confisqués au profit de ses créanciers, et le reste au profit des travaux publics, sous l'inspection des Directoires de Districts et de Départemens, ou remis à ses enfans, s'iis se présentent pour le recueillir. "

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Si l'Accusé désavoue le Manifeste, ajouté M. de Mirabeau, que M. d'André ramenoit à la question, « il aura la plus belle » occasion de rentrer dans sa Patrie, et de prêter le serment civique."

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Et moi, s'est écrié M. de Cazalès, attendu l'interêt suprême de la Patrie, je demande qu'on passe au Projet de Décret de vos Commissaires. Je sais très-peu de gré à M. de Mirabeau, de ne nous avoir pas donné les développemens dont il dit que sa Motion étoit susceptible. Je n'ai nulle connoissance du Manifeste attribué à M. de Condé, et je crois que les quatre cinquièmes de l'Assemiblée se trouvent dans le même cas.› Il est inoui d'interpeller ainsi, sur la clameur pu. blique, un Prince du sang de nos Rois.

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"En conséquence je demande l'ajournement jusqu'à ce que le Comité des Recherches ait prouvé l'existence du Manifeste. »

Toute dénonciation est sure du premier instant de faveur elle flatte les passions, elle a l'air d'être inspirée par le vrai zele, et la hardiesse de l'Accusateur en impose au Vulgaire bien plus que l'invraisemblance de l'accusation.

On demande à grands cris le Comité des Recherches; il arrive dans la personne de M. Voidel, son Vice-président. Si l'Assemblée, dit-il, veut attendre six minutes, je lui` communiquerai les bases de ce manifeste, jeintes à un projet de Contre-révolution. "

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Pendant qu'un Huissier va chercher le pretendu Manifeste et la Contre-révolution, M. Barnave demande à M. Voidel s'il a connoissance des projets hostiles de M. Capet dit Condé, Le Ministre, répond le Chef des Recherches, nous a en effet communiqué, par forme de conversation; « Que M. de Condé étoit l'homme le plus dangereux pour la Révolution de France; qu'il avoit de l'argent, et qu'il ne savoit pas comment il so l'étoit procure.

M. de Lameth, après s'être plaint de n'avoir pu obtenir du Ministre de la Guerre, des armes demandées par un grand nombre de Municipalités, a fait ajouter au Décret proposé par M. Fréteau, qu'il seroit fait une nouvelle fabrication d'armes et de munitions, et que pour leur livraison aux Municipalités, le Ministre seroit tenu de se concerter avec le Comité Militaire. Cet amendement a été annexé au Decret générai qu'on lira dans l'instant,

La Motion de M. d'Aiguillon remise en

délibération par M. Prieur, combattue par M. de Bonnay et de Castellanne, n'a pas même soutenu l'épreuve de la question préa lable.

Silence, Messieurs! ont crié en entrant les Huissiers, escortant le Projet de Contre-révolution, et aussitôt tous les yeux se sont reportés sur M. Voidel. « Cette dénonciation, a-t-il dit au milieu du calme le plus profond, est signée de M. Castillon, Commandant de la Garde Nationale de Cette; il la tient d'un nommé Georges Combes, Négociant, absent de Cette en ce moment. Les Contre-révolutionnaires ont pour eux l'Espagne qui doit fournir tous les secours nécessaires, tant en Troupes qu'en Vaisseaux et en argent; la Sardaigne qui doit fournir 30,000 hommes, la Prusse 30,000 hommes, le Roi de Hongrie 30,000 liv., les Princes de l'Empire fournissent leur contingent. Ils doivent entrer par le Pays de Comminges; ils se flattent d'avoir pour eux Toulouse, Lyon, Montauban, etc. Le Prince de Condé doit être Généralissime de l'Armée combinée. Pour attirer plus facilement tous les mécontens François dans son parti, il DOIT PUBLIER un Manifeste, dans lequel on promettra que la Noblesse contribuera sans exemption aux charges pub iques, que le Clergé sera moins bien traité que par les Décrets de l'Assemblée Nationale; les dîmes entièrement abolies, l'hypothéque le plus sûr donné aux Assignats, Fargent rendu commua, une partie de la Garde Nationale conservée, etc. Ils doivent entrer vers la fin de ce mois de Juillet, ou au commencement du mois prochain.

Cette dénonciation à la Municipalité de Cette finit par ces mots : « Les monens sont

précieux; notre Garde Nationale a besoin d'armes; je vous prie d'en référer à l'Assemblée Nationale, et de nous autoriser à un emprunt de 15000 liv. pour lui en procurer. »

Ce tissu d'extravagances où l'on fait entrer 60000 Allemands par le Pays de Comminges; cet ouvrage d'un affamé qui ambitionne une aumône en récompense de sa découverte, cette fable stupide, si bien accueillie par M. Castillon, étoit suivie d'une belle Delibération de la Commune de Cette. M. Voidel alloit en faire lecture pour completer, sans doute, la preuve de ce Chef-d'œuvre de Contre-Révolution; mais l'Assemblée lui avoit rendu justice,et a refusé d'en ertendre davantage. Un Membre a regardé la demande des 15000 liv. comme le bout d'oreille, comme le but de la dénonciation.

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Le Commandant de la Garde Nationale de Cette, a ajouté M. de Foucault, n'avoit. pas besoin de forger une Dénonciation pour avoir des armes il faut l'autoriser à prendre ces 15,000 liv. sur les 50,000 qu'à promis M. de la Borde au Comité des Recherches.

M. de Mirabeau seul insistoit sur la propriété, la convenance, la justesse de sa Motion; non ébranlé par l'absurdité du Projet, il trouvoit judicieux et prudent de soupçonner M. le Prince de Condé d'un acte de dénience que M. de Mirabeau n'eût pas osé imputer. à son Laquais, de constater ce soupçon par un Décret, de déclarer le Prince de Condé traître à l'Etat, s'il ne répondoit pas à la sommation, et la raison qui, suivant la politique de M. de Mirabeau, devoit déterminer l'Assemblée à cet outrage, il la trouvoit dans les talens militaires de celui qu'il falloit ou

trager.

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Heureusement pour l'intérêt publie, la Motion perdoit du crédit à chaque minute. Les opinions s'étoient formées; les deux partis, qui composent la majorité, s'etoient séparés; le plus nombreux accusoit l'autre de vouloir éluder la poursuite des Ministres; les ennemis de M. de Mirabeau parcouroient les rangs, et disoient tout haut qu'il existoit un Projet de faire entrer en France un Chef de parti; les plus impétueux s'efforçoient d'écarter pourle monieut, sans la faire rejeter, une Motion dans laquelle ils étoient fachés d'avoir été prévenus, et enviolent à son Auteur la popularité qu'elle pouvoit lui donner. M. Robespierre, a pris la parole et a calebuté M. de Mirabeau, par des interpellations très fortes: « Comment pouvons nous délibérer, s'est il écrié, sur un Manifeste méprisable, que personne ne connoit? Je demande à M. de Mirabeau pourquoi, parmi les nombreux ennemis de la Révolution, il n'aperçoit que M, Louis-Joseph Bourbon? S'il falloit un exemple exclusif, je demaude s'il faudroit choisir un homme que des préjugés, pour ainsi dire naturels et innés, et tant de puissans intérêts ont pu indisposer contre la Révolution? Cet exemple devoit-il être choisi parmi les ci-devant Princes, et parmi la famille des ·Condés? Je demande que la Motion de M. de Mirabeau soit écartée; que l'Assemblée fixe un jour pour s'occuper des moyens eticaces de s'opposer aux efforts des Ennemis de la Révolution en général, et sur-teut aux manœuvies de ceux que leur état devoit y attacher; que l'abus qu'ils font de l'autoité qui leur est confiée pour le soutien de la Constitution, rend rend plus coupables; qui sont chargés de faire exécuter vos De

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